APPROCHE SÉMANTICO-PRAGMATIQUE DES EMPLOIS DE SED CHEZ PLAUTE

May 27, 2017 | Autor: H. Perdicoyianni-... | Categoria: Pragmatics, Semantics, Titus Macius Plautus
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ACTA CLASSICA LIX (2016) 157-183

ISSN 0065-1141

APPROCHE SÉMANTICO-PRAGMATIQUE DES EMPLOIS DE SED CHEZ PLAUTE Hélène Perdicoyianni-Paléologou University of KwaZulu-Natal, Durban ABSTRACT The aim of this article is to identify how many functions there are of the conjunction sed in the works of Plautus and to evaluate them. In order to accomplish this, the article begins by taking into consideration the linguistic context, which is important for the interpretation of adversative and argumentative usages of sed as they link with the verbal system. It also examines extra-linguistic data. The analysis makes possible the interpretation of the usages of sed, both in terms of how it links with the verbal system, and also with the non-verbal and the extra-linguistic aspects of the speech situation.

0. Introduction Au cours des dernières décennies, un éventail considérable d’études relevant de la linguistique, de la pragmatique et de l’analyse du discours est consacré à la fonction des particules dans certaines langues modernes.1 Appliquées en latin, ces études ont apporté des résultats et des pistes de réflexions fort intéressants sur le fonctionnement discurso-pragmatique et sémantico-pragmatique des particules aussi bien que sur les relations similaires et différentielles que celles-ci entretiennent.2 À regarder l’ensemble de ces travaux, nous avons constaté que les propriétés du connecteur sed sont peu examinées. Ce manque d’études spécifiques nous a incité à tenter de déterminer les fonctions sémanticopragmatiques des emplois de ce connecteur dans un texte qui est considéré comme un des plus représentatifs de la langue archaïque, celui de Plaute,3 qui date en gros du IIe siècle avant J.-C. Notre choix a été également 1

Abraham 1991; Austin 1970; Dan Dijk 1979; Foolen 1989; Fraser 1990; Halliday et Hasan 1976; König 1991; Posner 1980; Redeker 1990; Roulet 1984; Schiffrin 1987; Sinclair et Coulthard 1975; Warner 1985. 2 Kroon 1986, 1992, 1994, 1995; Rosén 1986; Schrickx 2011. 3 Pour mener à bien notre travail, nous avons utilisé l’édition de Plaute parue dans les éditions des Belles Lettres. DOI 10.15731/AClass.059.08

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motivé par le fait que le texte de Plaute comporte, outre les archaïsmes, des traits linguistiques déjà classiques, dont certains se retrouveront en latin tardif. Pour ce faire, nous prendrons en considération le contexte de ses emplois, la visée argumentative poursuivie et la place qu’il occupe dans la phrase.4 Sed fonctionne comme connecteur adversatif ou bien argumentatif. L’emploi de sed adversatif repose sur les conditions suivantes: i) la présence d’une négation dans la proposition p qui figure dans la partie gauche de la phrase; ii) l’existence d’une proposition q dans la partie droite de la phrase, laquelle sert à réfuter, rectifier ou corriger ce qui est énoncé dans la proposition p; iii) l’énonciation de la proposition q doit caractériser le même fait que la proposition p caractérise. En revanche, le sed argumentatif sert à relier deux propositions qui s’orientent vers des conclusions contraires. En d’autres termes, la proposition q introduite par sed tend vers une conclusion non-r opposée à la conclusion r vers laquelle la proposition p pourrait conduire. Toutefois, un bon nombre d’emplois de sed chez Plaute ne s’interprète pas à l’aide des donnés linguistiques mais à l’aide des données extralinguistiques, qui sont généralement perceptibles. Lié fortement à la situation d’énonciation, sed figure généralement en tête de phrase et introduit un q explicite. Ducrot fut le premier à prendre en considération des données extralinguistiques, soit perceptibles, soit mémorielles, est indispensable pour accéder à l’identification de la fonction du connecteur mais en français. Dans son intention de montrer que mais possède une valeur unique d’opposition qui se maintient à travers la diversité de ses emplois, Ducrot a 4

Anscombre et Ducrot 1977 ont proposé la description classique de mais. Ils ont distingué deux mais, conçus comme des instructions argumentatives et correspondant à des mots différentes, par exemple aber/sondern en allemand et pero/sino en espagnol. Cette distinction a amené les deux linguistes à émettre l’hypothèse selon laquelle le morphème mais regroupe implicitement deux entités syntaxiques auxquelles le français, contrairement à l’allemand et l’espagnol, ne fournit pas d’expression formelle et qui reflètent une divergence bien nette. À propos des emplois de mais, voir aussi Plantin 1978; Cadiot et al. 1979; Ducrot 1980; Pelletier 1992; Spita 2001, 2003; Van de Voorde 1992. Sur le rapprochement de sed avec sondern, voir Kroon 1995:216.

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pensé qu’il serait efficace de faire intervenir ‘non seulement le contexte explicite, mais les intentions des locuteurs, leurs jugements implicites sur la situation et les attitudes qu’ils attribuent les uns aux autres par rapport à cette situation’.5 L’analyse de deux scènes de la comédie Occupe-toi d’Amélie de Georges Feydau a amené le linguiste à proposer la classification suivante des emplois de mais:6 1. Mais à l’intérieur d’une réplique d’un locuteur X: X : P mais Q 2. Mais est en tête de réplique et introduit un Q explicite: X : mais Q A. Mais enchaîne avec une réplique P d’un locuteur Y et marque l’opposition de X: Y:P X : mais Q a. à l’acte de parole de Y disant P ; b. aux conclusions que Y tire de P (bien que X admette la vérité de P ); c. à la vérité de P. B. Mais enchaîne avec du non-verbal et marque l’opposition à X: X : mais Q a. à un comportement de Y (Y est destinataire de mais Q); b. à une situation; c. à ses propres réactions. 3. Mais est en tête de réplique et n’introduit pas de Q explicite: X : Mais… À regarder cette classification, on comprend aisément qu’elle ne vise pas à attribuer à mais de nouvelles valeurs. Bien au contraire, elle s’inscrit dans le cadre explicatif de mais argumentatif. En effet, Ducrot s’est efforcé d’identifier les deux propositions que mais relie, qu’il s’agisse des paroles explicites, du non-verbal ou des aspects de la situation d’énonciation. Il ne s’agit donc pas d’une classification de différents mais, mais plutôt d’une classification des divers emplois possibles du même mais.

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Ducrot 1980:93. Ducrot 1980:99.

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1. Sed enchaîne avec du verbal et marque l’adversativité Le trait le plus caractéristique de sed adversatif7 est que la proposition p le précédant comporte constamment une négation explicite, en l’occurrence non, hau/haud, numquam. Au sein de la structure adversative, sed met en opposition la proposition p qui figure dans la portée gauche et la proposition q dans la portée droite. Les éléments susceptibles de fonctionner comme constituants sont les noms (N), les syntagmes nominaux (SN), les syntagmes prépositionnels (SPrép.) les pronoms (Pr.) et des adjectifs pronominaux (APr.), les adverbes (Adv.), les verbes (V.). Enchaînés par sed, ces constituants forment les structures adversatives suivantes: i) ii) iii) iv) v)

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N sed N 9 N sed SN 10 N sed N suivi d’une proposition relative 11 SN suivi d’une proposition relative sed N, SN 12 SN sed SN

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Sur le rapprochement de la fonction adversative de sed avec uero et at, voir Kroon 1995:279-80. De même, sur l’équivalence sémantique de sed doté d’une fonction adversative et de but en anglais, voir Kroon 1995:216-18, n. 12 8 Aul. 633: Verberabilissime, etiam rogitas, non fur, sed trifur?; Bac. 213: Non res, sed actor mihi cor odio sauciat; Bac. 371: Bacchides non Bacchides, sed bacchae sunt acerrumae; Bac. 844-45: Non me arbitratur militem, sed mulierem | qui me meosque non queam defendere; Capt. 241: Non ego erus tibi, sed seruos sum; Capt. 578: Non equidem me Liberum, sed Philocratem esse aio; Capt. 825: Non ego nunc parasitus sum, sed regum rex regalior; Cas. 585-86: Non matronarum officiumst, sed meretricium | uiris alienis, mi uri, subblandirier; Mil. 486-87: Non hercle hisce homines me marem, sed feminam | uicini rentur esse serui militis; Most. 169: Non uestem amatores amant, sed uestis fartim; St. 64: Non homines habitare mecum mi hic uidentur, sed sues; St. 136: Non tu me argento dedisti, opinor, nuptum, sed uiro; Pseud. 464-65: ut tu censeas | non Pseudolum, sed Socratem tecum loqui; Pseud. 820-21: non condimentis condiunt, sed strigibus, | uiuis conuiuis intestina quae exedint; Truc. 149: Non aruos hic, sed pascuus est ager. 9 Merc. 641: Non hominem mihi, sed thensaurum nescioquem memoras mali. 10 Bac. 935-36: Nam ego has tabellas obsignatas consignatas quas fero | non sunt tabellae, sed equos quem misere Archivi ligneum; Truc. 831-32: Non uinum uiris moderari, sed uiri uino solent,| qui quidem probi sunt. 11 Amph. 838-40: Non ego illam mihi dotem duco esse, quae dos dicitur | sed pudicitiam et pudorem et sedatum cupidinem, | eum metum, parentum amorem et cognatum concordiam …

