2016 - Aculontra (Gavignano, 2B) - Rapport de fouille programmée

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RAPPORT DE FOUILLE ANNUELLE ANNEE 2016

SITE D’ACULONTRA (GAVIGNANO, HAUTE-CORSE)

Sous la direction de

Kewin PECHE-QUILICHINI Avec la collaboration de

Simone AMICI, Laurent BERGEROT, Toussaint QUILICI, Maxime SEGUIN et Aurélien TAFANI

Associu Cuciurpula Archéologie des Sociétés Méditerranéennes – UMR 5140 – Lattes 1

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SOMMAIRE SOMMAIRE (p. 3) ASPECTS ADMINISTRATIFS (p. 4) FICHE SIGNALETIQUE (p. 5) REMERCIEMENTS (p. 5) RELEVE DE PROPRIETE (p. 6) AUTORISATION DU PROPRIETAIRE (p. 7) ARRETE PREFECTORAL (p. 8) LISTE DES INTERVENANTS (p. 10) ASPECTS SCIENTIFIQUES (p. 11) 1. PRESENTATION (p. 12) 2. ASPECTS GEOGRAPHIQUES (p. 14) 3. HISTORIQUE DES TRAVAUX ET DESCRIPTION DES AMENAGEMENTS (p. 16) 3.1. Travaux précédents (p. 16) 3.2. Description préliminaire et générale des structures bâties (p. 20) 4. PROBLEMATIQUES ET METHODOLOGIE (p. 21) 4.1. Etat des données sur l’habitat protohistorique en Corse (p. 21) 4.2. Contexte protohistorique local (p. 23) 4.3. Problématiques particulières (p. 27) 4.4. Méthodologie d’approche (p. 28) 5. ENQUÊTE TOPONYMIQUE (p. 30) 6. LES TRAVAUX DE 2016 (p. 31) 6.1. Listing et description des structures bâties (p. 31) La tour sommitale (p. 31) La structure 1 et le possible mur d’enceinte (p. 33) La structure 2 (p. 35) La structure 3 (p. 37) La structure 4 (p. 39) La structure 5 (p. 41) La structure 6 (p. 44) La structure 7 (p. 46) Le plan d’ensemble (p. 47) 6.2. Le sondage de la structure 2 (p. 51) Stratégie d’implantation et méthodologie (p. 51) Stratigraphie (p. 52) Mobilier (p. 62) Interprétation (p. 63) 6.3. Conclusions générales (p. 67) 6.4. Notice/résumé (p. 67) LISTING DES POINTS TOPOGRAPHIQUES (p. 70) BIBLIOGRAPHIE (p. 71)

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ASPECTS ADMINISTRATIFS

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FICHE SIGNALETIQUE

Identité du site Département : Haute-Corse (2B) Commune : Gavignano Code INSEE : 1108 Localisation : Sproni/Griggione PATRIARCHE : 2B 122 0001 Cadastre : Section A (1998) Parcelle : 128 Coordonnées Lambert 93 (centrales) : X : 564950 Y : 4239050 Z : 240 m NGF Coordonnées GPS (centrales) : 9°12’27.5 E 42°26’20.6 N Propriétaire du terrain : Louis Pierre Jacques Orsini et Marie Martine Thérèse Orsini Opération archéologique N° de dossier PATRIARCHE : 2B 122 0001 Nom donné à l’opération : Aculontra Titulaire : Kewin Peche-Quilichini Organisme de rattachement : ASM (UMR 5140) et INRAP Type d’intervention : fouille programmée annuelle Dates d’intervention : du 09/07/2016 au 24/07/2016

REMERCIEMENTS Nous adressons nos sincères remerciements à Jacques Magdeleine, Jean-Claude-Ottaviani, Jean-Michel Bontempi, à Isabelle Marcangeli, Franck Leandri, à Emilie Tomas, à Daniel Istria, à Alessandro Maria Jaia, à Jean-Pierre Mannoni, à Marie-Rose Quilici, à l’équipe de bucherons, à l’Université de Rome I, à l’association Pieve di Rescamone, au MAP UMR 3495, aux familles Orsini (Castello-di-Rostino), Orsini (Gavignano) et Saliceti (Gavignano et Saliceto), au camping A Fiumara et à la menuiserie de Griggione, qui ont tous eu un rôle à jouer dans le cadre de cette opération.

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LISTE DES INTERVENANTS Coordination Kewin PECHE-QUILICHINI (INRAP et ASM 5140) Aspects techniques Toussaint QUILICI (association Pieve di Rescamone) Relevés, photographies aériennes, mission drone Simone AMICI (Università di Roma I) Photogrammétrie Laurent BERGEROT (MAP UMR 3495) Maxime SEGUIN (INRAP) Analyses phytolithes et spectrométrie Aurélien TAFANI (South Florida University) Equipe de fouille Laura ALVAREZ (Université Libre de Bruxelles) Giulia ARIAS (Università di Roma I) Mélanie FABRE (Université de Paris 1) Mathilda GAMBINI (Lycéenne, Bastia) Marion MALASSENET (Université de Lyon 3) Isabel PERALES PEREZ (Universidad de Vigo/Santiago de Compostela) Sean SCHLAGENHAUF (Universität Freiburg) Thomas TERRACOL (Universités de Lyon et d’Aix-Marseille) Vanina VALERY (Université de Corse) Sebastiaan VAN DER MEIJDEN (Freie Universität Amsterdam)

Da u Ponte Novu a l’Ostriconi

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ASPECTS SCIENTIFIQUES

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1. PRESENTATION Le site d’Aculontra se trouve en Haute-Corse, sur la commune de Gavignano, parcelle A128 (fig. 1), dont il occupe la partie sud-orientale, entre les toponymes Sproni, U Casaconu, Griggione et Cantonu. Sa superficie peut être estimée à environ 2000 m² (0,2 hectares). Trois entités archéologiques y sont répertoriées : une tour médiévale (2B1220008/3911) implantée sur la zone sommitale, à 259 m, une concentration de constructions rectangulaires supposées protohistoriques (2B1220001/1108), élevées sur le versant sud du massif, entre 225 et 245 m d’altitude, et un menhir (ou statue-menhir), aujourd’hui disparu (2B1220007/3910).

Fig. 1 – Position cadastrale du site d’Aculontra (en rouge : tour médiévale ; en jaune : emprise du site supposé protohistorique)

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Le site n’est pas porté sur le Plan Terrier, contrairement à la fortification voisine de Rusumini (fig. 2), nommée Castello. Il est implanté à l’interface entre les microrégions de Castagniccia et de Ghjuvellina, dans la moyenne vallée du Golu, dans le centre nord de la Corse (fig. 3).

Fig. 2 – Positions respectives des sites d’Aculontra (à gauche) et de Rusumini (à droite) sur le Plan Terrier

Fig. 3 – Localisation du site d’Aculontra

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2. ASPECTS GEOGRAPHIQUES Le site d’Aculontra est implanté sur un relief pyramidal (fig. 4) de formation alpine, issu de la ligne de crête de la Cima Trimozzata qui sépare la moyenne vallée du Golu à l’ouest, de la vallée de son affluent, la Casaluna, à l’est (fig. 5). Par sa position, le site se présente donc en situation de carrefour hydrographique.

Fig. 4 – Vue générale du relief d’Aculontra depuis le sud-ouest

Fig. 5 – Localisation du site

Le socle géologique local est formé d’hawaiites issues de rifts péri-alpins, de schistes bleus et de gabbros à vacuoles (fig. 6), de structure hétérogène, formant des diaclases régulières et des conglomérats. Ces formations sont soumises à une forte érosion. Les accumulations sont drainées par le Golu, qui coule à la base des cônes de déjection canalisés par des thalwegs diaclasiques. La partie basse du site est occupée par une large terrasse à galets d’origine alluviale (fig. 7), en partie recoupée par le Golu. De par la position du site au débouché du bassin de ce fleuve, ces dépôts incluent une grande variété de roches : schistes et serpentinites du massif de Pinetu, calcaire de Francardu/Caporalinu, granits et rhyolites du Niolu, etc. 14

Fig. 6 – Carte géologique du secteur d’Aculontra

Fig. 7 – Terrasse à galets au pied de la butte d’Aculontra. Dans le fond, les aiguilles de Castiglione. Encadré : diversité géologique des grosses alluvions

Le site se présente sous la forme d’un relief triangulaire au versant sud-ouest abrupt alors que le versant nord-est est relié à un col menant à la plaine de Marcaghju et à la vallée de la Casaluna, là où elle est dominée par le site de Rusumini. Il s’agit d’un relief caractéristique dans le paysage alluvial de la Ghjuvellina orientale. En contrebas du site, à l’ouest, le cours du Golu s’élargit et forme un coude vers l’ouest à cause de la présence du relief d’Aculontra, qui se détache transversalement de la crête de Sproni.

