Brésilien noir et crasseux - Brazuca negão e sebento

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Brésilien noir et crasseux Brazuca negão e sebento

João Ywarete Pyaguachu Déglutition / Deglutição :

Karai Mirim

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ergo sum, aliás, Ego sum Renatus Cartesius, cá perdido, aqui presente, neste labirinto de enganos deleitáveis, – vejo o mar, vejo a baía e vejo as naus. Vejo mais. Já lá vão anos III me destaquei de Europa e a gente civil, lá morituro. Isso de ‘barbarus – non intellegor ulli’ – dos exercícios de exílio de Ovídio é comigo. Do parque do príncipe, a lentes de luneta, CONTEMPLO A CONSIDERAR O CAIS, O MAR, AS NUVENS, OS ENIGMAS E OS PRODÍGIOS DE BRASÍLIA Paulo Leminski (Catatau) ergo sum, alias, Ego sum Renatus Cartesius, ici perdu, ici présent, dans ce labyrinthe d’illusions voluptueuses – vois la mer, vois la baie et vois les caravelles. Vois plus encore. Déjà l’an III me suis détaché du Europe et de la gent civilisée, là-bas moribonde. Ce « barbarus – non intellegor ulli » – des exercices d’exil d’Ovide, c’est moi. Depuis le Parc du Prince, à travers les lentilles d’une lunette, JE CONTEMPLE TOUT EN EXAMINANT LE QUAI, LA MER, LES NUAGES, LES ENIGMES ET LES PRODIGES DU BRAZIL. Paulo Leminski (Catatau)

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BENTO DE ESPINOSA

L’an 1664, à peine plus d’un siècle après le dépeçage et la dévoration du premier évêque portugais du Brésil par les Indiens Caeté, la délicieuse déglutition de l’Evêque Sardinha qu’Oswald de Andrade célébrera comme l’acte fondateur du Brésil moderne, le philosophe juif portugais Bento de Espinosa, dont la famille s’était exilée à Amsterdam, capitale mondiale du commerce colonial, avec tant d’autres familles juives qui iraient bientôt peupler le Nordeste brésilien, écrivait au très sage et très prudent Peter Balling pour lui confier une singulière hallucination visuelle : l’image insistante au réveil, d’autant plus vive que faiblissait l’attention, d’un brésilien noir et crasseux, dont Bento tenait à préciser qu’il ne l’avait, ses grands dieux, jamais vu auparavant. Peter s’était permis d’envoyer une lettre à son ami pour se faire expliquer l’hallucination prémonitoire qu’il avait eu des gémissements d’agonie de son fils alors que ce dernier était encore en bonne santé. Or, tout porte à penser que si ce Bento, qui se faisait également appeler Benedictus, et qui entra d’ailleurs au Panthéon des bibliographes sous le nom de Benedictus de Spinoza, s’inquiéta tant de cette histoire d’hallucination et mit tant de soin à répondre à Peter, ce fut surtout dans le dessein de mettre son propre cas clairement à part de celui de son ami : d’un côté la puissance psychique que confère l’Amour paternel d’imaginer, avant même qu’ils aient lieu, les événements de la vie du fils tant aimé ; de l’autre, la simple persistance rétinienne, à l’état de veille, d’une image de rêve, l’effet sur l’imagination d’une banale altération du corps, tout comme la fièvre est cause de délire. On se rassure comme on peut. Il est vrai que les Blancs, comme ce Benedictus, ont depuis longtemps perdu la faculté qu’avaient leurs ancêtres de voir par eux-mêmes les xapiri yanomami qui accompagnent Omama dans son exil européen, après qu’il ait, sur la foi d’une rumeur idiote, fuit la forêt tropicale. Des xapiri bien plus beaux, si l’on en croit Kopenawa, que les xapiri de la forêt amazonienne. C’est pourtant un fait : des êtres fantastiques continuent d’apparaître aux Blancs. Aussi ne savent-ils quoi penser de ces inconnus, auxquels ils accordent volontiers l’hospitalité de leur propre univers de pensée, mais dont ils ne savent rien apprendre. Comme ce Bento finit, avec le temps, par jouir d’une certaine renommée, le clergé, inquiété par cette correspondance, se saisit de l’affaire et fut à vrai dire assez embarrassé. Soucieux de détourner l’attention du public lettré de l’irruption du Brésilien dans la chambre à coucher du philosophe, il se demanda si l’explication de l’hallucination du père était conforme à la VRAIE doctrine de celui qu’ils appelaient maintenant « Spinoza » : si elle était VRAIMENT spinoziste. On soupçonnait Benedictus de s’être un peu emmêlé les pinceaux pour réconforter 5

son ami Peter : qu’il ne se soit pas levé cette nuit-là, la nuit des gémissements, franchement, c’était pas grave, puisqu’ils étaient imaginaires, et qu’en plus il les entendait d’aimer. Peu importe le menu détail des débats qui opposèrent même un temps un activiste padovan à la Sorbonne : « Spinoza » avait eu raison d’Espinosa. Benedictus, le grand érudit vêtu de l’Europe du Nord, le savant des Pays Froids, était parvenu à effacer jusqu’au souvenir de Bento. Demandez au premier agrégé venu s’il a jamais entendu parler de Bento de Espinosa. Vous verrez ! En escamotant la première syllabe de son nom, en forgeant de toutes pièces les trois nouvelles syllabes du nom par lequel son spectre allait être universellement convoqué, Benedito avait-il voulu se délester du fardeau toponymique porté depuis l’Espagne par tous les siens, définitivement effacer tout souvenir de cette Péninsule imbécile où l’on faisait manger du cochon aux juifs ? Qui sait ? Plus rien, en tout cas, n’attachait à présent le Grand Luso-Néerlandais, intégralement sédentarisé, classé au Patrimoine laïque de l’Humanité, aux peuples nombreux de ceux qui au Brésil, au Mexique, en Equateur ou au Chili, portent encore aujourd’hui le nom d’Espinosa, à tous ces juifs qui ne se mirent pas sous la protection du vieux monde, européen et méditerranéen, mais fuirent outre-Atlantique, vers les arrière-pays du Nouveau-Monde, pour y poser leur fardeau d’épines et même comme Heitor Antunes, un autre Bento, un anti-Spinoza brésilien, le planter en terre et faire fleurir au Minas une Nouvelle-Espinosa. Quand Bento reçut la lettre de Peter et y répondit, il vivait au plein cœur de la communauté qui, à Recife, venait de bâtir Kahal zut Israel, la première synagogue américaine d’où partirent, après que les néerlandais furent chassés du Pernambouc, la vingtaine de coreligionnaires qui fondèrent la communauté juive de la Nouvelle Amsterdam. Futur citoyen de NewYork, déjà citoyen d’une New-York hollandaise, comme tous les séfarades néerlandais, à Recife ou à Amsterdam, Bento n’avait pu manquer d’être saisi par l’aventure américaine. Associés au gouvernement colonial par Jean-Maurice de Nassau-Siegen, les siens avaient pris part sur les deux bords de l’Atlantique à l’essor de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. Amsterdam leur avait offert bien plus que la liberté du culte, bien plus que de goûter de l’anomalie historique, politique et religieuse, de la Hollande du dix-septième siècle : la puissance sauvage d’un devenir-mondial qui faisait communiquer d’une manière aussi violente qu’aberrante les côtes européennes, africaines et américaines, leurs peuples, leurs rois, leurs langues, leurs religions et leurs sons. L’Amérique, restituant à leur dispersion contrainte sa dimension sacrée de Diaspora, les plongeait dans un nouveau bain de semences et de sangs. Pas étonnant que Bento hallucine au petit jour l’image entêtante d’un américain noir et crasseux ! Soit visité par un Brésilien Fantastique ! Et plus souvent qu’il ne le confesse à Peter. Tout cela, Benedictus Spinoza aura donc convaincu ses biobibliographes savants de l’oublier afin qu’ils s’intéressent exclusivement aux très subtiles théories de l’imagination et de la participation des essences distillées par le philosophe afin d’expliquer l’hallucination auditive du très sage, très prudent et très blanc, Peter Balling. En aucun cas à l’hallucination visuelle d’un afro-américain par le séfarade Bento de Espinosa, simple persistance rétinienne d’une image de rêve, gêne oculaire superficielle. Mais 6

les savants ne font pas ce qu’ils veulent. La fameuse lettre avait été publiée avec sa gênante confidence dans les Œuvres Complètes du philosophe. Or, rien ne pouvait de l’Œuvre échapper à la Critique. Il leur fallut donc tout de même trouver quelque chose à écrire sur le Brésilien. Et comme Bento en parlait aussi bien comme d’un éthiopien, on s’imagina forcément un Nègre, puisqu’en grec, la langue morte des savants, « éthiopien » veut dire « gens au visage brûlé » : noirs et crasseux. L’hallucination matinale prit alors l’aspect d’une apparition terrible et excitante. Je veux dire : pour un lycéen. L’Erscheinung de l’image inimaginable, l’image du Double noir, l’image interdite, refoulée, de ce que le Grand Philosophe n’est pas – de ce qui d’ailleurs, d’une manière générale, N’EST PAS. Spinoza avant d’exister, Spinoza dans l’Abgrund : Spinoza falasha, juif et nègre. Et comme en amharique, parce que le lycéen connait aussi de nombreuses langues vivantes, surtout pour l’insulte, « falasha » est ce dont un éthiopien traite un juif pour lui rappeler d’être un immigré, on comprit tout naturellement l’apparition du brésilien noir et crasseux comme la vision de soi-même qui menace tout juif en exil à travers l’interpellation de l’Autre, du goy qui à son passage lui crache au visage un « sale juif » et, le bousculant, lui intime, comme au père de Freud, de laisser le trottoir pour rejoindre la boue crasseuse du caniveau. Une autre manière de banaliser l’hallucination, de la blanchir. En la rapportant à l’universalité de l’informe, de l’immondice ou de la merde dont l’Autre couvre la tête de l’immigré, et qui est si étroitement liée aux organes génitaux, placés inter urinas et faeces, que, dans l’insulte qu’il essuie, « sale » ou « crasseux » préjugent aussi bien de son hygiène sexuelle. Rien de brésilien donc, de spécifiquement brésilien, dans l’hallucination du brésilien noir et crasseux, rien qui ait à voir avec la colonisation luso-néerlandaise de l’Amérique, mais le seul jeu universelles des mécanismes identitaires et mimétiques qui commandent partout en Europe, comme partout ailleurs où s’étend l’Europe, la réduction d’une victime émissaire à la bouillie d’un corps lapidé. Ça partait d’une bonne intention. On voulait dire au fond que Bento avait bien fait de ne pas se laisser insulter par les goyes et de se donner lui-même son surnom, un surnom blanc et propre, avec un prénom de saint latin, pour qu’on le suspecte pas d’avoir de la merde sur la tête et de s’être pissé dessus. Pour montrer qu’on peut être juif sans être crasseux. Juif et blanc.