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vi) SN sed SN suivi d’une proposition relative13 vii) SN sed Adv.14 viii) Pr. sed N15 ix) Pr. sed SN16 x) Pr. sed Pr. suivi d’une proposition relative17 xi) Pr. suivi d’une proposition relative sed Pr.18 xii) APr. sed Pr.19 xiii) SPrép. sed SPrép.20 xiv) Adv. sed Adv.21 xv) Corrélation adverbiale (Adv. + ut ) sed corrélation adverbiale (SN + ut)22 xvi) V. sed V.23 À regarder l’ensemble des structures adversatives, on constate que les constituants enchaînés par sed entretiennent des rapports de similitude sur le plan de forme et sur le plan de fonction. Au niveau sémantique, on retrouve des constituants mis en opposition par sed qui sont des antonymes lexicaux stricts mais aussi des constituants qui sont dans une relation antonymique plus large. 12

Truc. 434-36: Pro di immortales, non amantis mulieres, | sed sociae unanimantis, fidentis fuit | officium facere quod modo haec fecit mihi … 13 Curc. 533-34: Non ego nunc mediocri incedo iratus iracundia, | sed eapse illa qua excidionem facere condidici oppidis; Curc. 537-38: Non edepol nunc ego te mediocri macto infortunio, | sed eopse illo quo mactare soleo quoi nil debeo. 14 Truc. 162-62: O Astaphium, haud istoc modo solita es me ante appellare, | sed blande, cum illuc, quod apud uos nunc est, apud me habebam. 15 Bac. 137-38: Illuc sis uide, | non paedagogum iam me, sed Lydum uocat. 16 Merc. 765: Non, non te odisse aiebat, sed uxorem suam. 17 Truc. 183-184: Non istaec, mea benignitas, decuit te fabulari, | sed istos qui cum geniis suis belligerant parcipromi. 18 Truc. 411: eum nunc non illa peperit, quae peperit prior, | sed tu posterior. 19 Men. 1084-85: Non ambos uolo, | sed uter uostrorum est aduectus mecum naui. 20 Bac. 938: ellum non in busto Achilli, sed in lecto accubat. 21 Merc. 895: Non uideo hercle nunc, sed uidi modo; Most. 994-96: non equidem in Aegyptum hinc modo uectus fui, | sed etiam in terras solas orasque ultumas | sum circumuectus, ita ubi nunc sim nescio. 22 Merc. 262-63: non ita amo ut sani solent | homines, sed eodem pacto ut insani solent. 23 Cas. 355: At pol ego hau credo, sed certo scio; Men. 657: Sed ego illam non condonaui, sed sic utendum dedi; Pers. 644: Non captus, sed quod habuit perdidit; Truc. 14-15: numquam ab amatore suo postulat id quod datumst, | sed relicuom dat operam ne sit relicuom.

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Au sein des structures adversatives comportant des antonymes lexicaux stricts, les deux constituants revêtent toutes les caractéristiques de l’adversativité.24 Le locuteur réfute, par le biais de la négation, une formule dans la proposition p pour ensuite indiquer, dans la proposition q, ce qu’il tient pour correct. Il est donc question d’une réctification de la proposition p par la proposition q. En Capt. 578: Non equidem me Liberum, sed Philocratem esse aio, la condition de l’homme libre et celle de l’esclave, à laquelle renvoie métaphoriquement Philocratem, représentent deux des diverses classes sociales romaines qui s’exclument mutuellement. L’antonymie est donc multiple. L’antonymie peut également être binaire (Merc. 895: Non uideo hercle nunc, sed uidi modo). Ce type de structures assume donc une fonction adversative aussi bien que rectificative. Pour ce qui est de l’opposition fondée sur des rapports de forces entre les constituants, on constate que le texte de Plaute en fournit de nombreux emplois. Dans ce cas, sed figure entre des constituants qui sont similaires sur le plan sémantique mais qui s’opposent par leur force différente. On a relevé des structures adversatives dans lesquelles le second constituant s’oppose au premier parce que sa force est plus grande25 et d’autres où il est le moins fort.26 En conclusion, la construction adversative représente un seul paradigme. La relation paradigmatique des deux constituants enchaînés par sed résulte du fait que tous deux font partie du même paradigme conceptuel et syntaxique. L’opposition introduite par sed adversatif est fondée soit sur une relation strictement antonymique soit sur des rapports de forces entre les constituants.

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Pour la notion d’adversativité, voir Gettrup et Nølke 1984:6. Selon les linguistes, la relation adversative est ‘paradigmatique, symétrique et matérielle’ alors que la relation concessive est ‘syntagmatique, asymétrique et logique’. 25 Aul. 633: Verberabilissime, etiam rogitas, non fur, sed trifur?; Bac. 213: Non res, sed actor mihi cor odio sauciat; Cas. 355: At pol ego hau credo, sed certo scio; Cas. 825: Non ego nunc parasitus sum, sed regum rex regalior, etc. 26 Cas. 585-86: Non matronarum officiumst, sed meretricium | uiris alienis, mi uri, subblandirier; Bac. 938: ellum non in busto Achilli, sed in lecto accubat; Men. 108485: Non ambos uolo, | sed uter uostrorum est aduectus mecum naui; Mil. 486-87: Non hercle hisce homines me marem, sed feminam | uicini rentur esse serui militis, etc.

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2. Le sed argumentatif 2.1. Sed enchaîne avec du verbal Le fonctionnement de sed argumentatif est plus diversifié que celui de sed adversatif. Afin de mieux illustrer la manière dont la relation d’opposition impliquée par le sémantisme de sed s’établit à l’intérieur du mouvement argumentatif dont sed fait partie, nous essaierons de faire ressortir la complexité des instructions27 qui interviennent dans la description sémantique des phrases comportant un sed argumentatif. 2.1.1. Le sed de concession Par ‘concession’ nous entendons une vaste stratégie concessive mettant en jeu la relation entre p et q.28 La plupart des occurrences de sed argumentatif s’inscrivent dans une stratégie concessive selon laquelle une proposition peut servir à argumenter vers une conclusion donnée, mais qui refuse en même temps d’argumenter dans une telle direction afin de conclure dans un autre sens. Au sein de certaines structures concessives, p exprime une réalité et q introduit par sed porte une visée argumentative contraire à p, sans impliquer pour autant le rejet d’un tout. En Men. 1071: Ego quidem huius seruos sum, sed med esse huius credidi, Messénion, en énonçant p, admet la réalité de p et tout le réseau de pensées et d’idées qui se déclenche cognitivement par p et qui conduit à la conclusion r. Cette conclusion n’est pas marquée linguistiquement dans le discours, mais il faut le trouver ou l’inventer. Sed marque l’opposition entre la condition sociale réelle de Messénion, celle de l’esclave de Ménechme I, et la fausse certitude qu’il avait jusqu’au moment de l’énonciation, à savoir qu’il était l’esclave de Ménechme II. En énonçant q introduit par sed, Messénion ne rejette pas sa condition d’esclave mais le fait que son maître n’est pas Ménechme II, comme il le croyait, mais Ménechme I. De même, la structure concessive p sed q représente, pour le locuteur, un argument en faveur de non-r. C’est dire que q fonctionne comme un argument plus fort en faveur de non-r que ne l’est p en faveur de r. 27

Ce terme est emprunté à Ducrot 1980, qui a montré à plusieurs reprises l’importance de reconstruire le sens d’un énoncé comportant un connecteur en se servant d’instructions qui font intervenir des variables comme le contexte, les propriétés linguistiques des énoncés, la conclusion visée. 28 Anscombre 1983:62; Moeschler et Spengler 1981; Léard et Lagacé 1985.