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3. HISTORIQUE DES TRAVAUX ET DESCRIPTION DES AMENAGEMENTS 3.1. Travaux précédents La première mention du Castello la Goulontia est l’œuvre de l’anthropologue britannique W. Duckworth au début du XXe siècle (Duckworth, 1909), venu en Corse pour tenter de mettre en relation les indices céphaliques des populations locales avec les manifestations architecturales préhistoriques évidentes (dolmens et fortifications essentiellement). A cette occasion, guidé par un informateur cortenais, le chercheur anglais s’attarde à Aculontra, dont il fournit deux clichés1 (Duckworth, 1909, fig. 4 et 5), un plan et une coupe (fig. 8) et décrit « des restes de murs montés à sec en blocs polygonaux irréguliers » alors attribués à une « civilisation mégalithique proche de celle des nuraghes de Sardaigne ». Le document planimétrique est assez sommaire et schématique, tant pour les courbes de niveau que pour le tracé des constructions. On notera aussi l’absence de mention quant à la tour médiévale sommitale.

Fig. 8 – Plan et coupe du site, réalisés par W. Duckworth (1909, fig. 3)

Le site retombe dans l’oubli jusqu’aux années 1970. En 1974, selon les registres de la DRAC, R. Grosjean2 et J. Liégeois auraient réalisé un sondage à Aquilontra, à la suite de la découverte d’une statue-menhir (en 1973 par A. Amadei). Il n’existe aucune archive 1

Sur lesquels on voit que le couvert arboricole était bien moins important qu’aujourd’hui. Aidé de la publication de W. Duckworth, R. Grosjean aurait vainement cherché à localiser le site en 1955, avant de le redécouvrir en 1957. 2

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concernant l’opération et le monolithe. En fonction des sources, ce dernier aurait été déplacé chez un particulier (Richard, 1998) ou été confondu avec un tribbiu (outil traditionnel et macrolithique pour le battage du blé). A noter que la découverte récente d’une tête de statuemenhir (en granit) à quelques centaines de mètres au nord de Ponte-Leccia (lieu-dit Ponte Rossu ; information : F. Leandri) pourrait amplifier la probabilité qu’il s’agissait d’une statue anthropomorphe protohistorique. Dans le même temps, à la suite de plusieurs visites avec A. Amadei, J. Magdeleine décide de s’associer à R. Grosjean pour poursuivre l’étude du site (fig. 9). Le décès de ce dernier l’année suivante, ainsi que la découverte, au même moment, du site voisin de Rusumini, change la donne. J. Magdeleine, accompagné de J.-C. Ottaviani, réalise plusieurs campagnes sur cette fortification nouvellement identifiée. Ce chercheur a toutefois réalisé en 1974 un plan des architectures du site d’Aculontra (fig. 10). Dans leur correspondance, R. Grosjean et J. Magdeleine soulignent l’intérêt et l’originalité des constructions en gros appareil, surtout pour cette partie de l’île, et déplorent l’absence de vestiges mobiliers superficiels3. Cette constatation a été complètement recoupée et confirmée par les travaux de prospection et d’étude réalisés postérieurement par G. Richard (1998), S. Mazet (2006), E. Tomas et K. Peche-Quilichini (2007). Plus poussés, les travaux du deuxième ont consisté en l’analyse métrologique des murs cyclopéens montés à sec et en la réalisation d’un nouveau plan (fig. 11) et ont abouti à un constat d’unicité architecturale des structures répertoriées. Comme on vient de le voir, le site d’Aculontra a précocement et permanemment attiré l’attention des chercheurs, essentiellement de par l’originalité de sa structuration mais aussi grâce à son accès aisé depuis la RN193. En résultent la réalisation de trois plans successifs dont l’exhaustivité n’est pas assurée. En l’absence surprenante de vestiges mobiliers, les caractères chronologiques et fonctionnels des constructions cyclopéennes restaient à déterminer.

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Le sondage mené par R. Grosjean et J. Liégeois aurait livré du mobilier de l’âge du Bronze (Richard, 1998). On ne sait pas où se trouve cette collection aujourd’hui.

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Fig. 9 – Réponse de R. Grosjean à J. Magdeleine quant à leur collaboration future à Aculontra (été 1974)

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Fig. 10 – Plan des structures cyclopéennes, réalisé par J. Magdeleine en juin 1974

Fig. 11 – Plan du site d’Aculontra, réalisé par S. Mazet (2006, fig. 328)

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3.2. Description préliminaire et générale des structures bâties (avant l’intervention de 2016) Si l’on élude la statue-menhir disparue, deux entités archéologiques constituent actuellement le site d’Aculontra. La première est une tour médiévale de base rectangulaire à faux talutage (placage contre l’affleurement, destiné à le rendre lisse) formant podium, implantée sur le rocher sommital. Ses murs sont épais de 90 cm environ et très arasés. Ils sont élevés en petit appareil homogène lié à la chaux (probablement produite à partir des calcaires des formations de Caporalinu, à quelques kilomètres au sud). Des fouilles clandestines ont été observées en son centre. Cette fortification n’est a priori pas mentionnée dans les chroniques médiévales, du moins pas sous son nom actuel. Il s’agit d’une fortification d’ordre secondaire implantée en position de marge sur la pieve de Rostinu, en vigie sur les principales voies de circulation entre Balagne, Plaine Orientale et centre Corse. Le site supposé protohistorique se distribue sur la pente sud-ouest, à 10 m d’altitude au-dessus du fleuve et à 5 m sous le sommet. Il inclut au moins six structures dont quatre sont alignées sur le relief scalariforme à l’est du massif. Deux autres sont juxtaposées plus à l’ouest. En contrebas à l’ouest, une ou deux autres structures presque totalement détruites ont été réaménagées à l’époque médiévale ou moderne. Les constructions présentent toujours un plan rectangulaire. Un long côté est systématiquement appuyé contre le versant, régularisé et parementé pour l’occasion (après avoir servi de carrière ?). Les angles sont parfaitement droits et chaînés. Des portes, voire des fenêtres, sont visibles sur les longs côtés sud-ouest. Les murs sont élevés à sec au moyen de blocs de calibre moyen (30 à 50 cm) à très gros (jusqu’à 150 cm), en assises irrégulières. Les pierres de chaînage d’angle présentent une forme parallélépipédique. Les élévations sont conservées jusqu’à 3 m de hauteur par endroits. Le mur nord-est de la construction située à proximité du sommet, dans la pente sud-est, près d’un aplomb marqué, est la seule à illustrer la technique du double parement. Son blocage a disparu, ce qui autorise une étude interne de son architecture. Le site inclut en outre quelques abris-sous-roche de dimensions modestes.