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FRANNY DELEUZE

Il est vrai que traiter ou non Bento comme un chien crevé fut pour les philosophes européens une vraie question, et, comme on le voit avec Hegel qui craignait d’être pris pour Spinoza, une réelle source d’angoisse, la pire chose qui puisse arriver à un philosophe épris d’absolu étant de finir dans le même caniveau qu’un juif : la crainte de l’informe, de n’aboutir à force d’unité qu’à une bouche ou un trou béant, un abîme obscur où sombrent toutes les différences, est toujours liée chez lui à la crainte confuse de sa propre souillure excrémentielle et de la dénonciation publique qui nécessairement s’ensuit. Accusé par les siens d’avoir dissous le monde dans l’indifférencié, le philosophe se sent aussi abject que celui qui marchant en ville la tête couverte d’immondices est offert sans secours à la vindicte haineuse du bourgeois. C’est pourquoi, il est si soucieux de sa notoriété. Il mesure la valeur de son œuvre au respect qu’on lui manifeste dans la rue. Qui veut entrer dans la carrière, bien qu’il ne puisse s’y présenter crasseux, y fait cependant en permanence l’expérience de sa possible et brusque chute dans la boue du caniveau. Car les philosophes ne sont pas plus disposés à céder le passage à ceux qui prétendent fouler leur voie que le sont les chrétiens à partager leur trottoir avec un juif. C’est une vieille histoire, qui charrie avec elle une distribution spécifique, méditerranéenne et gréco-latine, des rôles de l’ami et de l’ennemi, du pur et de l’impur, de l’origine et de l’existence, et de leurs rapports avec le corps et ses orifices, surtout la bouche et l’anus, et si proche le sexe, tous compris comme organes de mort et d’indifférenciation. Elle n’est d’aucune utilité pour comprendre l’hallucination américaine et schizo de Bento. Seul, peut-être, un philosophe épris de sa femme au point de lui donner le prénom d’un personnage de Salinger sait ce qu’est la schizophrénie. Comment ça se fabrique. Avoir un ami psychiatre ne suffit pas. Il faut une femme de roman américain : une Américaine. Pour savoir que la schizophrénie est américaine, qu’elle est une capacité hors du commun de vivre les mouvements gigantesques et déréglés qui réalisent à l’échelle de l’histoire universelle des passages monstrueux entre les continents et les races, les cultures et les sociétés, mêlant leurs destins et leurs concepts au point d’accomplir des transformations réelles, de créer des êtres inconnus qu’aucune des catégories par lesquelles l’Europe agence ses possibles ne peut plus expliquer. La Forêt tropicale humide hallucine alors au Brésil de Grands Seigneurs africains de quilombos, des guérisseurs d’âmes, psychiatres-souverains fantastiques d’authentiques Royaumes bantous, noirs et indigènes, qui inventent pour les parias juifs et tous les fuyards un jour descendus dans les mêmes caniveaux, de nouvelles terres d’exil enchantées. 9

Elle fabule des êtres de légende, aussi aberrants que Felipe Camarão, le Templier potiguara, le natif latinisé, élevé par les portugais à la dignité de commandeur de l’Ordre du Christ pour avoir à la tête d’une armée indigène chassé les armées bataves du Pernambouc. Placé en bordure des mouvements prodigieux qu’il a provoqué, à la fois attiré vers eux, entraîné par leur tourbillon imprévisible et désordonné, et placé en retrait d’eux, excepté d’eux, simultanément observant et affecté à leurs marges dans une curieuse station instable, en tension, simultanément dynamique et statique, le colon ne voit plus qu’en hallucinant de l’œil même de la Forêt : des géants, des êtres démesurés, exubérants, monumentaux, des Henrique Dias, des Ganga Zumba, des Zumbi. Ce point de vue est celui du brésilien, de tout brésilien, parce qu’il est et reste un colonisateur, un colonisateur permanent, toujours situé à cette même place, au bord de l’espace colonial, mata, sertões, chapadas ou veredas. De ce bord, il continue d’observer les mouvements anarchiques des groupes hétérogènes qui peuplent le Brésil et il en est toujours affecté : bandeirantes, chasseurs d’hommes et d’or, armées insurgées d’esclaves en fuite et troupes royales afro-indiennes, hordes vengeresses de paysans pauvres, jagunços et cangaceiros, armée illuminée des peuples rebelles de Canudos, gangs urbains des favelas. Aucune histoire nationale, aucun ordre institué du temps ne parviendra à dissocier et à organiser ces meutes d’hommes, qui, en plongeant dans un même bain de sang et de sperme les états sociaux et les ethnies, associent entre elles toutes les époques et parcourent l’espace colonial comme le seul lieu anachronique au monde, le lieu absolu où communiquent tous les temps humains. « Jagunço » ne désigne t-il pas d’abord une arme africaine ? Une même lance de bambou que celles qui valurent à Camarão et à Dias la victoire de Guararapes contre les néerlandais empêchés d’utiliser leurs armes à feu ? Le cinéma de Rocha le montre assez à qui voudra bien voir de l’œil de Glauber : le brésilien ne cesse d’halluciner, malgré tous les efforts des autorités religieuses et politiques pour en exposer les cadavres et dater la mort, les figures messianiques et royales qui cristallisent ces chassés-croisés aorgiques de soulèvement révolutionnaire et de fanatisme rétrograde, Antonio Conselheiro ou Lampiao. Des figures aussi violentes que celle du Bem-te-vi de Rocinha, Erismar Rodrigues Moreira, dont le règne criminel et populaire a encore à voir avec la gloire des bandits d’honneur du Sertão, qu’il fait renaître sur les collines de Rio où les guerriers de Canudos ont déplacé avec eux le Morro da Favela. Un nom d’oiseau pour un chef de gang ? Non. Puisqu’il s’agit déjà d’un surnom : un surnom partagé avec un oiseau. Une curieuse alliance avec l’animal, de même que la ville sans Etat accrochée à la colline noue une curieuse alliance avec le végétal, avec une plante bouteille du Sertão, toxique et médicinale : la favela. Mais pas n’importe quel oiseau : ce passereau omniprésent, d’une présence tellement insistante qu’il semble partout où l’on entend son chant, dans les rues d’Urca ou dans les veredas du Minas, s’agir toujours du même oiseau, d’un seul et même bem-te-vi, que le jagunço entend, si l’on en croit Guimarães Rosa, comme un « je t’ai vu, et bien vu ! » persécuteur qui l’accuse par avance des crimes qu’il n’a pas encore commis. Bem-te-vi de Rocinha, jeune roi de favela aux pistolets d’or, oiseau ubiquiste d’un jardin planté de fleurs qui existaient ailleurs à 10

une autre époque. Car les mouvements extravagants des peuples qui dansent à même l’espace colonial en dépit du bon ordre et du progrès, parce qu’ils déplacent avec eux des blocs entiers de territoires et défont toute correspondance comme toute violence raisonnables entre les ethnies et les classes, abolissent aussi les frontières de l’humain et du non-humain que les identités territoriales, culturelles et sociales, ont, en fin de compte, prioritairement pour vocation de protéger. Depuis des siècles, le colon resté à son premier quai ne cesse de regarder depuis le littoral toutes ces multiplicités furieuses de l’arrière-pays ou des pentes inconstructibles de Rio. La baie qu’il habite depuis des lustres demeure la baie de son débarquement où il se tient et où il ne cesse de se recréer. Qui n’a pas fait l’expérience de la découverte de l’Amérique, de son invention, ne peut le comprendre : il n’est pas vrai, ici, que le « là » (comme disent les Allemands) à partir duquel l’existence éclot et s’ouvre un monde n’est pas un endroit, un lieu natal où être là, précisément à cet endroit, revient à être submergé par l’existence. Cais : quand Elis Regina et Milton Nascimento inventent un quai et une mer, ce n’est pas pour prendre le large, pour fuir le pays, mais y revenir, revenir au littoral où l’esseulé, le mélancolique européen faible en existence et en monde se rattache aux meutes hétérogènes du Brésil. Le littoral est aussi bien bord de mer que bord de pays : si le Sertão deviendra un jour mer, océan Atlantique, et l’océan Sertão, ce sera grâce au littoral, au sortilège de cette bordure cosmogonique. N’importe qui, sur ce bord, peut être à bon droit accusé par le bem-te-vi de tous les crimes du Brésil. Qui croit encore (il s’en trouve !) que le carioca progressiste des beaux quartiers n’a pas directement à voir avec tous les assassinats perpétrés par tous les hommes de mains du Brésil depuis les premiers temps de la colonisation, comme avec tous ceux (les infâmes !), qu’ils projettent encore de commettre, n’a rien compris à l’affaire.

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DINA LEVI-STRAUSS

Aucun européen ne peut débarquer pour la première fois à Rio sans être exposé au danger d’un tel bien-être. Même Lévi-Strauss y échappe difficilement. Le futur académicien des quais de Seine, sur lesquels, depuis l’époque de la Nouvelle Hollande brésilienne, la France conserve précieusement ses espèces culturelles une fois qu’elle ont cessé de donner : artistes, moralistes, écrivains, architectes, hommes politiques, etc., – le jeune ethnographe parisien, venu au Brésil pour y collecter la matière première de ses livres, règles de mariage inédites, listes de noms claniques, etc., n’a, en effet, de prime abord, d’autre bord que le bord des paquebots de la Compagnie des Transports Maritimes qu’il s’empresse de regagner après avoir, pour la première fois, accosté le Nouveau Monde, à Rio de Janeiro, en laquelle il ne veut voir qu’une sorte de musée des formes démodées de l’urbanisme provincial ou faubourien français : Nice ou Biarritz à la fin du dix-neuvième siècle, Neuilly, SaintDenis ou Le Bourget au début du vingtième. Le rivage de Rio à Santos longé d’assez près pour pouvoir guetter sur les lignes de crêtes de la chaîne côtière la trace des pistes par où l’or arrivait du Minas, Ubatuba, Parati, Sao Sebastio, et les invraisemblables plages de Barra do Sai ou de Camburi au pied de la serra… rien n’y fait. Et pourtant, tout change en arrivant à Santos. Alors que le bateau rejoint le port, pénétrant lentement entre les îles verdoyantes, le savant français ressent enfin le premier choc des tropiques. Cette fois, plus de comparaisons possibles. Enveloppé par la copieuse végétation de la forêt peuplée de plantes mastodontes, on est rendu au primordial, au commencement de la création où tout est plus vert ou plus aigu que tout ce qui se laisse concevoir. S’en est fini des rapprochements, des analogies, des proportions, des classifications géographiques ou historiques, des différences de cycle ou de rythme : la forêt tropicale ne se compare plus qu’à une autre forêt tropicale, l’arrière-pays de Santos au bassin amazonien, le Brésil au Brésil. Et lorsque le savant tente malgré tout une comparaison avec ce qu’il appelle « notre forêt » en opposant les feuillages sombres et les troncs clairs des tropiques aux feuillages clairs et aux troncs sombres de chez nous, le beau chiasme est grevé d’évocations singulières, qui, suggérant de secrets passages entre les règnes, finissent par faire échouer la comparaison : les minéraux, dont on suivait tout à l’heure le trafic à la trace, qualifient à présent les nuances du végétal, qui parait être en jade ou en tourmaline, la clarté des troncs est celle d’ossements animaux, et les tiges sont découpées dans le métal. En inversant la distribution du clair et de l’obscur qui gouverne le rapport du feuillage et des troncs propre à l’Ancien Monde, la forêt tropicale opère plus qu’une simple permutation : elle change de 13