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En Capt. 960-61: Recte et uera loquere, sed neque uere neque tu recte adhuc | fecisti umquam, p comporte une approbation qui est amenée par une simple assertion. Le locuteur approuve la manière de parler correcte et franche de son interlocuteur. La proposition p peut orienter vers la conclusion: ‘Tu es un homme de bien’. La partie de la phrase qui suit sed est en revanche un argument pour la conclusion opposée, non-r: ‘Tu n’es pas un homme de bien.’ Cette opposition mène à l’éradication totale de la conclusion implicite de p. Enfin, le r peut être l’équivalent à non-r, ‘ce qui donne l’impression d’une opposition directe entre p et q.’29 La phrase prononcée par Alcmène en Amph. 835: Uera dico, sed nequiquam, quoniam non uis credere laisse entendre que sa manière de parler sans dissimulation devrait amener à la persuasion d’Amphitryon, mais ne le fait pas. Cette phrase peut être représentée comme suit:

Dans cette occurrence, sed peut être paraphrasé par un adverbe concessif du type tamen. En fonction de l’étude des emplois de sed de concession, on constate que l’opposition entre p et q se réfère à l’intention argumentative commandant l’énonciation de p et de q. 2.1.2. Le sed de restriction La restriction porte directement sur p. Sed introduit une différence qui apporte des précisions sur ce qui a été dit dans p. En Bac. 1079: scio, fui ego illa aetate et feci illa omnia, sed more modesto, Philoxène admet que dans sa jeunesse, il menait une vie de débauche pareille à celle de son fils, mais avec sobriété, sans dépasser les bornes. Q introduit par sed donc délimite l’excès des débauches auxquelles Philoxène se livrait dans le temps jadis. 29

Ducrot 1978:112.

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La restriction introduit également une opposition entre le tout et une partie. Dans ce cas, q, en indiquant une faible quantité, sert à limiter, de manière directe, la valeur argumentative de p. En Poen. 1203-04, Adélphasie décrit les vices de la femme: Multa mulierum sunt uitia, sed hoc e multis maxumust, | quom sibi nimis placent minusque addunt operam, uti placeant uiris. Q introduit par sed apporte une restriction sur le nombre des défauts féminins, en indiquant que dans l’ensemble de ces défauts il y a en a celui de l’orgueil qui est le plus grand de tous. Sed effectuant une opération de restriction sert donc à introduire une précision ou bien une distinction qui porte sur l’interprétation de p. 2.1.3. Le sed de la réorientation Un bon nombre des emplois de sed sont déstinés à réorienter le discours30 et à marquer une rupture dans le continuum de l’activité langagière. Doté de cette fonction, sed figure en tête de l’énoncé et sert au locuteur pour revenir sur un sujet déjà traité ou bien pour introduire un énoncé comportant un nouveau sujet.31 2.1.3.1. S’opposant au contenu des énoncés qui se sont produits en T1, antérieur à T0 de l’instance énonciative, sed réintroduit un sujet que les locuteurs ont déjà entamé en T2, antérieur à T1. Par ce procédé discursif, le locuteur cherche à rappeler aux spectateurs ses propos,32 à confirmer ce qui a été déjà dit,33 à se renseigner auprès de son interlocuteur sur le mobile de ses actions,34 les traits physiques d’une tierce personne dont il a été question au début de la conversation,35 sa

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Sur la définition du terme ‘discours’, voir Ducrot et Schaeffer 1995:494. Sur la fonction de sed en tant que ‘text-organizational’, voir Kroon 1995:86, 246, 279-88. 32 St. 579: Sed ita ut occepi narrare uobis. 33 Curc. 43: Sed ita uti occepi dicere: ei ancillula est; Men. 648: ME. Sed quid ais? MA. Palla, inquam, periit domo; Most. 551-52: Nihil enim. Sed dic mihi, | dixtine quaeso?; Asin. 339-40: Ita enim uero. Sed tamen, tu nempe eos asinos praedicas | uetulos, claudos, quibus subtritae ad femina iam erant ungulae. 34 Aul. 427-18: Sed in aedibus quid tibi meis nam erat negoti | me absente, nisi iusseram?; Cist. 86-87: Sed tu eunumquam cum quiquam uiro | consueuisti? 35 Bac. 216: Sed Bacchis etiam fortis tibe uisast? 31

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situation financière36 ou bien sa présence physique dans un endroit proche.37 Tout en participant à l’avancement du discours, sed assume donc une double fonction, celle de marqueur d’opposition et celle de marqueur de retour sur le ‘dit’. 2.1.3.2. La fonction de marqueur d’opposition va de pair également avec celle marqueur de transition. Pourvu de cette fonction, sed apparaît au début des énoncés visant à introduire un nouveau sujet, ce qui élargit la teneur et la perspective du discours. Ces énoncés se présentent sous la forme interrogative ou bien affirmative. Ils comportent des verbes de volonté (malo, uolo), des performatifs explicites et/ou implicites. 2.1.3.2.1. Par l’emploi des énoncés interrogatifs introduits par sed, le locuteur s’efforce d’obtenir des renseignements sur la situation actuelle,38 l’identité de son interlocuteur,39 ses desseins,40 ses préférences et ses intentions,41 son état affectif,42 son état physique,43 son savoir et ses souvenirs,44 36

Bac. 331: Sed diuisne est istic Theotimus? Mil. 181: Sed Philocomasium hicine etiam nunc est? 38 Cist. 779: Sed quid istuc est?; Men. 145: Saepe. Sed quid istae picturae ad me attinent?; Mil. 790: Sed quid ea usus est?; Most. 741: Sed quid est negotii?; Rud. 342: Sed quam mox coctum est prandium?; Poen. 637: Facete dictum. Sed quid istuc ad me attinet? 39 Merc. 517: Sed quid ais; quid nomen tibi dicam esse?; Pseud. 293: Sed cum pietatem te amori uideo tuo praeuortere, | omnes homines tibi patres sunt?; Pseud. 639: Sed quid est tibi nomen?; Pseud. 653: Sed quid est tibi nomen? 40 Bac. 78-81: PI. Et pol ego scio quid metuo. Sed quid ais? BA. Quid est? | PI. Quid si apud te eueniat desubito prandium aut potatio | forte aut cena, ut solet, in istis fieri conciliabulis, | ubi ego tum accumbam?; Merc. 492: Sed quid ais? unde erit argentum quod des, quom poscet pater?; Pseud. 751: Sed quid es acturus?; Pseud. 878-79: Sed utrum tu amicis hodie an inimicis tuis | daturu’s cenam? 41 Cist. 249: Sed quid auctor nunc mihi es?; Cist. 369-70: Sed obsecro te, nullusnest tibi amator alius quisquam, | nisi meus modo unus filius?; Men. 914-15: MED. Sed quid ais, Menaechme? ME. Quid uis? MED. Dic mihi hoc quod te rogo: | Album an atrum uinum potas?; Merc. 390: Sed quid ais? ecquam tu aduexit tuae matri ancillam e Rhodo?; Pers. 214: Sed quid tu? Confitere ut te autumo?; Poen. 644: Sed quid nunc uoltis?; Curc. 343: Sed quid eum uis?; Poen. 643-44: Credo hercle uobis: ita uestra est benignitas. | Sed quid nunc uoltis?; Poen. 1079: Sed te moneri num neuis?; Pseud. 88: Sed quid ea drachuma facere uis?; Truc. 153: Sed utriscum rem esse mauis? 42 Cas. 171: Salue mercator. Sed qui es tristis, amabo? 43 Curc. 236: Sed quid tibi es? 37

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ses actions et les mobiles de celles-ci,45 ou bien la conduite d’une tierce personne,46 son identité,47 l’état actuel de sa santé48 ou celui de ses connais-