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4. PROBLEMATIQUES ET METHODOLOGIE 4.1. Etat des données sur l’habitat protohistorique en Corse Si l’on excepte l’utilisation assez généralisée des abris-sous-roche, deux types d’habitat sont connus (et rarement associés) en Corse au Bronze ancien et moyen, les casteddi (habitats fortifiés munis ou non d’une torra) et les villages ouverts. À ces périodes, les torre, monuments inspirés des nuraghi sardes, occupent de façon presque systématique les parties sommitales des chaos rocheux choisis pour implanter l’habitat fortifié (Contorba, AloBisughjè, Castiglione, Araghju ; Peche-Quilichini, 2011). Autour de cette tour va se développer un réseau plus ou moins important d’enceintes à double parement élevées en pierre sèche, parfois au moyen de très gros blocs. Ces remparts accueillent parfois des aménagements destinés à créer de l’espace dans la masse de leur blocage (Araghju, Cucuruzzu). L’espace interne de ces petites fortifications n’inclut que rarement des structures reconnues comme des habitations, même si c’est le cas à Contorba, où ont été individualisés des cellules rectangulaires (Cesari et Peche-Quilichini, à paraître). À Castiglione (Cesari, 1992) et à Filitosa (Liégeois, 1978), des aménagements assez semblables, mais localisés immédiatement hors des murs, sont bien connus. Dans le nord de l’île, où les torre n’existent pas, le modèle reste superposable, avec des maisons implantées entre les affleurements caractéristiques des zones granitiques chaotiques. Dans le même temps, des sites comme Campu Stefanu (Cesari et al., 2011) illustrent l’existence d’habitats ouverts situés non sur les éminences rocheuses, mais à la base des piedmonts, à proximité de gués. Dans tous les cas décrits, les sites sont déjà occupés au Bronze ancien et témoignent d’une tradition qui s’exprime dans la conception des formes de l’habitat entre le XVIIIe et le XIVe siècle av. J.C. L’étude des formes de l’habitat corse à la charnière entre âge du Bronze et du Fer était jusqu’il y a peu un terrain d’investigation totalement vierge, essentiellement à cause d’un problème de reconnaissance, mais aussi de par la prise en compte presque systématique d’un postulat – jamais démontré – de perduration généralisée de l’occupation des sites fortifiés du IIe millénaire. Fort heureusement, l’état des connaissances a depuis peu été alimenté par des recherches menées en contexte montagnard dans le nord comme dans le sud de l’île. De fait, la problématique est récente et la nécessaire prise de recul sur ces données nouvellement acquises reste à produire. Ce constat est encore compliqué par la construction hétérogène et lacunaire de la problématique, à l’origine d’une distribution géographique des sites nettement discordante, avec des régions fortement représentées (vallée du Rizzanese notamment) et nombre d’autres zones où la période n’est pas encore documentée. L’information fournie par de nouvelles fouilles et la révision d’anciennes collections permet aujourd’hui d’établir un premier constat marqué par une nette tendance à la régionalisation des formes habitatives, par ailleurs superposable à celle constatée pour les sphères productives. En conséquence, notre développement sera organisé de façon géographique, en progressant du nord vers le sud. Deux sites dont l’occupation principale est située sur la transition Bronze/Fer ont récemment été fouillés dans les montagnes du Centre Nord, malgré des problématiques initiales liés à la reconnaissance de traits du Néolithiques et de l’âge du Bronze. Le site de Tuani est constitué d’abris-sous-roche dominant un gué de la rivière Restonica. Le mobilier exhumé (essentiellement des jarres de stockage) témoigne de l’utilisation de ces cavités dans le cadre du fonctionnement d’un habitat – situé à proximité ? – des IXe-VIIIe siècles. En ce sens, la fouille montre que l’utilisation des grottes durant la Protohistoire ne peut être considérée comme uniquement sépulcrale et s’inscrit en fait dans l’espace complexe constitué par le « lieu de vie » largo sensu. Le site voisin d’E Mizane à Sidossi (Antolini, 2012) est occupé 21

aux VIIIe-VIIe siècles. Il s’agit d’un habitat implanté sur une légère éminence partiellement fortifiée au milieu de la dépression du Niolu, à proximité immédiate du fleuve Golu. Le mobilier y est typique du premier âge du Fer de cette région. Le mauvais état de conservation du site ne permet pas de préciser la forme des habitations, pour lesquelles on suppose toutefois des soubassements constitués de blocs et des élévations en matériaux périssables. Sur la côte orientale de l’île, à Suale (Lucciana, Haute-Corse), de récentes fouilles préventives ont mis en évidences des fosses comblées au IXe siècle contenant un rare mobilier. Ici encore, l’absence de structure associée gêne la lecture globale du site. Dans le sud, la quantité et la qualité de l’information sont plus importantes, notamment grâce aux travaux menés à Cuciurpula (Milletti et al., 2012, 2015 ; Peche-Quilichini, 2014 ; PecheQuilichini, à paraître ; Peche-Quilichini et Lanfranchi, à paraître ; Peche-Quilichini et al., 2012, 2013, 2014, 2015). Cet habitat compte une quarantaine d’habitations réparties de façon lâche sur un espace de 12 hectares. Le village inclut aussi un nombre important de structures de rétention de sédiments, des enceintes et des cheminements aménagés pour la circulation, ainsi que des dizaines d’abris-sous-roche utilisés dans le cadre général de l’occupation optimisée du secteur. La fouille des maisons 6, 1 et 3 offre, en particulier, une focale d’observation sur les modalités habitatives entre le XIIe et le VIe siècle. Ces deux maisons, comme la plupart des autres structures de ce type distribuées sur le site et dans tout le sud de l’île, présentent une forme ovalaire allongée, ouverte sur un petit côté pour l’accès. Leurs dimensions varient entre 8 et 12 m de long pour 2 à 3,5 m de large, avec une superficie moyenne de 20 à 25 m², dont l’étroitesse pouvait être corrigée par l’adjonction d’une mezzanine. Les soubassements sont toujours constitués de blocs de granit dont une face plate est disposée à l’intérieur pour former parement. L’espace interne est organisé autour d’un grand foyer circulaire dont la position est variable. Les sols sont aménagés au moyen d’une chape d’argile cuite parfois parementée de tessons de récupération. L’existence d’une banquette de couchage monolatérale est fortement supposée, notamment pour la maison 1. Une cloison interne en matériau périssable, observée dans la maison 6 et pressentie dans la maison 1, coupe l’espace interne en deux aires d’égale superficie. Dans l’habitation 6, élaborée au XIIe siècle, ce mur devient la façade de la maison aux Xe-IXe siècles, entraînant une réduction de moitié de l’espace utilisable (12 m²). Les nombreux trous de poteaux montrent l’existence d’un toit à double pente reposant sur des parois latérales essentiellement composées de bois et appuyées contre la face interne des blocs du solin. Il faut également noter que ces architectures semblent utiliser au mieux les caractères morphologiques des affleurements granitiques qui les cernent. Le mobilier permet d’envisager une importante spatialité des activités avec, par exemple, des secteurs dédiés à la meunerie et à la mouture, des espaces de stockage et un pôle multifonctionnel à proximité de la chaleur et de la lumière du foyer. La distance moyenne entre les habitations, ainsi que la topographie fortement accidentée du site de Cuciurpula et les phénomènes d’adaptation qui en découlent, ne permettent pas d’évoquer la possibilité de trames proto-urbaines préalablement définies. A Puzzonu (Milletti et al., à paraître), village voisin de la fin du Bronze final implanté sur un plateau sommital relativement dégagé, la trame habitative reste lâche malgré une topographie bien plus régulière. Cette constatation tendrait à montrer que la forme agglutinante, telle qu’elle a été reconnue à Nuciaresa (Peche-Quilichini et Lanfranchi, à paraître) ou à Saparaccia (Peche-Quilichini et al., 2014), apparaît comme la résultante de mécanismes seulement à l’œuvre à partir de la fin du premier âge du Fer. La deuxième évolution chronologique pouvant être établie à partir de ces nouvelles données est la très probable augmentation de taille des blocs utilisés pour les soubassements des maisons avec un gradient bien illustré, dans l’ordre chronologique, par Cuciurpula-Str.6, Puzzonu-Str.7, CuciurpulaStr.1, Cuciurpula-Str.3 et Nuciaresa-Str.1, habitations toutes fouillées ces dernières années et offrant un arc temporel complet entre le XIIe et le IVe siècle av. J.-C. Pour rester dans la 22