nature, devient minérale et animale. Et l’ethnographe, mué malgré lui en explorateur du Nouveau Monde, est bien forcé de l’admettre : elle est « d’un autre ordre que la nôtre ». Le choc a bien eu lieu : venu chercher des isomorphismes, le Français aura été mis brusquement en présence d’êtres inexplicables par le jeu des combinaisons et des transformations logiques. Mais il aura aussi puissamment résisté. Puissamment et symptomatiquement. Pour clore l’affaire, il conclut son récit : « comme dans les paysages exotiques d’Henri Rousseau, ses êtres atteignent à la dignité d’objets ». Et voilà. Voilà comment, une fois retourné dans son arrondissement parisien, on peut s’en sortir, et justifier de n’avoir pas donné suite à l’expérience troublante des êtres inconnus de la Forêt, qui, pris dans des transformations réelles, semblent bien attester une communication illogique entre l’animal, le végétal et le minéral. Citer le Douanier Rousseau, c’est avouer que le tableau n’était pas complet, que la Forêt abritait encore une scène absente du récit, car presque toutes les « jungles », du Douanier, restituant aux animaux encagés au jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne la puissance magique de leur vie sauvage, sont en réalité des scènes rituelles de combat et de dévoration. Le mythe contre le rite, la structure contre ce moment d’indiscernabilité que crée le combat à mort de l’homme noir avec le jaguar indien – une figure centrale de la sculpture populaire du Minas Gerais, qui dit le pouvoir mystérieux de l’habitante redoutée de la forêt, la détentrice du pouvoir chamanique de transformer les espèces les unes dans les autres et de faire varier en intensité les humanités, d’initier l’homme logique à d’autres humanités, non signifiantes : la onça, panthère tachetée dont la morsure atteint directement au cerveau. Que nenni. La forêt tropicale est pour le Français, qui la traverse en auto, un monde d’objets, une nature inhabitée, et si elle est pour lui d’un « autre ordre » que notre forêt, fruit du labeur soigneux des hommes signifiants, ceux-là mêmes qui vous ressortent à tout bout de champ la panacée du soin, c’est parce qu’elle existe sans nous, que le combat d’un brésilien noir avec une panthère, à travers lequel un peintre parisien peut communiquer avec tout un peuple, n’est qu’une illusion, qu’il faut gommer du tableau : la minéralité de la forêt tropicale, sa dureté métallique, sa persévérance osseuse, sont celles d’une nature sans homme, habitée d’aucune humanité, ni celle des hommes, ni celles des plantes et des bêtes auxquelles le rite introduit les hommes, une nature en soi. Présupposé incontournable, croit-on, de toute science. En tous cas, la même chose que ce qu’aujourd’hui un philosophe cartésien, enfermé dans son poêle à l’angle de la rue d’Ulm et de la rue Gay Lussac, assis sur une banquette de bistrot parisien, peut se représenter en soustrayant du « monde pour nous », où il vit entouré de soins, tout le soin qu’on lui apporte : un monde ancestral purement objectif, datable en milliards d’années, antérieur à l’apparition de l’espèce humaine, c’est-à-dire, comme il l’entend : antérieur à l’apparition de la sensibilité – comme s’il n’y avait de sensibilité que celle de l’espèce humaine savante, et surtout comme si l’humanité était d’une seule espèce. Un curieux réalisme : sans expérience et sans magie, qui ruine par avance toute rencontre et toute transcendance, et qui, à vrai dire, partageant avec les idéalismes les plus absolus l’illusion d’avoir triomphé de la finitude, c’est-à-dire de la vie et de la mort effectives, d’avoir triomphé du jaguar et 14

de la négritude, de la mort qui vous étreint et vous bouffe, est bien caractéristique de cette tristesse mélancolique du métaphysicien européen, qui, incapable de soutenir le choc, le heurt de la sensation, de la manifestation qui convoque à l’existence en même temps qu’elle anéantit, fait tout ce qu’il peut pour éviter d’avoir à le subir. Souvenir d’un ami hégélien attablé face à moi dans un café, comblé par le parfum d’un paquet de Marlboro à peine ouvert, dont il ne fumera aucune cigarette, ivre de me voir boire un verre du vin auquel il ne touchera pas. Le réaliste, comme l’idéaliste, ne fume ni ne boit vraiment. Que le premier choc des tropiques soit pour le grand amérindianiste français celui d’une nature inhabitée, sans homme et sans prédateur, c’est à peine croyable. Il faut n’avoir jamais mis le pied sur la terre du Nouveau Monde pour l’appréhender d’abord sous les auspices de l’ancestralité présubjective, de l’objectivité nue. Une pure spéculation. Un réalisme purement spéculatif, de bistrot parisien. Après Santos et la Forêt, Lévi-Strauss arrive à São Paulo, où il fréquente une autre flore exotique, celle du gran fino, l’élite intellectuelle et politique de la ville. Une flore heureusement mimétique, composée d’individus, qui, comme les Congolais d’Hergé, se parent chacun des attributs d’une fonction (d’un dieu ?) de la société européenne : le libéral, le communiste, le poète surréaliste, le peintre, le musicologue… Une autre manière de confesser la négritude bantoue des blancs brésiliens, insupportable au savant et dont s’exceptent seuls, à ses yeux, quelques réussites individuelles, cariocas de naissance ou de carrière : les médecins Oswaldo Cruz et Carlos Chagas, l’écrivain Euclides da Cunha et le musicien Heitor Villa-Lobos, qui puisent pourtant tous deux leur inspiration à même la transe guerrière et musicale du Nordeste : cantiques du candomblé, rythmes languissants et aguerris de la copoeira, foules de folioes entraînées par des groupes yoruba semeurs de débauche et de désordre public, et plus tard, violents blocos de indios, interdits et ressuscités par les Fils de Gandhi, Inde africaine subvertissant l’invention coloniale d’une Afrique indienne occidentale, Olodum, quilombo rythmique, polkas et mazurkas associées aux rythmes nordestins, xaxado, baiao, côco, des frevo pernamboucains, processions virginales de la Saint-Jean, bandas de pifano mimant la danse du jaguar, joueurs d’accordéon du forrô… une terre aride, un fin fond du monde, vous en conviendrez, pas mal peuplé, exactement « peuplé », comme est peuplé le désert ni tragique ni inhabité du rêve de Franny Deleuze, qui n’est désert « que par sa couleur, ocre, et sa lumière chaude et sans ombre », en aucun cas par l’absence de toute humanité – animalité. Pas un désert par soustraction des hommes, identique à un pur monde d’objets, seule notion du désert accessible depuis un poêle en pays froid. Mais un désert grouillant de foules multiples et turbulentes. Pas les foules de Calcutta, auxquelles Lévi-Strauss, curieusement, consacre un chapitre dans Tristes Tropiques, foules de mendiants dégradés baignant dans leurs immondices – toujours ce dégoût fasciné de l’excrément –, mais ces meutes joyeuses et prédatrices, espinospinoziennes, luso-indo-africaines, parées de balangandas, de plumes et de colliers en dents d’animaux, coiffées de turbans orientaux : les foules anthropophages, ethniquement, musicalement anthropophages du carnaval nordestin, contre lesquelles viennent brutalement et inexplicablement échouer la logique, la morale et 15

la religion européennes. Le voyage est bien intensif. Il ne suffit pas de parcourir le bled, en voiture, à dos d’âne ou à pied, pour y accéder. D’abord parce qu’il ne se traverse pas, n’est réellement accessible qu’à partir de la périphérie, du bord mobile, affecté par les émotions permanentes des groupes, bandes ou blocos. Et jamais l’objet d’une conquête intérieure. Ensuite, parce qu’il suffit, au cas où l’on serait trop français, d’une façon ou d’une autre trop sédentaire, tout bonnement de s’en remettre à sa femme, si elle est américaniste et une bonne rêveuse schizo. Mais Lévi-Strauss, sa femme américaniste, sa Franny à lui, sa Dinamene, il l’efface de son récit, comme il efface de la forêt tropicale la scène primitive de la dévoration. Dina Dreyfus, pourtant du voyage, avec lui à São Paulo, à ses côtés chez les indiens Bororo et Nambikwara. Dina, la femme disparue de Saudades do Brasil, visible sur aucun cliché, auteur d’aucun cliché. D’ailleurs, pour confondre la saudade avec le sentiment d’un manque inexplicable, avec la nostalgie attristée d’un temps révolu, et pour confondre la présence excessive des êtres tropicaux avec celle des objets, il faut bien qu’une femme disparaisse – en 1938 comme après. Il le faut, pour ignorer ce que seule une femme ne peut manquer de faire comprendre : que saudade se dit précisément de la présence excessive, actuelle, de ceux avec qui on est, là, maintenant, bien, heureux, bienheureux d’être avec eux, et séparé d’eux, tellement inaccessibles. Pour ignorer que saudade désigne très exactement le sentiment, proprement américain, de bonheur violent presque vertigineux qui accompagne la station de la rêveuse schizo en bordure de foule. Cela, Dina aurait pu le faire savoir à Claude. Elle qui fréquentait Mario de Andrade, l’auteur de Macunaima, le roman de l’anthropophagie afro-indigène fondatrice du modernisme brésilien. Dina, qui créa avec Mario la première société d’ethnologie du Brésil, et par qui Claude rencontra l’homme de Bois Brésil – l’autre grande figure du modernisme, indissociable de celle de Mario, d’où allait bientôt naître le tropicalisme, le cinéma Novo et l’anthropologie brésilienne post-lévi-straussienne : Oswald de Andrade. Rhizome complexe des Métaphysiques cannibales d’Eduardo Viveiros de Castro, alliances théoriques aberrantes, indigènes et euro-américaines, et tout en bas de la grande feuille où il esquisse le rhizome, entouré au feutre noir, clairement mis à part de tous ces noms de fabricants de concepts, chacun plus ou moins excentrique, les Gilles, Félix, Claude, Bruno, Roy, etc. : le nom d’Oswald – nom du Rhizome d’Eduardo. Or, ce que disait Oswald de la découverte du Brésil, du premier choc des tropiques, c’est qu’« avant que les Portugais ne découvrent le Brésil, le Brésil avait découvert le bonheur ». La plus incompréhensible des choses pour qui ne parvient à penser l’antériorité absolue que par soustraction de tout ce qui est, d’une femme, d’un Noir luttant avec un jaguar, ou bien, comme Descartes, de tout ce qu’il a reçu jusqu’à présent des sens pour le plus vrai et assuré : qu’il est ici, assis auprès du feu, vêtu d’une robe de chambre, ayant ce papier entre les mains, etc. Incapable de concevoir tout ce qui a bien pu exister avant qu’il ne le découvre, le voit, le pense et le veuille, autrement que comme une existence primitive et cette existence primitive comme un monde impersonnel, invraisemblablement pauvre, insensible et cristallisé en purs objets, mesurables et datables. Une réserve de matières premières. Mais, avant que l’Ancien Monde n’y importe par caravelles 16

entières la conscience en boîte, soustrayable et transportable, le Nouveau Monde était déjà une invention tout à fait inédite. Non pas un bonheur primitif qui aurait tenu, comme le paradis semi-sauvage, néolithique, de Jean-Jacques Rousseau, à la rareté des hommes isolés sur une île perdue entre nature et culture, fragile instant de bonheur sur la voie du malheur. Pas un bonheur, mais des bonheurs : le bonheur d’un monde de personnes, uniquement fait de personnes, d’humanités multiples, végétales, animales et minérales, une nativité, une primitivité intégralement humaines, saturées de plantes, d’oiseaux, d’arbres et de rivières, de pierres et de chasseurs-pécheurs, toutes et tous humains, comme dans les récits indiens des origines : plus ou moins transformés, mais également hommes. Une société-monde, « mappemonde » dit Oswald, où sont cartographiées les lignes d’erres par lesquelles l’humanité se transforme et se recrée en passant d’une espèce à une autre. Non pas un bonheur relatif à un mieux ou un pire, mais très précisément cette béatitude simplement vécue à laquelle doit encore s’efforcer, autant qu’il le peut, l’homme non-transformé des régions tempérées, là où Bento de Espinosa, le pernamboucain d’Amsterdam, en introduit l’idée : l’idée tupi d’un soleil féminin, d’une unité féminine, d’une déesse aimante, Guaraci ou la Substance absolument infinie, d’où chacun naît à proportion de son aptitude à aimer toutes choses, quel que soit son rang dans l’échelle spéculative des êtres, comme autant de personnes uniques, d’essences inimitables, et à s’aimer, à jouir de soi-même à travers cette altération insatiable et joyeuse de soi par tout ce qui n’est pas sien. Décidemment, cela, seule une femme peut le savoir. Ou un homme qui se veut femme. Pas étonnant que Deleuze, fidèle à Franny, hallucine Spinoza en Héliogabale ressuscité. L’Héliogabale d’Artaud, l’anarchiste couronné, le roi solaire habillé en femme. Pour comprendre à ce point ce qu’implique et exclut le règne de Guaraci, et le proposer comme une nouvelle éthique aux hommes de méridien, il faut bien, d’une façon ou d’une autre, communiquer avec une telle royauté. Mais, venu participer à la fondation de l’Université de Sao Paulo, Lévi-Strauss est un colon français foncièrement catéchétique, un missionnaire socialiste sensible avant toutes choses aux progrès de la médecine tropicale et de l’éducation intellectuelle des enfants. Un homme de discipline. De ce que le Brésil a découvert avant que les portugais découvrent le Brésil, et que découvre à son tour le portugais en devenant brésilien, il ignore ou feint d’ignorer tout. Pour Oswald : un communisme et un surréalisme immédiatement palpables, à même la vie, préformés dans aucune idée, ni importés ni exportables, contre lesquels l’idée communiste et l’idée surréaliste, parce qu’elles sont des idées, viennent se fracasser. Un communisme et un surréalisme non spéculatifs, éminemment affectifs, puisque, pour Oswald, les brésiliens n’eurent jamais la spéculation, cet art latin du contrôle, de regarder de haut et d’espionner. Un communisme ni urbain ni suburbain, ni frontalier ni continental, sans Internationale et pourtant planétaire, identique à Pindorama, la société-monde-planète Brésil, à même laquelle s’inscrivent les roteiros, trajets migratoires chaotiques et scénarios populaires du Sertão, cordels nordestins, et un surréalisme polyglotte et illettrée. Un communisme et un surréalisme divinatoires, un monde de visões hallucinantes, au pied desquelles les idées objectivées de la 17

