DIY queer porn

July 31, 2017 | Autor: Ludmila Kovalenko | Categoria: Gender Studies, Queer Studies, Pornography, DIY culture, Post pornography
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Ludmila Bredikhina, 2015. Dans le cadre d’un exercice à l’ECAL. La consigne étant de traiter d’une pratique DIY. Environ 500 caractères.

DIY Queer porn (post-porn)

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Le post-porn (queer porn) s’est développé en réaction au porno commercial et « stag film ». La caméra se concentrait toujours sur le sexe de la femme (jamais celui de l’homme), les scènes étaient destinées pour donner envie au spectateur masculin et la grande finale c’est le « money shot ». Les prises de vues étaient toujours les mêmes, toujours des hommes avec des femmes et ni autre genre ni autres sexualités étaient abordés. Tout était construit pour le « male-gaze » (reference: Laura Mulvey  « Visual Pleasure and Narrative Cinema »), le plaisir des autres sexes n’etait jamais mis en question. L’introduction des technologies vidéos ainsi que le développement du web comme moyen d’interconnexion globale ont permis une plus grande accessibilité à la pornographie. Ce processus de multiplication de produits a généré un mouvement parallèle et alternatif de la pornosphère, qui a ouvert des espaces d’expression et de partage à des sous-cultures peu représentées auparavant avec le porno typique hétérosexuel masculin. Le post-porn, c’est avant tout l’abolition de la distinction entre public et privé, l’usage de l’ironie, l’effacement de la frontière entre la culture légitime de l’art et les productions culturelles illégitimes telles que la pornographie, l’implication des spectateurs, l’exposition publique de pratiques traditionnellement inscrites dans la sphère privée et la dénonciation de la médiatisation des corps. Par exemple l’implications des protagonistes autres que masculin/féminin, l’utilisation des prothèse ou god-ceintures contribue à la dislocation du sexe ; le fist-fucking (comme l’anus, symbole des sexualités dissidentes) est souvent présent lors des performances ; l’usage des corps non normatifs (trans, drag etc). Le post-porn met l’accent sur la dimension politique de la sexualité et la sort de la sphère privée. Il relève également d’une déconstruction et d’une dénaturalisation de la pornographie moderne comme moyen de production de la vérité du sexe. Le but du post-porn c’est de représenter les pratiques sexuelles telles qu’elles existent.

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La pratique queer s’inscrit dans ce nouveau courant, elle permet d’effacer la frontière entre théorie et pratique, grâce au DIY. Le porno devient plus vrai, plus expérimental et plus politique. En perdant toutes ses connotations, le corps devient « une plateforme relationnelle vulnérable, historiquement et socialement construite, dont les limites sont constamment redéfinies » (Preciado, 2009). Montrer la sexualité tel qu’elle était, avec toutes ces pratiques, genres et fluides. Les manières dont les mises-en-scènes étaient articulées, contribuaient à cette production éthique. Les actes sexuels, les techniques de récit, les regards DETERMINÉS? la réussite d’une authentique représentation qui soit respectueuse des corps féminins/queer. Les ateliers sont devenu les principaux lieux d’élaboration des idées et de leurs transformations en projets avec des techniques DIY. On utilisait jamais de vrais acteurs habitués au porno, car ceux-ci étaient trop étroitement lié à la production hétérosexuelle destinée à l’homme. On préférait le mélange de genre, de sexes et de sexualités, positions de caméras hasardeuses, visant une expérimentation visuelle et une production d’images authentiques à la fois. Le porno DIY incarne les qualités participatives de la culture, dans laquelle les lignes entre producteur, consommateur et spectateur deviennent floues. Tout ce qu’il fallait c’était une caméra et une envie de repousser les principes du porno et de la sexualité commerciale. Le cinéma et la performance queer DIY a contribué en transmettant des cultures sexuelles et genres différents, en montrant de nouvelles possibilités de plaisir, en sortant le sexe de la chambre à couché et en revendiquant le plaisir d’autres genres que l’homme hétérosexuel avec son « male gaze ». Les premières performances de Diana Pornoterrorista s’inscrivent dans ces cultures de résistance inspirées par le DIY et ceux de Annie Sprinkle ont permis qu’aujourd’hui des artistes pendent des œufs de leur sexe (ça peut aussi venir du film « L’empire des sens », un classique japonais de Nagisa Oshima de 1976) ou se baladent nue dans la ville (Milo Moiré). Le sexe, les différents genres et le plaisir autres que le masculin sont mieux acceptés. Étant donné que le porno queer DIY jouait sur cette notion du corps/plaisir en tant qu’exhibition (film, performance, « activisme »), on peut se demander s’il a contribué à l’émergence de la sexualité spectacle. L’espace publique et l’espace privé se confondent désormais. Aujourd’hui n’importe qui peut tout dire et tout montrer de sa sexualité et de son intimité sur internet. Il y a comme une démocratisation de la visibilité et de la notoriété qui rend possible l’étalage de soi. En exhibant son intimité on s’offre en spectacle. Maintenant, il faut juste un téléphone, un compte instagram ou twitter pour tout partager. Plus besoin de faire partie d’un mouvement avant-gardiste ou être artiste, n’importe qui peut

montrer son sexe à tout le monde. Au lieu d’avoir un vraie publique en face de nous comme lors d’une performance on a des « j’aimes » et des commentaires. Le porno s’est introduit dans notre vie de tous les jours, il a perdu ses connotations politiques et expérimentales crues qu’avait jadis le queer porn. Le facteur DIY est resté le même, sauf que les priorités ont changées. Quel est le statut du porno dans une société qui favorise le DIY porn à la maison et met en place des plateformes de diffusion du porno fait maison ? Est-ce que montrer ses préférences de genres et de séxualités est devenu aujourd’hui une réussite, un accomplissement de soi ?

Bibliographie: Shaka McGlotten, Virtual Intimacies Media Affect And Queer Sociality, 2014 Nick Rees-Roberts, French Queer Cinema, 2008 Linda Williams, Porn Studies, 2004 Rachele Borghi, Post-porn, 2013 Marie-Hélène Bourcier, Building post-porn, 2013 Michel Dorais, La sexualité spectacle, 2011 Corrections: Carolin A. Type: GT Haptik (Grilli Type)

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