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Men. 299: Sed ubi nouisti me?; Men. 425: Sed scin quid te amabo ut facias?; Merc. 480: Sed qui scis esse amicam illam meam; Pers. 108-09: Sed tu, ecquid meministi, here | qua de re ego tecum mentionem feceram; Pers. 154: Sed scin quid facias?; Poen. 1044: Sed ecquem adulescentem tu hic nouisti Agorastoclem?; Rud. 1216: Licet. Sed scin quid est quod te uolo?; Pseud. 276: Sed scin quid nos uolumus? Pseud. 619-20: Sed ubi tu me nouisti gentium | aut uidisti aut conclucutu’s?; Pseud. 657: Sed scin quid te oro. 45 Amph. 616: Nimia memoras mira. Sed uidesne uxorem meam?; Amph. 689: Sed quid uos reuortimini tam cito?; Amph. 1078-79: Sed quid foras | egressa es?; Asin. 392: Sed quid uenis? Quid quaeritas?; Bac. 195: Sed tu quid factitasti mandatis super?; Bac. 587: Salue, sed quem quaeritas?; Bac. 1108: Sed tu, quid tibist?; Bac. 1157: Istuc iam pridem scio. Sed qui nihili es? id memora; Capt. 172-74: Sed num quo foras | uocatus es ad cenam? HEG. Nusquam, quod sciam. | Sed quid tu id quaeris?; Capt. 252-53: Sed quid ais? iam domuisti animu, potius ut quod uir uelit | fieri, id facias, quam aduersere contra?; Capt. 317: Memini istuc. Sed faterin eadem quae hic fassust mihi?; Cist. 86: Sed tu eunumquam cum quiquam uiro | consueuisti?; Cist. 724: Et nos te. Sed quid quaeritas?; Curc. 411: Sed quid Lyconem quaeris?; Curc. 564: Sed quid agit meum mercimonium apud te?; Men. 162-64: ME. Sed quid ais? PE. Egone? id enim quod tub uis, id aio atque id nego. | ME. Ecquid tu de odore possis, siquid forte olfeceris | Facere coiecturam cu **?; Most. 945: Uera dico. sed quid uobis est negoti hic?; Most. 1135: Sed tu, istuc quid confugisti in aram?; Per. 813-14: Sed quin tu meis contra item dictis seruis | atque hoc, quod tibi suadeo, facis?; Rud. 264-265: Sed unde | uos ire [cum uvida ueste] dicam, obsecro, tam maestiter uestitas?; Rud. 365: Sed tu et Palaestra quomodo saluae estis?; Rud. 1208-09: Sed quid istum remoramini | mulieres, Trachalionem?; Rud. 1307: Sed quid tibi est?; Trin. 350: Sed ciui immuni scin quid cantari solet? 46 Amph. 418: Sed quid ais? Quid Amphitruoni doni a telebois datum est?; Asin. 436-37: Sed uina quae heri uendidi uinario Exaerambo | iam pro eis satis fecit Sticho?; Bac. 335: Sed qui praesente id aurum Theotimo datumst?; Cas. 691: Sed etiamne habet nunc Casina gladium? PAR. Habet, sed duos; Pseud. 433-34: Sed si sint ea uera, ut nunc mos est, maxume, | quid mirum fecit?; Pseud. 737: Sed istic seruos, ex Carysto qui hic adest, ecquid sapit? 47 Cist. 772-73: Sed quid est nomen tuae | dominae; Epid. 702: Sed quis east mulier? Mil. 796: At scietis. Sed ecquae ancillast illi?; Mil. 969: Sed quis east?; Poen. 1149: Sed quis illas tibi monstrabit?; Poen. 1213: Sed homost? AG. Amicus uobis; Rud. 646-47: Sed eae mulieres | quae sunt?; Pseud. 744: Sed quid nomen esse dicam ego isti seruo? 48 St. 574: Sed quid agit parasitus noster Gelasimus? Etiam ualet?

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sances49 et l’endroit précis où celle-ci se trouve au moment de l’énonciation.50 2.1.3.2.2. Les énoncés affirmatifs comportent des verbes de volonté, des performatifs explicites, tels des verbes de demande (oro, quaero/quaeso)51 et des performatif implicites, à savoir des impératifs.52 2.1.3.2.2.1. Par l’emploi des énoncés comportant des verbes de volonté, le locuteur exprime son intention d’accomplir une action,53 de justifier sa conduite,54 de voir se réaliser un fait,55 de se renseigner auprès de son interlocuteur sur sa propre tâche56 ou sur l’état actuel des choses,57

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Poen. 590: Sed isti iam sciunt, negoti quid sit? Amph. 1045: Sed ubi illest?; Bac. 246: Salue. Sed ubinamst Mnesilochus?; Capt. 334: Sed is privatam seruitutem seruit illi an publicam?; Capt. 640: Sed ubi is nunc est?; Capt. 887: Sed Stalagmus quoius erat tunc nationis, cum hic abit?; Epid. 22: Sed ubist is?; Epid. 156: Sed ubi illa est quam tu adduxisti tecum?; Merc. 413: Sed quid illa nunc fiet?; Mil. 9: Sed ubi Artottrogus hic est?; Poen. 468-69: Sed quaeso, ubi nam illic restitit miles modo, | qui hanc mihi donauit, quem ego uocaui ad prandium?; Poen. 1131: Noui. Sed ubi sunt meae gnatae? Id scire expeto; Rud. 339: Sed Plesidippus tuos erus ubi, amabo, est?; Rud. 361: Sed nunc ubi est leno Labrax?; Rud. 491: Sed ubi ille meus est hospes, qui me perdidit?; Rud. 707: Sed ubi sunt?; Pseud. 908: Sed ubi illic est?; Tr. 193: ME. Sed quid ais? CA. Quid uis? ME. Ubi nunc adulescens habet?; Tr. 196: Sed quid ais? quid nunc uirgo? nempe apud te est? 51 Sur les performatifs explicites, voir Austin 1970:62-63; Ducrot et Schaeffer 1995:645. 52 Sur les performatifs implicites, voir Austin 1970:62-63. 53 Amph. 201-02: Sed quo modo et uerbis quibus me deceat fabularier, | prius ipse mecum etiam uolo hic meditari; Epid. 120: Sed operam Epidici nunc me emere pretio pretioso uelim. 54 Capt. 620: Sed hoc primum, me expurigare tibi uolo, me insansiam | neque tenere neque mi esse ullum morbum, nisi quod seruio; St. 127-28: Sed hoc est quod ad uos uenio quodque esse ambas couentas uolo: | mi auctores ita sunt amici, ut uos hinc abducam domum. 55 Bac. 58: Sed ego apud me te esse ob eam rem, miles cum ueniat, uolo, | quia, cum tu aderis, huic mihique haud faciet quisquam iniuriam; Pers. 602: Sed ego te malo tamen, | eumpse adire, ut ne contemnat te ille; Poen. 1288: Sed mea amica nunc mihi irato obuiam ueniat uelim; St. 154: Sed tamen uolo interuisi; Rud. 240: Sed uidere expeto te. 56 Trin. 174: Sed nunc rogare ego uicissim te uolo: | quid fuit officium meum me facere? 57 Mil. 375: Sed paucis uerbis te uolo, Palaestrio; Mil. 612-13: Sed uolo scire: eodem consilio, quod intus meditati sumus, | gerimus rem?; Rud. 120-21: Sed nisi molestumst, paucis percontarier | uolo ego ex te. 50

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d’entamer une conversation avec celui-ci58 ou bien d’en clore une,59 de lui suggérer une façon d’agir dans l’immédiat60 ou bien d’apprendre ses intentions,61 ses actions62 ainsi que celles d’une tierce personne.63 2.1.3.2.2.2. Les performatifs explicites servent d’outil au locuteur pour demander à son interlocuteur de réaliser ses recommandations sur-lechamp. Le locuteur a recours aux verbes quaeso/quaero, obsecro, suivis d’une proposition complétive introduite par ut afin de suggérer à son interlocuteur une conduite loyale64 et docile.65 L’intention du locuteur d’empêcher son interlocuteur d’agir inopportunement est manifeste dans les énoncés comportant quaeso/quaero, suivis d’une proposition complétive introduite par ne. Par ce procédé discursif, le locuteur prie son interlocuteur d’éviter toute négligence à son égard66 ou bien de ne lui accorder aucune espèce d’indulgence.67

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Cist. 743-744: Sed ego rem meam magnam confabulari | tecum uolo: sociam te mihi adopto ad meam salutem. 59 Capt. 965: Satis facundu’s. Sed iam fieri dicta compendi uolo. 60 Mil. 1169-70: Sed ubi ille exierit intus, istinc te procul | ita uolo adsimulare …; Pers. 190: Sed ita uolo te ire, ut domi sis, cum ego te esse illi censeam; Pseud. 55960: Sed te uolo | domo usque adesse. 61 Cas. 290-91: Sed utrum nunc tu caelibem te esse mauis liberum | an maritum seruom aetatem degere et gnatos tuos?; Poen. 151-52: Istuc mauelim. | Sed quid nunc tibi uis? 62 Rud. 353: Sed istuc periclum perlubet quod fuerit uobis scire; Trin. 88: Sed istuc negoti cupio scire quid siet; Truc. 261: Sed uolo scire, quid debetur hic tibi nostrae domi? 63 Bac. 663-64: Sed lubet scire quantum aurum erus sibi | dempsit et quid suo reddidit patri. 64 Bac. 746: Sed, pater, quod promisisti mihi, te quaeso ut memineris, | ne illum uerberes. 65 Capt. 948-49: Edepol, Hegio, | facis benigne. Sed quaeso, hominem ut iubeas arcessi; Cist. 767: Sed istanc cistellam te opsecro ut reddas mihi; Rud. 1137: Sed si erunt uera, to opsecro te, ut mea mi reddantur. 66 Bac. 103-1014: Stulte fecisse fateor. Sed quaeso, pater | ne me, in stultitia si deliqui, deseras. 67 Men. 1032-33: Sed, patrone, te obsecro, | ne minus imperes mihi quam cum tuos eruos fui.