science européenne franco-batave tombent cadavérisées, et se volatilisent les hypothèses où se complaisent les maîtres allemands : moi-cosmos ou cosmos-moi, Moi est tout ou Tout est moi, Moi-Tout ou Tout-Moi, Tout-Tout ou Moi-Moi, Mou-Toi-Toi ou Toi-Mou-Tou, Moi-Tou-Tou ou Toi-Moi-Tou. Et autres foutaises. Le poète surréaliste de carnaval, la fonction « poète surréaliste » du gran fino pauliste, dont parle Claude dans Tristes tropiques, est-ce bien Oswald de Andrade ? L’innommable Oswald qui débauchait ses jeunes étudiantes, et en compagnie duquel il poussa jusqu’aux grandes eaux d’Iguaçu ? Qui d’autre ? Biensûr qu’il s’agit du grand Oswald !... et non d’un quelconque bourgeois pauliste infatué d’avant-gardes parigotes. Il est vrai qu’Oswald invente le Brésil, au début des années 20, Place Clichy, et doit plus à l’amitié d’un poète suisse qu’à la fréquentation des tupis. Oswald de Andrade, une espèce des régions tempérées transplantée en milieu tropical, sous la forme d’un échantillon unique, artificiellement entretenu, et exposé aux yeux des visiteurs comme une nouveauté parisienne à la vitrine d’une boutique de Province ? Comment un Français sérieusement français, c’est-à-dire sérieusement au fait de sa langue, ou, ce qui revient au même, un Français qui a été en 32 un lecteur enthousiaste de Céline, peut-il feindre trois ans plus tard, arrivé au Brésil, d’ignorer ce dont est capable la Place Clichy, ce qu’elle peut en matière de fuite et de Voyage… et de dénonciation de l’imbécilité coloniale ? La grande fuite, le plus loin possible, jusqu’au cul du monde, à travers de vastes espaces géographiques et historiques par-delà les océans et les continents, et, simultanément, le repli dans les profondeurs intimes et sinueuses, encore inexplorées, de la langue et de la pensée de son propre peuple. Jamais l’une sans l’autre. Pour ne voir en Oswald qu’un surréaliste de Mardi gras, comme les historiens antiques n’ont vu en Héliogabale qu’un idiot habillé en roi, il faut ne pas prendre l’exacte mesure du « Nous, nous avons fait Carnaval » d’Oswald, le Carnaval que les caravelles portugaises n’ont pas pu importer, car, comme le communisme ou le surréalisme, comme le Christ, né à Bahia ou Belém du Para, il était déjà là, déjà fait par le Brésil avant même que le Brésil soit découvert. « Nous, nous avons fait Carnaval. L’indien habillé en sénateur d’Empire. Singeur de Pitt ». La voilà l’image persistante, l’image de carnaval d’autant plus vive que faiblit l’attention, l’image concrétiste-anti-spéculative par excellence, l’image antidote contre les idées qui veulent tout gouverner et condamnent à mort tous ceux qui ne savent s’y soumettre, et aussi l’hallucination de Bento d’Amsterdam : « l’Indien habillé en sénateur d’Empire », Felipe Camarão. Mais aussi Virgulino Ferreira da Silva, le roi du Cangaço, habillé de cuir ouvré et clouté, orné de pièces de monnaie et de caractères hébraïques, dont Claude aurait pu fort bien admirer la coiffe royale exposée à l’incrédulité publique à côté de sa tête tranchée en juillet 1938 à Santana de Ipanema. Car, peu importe les mélanines du roi : blanc, noir, cuivré ou marron de peau, il est toujours un Indien. Cela tient à cette curieuse antériorité du Carnaval, du brésilien et de son déguisement, à la découverte du Brésil. Bento-le-portugais, pour lequel il est indifférent de parler d’un « Brésilien noir et crasseux » ou d’un « Ethiopien », le sait fort bien : parti du Portugal pour chercher aux Indes le royaume mythique du Prêtre Jean, Terre chrétienne primitive 18

irriguée par un fleuve de pierres précieuses abondant directement du Paradis, c’est à un Empereur africain, le Niguse negest d’Ethiopie, héritier des rois d’Aksoum, dépositaire d’un christianisme littéralement aborigène, pré-romain, que Pêro da Covilha, remet à la fin du quinzième siècle une proposition d’alliance écrite de la main du roi du Portugal. Brésilien ou Ethiopien, indigène ou africain, Felipe Camarão ou Henrique Dias, peu importe, c’est la même royauté Indienne, de ces Indes que les Portugais découvrent en cherchant l’Inde, la même figure indatable d’une royauté aborigène en costume d’Empereur, par quoi quelque chose circule entre le romain, le gréco-méditerranéen, et l’indien, et passant entre eux et sous eux, les défait et les dénature, pour faire autre chose, qui ne résulte pas d’eux, n’est ni leur contradiction exposée, ni leur synthèse ou leur unité syncrétique, mais quelque chose d’antérieur à eux deux, déjà fait avant qu’ils ne se scindent : non pas leur unité naturelle primitive – encore une idée hantée par l’angoisse de la dégénérescence si caractéristique de la psyché mélancolique –, mais leur unité première fabriquée, entièrement fabriquée, de toutes pièces fabriquée. C’est cela faire Carnaval. C’est coudre le Primitif en cousant un habit d’Empereur sur une peau Indienne. Et c’est cela l’antériorité du Carnaval à la découverte du Brésil : l’antériorité de cette couture, de cette fabrication. Rien de plus stupéfiant, de plus renversant, pour un méditerranéen, un gréco-latin pourtant habitué à fabriquer des systèmes d’idées sur la seule émotion dont il est peut-être encore capable : la surprise de l’impossible. Car l’invention brésilienne n’est pas du tout faite pour lui : la perplexité panique qui le frappe le laisse définitivement sur le carreau, logiquement impuissant, découragé de sortir la moindre idée de son bagage transatlantique comme de tenter d’en former de nouvelles. Débarquer sur la côte du Nouveau Monde, à condition de vraiment débarquer, de changer de bord, c’est découvrir cette invention, en être frappé, tétanisé de bonheur. Mais la découvrir, c’est la devenir. C’est basculer dans cette invraisemblable antériorité. Arriver comme on revient. Going nativ. Car la déglutition de l’évêque Sardinha par les Caeté, c’est déjà Oswald de Andrade. La catastrophe coloniale, ce qu’est en vérité le choc des tropiques, n’a pas été pour le portugais de se faire manger par l’Indien, mais de devenir lui-même dévoreur de Portugais, de Néerlandais, de Français, d’Italiens, de Polonais, de Japonais, d’Ukrainiens, de tous les fugitifs d’une civilisation que le Brésil ne cesse de manger – et aussi d’Indiens. D’avoir été invité au boucanage tupi et de s’y être trouvé bien, et friand de chair étrangère savamment fumée, au point d’avoir fini par donner au boucan indigène l’ampleur sonore et festive d’un Carnaval. Il se trouvera bien-sûr toujours des fugitifs incapables de fuir jusque là, des moralistes incapables de comprendre que de l’Embaxaida Africana de Salvador, la Rome noire, au Bachianas brasileiras d’Heitor, des Putaria du Baile funk au Funk melodico de Caetano Veloso, c’est le même principe anthropophagique qui prévaut : la même barbarie, violente ou douce, indécente ou tendre, plus ou moins intellectualisée, mais toujours exclusivement affective, la même faim, sexuelle et anthropophage – puisque le Brésil, ayant aussi dévoré Freud, en avait également fini avec le drame moral bourgeois de la frustration et de la sublimation et se délectait sans complexe de l’acte sexuel comme un jaguar du sang frais de sa proie. Heitor 19

Villa-Lobos : Bach mangé par le Nordeste. Caetano Veloso, le tropicaliste : le cinéma de Godard, la sociologie de Morin et même l’anthropologie de Lévi-Strauss, mangés par le Reconcavo bahianais. Aucun jeu d’influence, aucun rapport de filiation. Rien qui ait à voir, de près ou de loin, avec cette sacro-sainte reconnaissance, dont sont tellement en déficit les européens et à travers laquelle ils interprètent toutes les aliénations, toutes les pauvretés et tous les manques qu’ils ont réussi à creuser dans leur existence comme dans celle des autres. Ou plutôt, seulement cette reconnaissance paradoxale, dont Bergson a parlé sous le nom de fausse reconnaissance, mais qui n’a rien de faux : l’impression de déjà vécu due au fléchissement momentané de notre attention à ce que la vie exige normalement pour la conservation de notre espèce, en tant qu’espèce séparée du reste du monde des vivants. En substance : soumettre le monde à notre industrie et prendre part à l’impitoyable massacre de tout ce qui n’est pas nous. Une brève inattention qui détache de notre perception actuelle son double fantastique sous l’aspect d’une image résistante, sans rapport avec ce dont la mémoire est capable en matière de souvenir, d’une image indatable du présent par quoi il semble avoir toujours été là : parce qu’il a toujours été là. La plus neuve, la plus surprenante des visions étant ainsi proprement re-connue, et d’autant plus reconnue qu’elle ne ressemble à rien de reconnaissable. Ce monde de visions primitives et intemporelles dans lequel vivent les enfants et les aventuriers pour être tant exposés à voir des choses auparavant jamais vues d’eux. De même l’antériorité du Brésil. Arriver comme on revient : le Nouveau Monde à ce point nouveau qu’il surgit de l’océan comme un déjà vu – comme un monde dont on s’était éloigné et que l’on retrouve après des siècles d’absence. La fuite coloniale de l’Occident vers une terra incognita répétant à rebours la fuite, très ancienne, pour le coup vraiment ancestrale, des premiers hommes, aborigènes épuisés par le bruit incessant de la Forêt-monde, où, sans parler des animaux, prolifère et fermente une végétation emphatique, le moindre arbre, peuplé d’épiphytes essaimés par d’autres espèces, déployant à profusion, une foule de branches et de tiges, de feuilles, de fleurs et de fruits, de formes et de couleurs enchevêtrées qui sont autant de présences humaines. Fuite de ces ancêtres indigènes qui quittèrent le monde, perdirent le monde pour gagner sur l’autre rive de l’Océan une Terre vierge de toute humanité. Fuyant la forêt où l’on ne pénètre jamais qu’en file, selon un ordre contingent, mais qu’il faut impérativement reproduire au retour, et revenant par bateaux entiers, dans le plus total désordre, de plus en plus nombreux, mais sans réussir à dominer par le nombre l’immensité du sertão-monde. Bref : plus que jamais aborigène, déjà aborigène, le portugais, latinisé, comme tous les fugitifs à venir de l’Ancien Monde, était déjà là où il pose le pied pour la première fois, sur ce quai, cette bordure mobile du monde-peuple où il accoste. Son attention s’y effondre durablement, et tout ce qu’il emporte avec lui, à toutes les époques, de philosophie, de musique, de science, françaises, allemandes, bataves, juives, catholiques ou protestantes, occidentales, orientales ou africaines, tout cela, Jésus, Négus, Prêtre Jean, était déjà là, et aussi tous les personnages de la Thèse d’Oswald, refusée par l’Université de São Paulo dûment francisée, tous les noms de l’Histoire (dans l’ordo ordinans) : Homère, Kojève, Kelsen, Engels, Frazer, 20

les prêtres insomniaques du lac de Nemi, Paul, Pierre et les Pères Martyrs, Constantin, Attila et Genseric, François d’Assise, Savonarole, le moine Martin Luther, Aristote, Lazare, Matthieu, Marc et Luc, Paracelse, l’Homo Sapiens, l’homme-oiseau, tous les êtres du funambulesque Royaume Macaque et Macaque Saru, leur chef, d’où descendent les japonais par croisement avec une princesse chinoise, Cicéron, Fustel de Coulange, Virgile, Tucidide, Solon, César, Zarathoustra, Michel-Ange, Bachofen. Tous déjà là comme l’étaient Bach, Godard, Morin et Lévi-Strauss, mêmes aborigènes partis nus et retournant en Amérique vêtus d’habits latins. Et leur existence à tous tient en réalité à leur présence indatable dans leur double brésilien. Heitor n’a jamais été influencé par Bach, pas plus que par les musiques du Nordeste, où il disparut pendant huit ans, rayé du monde vierge des institutions culturelles : Jean-Sébastien Bach et les Mères des saints du Candomblé ont toujours été au Brésil, dès le premier quai ; ils y sont nés, et y renaissent à chaque fois qu’un fugitif se fait dévorer par un Indien et qu’un Indien s’habille en costume d’Empereur.