problématique de ces villages « ouverts », il faut signaler la reconnaissance récente du site de Valpuli, dans la vallée du Taravu, qui montre une organisation très similaire malgré une architecture qui privilégie le petit appareil à sec au détriment des gros blocs sans assise pour les soubassements. Ce panorama ne saurait être exhaustif sans la présentation de quelques sites fortifiés dont l’étude du mobilier montre une utilisation durant la transition Bronze/Fer. Il convient en premier lieu de mentionner le casteddu de Cucuruzzu, dont l’occupation au Bronze final 3 est très importante. De la même époque datent des mobiliers du casteddu de Valle, des torre de Ceccia, de Torre, de Turricciola et de Furcina, de l’habitat (de plein air ?) de Santa Barbara, des abris de Punta di Casteddu, de Ranfonu-Giovichi et de Capula. C’est aussi durant cette phase que le niveau supérieur de la torra de Tusiu (Lanfranchi, 1998) est définitivement abandonné, comme un symbole du passage dans l’espace chronologique, social et culturel de l’âge du Fer. Ce qu’il faut retenir de ce constat préliminaire c’est l’évidence des phénomènes de transformation des formes de l’habitat, à l’échelle des villages comme à celle des maisons, autour du passage entre âge du Bronze et âge du Fer. Les casteddi, sortes de micro-acropoles fortifiées des villages de l’âge du Bronze, perdent peu à peu de leur importance fonctionnelle alors que les torre sont quant à elles obsolètes depuis plusieurs siècles déjà. En corollaire, on assiste au développement rapide d’importantes unités villageoises stéréotypées et codifiées, au sein desquelles les préoccupations défensives deviennent secondaires. Ce n’est cependant qu’à partir des VIe-Ve siècles que le modèle du village regroupé – promis dans l’île à un bel avenir – se développe dans le sud sur un substrat théorique dont Cuciurpula est l’archétype. Dans le nord, il semble que l’apparition des premiers habitats groupés ne se fasse qu’avec l’influence grandissante des préceptes de la Rome républicaine (Delfino et al., 2014 ; PecheQuilichini, 2013). 4.2. Contexte protohistorique local Les plus anciens témoignages d’anthropisation du nord-ouest de la Castagniccia datent du Néolithique récent. Les deux sites du Pinzu (Castello-di-Rostino) et de Pinzalone (Valle-diRostino), en situation d’éperon, offrent un large panorama sur le Golu. Aucun indice d’occupation au Néolithique final n’a été mis en évidence sur ces deux gisements. Cette époque n’est d’ailleurs représentée de façon claire qu’à Testa a l’Ortone, vaste colline dont le sommet forme un replat. Le mamelon d’Arventu 1, la colline de Petricaggiu (Castello-diRostino) et les rives méridionales du Golo, à l’est du resserrement des Muzzelle, ont également livré des indices de sites (Tomas et Peche-Quilichini, 2007). Dès l’âge du Bronze, on constate que les sites s’implantent sur des éminences au relief peu marqué : l’US 10047 du castrum de Rostino, les structures des casteddi de Pruzza (fig. 12), Rusumini (fig. 13), Cima d’Alpa et Castellucciu (fig. 14), les ruines d’un mur à double parement à Arventu, l’épandage céramique de Cima di Tozzu, le mamelon rocheux de Turrione, la fibule de Campu di Bonu. Cette époque semble aussi marquée par la présence de statues-menhirs. Durant l’âge du Fer, aucune innovation n’est apportée aux modes d’occupation des sols. Les prospectionsinventaires ont permis de constater un repli sur les crêtes qui ceinturent la vallée de Rescamone, où sont répertoriés des établissements d’apparente petite taille : Cima di Tozzu 1, Culletula d’Agostinu 1, Barbutola, Petricaghju et Turrione. Le site d’Aculontra ne présente aucun lien typologique avec les sites mentionnés ici. Il faut cependant souligner sa proximité géographique (fig. 15 et 17) avec les ensembles fortifiés de la Casaluna (Rusumini, Castellucciu, Cima d’Alpa et Punta Castellucciu) et avec les mines de cuivre de Campanella et d’Orzella, à 5 km à l’est. A noter également la présence des sépultures du Bronze final de la

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Grotta Laninca, à 4 km au sud. Enfin, on mentionnera son voisinage avec le site de Griggione 4 (fig. 16), repéré en prospection aérienne, formé d’un ensemble de cercles (enclos fossoyés ?), dont la chronologie et la fonction restent à préciser (nécropole ?).

Fig. 12 – Partie sommitale du site de Pruzza

Fig. 13 – Plan de la fortification de Rusumini (d’après J. Magdeleine et J.-C. Ottaviani)

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Un site tout à fait similaire a été inventorié par J.-P. Mannoni au pied des Muzzelle.

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Fig. 14 – Portion d’enceinte à Castellucciu

Cima d’Alpa Castellucciu Rusumini

Casaluna

Aquilontra

Fig. 15 – Les sites fortifiés de la basse vallée de la Casaluna.

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Fig. 16 – Vue aérienne des anomalies de croissance végétale de Griggione (décembre 2006)

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Fig. 17 – Principaux sites protohistoriques du nord-ouest de la Castagniccia

4.3. Problématiques particulières Les problématiques qui seront développées à Aculontra découlent naturellement des bilans présentés ci-dessus. Il s’agira : - de déterminer la chronologie du site ; - de préciser la fonction des constructions originales qui le constituent ; - de proposer une insertion territoriale par rapport aux contextes voisins connus ; - de développer une approche paléo-environnementale, notamment en lien avec les dynamiques alluviales du fleuve Golu (en 2017, en fonction des résultats de 2016) ; - de préciser le schéma d’évolution de l’habitat dans son contexte insulaire par l’intégration d’un contexte septentrional et original.

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4.4. Méthodologie d’approche Pour ce faire, on envisage un travail de recherches sur deux axes. Un premier concernera le relevé des structures : topographie de l’intégralité du relief et des constructions, relevé (classique et photogrammétrique) en plan, coupe et élévation des structures bâties. Cet axe concernera également la tour sommitale. L’objectif est de fournir pour la première fois une documentation exhaustive sur l’aspect actuel du site. Le second axe consistera en la réalisation d’un sondage (environ 15 m²) dans une structure rectangulaire. Parmi les aménagements de ce type clairement identifiés, quatre sont encombrés par des éboulis particulièrement massifs (fig. 18), du moins assez pour empêcher une fouille traditionnelle sans moyen particulier pour les évacuer. Seule l’avant-dernière structure avant le sommet, dont l’élévation est la mieux conservée, se présente sans un tel recouvrement (fig. 19). Le remplissage y paraissait essentiellement constitué de sédiment sous un empierrement gravitaire superficiel constitué de petits blocs. En conséquence, le sondage y a été pratiqué. Ces travaux ont été précédés d’un nettoyage du site, notamment de l’abattage de quelques chênes et genévriers.

Fig. 18 – Vue zénithale des effondrements à l’intérieur de la structure inférieure (str. 6)

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Fig. 19 – Vue oblique du remplissage de l’avant-dernière structure (str. 2) avant le sommet, avant le sondage

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5. ENQUÊTE TOPONYMIQUE Le site d’Aculontra (orthographe du cadastre moderne) se retrouve sous plusieurs noms dans la bibliographie : Castello della Goulontia chez Duckworth (1909), Aquilontra, Aguilontra, Acquilontra ou Acquil’Ontra dans les mentions réalisées à partir des années 1950. Le toponyme, unique à notre connaissance sur l’île, est formé de deux racines 5. La première partie débute avec un AK dont la prononciation tend vers le AG. Au moins trois interprétations sont possibles : - AG dérive de Acqua, l’eau, ou ses dérivés comme Acquilla, l’averse. La racine désignerait un endroit où l’eau est présente, ou un lieu concerné par des précipitations d’ampleur notable. Cette interprétation est rendue cohérente par la proximité du fleuve Golu, qui coule juste sous le site. La zone ne se caractérise en revanche pas par la singularité des pluies qui la touchent. - AG dérive de Aquila, l’aigle. En ce sens, le relief pointu d’Aculontra, dominé par une tour médiévale s’apparente à une sorte de nid d’aigle au sens métaphorique du terme. - AG dérive du préfixe Agus, que l’on retrouve par exemple dans « aiguille » ou sous la forme Agò ou Acutu, qui signifie « pointu, aiguisé, aigu ». Il pourrait évoquer la forme rocheuse pyramidale qui caractérise le site d’implantation. La seconde partie du mot est basée sur la racine LONT ou L’ONT, prononcée LOND/LUND, avec un R final plus ou moins avalé. Elle se rapproche de la racine LUND omniprésente en contexte celtique (par exemple dans Londres, Londairac, etc.) et qui désigne des lieux situés près de plans d’eau (lacs, marais, etc.). Cette explication colle parfaitement avec la situation du site, dont l’affleurement rocheux a engendré le coudage du fleuve et la formation d’un bassin relativement large en amont d’un goulet et de rapides. Il semble que le germanique LOND, qui désigne la forêt (par exemple : les Landes) soit à exclure ici. Pour résumer, le toponyme semble dans tous les cas lié à la présence du fleuve, peut-être à l’importance du gué à proximité duquel il est installé. En retenant la troisième hypothèse pour la première partie du mot et en tenant compte des spécificités géographiques du lieu, Aculontra pourrait donc se traduire par « le pic à côté de l’endroit où la rivière s’élargit ». Une autre hypothèse pourrait conduire à une déformation de agulancie/aculentie, qui désigne un type d’églantier (Rosa marina), un arbrisseau fréquent en domaine méditerranéen. Ce toponyme se retrouve notamment sans Agullina, nom médiéval du village d’Aullène. Un lien avec le mot Golu n’est pas non plus à exclure.

5 Le A initial ne semble pas devoir s’interpréter comme un article défini féminin mais plutôt comme appartenant à la structure de la première partie du mot.

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6. LES TRAVAUX DE 2016 6.1. Listing et description des structures bâties La tour sommitale Une tour médiévale est implantée sur la partie sommitale du relief, à 259 m d’altitude. C’est un bâtiment de plan losangique d’environ 5 m de côté (fig. 20-22) dont les murs sont épais de 90 cm en moyenne. La construction s’appuie sur un affleurement dans son angle oriental. Les murs nord-est et sud-est, là où l’accès naturel est plus aisé, montrent un glacis.