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Enfin, l’emploi d’une subordonnée interrogative rattachée comme proposition complétive au verbe quaeso/quaero permet au locuteur de demander à son interlocuteur des explications sur la production d’un fait.68 2.1.3.2.2.3. Les énoncés comportant un impératif des verbes exprimant un mouvement (abi,69 i,70 sequere,71 salta72), l’acte de la parole (aufer uerba,73 dic,74 eloquere,75 iube,76 nuntia,77 pellegere,78 responde,79) et l’acte d’agir (accipite,80 adde,81 agamus/age/agite,82 asside,83 da (hanc ueniam,

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Cist. 614-15: Sed ego illud quaero confragosum, quo modo | prior posterior sit et posterior sit prior?; Men. 230: Sed quaeso, quam ob rem nunc Epidamnum uenimus? 69 Mil. 1129: Sed abi intro. Noli stare; Trin. 577-78: Sed, Stasime, abi huc ad meam sororem ad Calliclem, | dic hoc negoti quo modo actumst. 70 Poen. 1114: Sed i atque euoca illam: ei eae meae sunt filiae, | si illarum est nutrix, me continuo nouerit; Truc. 329-30: Sed opsecro hercle, Astaphium, i intro ac nuntia | me adesse … 71 Merc. 961: Sequere me. Sed exeuntem filium uideo meum; Pers. 328: Sed sequere me. 72 Men. 197: Cedo. Sed obsecro hercle, salta sic cum palla postea. 73 Cist. 52: Sed tu aufer istaec uerba. 74 Capt. 1021: sed tu dic oro: pater meus tune es?; Curc. 651-52: Sed tu dic mihi, | ubi is est homo qui te surripuit?; Mil. 902: Salua sis. Sed dic mihi, ecquid hic te | onerauit praecipitis?; Pseud. 1305-06: Sed dic tamen, | unde onustam celocem agere te praedicem?; Truc. 368-69: Sed dic mihi, | benene ambulatumst?; Truc. 679-80: Sed dic mihi, | haben? 75 Cas. 647: Sed hoc quidquid est eloquere, in paucis confer; Truc. 135: Sed tandem eloquere, quis is homost? 76 Capt. 860-61: Non enim es in senticeto, eo non sentis. Sed iube | uasa tibi pura apparari ad rem diuinam cito …; Epid. 398: Sed tu hanc iube sis into abduci. 77 Truc. 329-30: Sed opsecro hercle, Astaphium, i intro ac nuntia | me adesse … 78 Bac. 996: Sed quidquid est, pellegere certum. 79 Amph. 962: Sed age responde: iam uos rediistis in concordiam?; Men. 1105: Sed nunc agite uterque mi hoc responde; Men. 1129-30: Sed mi hoc responde; Poen. 25253: Ergo amo te. Sed hoc nunc responde | mihi: sunt hic omnia; Trin. 1074: Sed omitto alia, hoc mihi responde. 80 St. 10-11: Sed ea huc quid introierit impulsu meo | accipite et date iuoviuas aures dum eloquor. 81 Trin. 385: Sed adde ad istam gratiam unum. 82 Cist. 747: Sed quaeso, ambages, mulier, mitte atque hoc age; Pers. 644: Sed tamen, uirgo, quae patriast tua, age mi actutum expedi; Poen. 555-56: Ita profecto est. Sed agite igitur, ut sciam uos scire rem | expedite et mihi quae uobis dudum dixi dicite; Truc. 9: Sed hoc agamus qua huc uentumst gratia. 83 St. 9-10: Sed hic, soror, asside dum: multa uolo tecum | loqui de re uiri.

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operam)/date (iuoviuas aures),84 desponde,85 duce,86 expedi,87 fac/facito,88 mitte,89 monstra,90 perge,91 propera/properate,92 recipe,93 sine94) servent au locuteur afin d’inciter son interlocuteur à accomplir immédiatement l’acte qu’il lui ordonne. Sa réalisation aura comme effet de faire évoluer la scène en cours dans une nouvelle direction ou bien de la clôturer. Par le biais de l’énoncé impératif, le nouveau sujet introduit dans le discours peut aussi désigner une autre manière d’envisager une situation. Ainsi, ayant recours à l’impératif des verbes de pensée et d’attention (animum aduorte/aduortite,95 ausculta,96 caue,97 circumspice,98 cogitato,99 memento,100 scito,101 uide/uideto102), le locuteur attire l’attention de son 84

Cas. 1000: Sed, uxor, da uiro hanc ueniam. Myrrhina, ora Cleostratam; St. 1011: Sed ea huc quid introierit impulsu meo | accipite et date uociuas aures dum eloquor; Truc. 722: Sed obsecro, da mi operam, ut narrem quae uolo. 85 Poen. 1356-57: Sed patrue mi, | tuam, ut dixisti, mihi desponde filiam. 86 Rud. 386: Sed duce me ad illam ubi est. 87 Poen. 1111: Sed earum nutrix qua sit facie, mi expedi. 88 Pers. 195-96: Sed has tabellas, Paegnium, | ipsi Lemniseleni fac des et quae iussi nuntiato; Cas. 523: Sed facito dum merula peruorsus quos cantar colas. 89 Cist. 747: Sed quaeso, ambages, mulier, mitte atque hoc age; Mil. 1067: Sed amabo, mitte me actutum. 90 Trin. 948-49: Sed monstra hosce homines mihi, | quos ego quaero, quibus me oportet has deferre epistulas. 91 Pseud. 1007: Sed, ut occepisti, perge opera experirier | quid epistula ista narret; Trin. 162: Sed ut occepisti, perge porro proloqui. 92 Pseud. 758: Sed properate; Pseud. 951: Sed propera mihi monstrare, ubi sit os lenonis aedium; Pseud. 993-994: Sed propera hanc pellegere quaeso epistulam ita negorium est, | atque accipere argentum actutum mulieremque emittere; Rud. 1215: Sed propera; Rud. 1223: Sed propera ire in urbem actutum et recipe te huc rursum; Cas. 785-86: Sed properate istum atique istam actutum emittere, | tandem ut ueniamus luci. 93 Most. 51: Sed recipe quam primum potes, caue fuas mi in quaestione. 94 Men. 378: Sed sine me dum hanc compellare. Heus mulier, tibi dico; Trin. 1167: Sed sine me hoc aps te impetrare quod uolo. 95 Mil. 382: Ego eloquar. Sed amabo aduortite animum; Trin. 66: Sed hoc animum aduorte atque aufer ridicularia. 96 Most. 491: Ita. Sed ausculta modo. 97 Cas. 530: Sed tu caue in quaestione mihi sis. 98 Trin. 151: Hic in conclaui – sed circumspice. 99 Capt. 432-33: sed te quaeso, cogitato hinc mea fide mitti domum | te aestimatum, et meam esse uitam hic pro te positam pignor …; Truc. 867-68: Sed tamen | cogitato, mus pusillus quam sit sapiens bestia … 100 Epid. 658-59: Sed memento, si quid saeuibunt senes, | suppetias mihi cum sorore ferre.

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interlocuteur sur un nouveau point que celui-ci n’a pas considéré jusqu’au moment de l’énonciation T0 ou encore sur un aspect particulier d’une situation mentionnée précédemment. Cette mise en garde entraîne un changement de perspective du discours. 2.1.3.3. En guise de conclusion, le sed de la réorientation du discours sert à réintroduire une situation de discours qui est mentionnée dans le contexte précédent ou bien à en introduire une qui est entièrement extérieure au contenu sémantique des énoncés le précédant. Sed, en reprenant un sujet qui a été déjà entamé par les locuteurs ou bien en introduisant un développement nouveau provoque une variation de l’optique du discours et de la sorte joue un rôle d’ouverture. 2.1.4. Sed s’oppose à la vérité des propos de l’interlocuteur Au cours des dialogues et des polylogues, sed, placé en tête de l’énoncé, permet au locuteur de mettre en doute la vérité des propos de son interlocuteur, témoignant ainsi son discernement et sa perspicacité d’esprit.103 2.1.5. Sed s’oppose à l’acte de parole de l’interlocuteur Sed sert au locuteur afin d’introduire un énoncé par lequel il exprimera son opposition aux menaces de son interlocuteur.104 101