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HELIOGABALE

Bien-sûr qu’il ne l’avait jamais vu auparavant, Bento, son Brésilien rastafari, noir et crasseux, son Negusa Nagast pernamboucain. Qui a jamais vu ça ? Une armée noire indo-orientale, équipée d’armes de jet, chassant des Indes occidentales les maîtres de l’anomalie néerlandaise à la pointe du progrès commercial, politique et militaire. Pointes contre pointe. L’anomalie américaine contre l’anomalie européenne – à vrai dire plutôt contre ce que l’homme vêtu d’Oswald, l’homo habitus européen, peut comprendre comme anomalie sur la seule foi de son messianisme chronique qui lui interdit de penser l’anomal autrement que comme une vague préfiguration de ce qui ne viendra jamais. Un orignal invisible, infléchable. Et biensûr qu’il s’agit d’un double. Mais pas celui qu’on croit : le double du conte hoffmannien-freudien de l’angoisse de castration ou le double dostoïevskien, Goliadkine le jeune versus Goliadkine l’aîné, les doubles de Pays Froids, où il est encore question du papa et du fils. Ça c’est l’histoire de Peter, l’hallucination auditive. La filiation et la reproduction héréditaire, la communication entre humains d’une même espèce, s’aimant et se conservant autant que possible dans le même état, sans transformations, sans passages funambulesques vers des peuples d’oiseaux, de poissons, de Buriti et mêmes d’eaux : Preto, Verde, Pacari, Ponte, São Pedro et Santa Catarina – bref sans faire peuple. L’enfant de papa. Patriarcat dont la forme est papa-maman et l’enfant, jiji-cricri agonisant dans l’essence triangulaire du Père. Non. L’histoire de Bento, l’hallucination visuelle, l’identité stricte, féminine, de la vue et du vu, comme seule peut la comprendre, encore et toujours, une femme, Clarice Lispector, ou un homme habillé en femme, l’histoire de Bento, du premier Bento brésilien, avant Bento Prado Jr et Bento Nunes, lecteurs de Clarice et d’Oswald, cette histoire est bien américaine et indienne. Ce qui arrive quand, au Mexique ou au Brésil, papa-maman n’encule plus le pédéraste inné : le môme Artaud, « suie du cu de la grand-maman, beaucoup plus que du père-mère », ou Héliogabale, fils de son oncle, et surtout, et, tout compte fait, exclusivement de toutes les Julia, toutes primo-génitrices, Julia Domna, Moesa, Soemia et Mamoea, mères, tantes et sœurs, qui, brouillant définitivement la filiation, le périple imbécile papa-maman et l’enfant où s’enferre l’engendrement, font naître ensemble le roi pédéraste dans un berceau de sperme. Le Matriarcat barbare substituant ainsi par avance aux histoires de famille, à la partouze œdipo-chrétienne, les symbioses et les connexions transversales entre hétérogènes, Julia, Domna et les autres ayant partie liée avec tout ça : la terre qui vit en Syrie où il y a des pierres qui vivent et où le sang de l’homme, par des canaux rituels, rejoint le plasma des animaux. Une anarchie 23

dont la logique propre déjà inapplicable au monde romain affole le savant européen, qui, comme Claude, d’un pays à l’autre, ne sait voir que des similitudes, ne sait d’un pays à l’autre que parcourir le même Empire romain, logiquement romain. Un ordre métaphysique barbare qui fait communiquer partout et de tout temps l’aborigène syrien avec l’aborigène Indien, marranes et marrons, le schizo, le philosophe et l’Empereur, tous en prise avec le latin. Bento de Espinosa et Benedictus Spinoza, Héliogabal et Marcus Aurelius Antoninus, Potiguaçu et Camarão : tous ceux qui ont un double nom. Un premier nom comme peuple non latin. Et donc comme une multiplicité de peuples, trente peuples d’orient ou d’occident, de péninsule ou de bassin, de rivages ou de plateaux, tournant dans une incessante transe migratoire autour de chaque premier nom – car le premier nom, qu’il soit ibérique, syrien ou potiguara, n’est jamais le nom d’une personne mais bien de toutes les personnes. Un deuxième nom, latin, comme personnage unique de l’Histoire Universelle – son deuxième nom n’étant pas plus le sien, mais en un autre sens. Une double dé-personnalité sous l’effet conjoint de la multiplication diastolique du premier nom et du resserrement systolique du second. Indien en costume d’Empereur : à la fois entraîné hors de soi, loin de soi, par la foule des peuples en mouvement sur la surface de la Terre, et en retrait sur le bord de la foule. Les deux, ensemble. Toujours la même station schizo-américaine de Carnaval. L’hallucination de Bento, image du double ? Oui. Mais pas le petit double misérable et méchant, vous savez, celui qui redouble la petite personne d’un chacun, niché dans tous les coins obscurs des chambres d’enfants œdipiens, entre les cuisses de leurs mères, dans le mauvais œil du Père et jusque dans les miroirs de la maison. L’hallucination de Bento : image du Grand Double, le Duplice, qui n’a rien à voir avec ce qu’on s’imagine ou pas de soi au regard de l’Autre, un moi fuyant en extension le long des lignes de migration, à travers le règne des espèces, et aussi : concentré en un point d’exception royale, au-dessus de tous les vivants. D’autant plus exceptionnel qu’il fuit avec la foule, d’autant plus foule qu’il se distingue entre tous. Voilà cet autre lui-même que voit Bento au pied de son lit. Sa propre duplicité. Spinoza als Spinoza, disent les Allemands. Bento faisant son Spinoza. Du grand théâtre ! Quoi ? Spinoza, un roi pédéraste habillé en femme, un Empereur de Carnaval ? Un brésilien noir et crasseux seulement d’en avoir fini avec le vagin de maman et la fente des prostituées pour naître directement du cu de la Grand-Mère, « suie » du cu de la Substance-Nature ? Voyons ? Et le nouveau cogito espinosien : cogito ego-suie. Une lubie ? Pas du tout. Rien de plus sérieux. Une affaire de sperme, de sang et de merde. Sans dégoût. Afro-polonais brésilien, le concrétiste Leminski ne connaît pas le dégoût, ne confond pas comme vous un trou avec l’absence de Dieu, car rien n’est meilleur qu’une bela cagada, une belle chiasse, un bel épandage de merde, et aucune merde n’est comparable à celle de l’Aimée… le véritable or du Brésil. Une nativité non-chrétienne par le cu, genèse annale du pédéraste par le féminin, sans tout compliquer avec des histoires de charpentier cocufié par un ange. Né comme Héliogabale dans un berceau de spermes ibériques, juifs et arabes, Bento entre, sous le nom de Benedictus, comme Héliogabale, dans l’Empire Romain, « par le derrière ». Pratiquant comme lui une 24

insurrection systématique, more geometrico – c’est là que ça se fait par le derrière –, contre le partage du romain et du barbare, de l’ordre et de l’anarchie, de la consonance et de l’aberration, et, comme lui, transformant la dépense barbare sans réserve et le plus absolu désordre, en expérience de la plus parfaite et la plus joyeuse unité. Et inversement. Sans vouloir vous vexer, il est vrai que vous aurez du mal à comprendre ça, vous qui vous prenez pour des grecs et marchez au pas de l’oie vers le salut spirituel de l’Occident en maugréant sur la pauvreté en monde des animaux. Il faut être un peu sorcier, un peu chaman, pour savoir ça, que Spinoza est américain, éthiopien et donc syrien, que sa pensée comme celle des mille plateaux a avoir avec la pensée indigène. Le voyage est intensif. Certes. Mais, il a bien lieu aussi. Pour de vrai. Et si Lévi-Strauss n’a jamais vraiment débarqué dans la baie de Guanabara où le Corcovado et le Pic du Pain de Sucre lui paraissent, comme le chante Caetano, des chicots perdus aux quatre coins d’une bouche édentée, Deleuze aura débarqué pour de bon dans le rêve de Franny, sur la terre ocre et chaude de son rêve, dans la baie désertique du plateau gallo-romain de Millevaches, espace vide, melo vacua, Hautes Terres, Sertão limousin, véritable mer de collines, moutonnante, accomplissant déjà, ailleurs et là même où elle doit toujours s’accomplir, dans le même lieu, la prophétie, qui vaut pour tous les sertões, de devenir mers, et pour toutes les mers, en abordant leur côte, de devenir sertão, cernée de troupeaux de blocs granitiques, serra de vaches occitanes figées dans la pierre, et aussi, et surtout, planalto celtique où mille eaux prennent leur source, affluant dans la Dordogne, en direction de l’Atlantique coloniale et négrière, et dans la Loire, fleuve royal. Mer et baie-monde-chapada, où mille peuples et civilisations ne cessent de se brasser, et où Gilles se sent bien, loin en amont des estuaires et des vallées où le pouvoir blanc boutique ses machines molarisantes. Un Brésil intérieur à la France. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’un plateau n’est pas une baie, l’arrière pays une mer. Comment voulez-vous sans cela accoster un pays ? Toujours ce ton moralisant des boutiqueurs de privilèges, marchands de sucre et d’esclaves. A Rio, comme en Limousin, c’est la même bouche dentée des mêmes blocs de granite irréguliers, des mêmes pics cristallins, qui vous dévore. Et puis sait-on ce qu’est la pierre ? Ce que la pierre fait aux hommes ? Encore un savoir pernamboucain. Eduqué « par la pierre », comme dit Joao Cabral de Melo Neto, c’est-à-dire par leçons, pour en apprendre la diction impersonnelle, non emphatique, en allant du dehors au-dedans, pour bien vous rentrer ça dans la tête, à coup de dictées, de récitations morales, de poétique et d’orthodontie, l’académicien français, l’enfant de la Communale, n’aime pas les bouches édentées. Il leur préfère sans doute les dentitions régulières et complètes propres à la phonation scientifique. Mais dans le Sertão, dans la baie-plateau brésilienne, c’est une autre éducation par la pierre qui a cours. Du dedans au dehors et pré-scolaire. Là, la pierre ne sait pas enseigner, faire des leçons, et n’apprendrait rien si elle se risquait à enseigner. Là, la pierre est de naissance, au-dedans, le noyau ou l’amande de cet arbre pétrifié qu’est le sertanejo. Et cela même jusqu’à Guanabara, où c’est un bossu et deux frères, et, à Gavea, un roi de Tyr, qui, pour de vrai, accueillent Claude à Rio. Et puisque cela ne s’enseigne pas, ne s’explique pas, voyez donc les dents 25