Fig. 20 – Vue aérienne de la tour médiévale

Fig. 21 – Vue aérienne de la tour médiévale

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Fig. 22 – Vue aérienne de la tour médiévale

Les flancs sud-ouest (fig. 23), nord-ouest et nord-est présentent une élévation moyenne de 150 cm, permettant d’observer un petit appareil monté en assises irrégulières au moyen d’un échafaudage en saillie révélé par des trous de boulin. L’ensemble est cimenté à la chaux. De nombreux nodules de chaux et des éclats de calcaire se mêlent à un épandage de mobilier médiéval au pied de la tour. Des fragments de poteries vernissées, notamment de plats de majolique archaïque, ont été individualisés.

Fig. 23 – Parement du mur sud-ouest de la tour médiévale

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La structure 1 et le possible mur d’enceinte La numérotation des 7 structures rectangulaires suit un ordre altimétrique, du haut vers le bas. La structure 1 est donc la plus haute d’entre elles, à une côte d’environ 252 m. elle se situe dans la partie orientale du site, entre le sommet et l’à-pic qui délimite le site sur l’intégralité du flanc est, limite reprise par le cadastre actuel. Il semble que ce bâtiment employant de très gros blocs ait été élevé en trois temps. La partie la plus ancienne est constituée du mur nordest, qui bloque le passage entre le col, le sommet et la falaise orientale, soit le seul passage pour accéder depuis l’est aux parties supérieures du site (fig. 24). Ce mur est en fait un rempart, le seul identifié à Aculontra. Epais de plus de 220 cm, il présente une structure à double parement (fig. 25) et blocage. Ce dernier a presque entièrement disparu, par épierrement et/ou érosion. Les parements sont élevés à sec et peuvent être qualifiés de cyclopéens. Ils ne sont pas assisés. Le parement nord est le mieux conservé, sur une élévation de plus de 200 cm. Dans un deuxième temps, une structure en U va être accolée contre le parement sud pour former un bâtiment de forme rectangulaire (675 x 600 cm de dimensions internes, soit environ 40 m² ; fig. 26 et 27) qui semble disposer d’une entrée sur son mur sudouest. Implantée en bordure de falaise sur son flanc sud-est, cette structure a connu une forte érosion. Les murs nord-ouest, sud-ouest et sud-est sont presque uniquement constitués de boutisses parpaignes longues de 90 cm et respectent une norme orthogonale omniprésente sur le site. A une époque probablement récente, un petit mur arciforme en appareil moyen est accolé au parement sud du rempart pour former une logette, peut-être un poste de tir pour des chasseurs.

Fig. 24 – Vue aérienne oblique de la structure 1, au-dessus (à droite) de la structure 2. Sur la droite, le mur d’enceinte à double parement

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Fig. 25 – Section transversale du mur d’enceinte (mur est de la structure 1)

Fig. 26 – Vue aérienne de la structure 1 (rouge) et de la structure 2 en cours de fouille (jaune)

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Fig. 27 – Vue aérienne de la structure 1

La structure 2 La structure 2 se trouve à quelques mètres au sud-ouest et sous la structure 1. C’est elle qui a été sélectionnée pour accueillir un sondage. De plan rectangulaire (fig. 28), elle est limitée au nord-ouest, au sud-ouest et au sud-est par des murs constitués de boutisses parpaignes et de blocs dont la taille dépasse parfois 200 cm. Les superpositions sont constituées d’assises irrégulières. Seuls les angles sont chainés par l’intermédiaire d’un jambage (fig. 29). Le côté nord-est est formé d’à-pics hauts de près de 100/150 cm formant paroi. Il semble que cette configuration résulte d’une utilisation précédente du lieu comme une zone d’extraction de blocs (pour la structure 3 ?). Les aspérités ainsi créées ont pu être complétées par l’ajout de gros blocs. La plus grande partie du mur nord-ouest est constituée d’un bloc formant piédroit et provenant des carrières situées à quelques mètres au nord. L’accès se trouve au contact nord de ce bloc. Le piédroit gauche est un affleurement régularisé par débitage d’épaisses plaques de schiste. La longueur interne est de 850 cm, pour une largeur d’environ 480 cm (soit une surface utile d’approximativement 40 m²). La largeur des murs oscille toujours entre 90 et 100 cm. Le mur sud-ouest (fig. 30) est conservé sur une hauteur de 300 cm sur sa paroi externe. Il est bâti directement sur le substrat. Ces murs ne montrent qu’un léger fruit externe ou interne, résultant plus probablement d’un état post-érosion. On peut donc conclure à un véritable effort de verticalisation des constructions.

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Fig. 28 – Vue aérienne de la structure 2 en cours de fouille

Fig. 29 – Chainage de l’angle nord-ouest de la structure 1. A gauche, l’entrée avec son piédroit cyclopéen

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Fig. 30 – Structure 2, orthophotographie du parement externe du mur sud-ouest (distance inter-croix : 2,5 m)

La structure 3 La structure 3 est implantée sous la structure 2, immédiatement à l’ouest de celle-ci, et audessus de la structure 6. Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire (650 x 590 cm de dimensions internes, soit plus de 38 m² de surface utile ; fig. 31-33). Les murs, essentiellement élaborés avec des boutisses parallélépipédiques, présentent des épaisseurs variées : 80 cm pour le mur nord-ouest, 95 cm pour le mur sud-ouest, 150 cm pour le mur sud-est et 110 cm pour le mur nord-est. Une entrée perce le premier, contre l’angle nord. Les murs sont élevés en assises irrégulières, alternant parfois gros et petit appareil (fig. 34 et 35). Avec ses blocs de forme et taille homogènes, le mur nord-ouest est le plus soigné. Il s’agit comme pour la structure 2 d’un édifice construit à flanc de relief, probablement sur la carrière de la structure 6.

Fig. 31 – Vue aérienne des structures 2 (en bas) et 3 (en haut)

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Fig. 32 – Vue aérienne des structures 2 (en haut), 3 (au centre) et 6 (en bas)

Fig. 33 – Vue aérienne oblique de la structure 3

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Fig. 34 – Premier plan : parement externe du mur sud-ouest de la structure 3 ; second plan : parement externe du mur sud-ouest de la structure 2

Fig. 35 – Parement interne du mur nord-est de la structure 3

La structure 4 La structure 4 se trouve immédiatement au nord-ouest de la structure 3, quoique légèrement en contrebas. Il s’agit d’un édifice de plan rectangulaire (fig. 36 et 37) dont la longueur ne peut pas être mesurée (inférieure à 15,5 m, estimation vers 8 m grâce à la forme des affleurements) en l’absence de mur de chevet côté nord. Sa largeur est de 540 cm. Une porte perce le mur sud-ouest, contre l’angle sud. Un possible deuxième accès serait aménagé contre l’angle est, sur le mur sud-est. Les murs présentent une épaisseur constante de 90 cm et sont formés de longues pierres parallélépipédiques disposées horizontalement en assises irrégulières (fig. 38). La limite nord-est de l’espace interne est constituée d’un mur dans sa 39

partie sud-est, d’un à-pic dans sa partie nord-ouest. La structure inclut plusieurs affleurements du substrat. Juste en-dessous, et d’ailleurs partiellement contre, se trouve la structure 5. A l’est du mur sud-est, entre les structures 3 et 4, il semble qu’une rampe terrassée servait à améliorer la circulation entre ces deux édifices et la structure 2.

Fig. 36 – Vue aérienne oblique de la structure 4

Fig. 37 – Vue aérienne oblique de la structure 4

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Fig. 38 – Parement externe du mur sud-ouest de la structure 4

La structure 5 La structure 5 est partiellement appuyée contre le mur sud-ouest de la structure 4, en-dessous de laquelle elle se trouve (fig. 39). Il s’agit d’une construction en forme de L. Il pourrait s’agir d’un édifice non couvert, peut-être simplement destiné à protéger l’accès au site par les parties inférieures. Le mur nord-ouest (fig. 40) est long de 390 cm, le mur sud-ouest (juste une terrasse ?) mesure 690 cm. Leur épaisseur est d’environ 90 cm. Le premier est percé dans sa partie nord-est par une entrée dont la paroi externe de la structure 4 forme le piédroit. Cette entrée a par la suite été condamnée (fig. 41). Les deux murs sont rectilignes mais non jointifs. Ils s’articulent tous deux sur une masse rocheuse. L’angle ainsi formé est d’environ 80°. Ces architectures sont cyclopéennes et non assisées. On note un effort de verticalisation des parois. Le parement externe du mur nord-ouest porte un placage de petits blocs (fig. 42) disposés de façon identique à ceux du parement interne du mur sud-ouest de la structure 2. Cette particularité constitue un pont typo-technique entre les deux bâtiments. Elle s’explique ici par un souci de régularisation ayant un intérêt plus esthétique que poliorcétique. Ce mur constitue vraisemblablement « l’entrée » du site.