Most. 72-73: Ita est. Sed unum hoc scito nimio celerius | ueniet quod noles quam illud, quod cupide petas. 102 Bac. 744: Sed, pater, uide ne tibi hodie uerba det: quaeso caue; Capt. 643: Sed uide sis; Merc. 1014: Sed quaeso, hercle, etiam uide; Most. 558: Sed eum uideto tu capias, qui credat mihi; Poen. 358: Sed uide sis, ne te oratorem hunc pugnis pectas postea; Pseud. 663: Sed uide sis ne quaestione sis, quando arcessam, mihi; Pseud. 935: Sed uide, ornatus hic me satin condecet; Pseud. 1288: Sed uide statum; Trin. 763: Sed uide consilium, si placet. 103 Amph. 617-20: AMPH. Nimia memoras mira. Sed uidistin uxorem meam? | SOS. Quin intro ire in aedis numquam licitum est. AMPH. Quis te prohibuit? | SOS. Sosia ille, quem iam dudum dico, is qui me contudit. | AMPH. Quis istic Socia est? SOS. Ego, inquam. Quotiens dicendum est tibi? | AMPH. Sed quid ais? num abdormivisti dudum? SOS. Nusquam gentium; Bac. 312-15: CH. Quin in eapse aede Dianai conditumst. Ibidem publicitus seruant. NI. Occidistis me; | nimio hic priuatim seruaretur rectius | Sed nilne attulistis inde auri domum?; Merc. 903: Sed qui ego istuc credo; Trin. 542-46: ST. tum autem Surorum, genus quod patientissumumst | hominum, nemo exstat qui ibi sex menses uixerit; | Ita cuncti solstitiali morbo decidunt. | PH. Credo ego istuc, Stasime, ita esse; sed Campanus genus | multo Surorum iam antidit patientia.

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2.2. Sed enchaîne avec du non-verbal 2.2.1. Sed marque l’opposition entre deux moments de l’énonciation.105 2.2.1.1. Sed introduit la présence d’un personnage. 2.2.1.1.1. Dans les contextes destinés à indiquer la présence d’un personnage qui participera dans la suite de la scène en cours106 ou bien à la scène 104

Bac. 1142-44: Ph. haec oues uobis malam rem magnam quam debent dabunt. | Ba. Si quam debes, te condono; tibi habe, numquam abs te petam. | Sed quid est quapropter nobis uos malum minitamini? 105 En tant que marqueur d’opposition entre deux moments de l’énonciation, sed sert à indiquer une transition entre une situation qui se termine et une autre qui va débuter. Sur la fonction transitionnelle, appelée aussi ‘presentational’ de sed; voir Kroon 1995:70. 106 Amph. 292: Sed quis hic est, quem ante aedis uideo hoc noctis?; Amph. 897-98: Sed eccum video qui me miseram arguit | stupri, dedecoris; Amph. 1072: Sed quid hoc? quis est senex, qui ante aedis nostras sic iacet?; Bac. 451: Sed quis hic est, quem astantem uideo ante ostium?; Bac. 667: Sed quem quaero optume eccum obuiam mihi est; Bac. 1104-05: Sed quem video? | Hic quidemst pater Mnesilochi; Capt. 788: Sed Ergasilus estne hic, procul quem uideo?; Capt. 835: ERG. Sed quis est? HEG. Respice ad me, Hegio sum; Capt. 1005-06: Sed erus eccum ante ostium, et erus alter eccum ex Alide | rediit; Cas. 541: Sed eccam, opino arcessit; Cas. 574: Sed uxorem ante aedis eccam; Cas. 593: Sed eccum ante aedis; Cist. 655: Sed eccam eram uideo; Epid. 184-85: Sed eccum ipsum ante aedis conspicor Apoecide | qualis uolo vetulos duo; Epid. 343-44: Sed quid hoc? Ante aedis duo sodales, | erum et Chaeribulum, conspicar; Epid. 394: Sed meus sodalis it cum praeda Apoecides; Epid. 620: Sed quis haec est muliercula et ille gravastellus qui uenit?; Epid. 608: Sed eccum incedit Epidicus; Men. 275-76: Sed eccum Menaechmum uideo, uae tergo meo, | prius iam conuiuae ambulant ante ostium; Men. 705: Sed eccum uideo; Merc. 109-10: Sed quid currentem seruom a portu conspicor, | quem naui abire uetui?; Merc. 746: Sed eccum qui nos conduxit senex; Mil. 540: Sed eccum egreditur; Merc. 807-08: Sed mater rute rediit; Mil. 1290: Sed eccum Palaestrionem, stat cum milite; Most. 310: Sed estne hic meus sodalis, qui huc incedit cum amica sua?; Most. 558-59: Sed Philolachetis seruom eccum Tranium | qui mihi neque faenus neque sortem argenti danunt; Pers. 83: Sed eccum parasitum, quoius mi auxilio est opus; Pers. 200: Sed quis haec est quae med aduorsum incedit?; Pers. 308: Sed quis hic ansatus ambulat?; Pers. 787: Sed quid ego aspicio?; Poen. 470: Sed eccum Antamonides; Poen. 129697: Sed quid hoc est? quid est? quid hoc est? quid ego uideo? quo modo? | qui hoc est conduplicationis? quae haec est congeminatio?; Poen. 1331: Sed eccum lenonem Lycum; Rud. 309: Sed quos perconter commode eccos uideo astare, adibo; Pseud. 911: Sed eccum uideo uerbeream statuam; Pseud. 965: Sed eccum qui ex incerto faciet mihi quod quaero certius; Pseud. 1286-87: SIM. Sed quid hoc? Quo modo? Quid uideo ego? | PS. Cum corona ebrium Pseudolum tuom; St. 527: Sed eccum

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suivante,107 sed figure en tête des énoncés de structure affirmative, des questions rhétoriques ou bien des questions partielles. Le personnage dont le locuteur aperçoit (uideo, conspicor) l’entrée en scène (egreditur, it/ire, arcessit, incedit/incedunt, aduenit, ambulat/ ambulant, exit, progreditur, rediit, conduxit, (cursum suom) contendit) ou bien la place (stat, adstantem, est) qu’il occupe dans l’espace scénique (ante aedis, ante ostium, ante portam, obuiam mihi) fait partie de son entourage. Ce personnage est désigné par eccum,108 attesté seul109 ou bien renforcé par

fratrem Pamphilippum, incedit cum sorero suo; St. 655: Sed Stichus est hicquidem; Truc. 320: Sed eccum odium progreditur meum; Truc. 895: Sed quid uideo? Eram atque ancillam ante aedis. Adeundae haec mihi; Truc. 917: Sed eccam uideo. 107 Amph. 148: Sed Amphitruonis illic est seruos Sosia; Amph. 1005: Sed eccum Amphitruonem, advenit; Aul. 177: Sed eccum uideo; Aul. 308: Sed Megadorus meus affinis eccum incedit a foro; Aul. 536-37: Sed eccum egreditur, senati columen, praesidium popli, | meus vicinus, meo viro qui liberum praehibet locum; Bac. 40304: Sed eccos video incedere | patrem sodalis et magistrum; Bac. 978: Sed Priamum adstantem eccum ante portam uideo; Capt. 977: Sed eccum incedit huc ornatus haud ex suis virtutibus; Cas. 161: Sed foris concrepuit, atque eapse eccam egreditur foras; Cas. 308: Sed progreditur optume eccum Olympio; Cas. 536-37: Sed eccum egreditur, senati columen, praesidium popli, | meus vicinus, meo viro qui liberum praehibet locum; Cas. 562: Sed eccum incedit; Cas. 796-97: Sed eccum progreditur cum corona et lampade | meus socius, compar, commaritus uilicus; Cist. 534: Sed quis hic est qui recta platea cursum huc contendit suom? Curc. 676: Sed eccum lenonem, incedit, thensaurum meum; Epid. 435-36: Sed quis est quem ego huc aduenientem conspicor, | suam qui undantem chlamydem quassando facit?; Men. 463: Sed quid ego uideo? Menaechmus cum corona exit foras; Mil. 870-71: Sed Periplectomenus quam ei mandaui mulierem | nimis lepida forma ducit; Mil. 1215: Sed eccam ipsam, egreditur foras; Mil. 128: PYRG. Sed quid ego uideo? PAL. Quid uides? PYRG. Nescio quis eccum incedit | ornatu quidem thalassico; Most. 1120-21: Sed eccum tui gnatum sodalem uideo incedere | Callidamatem; Poen. 203: Sed Adelphasium eccam exit atque Anterastillis; Poen. 1166: Sed eccas uideo ipsas; Pseud. 592: Sed hunc quem uideo? Quis hic est oculis meis ignobilis obicitur?; Pseud. 1101: Sed quis hic homo est chlamydatus?; Rud. 663: Sed eccas ipsae huc egreditur timidae e fano mulieres; Rud. 705: Sed optume eccum exit senex, patronus mihique et uobis; St. 270: Sed eccum Pinacium eius puerum; St. 582: Sed uideone ego Pamphilippum cum fratre Epignomo? Atque is est; Trin. 840: Sed quis hic est, qui in plateam ingreditur | cum nouo ornatu specieque simul?; Trin. 622: Sed generum nostrum ire eccillum cum adfini suo; Truc. 93: Sed haec quidem eius Astaphium est ancillula; Truc. 770: Sed quid est? Pro di immortales, Calliclem uideo senem; Truc. 852: Sed nimium pol opportune eccam eapse egreditur foras. 108 Sur les emplois de eccum chez Plaute, voir Perdicoyianni 2006a. 109 Aul. 177; Cas. 536-37, 541, 562, 593; Men. 705; Mil. 540; Truc. 917.