gâtées par la faim et le sucre des enfants nordestins et comment Glauber les exhibe fièrement dans sa propre mâchoire. Car du dedans au dehors, c’est seulement en pierre que peut s’exprimer l’homme du Sertão, en idiome pierre, en mots pierreux qui écorcheraient sa bouche s’il ne les enrobait pas chacun dans le cristal d’une intonation lisse car sucrée, ne prenait pas le soin de les confire, un à un, ce qui prend du temps, et l’oblige à parler lentement et à contre-cœur… à pourrir un peu plus ses dents, à réduire à l’état de chicot un bloc de granite à force de l’envelopper encore et encore de sucre. Et donc à parler d’une bouche de plus en plus édentée un langage de plus en plus rare. Totale incompatibilité entre la langue orthodontique des Ecoles et la langue des Plateaux. De tout cela, il sera décidemment difficile de parler sans parler une langue cariée. D’autant plus cariée qu’elle sera enrobée pour rendre supportable la douleur de la pierre, qui monte du dedans et vient, comme le dit Joao Cabral, endeuiller la peau « d’un noir terne et sale ». Peau endeuillée, terne et sale, du pau mulato, en mue permanente, sous laquelle, en de larges lambeaux de chairs, perce l’ocre doux et chaud de la terre, presque orangé, le vert et le rouge vifs de la tourmaline… que n’a pu manquer de voir Claude. Car, mulâtre, le Brésilien noir et crasseux, l’homme sans couleur est aussi un homme de couleurs, l’homme achromatique un arbre chromatique. Ce que veut dire « mulâtre ». Sans teinte et hâlé de toutes les teintes des tropiques. Noir et fauve. Cristaux durs du granite et cristal fondant du sucre. Le vois-tu maintenant, ce Noir qui insiste au chevet d’Espinosa : scintillant de mille couleurs instables, ouvrant fièrement une bouche cannibale édentée pour répondre à ton étonnement par quelques mots doux, soigneusement choisis, habillé en costume d’Empereur ? Es-tu à ce point étranger à Bento d’Espinosa ou à Spinoza pour ne pas te voir, toi aussi, dans une telle image ? Dans cette image brésilienne de toi-même. Te faut-il encore des explications ?

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CARTÉSIO

Je sais, mon Bento. Tu ne me crois pas. Tu ne crois pas que Spinoza soit allé au Brésil. Un beau balnave. Un gros lézard. Et, comme dit Clarice, l’écriture, « ça ne vaut pas tripette ». Et alors, le spino-marxo-heideggériano-hégélianisme des philosophes, petit monstre des salles de classe ? Minuscule spinosaure, débile, inoffensif, quand même hargneux, forcément, d’être aussi inoffensif, et si pâlot. Petit anomal… Eh bien, si. Il y est allé. C’est avéré par le Museu Nacional do Brasil. Un établissement spécialisé dans les lézards à piques, à plaques, à cornes, à crêtes et à plumes. La preuve ? Le récit minutieux en est officiellement consigné, à la première personne, par Paulo Leminski Fils (un professeur d’Histoire et de Rédaction) dans le Catatau. Je tiens ça personnellement d’un ami du Parc de Belle Vue. Et Tout le reste. Alors, puisqu’il faut s’expliquer, mettons les points sur les i. « Catatau », n.m. : le bruit d’une chute fracassante, d’un effondrement. Au Portugal : une raclée et un pénis. Une branlée et une pine. Au Brésil : une grande ou une petite chose. A Bahia, quelque chose de laid. Un grand ou un petit spinosaure, très laid. Noir et crasseux ? Ou une discussion-bourdonnement, un essaim de mots, de noms et de phrases polyglottes, glossolaliques, onomatopoïétiques. Géant ou nain, un lézard brésilien, là sur l’asphalte, résistant jusqu’à toi et moi depuis des millions d’années. Dix-milles espèces survivantes. Bien avant toi et bien après. L’extinction des spinosaures ? Le voilà le vrai bobard, le vrai lésard ! Dix-mille bem-te-vi, dix mille petits tyrannidés, minuscules et terrifiants, qui t’ont toujours déjà vu, et capables de tauler un faucon, de cramer un boche. Crois-tu qu’il serait possible de fabriquer, chez nous, dans les laboratoires sous-équipés de nos universités blanches, des petits sauriens noirs et crasseux, des monstres miniatures comme un Spinoza allemand, un marrane berbère phénoménologue, communiste ou que saisje, sans cette chute colossale de Catatau, de Spinoza en Amérique ? Mais, diras-tu, parce que tu te seras forcément renseigné : o Catatau, c’est l’histoire de Descartes qui va au Brésil, pas Spinoza. Et qui d’autre peut prendre la raclée ? Spinoza, est-ce que c’est pas o catatau de Descartes ? Son organe éjaculatoire ? Sa puissance poétique, auto-poïétique ? Même l’Ecole a du mal à cacher ça. Chaque fois qu’elle essaye Descartes sans Spinoza, elle ne peut qu’ânonner des bondieuseries. Et pourquoi Descartes ne se prendrait-il pas la branlée en première personne ? Et « Spinoza » ne serait pas le nom de Descartes se prenant une raclée ? Bref : l’hallucination de Bento, c’est aussi Descartes aux tropiques, le sourire édenté de Cartesio. Bento Cartesio ! 27

Te voilà comme le chien sans plumes, l’arbre sans voix de Joao Cabral, rongé jusqu’à ton manque. Privé de ce dont tu crois ne pas manquer – pour ne pas l’avoir, pour ne l’avoir jamais eu. Et sans quoi, pourtant, te voilà perdu, comme une aiguille ne se perd pas, comme un miroir ne se brise pas. Perdu en-deçà de l’humain. Ton fil d’homme rompu. Crois-tu. Et, comme le Cartesio d’o Catatau, embarqué par Nassau avec Wagener, Post, Golijath et Eckhout, pour faire l’inventaire des biens coloniaux de la Nouvelle Hollande, plantes, animaux et hommes (toujours cette logique de boutiquier), frappé, ravi, par le Brésil, tu attends toujours des explications : qu’on te répète sous une autre forme pour l’authentifier et la clarifier, et prévenir toute erreur d’interprétation, encore et encore, mais sans emphase, la phrase que tu viens tout juste de lire, sans en changer d’un iota le sens, pour te récupérer toi-même intact dans cette continuité logique sans accroc de la leçon redondante, sans avoir perdu une seule plume dans l’affaire, portant toujours le même nom, un seul nom, le tien et certainement pas celui d’un étranger qu’en plus, c’est un comble, tu n’as de ta vie jamais vu, le nom d’un étranger où tu le pressens grouillent et rappliquent déjà dix-mille noms d’oiseaux, dix-mille coiffes de plumes, dix-mille parures pour un chien sans plume. Donc : que Descartes soit Descartes, Spinoza Spinoza, Hegel Hegel, Artaud Artaud, Camarão Camarão, Lampiao Lampiao, Moreira Moreira, et, mon Bento, surtout, que personne ne s’appelle Bento : A = A. Bref, que ça ne fasse jamais totem, que jamais à ton nom propre on puisse accoler un masque, le masque d’une autre humanité guarani-kaiowá, munduruku, kadiwéu, arapiuns, pankará, xocó, tapuio, xeréu, yanomami, asuriní, cinta larga, kayapó, waimiri atroari, tariana, pataxó. Et inversement, que jamais ton nom propre devienne un masque pour un Indien, un costume de Carnaval. Tu attends des explications, et, comme Cartesio, tu ne reçois que des informations toujours nouvelles, sans lien, et ne sais de phrase en phrase, de mots en mots, jamais à quoi t’attendre, prêt à jeter l’éponge, à te soustraire à cet avortement incessant du continu, à cette frustration permanente de ton attente, et à laisser là ta lecture. Et puis, mon Bento, qu’est-ce que c’est que cette manière de t’appeler Bento, de te traiter de tous ces noms d’oiseau ? De te priver de ton nom de famille, de ton nom de famille spirituelle, de grande famille spirituelle, de cesser de parler avec toi dos au fleuve, de couver avec toi les gros œufs de notre prose commune, dos au fleuve – de ne plus te parler, mon chien sans plume, en te tournant le dos. De t’installer sur le quai, au bord du fleuve, au bord de sa matière vivante, de son sang épais et boueux, de t’entraîner sans plume, incapable de ne plus rien couver, parmi ce qui vit, dévêtu de tous tes vêtements de pays froid, jusqu’à ta chemise légère d’homme échaudé, jusqu’aux vêtements de nuages que tu rêves de te tailler. De t’exposer au trouble, au heurt blessant de la vie, où pullulent mille vies. A cette épaisseur submergeante du réel, dont se protègent les grandes familles hénochiennes de la pensée, les familles heauntontimorouménotiques, qui s’appliquent une torture savante, méthodique et laborieuse, dos aux peuples vivants, pour garder leur nom propre et repousser les attaques de zoopsie auxquelles elles ne cessent pourtant d’être sujettes, hallucinant des sauriens répugnants. Qui, pour contrer les idées fixes qui comme un brésilien noir et 28

crasseux ne cessent pourtant de les assaillir, apprennent la langue des anges pour n’effleurer que du bout d’une réduction transcendantale ou d’un calcul spéculatif, tête renversée, les lèvres au ciel, mais fermées, du plus loin qu’on puisse penser, la chose même, la bête immonde gisant dans la boue épaisse du fleuve sans plume. De t’établir là, au bord des quais, sur la répugnante paroi intérieure de la bouche cariée de Guanabara, face à Niteroi, rua Acre, qui porte le nom d’un autre bord, d’autres contreforts : les acres andins des terres indigènes kaxinawa non découvertes de l’Amazonie, Palestine tropicale et florestale où les hommes, cueilleurs seringueros, tiennent leur nom d’une plante, et où flottait autrefois, comme sur les quais du port de Rio, une même puanteur épidémique de caoutchouc fumé et de combustibles fossiles, où des jagunços continuent d’assassiner des rois insurgés du sertao-forêt, Chico Mendes, sosie du Président pacifiste de l’Eldorado renversé sur les toits du Palais Lage, au pied du Corcovado, autre chicot carioca, dans Terre en transe de Glauber, allié d’un chef indien kayapo-metutkire à plateau, ambassadeur labial de la Forêt-peuples. Toi, rua Acre, avec la jeune nordestine niaise de L’heure de l’étoile, la nordestine biblique de Clarice, aussi niais, pâlot et misérable qu’elle, d’une pauvreté à ce point crasse qu’aucun ami de l’homme n’y ira voir s’il est encore assez aisé pour manger à sa faim et babiller de vagues pensées de révolte. Sauf Clarice, obligée de se mettre dans la peau d’un homme pour s’habiller en femme. Torturé comme elle par la faim, étouffé par une toux chronique, la tête sous un mince oreiller, et suffisamment anonyme et médiocre pour être ravi, comme elle, vile bestiole, par le chant d’un coq surgi du néant dans l’aurore sanglante, venu jusqu’à ton lit depuis les quais du port. Toi, devenu cette femme, mon Bento. Pas Marilyn, la toute rose, mais cette Maccabée de Clarice, grise de crasse, aussi résistante au progrès des hommes qu’un insecte millénaire, qu’une juive pieuse à laquelle aucun grec ne fera manger du porc. Toi, traitée de menteuse par ton petit ami pour lui avoir confié la seule vérité connue de toi : qu’un coq chante dans ta rue… à ton petit ami, malheureuse, un penseur olympique, un savant diplomate, un brillant opportuniste prêt à te piquer ta meilleure amie, parce qu’elle est, admets-le, bien plus présentable que toi pour sa future carrière de député. Mais toi aussi, depuis cette négritude grise, mulâtre, de la rua Acre, tu l’entends maintenant le chant du coq. Et tu le vois. Tu vois l’aurore sanglante et l’oiseau, là où il n’y a aucun animal. Orignal à plumes. Evidence invisible. Là où les eaux se figent, épaisses et stagnantes, face aux vastes entrepôts fuyant à l’arrière du pont innommable jeté en travers de la baie vers Niteroi, portes sans portes, béant malodorant. Quelque chose, dit Joao Cabral, comme la stagnation de vie sale et renfermée de l’hôpital ou de l’asile. Visible seulement par un œil de lézard… détaché du corps, sans mémoire ; puisque la vue est immédiatement la vue de ce qui a toujours été présent, depuis des millénaires, avant J.-C., et dans le plus lointain avenir, après J.-C. Ce curieux agencement de médiocrité et d’éclat… D’insignifiance et d’infini… Rosemonde-Salamandre. La fille du film ? Je dis Rosemonde pour tenter d’expliquer, mon Bento. Car, nous, cette curieuse combinaison de femme et d’animal rivulaire, ne sommes pas roses, pas Marilyn, ni Rosemonde-Bulle, trop impertinente, trop âcre et trop belle, née dans l’esprit d’un documentariste suisse expert en sciences économiques… plutôt 29