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Fig. 39 – Vue aérienne des structures 2, 3, 4, 5 (rond jaune) et 6

Fig. 40 – Vue zénithale oblique du mur nord-ouest de la structure 5

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Fig. 41 – Vue zénithale de l’entrée murée de la structure 5

Fig. 42 – Vue du parement externe du mur nord-ouest de la structure 5 ; remarquer le placage

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La structure 6 La structure 6, dont l’état de conservation est bon, se trouve entre la structure 3 et le Golu, immédiatement au sud-est et en contrebas de la structure 5. Il s’agit de la construction la plus basse en termes altimétriques. D’une paroi à l’autre, la longueur interne est de 1100 cm pour une largeur de 685 cm, soit 75 m² pour un plan rectangulaire régulier (fig. 43 et 44). Il s’agit donc de la structure la plus imposante du site en termes de surface au sol. Les murs nordouest, sud-ouest et sud-est présentent une épaisseur variant entre 75 et 85 cm. L’appareil cyclopéen est encore une fois combiné ici au boutissage (une même pierre forme les deux parois du mur) organisé en assises irrégulières. Sur le quatrième côté, l’à-pic artificiel (probablement le résultat d’un front de carrière) est corrigé par l’adjonction de maçonneries à sec (fig. 45). Le mur sud-ouest est percé de deux ouvertures interprétables comme des portes munies de seuils, voire des fenêtres, installées sur le même niveau d’assises (fig. 46 et 47). S’il s’agit de portes, on comprend mal l’intérêt de ce double accès, sauf dans le cas d’une cloison transversale en matériau périssable divisant l’espace en deux parties presque égales.

Fig. 43 – Vue aérienne de la structure 6

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Fig. 44 – Vue aérienne des structures 3 (à gauche) et 6 (à droite)

Fig. 45 – Au premier plan (sous le trait), parement interne de la paroi nord-est de la structure 6 ; au second plan, paroi externe du mur sud-ouest de la structure 3

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Fig. 46 – Vue sur l’intérieur du mur sud-ouest de la structure 1 avec ses deux portes

Fig. 47 – Détail de la porte sud de la structure 6

La structure 7 La construction baptisée « structure 7 », qui se trouve sur la pente occidentale du site, à 10 m au nord-ouest de la structure 4, n’appartient pas tout au fait au même type architectural que les 46

six édifices précédents. De dimensions plus réduites (3,5 x 4,5 m à l’intérieur), cet édifice rectangulaire est bâti à sec au moyen de blocs de moyen calibre (fig. 48). Le secteur de l’entrée est équipé de piédroits monolithiques verticaux comme on l’observe parfois sur des habitations médiévales (par exemple au Monti Barbatu). L’édifice est très ruiné et il n’a pas été possible de réaliser plus d’observations sur les types de maçonnerie utilisés.

Fig. 48 – Vue d’ensemble de la structure 7

Le plan d’ensemble La réalisation d’un plan d’ensemble des structures constituait un objectif motivé par la nonexhaustivité des documents produits jusqu’ici (cf. supra). Afin de produire ce document, un drone a été utilisé pour photographier verticalement la zone défrichée avant de coller et redresser les clichés par l’intermédiaire de cibles géoréférencées. Cette tâche a été compliquée par des problèmes d’ordre technique (un crash à signaler lors du premier vol, des difficultés au niveau de la focalisation, un problème de calibration du GPS, une orientation du site à l’origine d’un problème de luminosité obligeant à prendre des vues seulement entre 6 h et 7 h du matin, etc.). L’opération a donc dû être réalisée en plusieurs fois et a permis de fournir un plan quasiment complet des structures (manque seulement la structure 7). La couverture photographique aérienne a en outre permis d’obtenir des clichés exploitables en tant que tels (fig. 49-53), mettant en évidence les concentrations, les individualisations, les espaces de circulation et l’organisation (en section) du site.

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Fig. 49 – Vue aérienne des structures 2 (rouge), 3 (bleu), 4 (vert), 5 (jaune) et 6 (orange)

Fig. 50 – Vue aérienne oblique de l’ensemble du site avec mise en évidence des structures bâties

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Fig. 51 – Organisation du site en terrasses

Fig. 52 – Orthophotographie avec mise en évidence des structures bâties (cyclopéennes : rouge ; tour : jaune)

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Fig. 53 – Plan topographique (jaune : tour ; orange : mur à double parement ; rouge : structures rectangulaires ; bleu : sondage) ; équidistance des courbes de niveau : 1 m

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6.2. Le sondage de la structure 2 Stratégie d’implantation et méthodologie Le choix d’implanter le sondage dans la structure 2 résulte de plusieurs facteurs : - la construction ne présente aucune particularité architecturale, dimensionnelle ou géographique ; elle n’est pas positionnée de façon marginale et n’est pas isolée. En conséquence, on pouvait croire qu’il s’agissait d’une structure « moyenne » sans originalité qui aurait pu biaiser la compréhension du site après observation de ce (seul) sondage ; - l’encombrement arboricole, mais surtout les effondrements des murs cyclopéens étant limités dans cet édifice (fig. 19), ce dernier présentait moins de difficultés techniques que les autres ; - l’élévation de près de 3 m de haut conservée sur le mur sud-ouest laissait présager une importante puissance sédimentaire, qui plus est protégée des érosions gravitaires par ce barrage artificiel. La méthodologie adoptée suit les préceptes classiques de l’archéologie préhistorique : décapage par couches successives, relevés en coupes orthogonales et en plan, prélèvement des mobiliers et des écofacts (notamment des charbons de bois, à visée chronométrique). Les sols ont en outre fait l’objet de prélèvements par m² afin d’évaluer leur teneur en phytolithes et leur composition chimique (par spectrométrie de masse). Le but de ces analyses est de caractériser une distribution particulière des activités humaines (par exemple, des concentrations de potassium témoigneraient de la proximité de vidanges de foyers). La recherche des phytolithes est plus ciblée et permet de fournir des indications sur les ressources végétales utilisées par les occupants du site.

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Stratigraphie La numérotation stratigraphique respecte le modèle suivant : Numéro de structure – numéro d’US selon l’ordre de définition (exemple : US 2-15 = structure 2, couche 15 = US 215) Se référer à la matrice (fig. 71) pour l’ordre de succession sédimentaire. Listing des US (par ordre de définition) : US 200 : sol actuel, sub-horizontal, percé par l’US 203 (fig. 54 et 55).

Fig. 54 – La structure 2 après nettoyage

Fig. 55 – La structure 2 après nettoyage ; niveau d’apparition de l’éboulis US 203

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US 201 : très fine couche végétale, de 2 à 5 cm d’épaisseur. US 202 : sédiment humique assez compact, formé d’une matrice colluviale (apports latéraux depuis le nord et le nord-est) de couleur noir-marron, avec inclusions de blocs argileux. Beaucoup de racines. Repose parfois directement sur le substrat. Percé par l’US 203. US 203 : niveau d’effondrement des murs, posé contre les parois sud-ouest et nord-ouest (fig. 56 et 57), composé de blocs de 10 à 90 cm de long. Il s’agit de moellons à arêtes vives, déposés violemment, comme en atteste un important sous-tirage. Le sédiment pris entre les blocs est de type argilo-limoneux de couleur jaune parfois orangé. Il pourrait s’agir de la dissolution du liant du placage faisant office de paroi interne du mur sud-ouest. Cette argile a fait l’objet d’un prélèvement à toute fin utile. Dans sa limite nord-est, cette couche se mêle à des inclusions colluviales et inclut de petits nodules de calcaire provenant de la tour médiévale. US 204 : couche composée de limon argileux induré incluant d’importantes quantités de cailloux décimétriques. Reconnue uniquement dans la partie est du sondage, elle inclut des vestiges médiévaux (nodules de calcaire et clous en fer de section carrée).