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le morphème ipse110 ou bien se combinant avec des noms,111 des noms propres112 et des SN.113 Employé seul ou avec un constituant, eccum est également suivi d’une proposition relative déterminative.114 Dans ce cas, il fonctionne comme corrélatif et forme avec le relatif une corrélation en cataphore. Enfin, eccum est précédé d’une proposition relative déterminative formant ainsi une structure correlative en anaphore.115 Le personnage qui entre en scène est également désigné par un nom,116 un syntagme nominal117, hic/haec seul118 ou suivi d’un nom,119 hicquidem,120 illic121 et eccillum.122 Par l’emploi des questions rhétoriques comportant généralement des structures corrélatives en cataphore,123 et des questions partielles,124 le locuteur exprime son étonnement provoqué par l’entrée en scène (cursum contendit suom, aduenientem, ingreditur, uenit, incedit) d’un personnage, dont il ignore l’identité, aussi bien que par sa position à un endroit précis sur la scène (ante aedis). Dans les situations d’énonciation constituées par un message-dialogue, la plupart des questions partielles sont suivies de la réponse de l’interlocuteur qui révèle l’identité du personnage au sujet duquel le locuteur veut se renseigner.125 Rares sont les situations d’énonciation où l’interlocuteur partage l’ignorance du locuteur sur l’identité du personnage désigné.126 Au sein des situations d’énonciation comportant par un messagemonologue, les questions rhétoriques servent d’outil au locuteur pour 110

Cas. 161; Mil. 1215; Poen. 1166; Truc. 852. Sur les emplois de ipse chez Plaute, voir Perdicoyianni 2006b. 111 Aul. 536; Bac. 403-04; Capt. 1005-06; Capt. 977; Cas. 574; Cist. 655; Curc. 676; Rud. 705. 112 Amph. 1005; Epid. 608; Men. 275-76; Mil. 1290; Poen. 203, 470. 113 Aul. 473; Bac. 978; Cas. 308, 796-97; Epid. 184-85; Most. 1120-21; Pers. 27172; Poen. 1331; Pseud. 911; Rud. 663; St. 270, 527; Truc. 320. 114 Amph. 897-98; Merc. 746; Pseud. 965; Most. 558-59; Pers. 83. 115 Bac. 667; Rud. 309. 116 Merc. 807; Mil. 870-71. 117 Epid. 394. 118 Truc. 93. 119 Pers. 308. 120 St. 655. 121 Amph. 148. 122 Trin. 622: Sed generum nostrum ire eccillum cum adfini suo. 123 Amph. 292, Cist. 534; Epid. 435-436; Mil. 1281; Pseud. 592; Trin. 840. 124 Epid. 620; Pers. 200; Pseud. 1101, 1286-87. 125 Capt. 835; Epid. 620; Pers. 200, 308; Pseud.1286-87. 126 Pseud. 1101.

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exprimer son ignorance ou son incertitude sur l’identité du personnage qu’il vient d’apercevoir127 ou son étonnement à la présence inattendue d’un personnage qu’il connaît bien et dont il décele lui-même l’identité dans l’énoncé qui suit.128 À considérer l’ensemble des énoncés, on remarquera que l’emploi de sed en tête de l’énoncé sert à opposer, d’une part, l’action qui se produit en T1, simultané à T0 de l’instance énonciative, et qui renvoie à l’apparition sur scène du personnage et, d’autre part, la situation scénique la précédant et qui implique son absence produite en T1, antérieur à T0.129 Les actions décrites dans ces énoncés apportent un nouvel élément cognitif dans la mémoire épisodique130 du locuteur aussi bien que dans la mémoire de courte portée des spectateurs. Le locuteur et les spectateurs se trouvent donc au même niveau cognitif. 2.2.1.1.2. La mémoire épisodique du locuteur et la mémoire de courte portée des spectateurs sont également alimentées, de manière concomitante, dans les situations d’énonciation où le locuteur aperçoit et annonce la présence d’un personage, qui se trouve hors de l’espace scénique.131 L’emploi de sed marque l’opposition entre le moment T1, simultané à T0 de l’instance énonciative, où le locuteur, par le sens de la vue, et les spectateurs, par le sens de l’ouïe, se rendent compte de la présence d’un personnage, et le moment T1, antérieur à T0, où ce personnage n’était pas

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Capt. 788; Cist. 534; St. 582. Bac. 451; Men. 463; Pers. 787; Poen. 1296-97; Truc. 770. 129 Amph. 1005; Aul. 177; Bac. 403, 667, 978; Capt. 997, 1005; Cas. 161, 536, 562, 593, 796; Cist. 655; Curc. 676; Epid. 184-85, 608; Men. 275; Merc. 746; Mil. 540, 1215, 1290; Most. 1120; Pers. 83, 543; Poen. 203, 470, 1166, 1331; Pseud. 911, 965; Rud. 663; St. 270; Trin. 622; Truc. 320, 852, 917. 130 La notion de mémoire épisodique a été introduite par Tulving 1972 et 2002; et Tulving et al. 1997 par opposition à celle de mémoire sémantique. Selon Tulving, ces deux composantes de la mémoire à long terme différent fondamentalement tant sur le plan structurel que fonctionnel. Le terme de ‘mémoire épisodique’ se réfère à un inventaire d’informations temporellement datées, d’événements vécus, spécifiques à un individu donné. En revanche, le terme de ‘mémoire sémantique’ se réfère à un stock permanent de connaissances du monde servant de base à l’attribution du sens. Autrement dit, la mémoire sémantique peut être comparée à une grande encyclopédie englobant toutes les connaissances partagées par les membres d’une communauté. Sur la distinction entre mémoire sémantique et mémoire épisodique, voir aussi Tulving 1983; Kolodner 1993; Schacter 2001; Foster et Jelicic 1999; Rodet et Tiberghien 1994. 131 Merc. 109-10; Most. 310. 128

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encore apparu au fond de la scène, dans un endroit visible du locuteur mais caché visuellement des spectateurs. 2.2.1.1.3. Dans certaines situations d’énonciation, le personnage que le locuteur aperçoit soudainement est déjà présent sur scène. Sa présence provoque la forte surprise du locuteur qui l’exprime par le biais des énoncés affirmatifs132 ou bien des questions rhétoriques.133 L’identité du personnage étant connue du locuteur est révélée par celui-ci dans l’énoncé suivant.134 Cette situation d’énonciation est marquée par un décalage des états cognitifs du locuteur et des spectateurs: d’une part, le fait de remarquer la présence du personnage sur scène constitue l’avance cognitive du locuteur; d’autre part, l’annonce de sa présence sert de dédoublement cognitif des spectateurs, qui en sont déjà au courant dès le début de la scène en cours. L’emploi de sed met donc en contraste la situation scénique qui existe en T1, simultané à T0, au moment où le locuteur, apercevant le personnage, indique sa présence et la situation la précédant et qui existait en T1, antérieur à T0. Au cours de celle-ci le locuteur se croyait seul, étant donné que le personnage ne faisait pas partie de son champ visuel. 2.2.1.2. Sed introduit la présence d’un objet sur la scène Une autre situation d’énonciation caractérisée par le décalage des états cognitifs du locuteur et des spectateurs est celle où le locuteur se rend compte brusquement de la présence d’un objet, dont les spectateurs sont 2déjà au courant dès la fin de la scène précédente. Sed met en opposition le moment T1, simultané à T0, où le locuteur découvre l’objet, en l’occurrence la couronne tombée de la tête de Ménechme II135 ou bien la corbeille qui a échappé aux mains d’Halisca,136 et le moment T1, antérieur à T0, où cet objet était encore hors de sa vue. 2.2.1.3. Sed introduit un bruit Des monologues avec adresse aussi bien que des dialogues sont subitement interrompus par la production d’un bruit provoqué par l’ouverture de la