Rosetta-Salamandre dans l’eau boueuse de la rivière, la glèbe froide du bois. Une petite prolétaire moche… Filmée sans faire de sentiment. Une négresse belge, à peau blanche, rosie par le froid. Rosetta de Espinosa ! Jamais on n’y arrivera autrement. Quoi ? Jamais on n’arrivera à la vie sans ça. Jamais sans ça on ne reviendra à la vie. Tu peux noircir dix-mille pages sur la vie sauvage au soleil de la Haute-Provence, dans le parfum des lavandes, rien n’y fera. Il faut être autrement belge, autrement nordiste, autrement enfumé ! C’est vrai ! Comment faut-il le leur dire ? Avec leurs réductions, ils n’obtiendront jamais qu’un fond plus concentré, plus savoureux, tout juste bon à exciter leurs corps repus à prendre un énième repas, aussi désespérément assuré que copieux… Arrosé de vin en bouteille, gavé de sulfites, pour les sauver de cette pourriture grise, de cette flore microbienne, de cette racaille, millions de bestioles vivantes, qui menace au fond des culots… Un coq au vin bourguignon pour le dîner ! Pour épater leur go à eux, les bons députés des choses et des hommes… forcément des conservateurs. Ça rassure. Pour jouir avec elle, d’elle, mais sans joie… Jamais avec leurs interminables effeuillages voyeuristes ils n’arriveront à ronger une chose jusqu’à son manque, à la mettre à nu comme un homme sans plume au bord du fleuve sans plume se dessèche bien audelà même de la chemise qu’il n’a pas. Pour cela, il faut le désert : sa lumière ardente et nue. D’un coup. Sans s’y attendre. Pour progresser très lentement seulement à partir de là, et non vers là. Et alors seulement : l’infini, le chant du coq… la joie de l’immensité libérée par le cafard, par l’épanchement de la matière vivante hors de son corps, comme par le flux épais, dévorant, des eaux pénétrant la baie vue depuis la fenêtre de la bonne dans la Passion de G.H., le plus grand livre spinosaurien jamais écrit, et forcément écrit par une femme, puisque, je te l’ai dit, Spinoza est une femme. Une femme qui avait fait le rêve de Franny D. « Un cafard, plusieurs ? » se demande, furieuse, Franny Lispector. Un cafard et dix-mille vies. L’immensité. Depuis la fenêtre de la chambre-désert, au-delà des gorges rocheuses de Rio, les favelas sur un morro, plus loin les plateaux de l’Asie mineure, le détroit des Dardanelles, plus loin encore les sables du désert, la région des grands lacs salés, les marchés assyriens, l’Egypte des Pharaons, l’Athènes antique, Constantinople… Car si le cartésien du Gay-Lussac ne peut, par la baie vitrée de son bistrot, voir plus loin qu’un dépôt archi-fossile ancestral, l’œil du cafard carioca voit lui de l’œil ancestral même du dernier troglodyte, et du plus ancien animal. Et de cet œil, il voit jusqu’au plus lointain futur. Comme Cartesio, tu attendais des explications et, comme lui, tu t’en es remis corps et âme à ce vice-gouverneur polonais des Tropiques néerlandaises, ce Kristof Articzewski qui t’y accueille… puisqu’il faut bien t’en remettre à quelqu’un devant un tel désastre, chercher une main. Mais ce Christophe là, ce Réprouvé, jamais ne t’aidera à te sortir des eaux boueuses du fleuve. Cet Articzweski ou Arstixoff, comme tu veux, t’abuse, comme il abuse Cartesio. Parce que son besoin à lui est bien plus grand que ton besoin d’explication. Inutile de jurer que, « homme très homme, et aimant les femmes, que tu as eues nombreuses, jamais, au grand jamais, tu n’as eu de tels penchants contre nature ! » : te voilà bien amouraché de ce polanar d’Artizewsque. Mais, le voilà aussi l’agent subversif qui emmêle tout. C’est 30

lui, à qui tu ouvres ton cœur, qui est en vérité la cause de tous tes malheurs. Lui, l’anti-jésuite, l’ennemi des réducteurs d’indigènes, le mauvais principe : la Compagnie des Indes contre la Compagnie de Jésus. Rien à faire de l’alphabétisation des sauvages, de la latinisation des miséreux ! Juste là pour la perte de ton humanité et, avec elle, de toute ta civilisation. C’est lui, ce géant anthropophage à tête de chien, cloîtré gamin avec Leminski au monastère de São Bento, pour apprendre à pister tes espoirs les plus ténus. Lui, ton devenir nordestine. Lui, le démon, qui te fait penser en rond. Ah ! Les imbéciles qui se targuent de ne pas penser en rond et qui ne l’ont jamais rencontré ! Trop tard, mon Bento. « SpinoZa »… Tu crois vraiment t’en sortir en collant un Z dans ton nom ? En virant l’E espagnol d’Espinosa ? En lissant tes épines. Quoi ? Tu espères quoi ? Pardonne-moi, mais, c’est lui, ton amoureux, qui te polonise ; c’est lui ton Z polak. Le devenir yiddish de Descartes. Lui, qui te ramène à Tchechelnik, dès ton premier quai grouillant de vermine. Lui encore, le démon carieur de l’écriture nordestine, qui disorthographie la langue sertanejo de Glauber sur l’Eztetyke du Kynema. On raconte, dans les classes des écoles brésiliennes Que DEZKARTES, appelé au PERNAMBOUK par NASKAU S’est établi à REZIFE Où, tous les matins au réveil, habillé en mae-de-santo Il écrit dans une langue inconnue, afro-asiatique Une longue lettre à un certain Bento Un juif d’AMZTERDAM qui la traduit en latin et l’insère Selon un système de classement très sophistiqué Par axiomes, propositions et scolies Dans une « ETYK » Qu’il projette de faire paraître sous le nom de SPINOZA Chez un éditeur hollandais La voilà la stricte vérité.

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CHAYA OHLOCLITORISPECTOR

Car, contrairement à ce que l’on raconte aux enfants, ce n’est pas en portant des enfants sur ses épaules que Christophe sauve. Ce n’est pas en donnant libre cours à sa pulsion phorique, durch Nacht und Wind, qu’il protège de l’Ogre, roi des aulnaies rivulaires où pousse un bois rouge nappé d’écorce blanche, ou grise – bois de braise des zones tempérées. Ce n’est pas, contrairement à ce que pense Michel Tournier, la superphorie d’un enfant astrophore perché sur les épaules d’un Gilles de Raiz nazi qui sauve de l’Holocauste. Le vrai Christophe, Tarado da Sé, géant pervers nigromancien d’Olinda, pratique une autre médecine, qui n’a rien à voir avec cette supercherie, la prétendue migration des âmes, la traversée du fleuve jusqu’à l’autre rive. Une médecine exclusivement corporelle. Il ne verse pas son sang pour le repas du soir, pour que des brancomanciens romains revêtus d’une chasuble cousue d’or et d’argent, après avoir copieusement enfumé la salle où somnole docilement leur public, fassent mine tous les dimanches, à heure fixe, de convertir les espèces, de transsubtantier le vin. Le vrai Christophe ne porte pas le Christ qui sanctifie par le sang. Comme le Diable de la Tentation du Christ au désert dans l’Âge de la Terre de Glauber, Dieu des eaux surgit de l’océan en sifflotant la Marseillaise, il soumet à la plus terrible des tentations, bien plus terrible que la tentation d’user de miracles : la tentation d’aimer, de répondre à son immense besoin, à son impérieuse exigence d’amour indifférent, total. La tentation du neutre, du gris. La tentation claricienne de ne pas passer sur l’autre rive. De rester dedans, au-dedans de la chose, de la vie impersonnelle de la vermine, dans la boue du fleuve, sur sa troisième rive, sans traverser. Qui résisterait à une telle tentation, à la tentation d’être aussi médiocre, aussi moche qu’une petite salamandre nordestine nichée dans les eaux fangeuses d’une bouche édentée ? A cette extraordinaire exigence d’amour divin ? A cette demande d’un Dieu immense, neptunien, Natura naturans, faisant simplement tout ce qu’il fait, d’une infinité de manières, aucune plus convenable qu’une autre ? Sans bien et sans beauté. Christophe n’est pas un Porte-Dieu, il est Dieu. Le Dieu de SpinoZa. De SpinoZa vaincu par la tentation de l’amor intellectualis Dei… de SpinoZa tenté par son Dieu. Et c’est encore Lui qu’il hallucine au pied de son lit : un Dieu géant Noir et Crasseux. Deus sive Pindorama. Lui-même aimé de Dieu et aimant Dieu du même amour indifférent, furieusement, joyeusement neutre et gris… mulato. Qui résisterait à cette formidable tentation de déshumanisation ? Qui, y ayant cédé une fois comme Clarice, n’y retournerait pas, comme elle, toutes les nuits, recouverte d’onguent de chair, pour monter dans le désœuvrement de la nuit, jusqu’à l’aube, le cheval chamanique du roi du sabbat, 33

quadrupède ailé sorti des entrailles de l’océan, strix aquatique anthropophage ? Pour commettre sous l’emprise de l’amanite le plus joyeux des meurtres ? Et se réveiller le matin, au bord du ruisseau, la bouche pleine de sang ? Le sang de sa victime, enfant ou roi, et le sien propre, matière vivante du sabbat. Ah, l’humanisation des humanisateurs ! Qui mettent à part Dieu et le Malin, Saint-Christophe et Krystof, le porte-Christ et le Pernamboucain, la chevauchée du père, den Knaben wohl in dem Arm, et le roi des Aulnes, le Diable des bordures – la belle promesse qu’il vous fait de porter les robes dorées de sa mère et de danser, habillé en femme, au milieu de ses filles. Non. Il n’y a qu’une seule chevauchée, celle du cheval-strix rivulaire, et c’est lui qui dévore l’enfant, et l’enfant qui se dévore avidement lui-même sur le dos du cheval. C’est lui, ce Diable de Krystof, et non Jesus-Christ, qui verse son sang – qui, comme le cafard de Clarice, se sacrifie, pour que la matière de son sang soit appliquée, en compresse, sur ton œil blessé par les tortures que tu t’infliges. Et que ton œil, par la vertu médicinale de cette boue de sang, se mue en œil de cafard, de lézard. OFÒ polacopélophtalmothérapeutique : « Pour que te pousse hors du corps un nouvel organe visuel exclusivement affecté par tout ce qui te désorganise. Comme sur le bord du désert pousse l’œil de la rêveuse schizo, détaché de son corps, affecté d’une infinité de manières par la désorganisation permanente des populations en transe. Un œil féminin, exclusivement féminin : olhoclitoris, œilbouton de rose, ton pénis de nordestine. » Te voilà maintenant du côté de la matière vivante du plaisir. Pour avoir connu la tentation du neutre, de la mangrove en décomposition, cité-jardin du Diable, enfer de Thulé, peuplé de pythons hypnotiques – « que me hipnotiza » dit Cartesio – et de monstres reptiliens portant des masques séfarades. La bouche pleine d’animaux vivants, connaissant le goût de la sangsue. D’avoir bu l’eau des fruits des eaux stagnantes, dont Lévi-Strauss dit qu’elle sent la cave, et dont il fuit l’odeur comme il fuit la boue noire de la baie de Rio, pullulant de crabes, et les palétuviers dont il ne sait si l’expansion relève de la croissance ou du pourrissement. Car, ce n’est pas à Santos que Claude connaît le choc des tropiques. Pas ce choc négociable de la forêt de tourmaline : le thaumazein qui fait encore penser l’homme blanc. Qui le laisse là, stupéfait, à branlocher des idées pas ordinaires sur la matière fossile, le Grand Dehors, l’accrétion de la Terre… Par soustraction d’un félin tropical se délectant du sang d’un homme noir comme un indien guayaki du suc vineux d’un palmier... C’est bien à Rio qu’a lieu le choc. La perplexité panique de l’européen qui l’oblige à remonter fissa à bord de son paquebot. Le choc de la vermine, de la vie ancestrale non fossilisée, la bicharada, là, vivante, remuant lentement sur les berges glaireuses de la baie, fixant l’intrus avec les yeux réels du cafard de Clarice, yeux noirs et radieux de mulâtresse à l’agonie, aussi vieux que les salamandres, les chimères, les griffons et les léviathans – plus vieux que ce qu’aucune fouille, aucun forage, ne pourra jamais extraire de la terre. Le choc du bestiaire de Catatau face auquel la logique de Descartes ne marche pas, et auquel Cartesio succombe comme on succombe à la demande d’un trop grand amour. La vie vous regardant depuis la fange humide, grossière et vivante, où germe avec une insupportable lenteur votre identité de personne civilisée, de 34