Fig. 56 – Au premier plan, le sommet de l’US 204 ; au second plan, le premier niveau de décapage de l’US 203

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Fig. 57 – A droite, le sommet de l’US 204 ; à gauche, le premier niveau de décapage de l’US 203

US 205 : niveau de terre argileuse située sous la couche de destruction US 203. Cette couche s’est formée juste après l’abandon et juste avant la destruction des murs. Son épaisseur est d’environ 5 à 8 cm. US 206 : sol de circulation sub-horizontal matérialisé par la présence de petites pierres posées à plat (fig. 58), d’aplats partiellement rubéfiés et de lentilles argileuses tassées et sombres (fig. 59). Par endroits, il est écrasé par des blocs de l’US 203. Correspond altimétriquement au niveau de pose du bloc faisant office de piédroit.

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Fig. 58 – Sommet des US 207 et 210 (niveau de circulation : sol US 206)

Fig. 59 – Poche sombre du sol US 206

US 207 : niveau sédimentaire (fig. 60) dont l’US 206 est le sommet dans la partie ouest du sondage. C’est cette strate qui a fait l’objet de prélèvement pour analyse chimique et détermination des phytolithes. Elle est constituée d’une matrice argileuse brune et indurée incluant des poches d’argile noire et beaucoup de pierres (jusqu’à 10 cm de long) et de sables d’arénisation des schistes à serpentine. Dans la partie nord-est du sondage, ce niveau est formé d’argiles plus claires issues de ruissellement depuis les parties hautes du site 55

(percolations érodant les affleurements du gabbro-schiste). Au vu de ces différences, ce niveau a été rebaptisé US 210.

Fig. 60 – Sommet des US 207 et 210 (niveau de circulation : sol US 206)

US 208 : niveau meuble de sédiment argileux brun avec inclusions de blocs pluridécimétriques. Il s’agit vraisemblablement d’un comblement de fondation. Du charbon de bois y a été prélevé. US 209 : couche presque uniquement composée de charbon de bois (fig. 61), reconnue dans la partie orientale du sondage sur le sol US 206. Des échantillons ont été prélevés pour réaliser une datation radiométrique (fig. 62). Il pourrait s’agir d’une vidange de foyer voire d’un niveau d’incendie (de la toiture ?). La datation montre un intervalle de fiabilité (95,4 %) à 1410-1450 cal. BC (Wk44093 : 475 BP ± 20 BP). Ce niveau qui scelle l’utilisation du sol sous-jacent date donc de la fin du Moyen Âge. US 210 : voir US 207. US 211 : piédroit droit, murs sud-ouest et sud-est. Les murs sont tous contemporains, comme en témoignent les divers chainages. La fondation du mur sud-ouest comprend une large semelle pensée pour y poser le parement interne en placage (fig. 63-65). Ce dernier était donc prévu dès l’origine dans le programme.

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Fig. 61 – Moitié nord-est de la coupe transversale ; remarquer l’US 209 très charbonneuse

Fig. 62 – Datation de l’US 209 (Wk44093)

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Fig. 63 – Parement interne du mur US 211 avec son placage lié à l’argile (mur sud-ouest)

Fig. 64 – Détail de l’élargissement du mur US 211 au niveau de sa fondation (US 208) dans l’angle ouest

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Fig. 65 – Le sondage à la fin de l’opération et l’US 211

Substrat : le lithosol se présente avec un aspect scalariforme oblique typique des formations schisteuses (fig. 65). Les niveaux altimétriquement plus hauts, notamment les à-pics nord-est, montrent plutôt des formations de gabbros à vacuoles. Des hawaiites éparses provenant des secteurs sommitaux complètent la diversité géologique du secteur de la structure 2.

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Fig. 66 – Planimétrie de la structure et localisation des sections relevées

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Fig. 67 – A gauche : section longitudinale ; à droite : section transversale

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Mobilier US 204 : 4 clous en fer, de section carrée, à tête carrée, de 3 à 4 cm de long, d’époque médiévale (fig. 68) ; US 205 : un fragment de mandibule droite de capridé (fig. 69) ; US 207 : 3 fragments de pisé centimétriques ; US 208 : une dizaine de micro-fragments de pisé et un possible tesson de céramique modelée montrant des caractères techniques suggérant une datation médiévale ; Surface : un fragment de pisé, un fragment de tuile post-médiévale, un fragment de plat de majolique archaïque pisane (milieu XIVe/fin XVe siècle apr. J.-C. ; fig. 70), un fragment de céramique vernissée.

Fig. 68 – Clous en fer de l’US 204

Fig. 69 – Mandibule droite de capridé de l’US 205

Fig. 70 – Fragment de plat de majolique archaïque, surface

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Interprétation La séquence stratigraphique (fig. 71) de la structure 2 d’Aculontra révèle des dynamiques de pente contrecarrées par l’aménagement du mur US 211, l’aménagement d’aires de circulation horizontales puis la destruction du mur. Les US 200, 201, 202 et 204 sont postérieures à l’abandon. La présence de clous datables de la fin du Moyen Âge dans l’US 204 témoigne de sa formation pendant ou après l’utilisation de la tour sommitale. L’US charbonneuse 209 matérialise soit un niveau d’occupation (foyer ?) soit la destruction de structures en bois (incendie de toiture ?). L’extension limitée de la fouille n’a pas permis de trancher, même si l’extension planimétrique apparemment limitée de cette nappe permettrait de privilégier la première hypothèse. Ce niveau se trouve juste sous les couches de destruction et d’effondrement des murs US 205 et US 203. La présence d’un os de porc dans l’US 205 peut être considérée comme intrusive. Le dernier (le seul ?) sol d’occupation est l’US 206. Les US 208 et 211 pourraient avoir constitué un remblai de nivellement car les niveaux sont presque parfaitement horizontaux et correspondent altimétriquement à la partie la plus haute du comblement des fondations. Les murs ont été bâtis directement sur le substrat (fig. 72), au pied d’une marche naturelle, au moyen de gros blocs superposés en assises irrégulières et probablement amenés depuis les carrières voisines (fig. 73-76). La partie interne des murs est fondée par un apport de terre et de pierres formant blocage, mais surtout par un débordement de blocs (fig. 64 et 67). Ce dernier sert de semelle au placage en petit appareil lié à l’argile, dont l’intérêt est de former un parement vertical quoiqu’irrégulier dans sa composition. Les rares mobiliers présents dans les niveaux ne permettent pas de préciser la chronologie du fonctionnement de la structure, et encore moins sa fonction. Il faut toutefois noter que l’intégralité du sédiment est magnétique. Sans pour autant écarter une cause naturelle, il se pourrait que la présence de battitures dans le sol soit à l’origine de cette particularité. Si tel est le cas, il faut imaginer un fonctionnement en lien avec une forge. A ce stade de la réflexion, les problématiques chronologiques et fonctionnelles ne pouvaient que faire l’objet d’hypothèses. Afin de renseigner la première, nous avons pratiqué un examen radiométrique sur les charbons de bois de l’US 209 (niveau charbonneux ; date un foyer et donc une occupation ou date la destruction du toit et donc l’abandon). Le datage sur la première moitié du XVe siècle (fig. 62) a permis de caler temporellement l’occupation de la structure et, vraisemblablement, de l’ensemble des constructions rectangulaires du site.

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Fig. 71 – Matrice stratigraphique du sondage de la structure 2

Fig. 72 – La structure 2 à la fin de la campagne 2016

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Fig. 73 – Carrière potentielle de blocs parallélépipédiques au nord de la structure 2

Fig. 74 – Carrière potentielle de blocs parallélépipédiques au nord de la structure 2

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Fig. 75 – Carrière potentielle de blocs parallélépipédiques au nord de la structure 2