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Amph. 897; Aul. 536; Bac. 667; Cas. 574; Men. 705; St. 527. Amph. 1072; Bac. 1104-05; Epid. 343-44; Truc. 895. 134 Bac. 1104-05; Epid. 343-44; Truc. 895. 135 Men. 565: Sed eccam coronam quam habuit. 136 Cist. 655-56: Sed quid hoc est, haec quod cistella hic iacet | cum crepundiis? 133

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porte d’une maison située proche du locuteur,137 par des cris138 ou bien par l’éclatement d’un coup de tonnerre qui annonce l’apparition imminente de Zeus, le dieu omnipotent et maître absolu de l’univers.139 Employé en tête des énoncés décrivant ces bruits, sed met en opposition le moment T1, simultané à T0 de l’instance énonciative, au cours duquel le bruit se produit et il est perceptible auditivement par le locuteur et les spectateurs, et le moment T1, antérieur à T0 de l’instance énonciative, pendant lequel le locuteur s’adressait aux spectateurs ou à son interlocuteur. 2.2.2. Sed s’oppose aux actions du locuteur lui-même Par l’emploi de sed en tête des énoncés affirmatifs et des questions rhétoriques, le locuteur se reproche l’impertinence de perdre son temps à s’exprimer longuement et mal à propos sur un sujet140 ou bien à retarder l’exécution d’un acte qui s’avérera utile pour lui-même.141 L’emploi des questions rhétoriques permet également au locuteur de s’interroger sur le mobile de sa façon d’agir inconsidérée. Ainsi il cherche à

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Amph. 1018: Sed aedis occluserunt; Bac. 234: Sed foris concrepuit nostra: quinam exit foras?; Bac. 1057: tantas turbellas facio. Sed crepuit foris | ecfertur praeda ex Troia; Cas. 813: Sed crepuit ostium, exiture foras; Cas. 936: Sed concrepuerunt fores; Curc. 486: Sed interim fores crepuere: linguae moderandum est mihi; Men. 523: Sed concrepuit ostium; Mil. 279: Sed fores crepuerunt nostrae, ego uoci moderabor meae; Mil. 154: Sed foris concrepuit hinc a uicino sene; Mil. 328: Sed fores crepuerunt nostrae; Mil. 410: Sed fores uicini proxumi crepuerunt; Mil. 1377: Sed, sensi, hinc sonitum fecerunt foris; Most. 1062: Sed quid hoc est, quod foris concrepuit proxima uicinia?; Pers. 404: Sed ibi concrepuit foris. Quisnam egreditur foras? Trin. 1124: Sed fores hae sonitu suo mihi moram obiciunt incommode. 138 Aul. 37: Sed hic senex iam clamat intus ut solet; Aul. 403: Sed quid hoc clamoris oritur hinc ex proximo? 139 Amph. 1330: Sed quid hoc? Quam ualide tonuit, di, obsecro uostram fidem. 140 Cist. 692: Sed memet moror, quom hoc ago setius; Men. 904: Sed ego stultus sum, qui illius esse dico, que meast; Epid. 376: Sed nimis longum loquor; Poen. 924: Sed ego nunc est cum me commoror. 141 Aul. 397: Sed cesso priusquam prorsus perii currere; Capt. 827-28: Sed ego cesso hunc Hegionem onerare laetitia senem, | quo homine hominum adaeque nemo uiuit fortunatior?; Epid. 342-43: sed ego hinc migrare cesso, | ut importem in coloniam hunc meo auspicio commeatum?; Poen. 789-90: Sed quid ego dubito fugere hinc in malam crucem, | prius quam hinc optorto collo ad praetorem trahor?; Truc. 628: Sed ego cesso hinc me amolliri, uentre dum saluo licet?

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expliquer son attitude passive face à une situation embarassante,142 son accès d’irritation, qui lui fait pousser des cris, 143 ainsi que son retard, lié à des conséquences dommageables, à quitter immédiatement le lieu où il se trouve144 et de se rendre à un autre endroit situé hors de la scène.145 En outre, la question rhétorique est mise en oeuvre par le locuteur afin de mettre en doute sa conduite, tout en la désapprouvant implicitement. Au niveau socio-politique, il se pose la question de savoir si son intervention dans l’exécution des affaires de l’État, ce qui est la tâche des magistrats,146 serait une preuve d’absence de bon sens. Sur le plan personnel, il se demande si faire savoir, d’avance, à sa maîtresse infidèle la manière dont il se vengera de sa trahison serait une sottise de démarche.147 Par l’emploi de sed, le locuteur s’oppose donc à l’action qu’il vient de réaliser en T1, antérieur à T0 de l’instance énonciative, ou bien à celle qu’il pense à réaliser en T1, postérieur à T0 de l’instance énonciative, et dont il se rend compte, tout en la critiquant, en T1, simultané à T0. 2.2.3. Sed s’oppose à l’état affectif du locuteur lui-même Dans les monologues avec adresse, sed, placé au début de l’énoncé, introduit le revirement de l’état d’esprit du locuteur. Après avoir exprimé sa méfiance,148 son hésitation et son inquiétude149 à l’égard de la production d’un fait, le locuteur, en produisant un énoncé commençant par sed, annonce la démarche qu’il se propose de réaliser 142

Aul. 290: Sed quid ego hic properans concesso pedibus, lingua largior?; Merc. 218: Sed quid ego hic in lamentando pereo, ad nauem non eo?; Rud. 585: Sed quid ego hic asto infelix uuidus? 143 Truc. 766: Sed quid ego hic clamo? 144 Men. 552-53: Sed quid ego cesso, dum datur mi occasio | tempusque, abire ab his locis lenonis?; Rud. 454-55: Sed quid cesso fugere infanum ac dicere haec | Palaestram … 145 Asin. 125: Sed quid ego cesso ire ad forum, quo inceperam? 146 Pers. 75: Sed sumne ego stultus, qui rem curo publicam | ubi sint magistratus, quos curare oporteat? 147 Bac. 509: Sed satisne ego animum mente sincera gero, | qui ad hunc modum haec hic quae futura fabulor? 148 Mil. 607-08: Sed speculabor, ne quis aut hinc aut ab laeua aut dextera | nostro consilio uenator adit cum auritis plagis. 149 Bac. 587: Sed huc concedam, nam concrepuerunt fores; Cist. 687: Sed pergam ut coepi tamen, quaeritabo; Merc. 559-60: Sed hunc uicinum prius conueniam quam domum | redeam; Mil. 1296: Sed foras | pultabo; Most. 566: Sed occupabo adire; Trin. 1136: Sed maneam etiam opinor, namque hoc commodum orditur loqui; Truc. 253: Sed fores, quidquid est futurum, feriam.

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immédiatement et qui est en contraste avec les doutes et la perplexité, dont il a fait preuve jusqu’au moment de la production de l’énoncé introduit par sed. 2.2.4. Sed s’oppose au comportement de l’interlocuteur Par l’emploi de sed en tête de l’énoncé, le locuteur proteste contre l’indifférence de son interlocuteur150 et son hypocrisie.151 Il s’indigne également de l’agressivité et de la violence dont celui-ci fait preuve à son égard152 ou bien envers une tierce personne.153 3. À partir de l’étude des emplois de sed chez Plaute, on constate que le contexte linguistique joue un rôle aussi important que les données extralinguistiques dans la bonne interprétation de ses fonctions. Le contexte linguistique s’avère décisif pour l’interprétation des emplois adversatifs et des emplois argumentatifs du connecteur. Au sein des structures adversatives, sed enchaîne constamment des éléments linguistiques appartenant au même paradigme syntaxique et sémantique. La relation adversative est établie par sed entre la proposition p refutée et la proposition q positive rectificative à l’intérieur d’une seule phrase. Le sed argumentatif offre un plus large éventail d’emplois et fait l’objet de différentes interprétations selon le contexte dans lequel il figure. En outre, il implique différentes stratégies argumentatives, dont la stratégie concessive, la stratégie restrictive et celle de la réorientation du discours. Faire appel à des données extra-textuelles, soit perceptibles, soit mémorielles de courte portée, est un procédé efficace et indispensable pour accéder à l’interprétation des emplois de sed enchaînant avec du non verbal et des aspects de la situation de discours. Bibliographie Abraham, W. 1991. Discourse Particles. Amsterdam. Anscombre, J.-C. et Ducrot, O. 1977. ‘Deux mais en français?’ Lingua 43:23-40.

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Most. 553: Sed tu, etiamne astas nec quae dico optemptare? Poen. 600: Sed ita adsimulatore quasi ego sim peregrinus. 152 Aul. 423: Sed quid tibi nos tactiost, mendice homo?; Capt. 669: Sed quid negoti est, quam ob rem suscenses mihi? 153 Rud. 1049-50: Sed quid uos foras | prosequimini? 151

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