Fig. 76 – Zone de carrière au nord-est et à l’est de la structure 2

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6.3. Conclusions générales L’opération menée en 2016 à Aculontra a confirmé l’originalité structurelle du gisement. Si elle n’a pas permis d’en déterminer la fonction, elle a alimenté la problématique chronologique en montrant que le groupe de structures rectangulaires élevées en appareil cyclopéen datent de la fin du Moyen Âge (XV e siècle), rompant avec toutes les interprétations proposées jusqu’ici, y compris lors de la préparation de la fouille. Aucun vestige mobilier préou protohistorique permettant d’envisager une occupation à ces époques n’a été détecté lors de la campagne. La rareté des informations relatives au fonctionnement du site est essentiellement due à l’absence de mobilier en surface et au sein du remplissage sédimentaire de la demi-structure fouillée (structure 2). Ces travaux ont consisté en une excavation de 15 m² menée jusqu’au lithosol. Aucune structure interne n’a été identifiée. Seul un sol (plan et daté) a été identifié. Ces éléments vont dans le sens d’une occupation plutôt courte du site, du moins des constructions rectangulaires. L’homogénéité architecturale des constructions permet d’étendre hypothétiquement aux autres aménagements le schéma obtenu lors de ces travaux. L’ensemble serait donc sensiblement contemporain ou plutôt un peu plus récent que la tour sommitale partiellement talutée qui, elle, présente une architecture et un plan typiques de ce type d’édifices, généralement datés entre le XIIe et le XIVe siècle. L’ensemble d’Aculontra diverge des habitats groupés médiévaux connus localement par son architecture employant de très gros blocs. Il est également absent des sources traditionnelles tels les registres de taille. Son insertion dans l’organisation territoriale de ces époques reste donc à produire. Le site s’étage en terrasses planes qui sont vraisemblablement autant de carrières. Les bâtiments à angle droit et à parement unique (à l’exception du mur oriental de la structure 1 qui est à parement double) étaient vraisemblablement couverts par un toit à pan unique orienté dans le sens du pendage (vers l’ouest ; c’est du moins ce que laissent penser les élévations. Chaque édifice est équipé d’une à deux portes ; ces dernières laissant envisager l’existence de parois internes en matériau périssable. L’une des originalités du site réside dans l’absence de murs mitoyens. Le site est protégé naturellement par le fleuve et plusieurs à-pics et s’insère dans un réseau administratif dont il matérialise une frontière à la fin du Moyen Âge. L’opération ne sera pas poursuivie en 2017 car elle ne cadre pas avec les problématiques chrono-culturelles de l’équipe scientifique. 6.4. Notice/résumé Le site d’Aculontra occupe le sommet et le versant sud-ouest d’une éminence rocheuse de forme pyramidale, culminant à 259 m, en rive droite du Golu, à 1 km en amont de sa confluence avec la Casaluna. Il s’agit d’un relief schisteux dont le sous-sol est particulièrement riche en fer, fortement diaclasé, dont se détachent des blocs naturellement parallélépipédiques. Les parties basses sont recouvertes par des alluvions d’origine fluviale issues des flancs schisteux de la Castagniccia occidentale, du bassin granitique du Golu et des zones calcaires de la formation de Caporalinu. Sa première mention remonte à 1909 lorsque les différents aménagements sont reconnus, décrits et publiés par l’ethnologue britannique W. L . H. Duckworth. Ces structures sont alors qualifiées de cyclopéennes et comparées aux nuraghi sardes. Durant les années 1970, le site est redécouvert conjointement par J. Magdeleine, J.-C. Ottaviani, R. Grosjean et J. Liégeois. Ces derniers y auraient découvert une statue-menhir et pratiqué un sondage en 1974, non poursuivi par la suite en raison du décès de R. Grosjean. Des relevés partiels sont réalisés à cette époque par J. Magdeleine, qui souligne l’originalité des constructions, l’absence de 67

mobiliers superficiels, la présence d’une tour médiévale sur le sommet et la proximité de l’habitat de Rusumini. Il faut attendre le début des années 2000 pour que le site fasse à nouveau l’objet de relevés préliminaires, dressés par S. Mazet dans le cadre de sa thèse de doctorat. La réalisation d’un sondage et d’un bilan documentaire sur les constructions en élévation en 2016 à Aculontra résulte d’un intérêt nouveau pour la Protohistoire du nord-est de la Corse, territoire scientifiquement peu investi, surtout matérialisé par les travaux en cours dans la Grotta Laninca (cavité suspendue abritant des inhumations datées du début du Bronze final), située à 4 km à vol d’oiseau. Elle s’intègre aussi dans une réflexion d’ensemble sur l’évolution des formes insulaires de l’habitat et des sphères de production aux âges du Bronze et du Fer. L’opération a consisté à décrire la tour sommitale et six à sept constructions rectangulaires groupées sur un même flanc scalariforme. Ces édifices présentent une constante architecturale : appareil cyclopéen à un seul parement, blocs parallélépipédiques, assises irrégulières, plan rectangulaire, chainages d’angle, implantation directement sur le substrat (sur surface plane obtenue après utilisation comme carrière pour fournir du matériau à la construction située en-dessous), accès unique parfois matérialisé par un seuil. Seul le mur oriental de la structure 1, la plus proche du sommet, présente un large mur à double parement et blocage. Le donjon sommital présente quant à lui un glacis, un parement de petits moellons non équarris liés à la chaux et organisés en assises régulières, soit des normes assez classiques pour ce type de construction dans le nord de l’île aux XII e/XIVe siècles apr. J.-C. A l’exception de quelques rares tessons de céramique majolique archaïque (datée de 1350-1500 apr. J.-C.) et autres nodules de pisé, le mobilier superficiel fait défaut. En l’état de la documentation, le caractère atypique des constructions rectangulaires gênait considérablement leur interprétation chrono-fonctionnelle. Il a donc été décidé de procéder à un sondage dans l’une d’entre elles. La structure 2, longue de 850 cm et large de 480 cm pour des murs épais de 90 à 100 cm, a été privilégiée car elle semblait avoir subi une érosion minime et offrait un remplissage potentiel optimal grâce à une élévation murale maximale de plus de 3 m, la plus haute enregistrée sur le site. La fouille a concerné la moitié nord-ouest de sa superficie interne, incluant la zone d’accès. Elle a montré un remplissage constitué de trois horizons sédimentaires principaux en lien avec les murs et un sol de circulation. Le premier horizon est constitué d’apports détritiques colluviaux récents, incluant des clous en fer provenant vraisemblablement de la tour située à quelques mètres au-dessus. Le second est constitué de l’effondrement des murs, notamment du mur sud-ouest. Cette destruction est posée sur un sol de circulation horizontal scellé par une nappe de charbons de bois correspondant à un niveau d’incendie ou à une importante vidange. Ce sol constitue le sommet d’un remblai emboité contre la fondation des murs. Ceux-ci sont implantés directement sur un substrat irrégulier. Aucun mobilier non intrusif ou non postérieur à la destruction n’a été observé dans cette séquence, ne permettant pas d’envisager des interprétations fonctionnelles pour cette structure ni, par extension (renforcée par l’homogénéité des structures), pour les autres édifices rectangulaires. Il a en revanche été possible de dater le niveau charbonneux et donc de fournir un TAQ au fonctionnement du sol associé et ce, d’autant plus que l’effondrement des murs semble avoir succédé de peu à l’abandon puisque les apports détritiques latéraux sont particulièrement minces entre les deux évènements stratigraphiques. La datation obtenue renvoie à la première moitié du XVe siècle apr. J.-C. (Wk44093 : 475 BP ± 20 BP, soit 1410-1450 cal. BC à 2 σ). Partant du principe d’homogénéité, on émet l’hypothèse d’une chronologie généralisée des structures rectangulaires du site à la fin du Moyen Âge, selon un fonctionnement indéterminé mais contemporain ou légèrement postérieur à celui de la tour sommitale.

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L’insertion de ce site original et absent des registres de taille dans le schéma d’occupation médiévale de la pieve de Rostino reste à produire. S’il s’agit d’un habitat lié à une microfortification, ses caractères atypiques (architecture cyclopéenne, absence de mobilier) le rendent tout à fait original dans une région pour laquelle les villages de cette époque sont connus de façon très satisfaisante6.

Fig. 77 – Le chantier, le Golu et la dépression de Ghjuvellina

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Voir les recherches menées par E. Tomas.

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LISTING DES POINTS TOPOGRAPHIQUES

Aculontra Lever du 06-10-2016 Système planimétrique : RGF93-Lambert93 Système altimétrique : NGF-IGN78 Matricule M2 M3 M4 M5 M6 M7 M1 4SUD 6NORD 6SUD 3NORD 3SUD 2NORD 2SUD 1EST C1 C2 C3 C4

Est 1211011,091 1211022,288 1211039,938 1211024,937 1211033,139 1211015,013 1211009,863 1211010,795 1211008,43 1211019,031 1211017,519 1211021,245 1211026,595 1211034,903 1211046,687 1211027,125 1211029,442 1211029,67 1211031,114

Nord 6168867,024 6168872,462 6168891,075 6168907,943 6168884,482 6168884,08 6168883,295 6168875,753 6168866,075 6168859,241 6168873,828 6168867,018 6168878,376 6168872,292 6168894,63 6168877,899 6168876,29 6168876,283 6168875,277

Alt. (m) 232,333 239,332 248,47 258,65 246,619 239,807 237,873 236,909 231,92 233,104 239,059 237,674 245,266 243,855 247,957 243,023 243,258 244,48 244,546

Type Cible drône Cible drône Cible drône Cible drône Cible drône Cible drône Cible drône Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Angle ext. str. Orthophoto Orthophoto Orthophoto Orthophoto

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Corse-Matin, 28 juillet 2016

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