paléontologue avisé prêt à monter en chaire, devant quelques dizaines d’idiots savants, pour enseigner qu’il leur est salutairement possible, depuis la banquette du bistrot où ils se retrouveront tout à l’heure, de penser à leur tour en première personne que le monde et sa subtile architecture existe sans eux. Sans eux ! Comme s’il suffisait de remonter à bord du paquebot pour mettre entre soi et soi-même la distance d’un monde sans nous, pour vaincre l’ivresse olfactive du Nouveau Monde, que provoque, déjà bien avant qu’on y aborde, les arômes fruités de la forêt en fermentation qui vont sur l’Océan au-devant des navigateurs, et substituer à ce monde putrescent et vineux le monde de la science des objets pétrifiés depuis des millénaires sous leur forme première et mathématique. C’est pour avoir raison de cette pourriture que Claude, loin de la baie édentée, escamotera à Santos des tableaux du Douanier le meurtre anthropophage perpétré par le jaguar, et la Femme de la Forêt Fantastique. Dès son arrivée, avant même d’avoir rencontré un seul tupi, Claude comprend d’instinct que s’il veut mener à bien sa mission brésilienne sans risquer d’être cannibalisé par le Brésil – de se retrouver, comme Pierre Fatumbi Verger, habillé en femme dans un terreiro de Salvador – il lui faut se méfier de la Femme Fantastique, du Perroquet qu’elle porte sur son bras, comme Jo, la femme décapitée de L’origine du monde, et qui, comme à Cartesio, lui parle en polonais, le raille en imitant Articzewski. De cette Dina Hiffernan Lizpektor qui prépare avec soin pour les nuits du sabbat le cauim de manioc propre à enivrer les guerriers, à aiguiser leur insatiable appétit de vengeance cannibale. Tous les jésuites, Monteiro, Anchieta, Gra, Azpicuelta, vous le diront : il n’y a pas de meilleure image de l’enfer que ces beuveries des peuples indigènes ingurgitant des quantités invraisemblables d’alcool, catatau de toutes sortes de vins de racines et de fruits fermentés, préalablement mâchés par la bouche de jeunes vierges. Car le règne de la moisissure, du monde en fermentation, le règne des vins, est d’abord celui des femmes. Comme l’est, en fin de compte, celui de la haine cannibale et de la guerre indigène qui s’ensuit. C’est une même nécessité qui commande l’enrôlement de force des guerriers-buveurs dans les armées coloniales et l’embouteillement des vins par les éleveurs-négociants. Une nécessité jésuite : empêcher l’enivrement des meutes par la fermentation éthylique des plantes autochtones mâchées par des femmes. Il n’y a pas plus grand obstacle à la conversion des natifs que ce vin de femme, naturel, baroque, inconstant, qui, comme le pau mulato, n’a jamais la même couleur, et vire sans cesse d’un arôme à un autre… et sera bu avant d’avoir exhalé son dernier parfum. Aux armées en ordre des blancs, où chaque homme, réduit à la bouillie commune, dort, mange et chie, indistinct, sans nom et sans femme, avec d’autres hommes, il faut opposer le boucan festif des sorcières tupi où, sous l’emprise de la boisson, exaltés par les danses et les chants incessants, courant en tous sens dans le village, les hommes énumèrent la longue liste de leurs meurtres de guerre et retrouvent la mémoire de leurs noms, de leur centaine de noms, de leurs noms de criminels, tous pris à l’ennemi. Comment les ancêtres de Chaya Pinkhasovna Lispector, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Thamar, Pharès, Zara, Esrôm, Aram, Aminadab, Naassôn, Salmon, Rahab, Booz, Ruth, Jobed, Jessé, David, Salomon, Roboam, Abia, Asa, Josaphat, 35

Joram, Ozias, Joatham, Achaz, Ezéchias, Manassé, Amon, Josias, Jéchonias, Salathiel, Zorobabel, Abioud, Eliakim, Azor, Sadok, Akhim, Elioud, Eléazar, Mathan, Jacob, Joseph et Jésus, Jésus le baptisé par un nazir rivulaire, Yo’hanan Kristof Articzewski, et, depuis tout ce temps, Pedro et Mania, ont-ils pu croire que la Terre avait été créée par Dieu il y a six mille ans ? Car, ne vous en déplaise, ils l’ont cru. Six mille ans, l’épinéolithique, l’âge du premier vin caucasien à Areni, et des premiers noms, les noms des espèces et des gens, puisqu’il n’y a pas de noms sans fermentation éthylique. L’âge épinéothylique où la rencontre des eaux a fait naître le premier brouillard humide propice à la formation de la pourriture grise sur les grappes surmûries. Six mille ans, l’âge du Serpent des Rêves, qui était au commencement, qui était Dieu et qui, auprès de Dieu, nomme toutes choses et par qui toutes choses sont. L’âge des cochylispector, des bufonidae, batraciens latinoaméricains, et des buphagidae, sortes de pitangua tic-tiui bem-te-vi méditerranéens, qui prolifèrent dans la vigne-pâturage centenaire des schistes languedociens de Lenthéric, à l’abri des contreforts des Cévennes paléozoïques. L’âge des ruminants des vignes, girafes tropicales à bois de cerfs du Gers. L’âge de la flaque sanguine, de la pupille opaque, extraordinairement réactive, cernée d’un large iris rose, qui se forme au centre des cuves de vinification. Six mille ans : l’âge de Pindorama et du Bicho do Fundo – qui viennent après et sont au commencement. Fasciné par les quatre milliards cinquante-six millions d’années qui séparent très exactement l’accrétion de la Terre de son ballon de rouge branco, parfaitement protégé contre la moindre attaque d’acidité, le réaliste spéculatif ne peut atteindre à ces six mille ans. Comme Cartesio, le cyborg baroque de Leminski, mon Bento, et comme le lecteur de Catatau, qui est aussi Cartesio, tu accèdes à présent à une toute nouvelle redondance, une redondance toute neuve… à l’indifférence absolue, strictement identique à l’information la plus absolue… l’énumération de tous les noms, leur démultiplication épiphyte… Yo’hanan Hiffernan, Gilles de Ray-Lussac… le scintillement d’une même image, la vision d’un brésilien noir et crasseux, à travers une foison d’images, de percepts et d’affects, luso-néerlandais, syriens, amérindiens, yiddish, féminins, végétaux, sexuels. Zappés à grande vitesse. Quo imago aliqua pluribus aliis juncta est, eo saepius viget (V, Prop. 13). Du Fort au Da de la ritournelle mise en fiche par Freud, c’est toujours le même qui revient, et du Da au Fort toujours la mort du même qui menace, logique de l’éducation par la pierre, entièrement basée sur la croyance dans l’inexistence, la foi en un Dieu vaginal acéphale – comme si le tamandua pouvait manquer, la pierre manquer d’ensanglanter la bouche ! La complexité, comme la complexité du vin, ne s’obtient pas par purification, mais naît d’une plongée dans les profondeurs du chaos où l’existence abonde, grouille et prolifère. Et chaque plongée est en même temps un épanouissement. La voilà l’autre logique prophétisée par Oswald, la logique tupi, la logique d’o Catatau : l’embrasement mutuel de la plongée et de l’épanouissement. Et aussi : l’introversion extravertie, l’extraversion introvertie. L’embrasement mutuel de l’extraversion épique, inédite, interminable panoplie documentée, historique, géographique, humaine, et de l’introversion verbale à travers les chenaux souterrains, inhumains, de la langue et de la pensée. L’écriture cybernétique, 36

récursive et perturbée, d’o Catatau, le texte le plus informatif et le plus redondant jamais écrit. Maximalement informatif, excessivement diastolique, jusqu’à la plus insoutenable systole cardiaque, la plus aiguë des contractions cordiales : Katamenokata no monômio gatari, de kono, mono no oko mo kodomo condomino. De Re Niponica. VII 33. Inj. Judus. Et donc maximalement redondant : 0 = 0. La nouvelle langue de la philosophie, son portugais, le latin de Descartes au Brésil, en état de choc tropical, gréco-nippon – un latin d’Evangile apocryphe copte, afro-asiatique. La langue des prêtres de l’Inde africaine, des roispeuples de l’île de Braise. Illisible ! Ou seulement par un analphabète. En yoruba ? – « Àjáso n’t’aáyán » : la formule précise de la nouvelle logique claricienne. Très exactement, l’ofò trois cent cinquante-sept appris à Fatumbi, l’œil de Sango, par ses maîtres babalawo. A prononcer après avoir pilé avec une pierre de foudre un certain nombre de fleurs (Bananier), d’herbes (d’Eléphant), de grains et de plantes, un ver de terre et une plume d’oiseau (Chouette), avoir répandu la préparation sur des morceaux de tissu rouge attachés aux quatre coins d’un linceul, et avoir cousu le tout. Alors, c’était donc ça, nos travaux ? C’est ça. Le fouloir épinéolithique, la vermine… les plumes du chien, le passereau ubiquiste… cousus ensemble… C’est ça. L’ofò qui serait sans effet s’il n’était prononcé. Obligatoirement prononcé ! Ecrit ou lu, ça ne vaut pas. Ou peut-être écrit à voix haute... Et qui pour agir, être le Verbe agissant, doit comporter au moins une syllabe de l’ingrédient et de son action. Et ne presque pas faire phrase. Àjáso n’t’aáyán. Dans la langue relativement informative (dans la traduction française) : Àjáso : « Rassembler les parties sectionnées d’un corps » ; Àjáso n’t’aáyán : « couper pour rassembler est la caractéristique du cafard ». Dans notre nouvelle langue, dans la langue absolument informative, hyperinformative : Àjáso n’t’Chaáyá : Séparassembler n’t’ Clafarice. Ramener à la vie. La formule d’Héliogabale ressuscité. C’est ça ! Sens-tu enfin (puisque cela ne peut être que senti), sous l’effet de cette magie (puisque seule la magie de l’ofò y pourvoit), ce que veut dire « sentir que nous sommes éternels » ? Puisque ta redondance toute neuve, en troublant ta contemplation maniaque d’un unique Grand Dehors, réveille enfin ta puissance visionnaire de lézard clitofaricien : libère une myriade de visions d’une myriade de choses, toutes singulières, naissant les unes des autres, sans fécondation mâle, par pure parthénogenèse. Toutes ces naissances, cette vivacité, qui sont de Guaraci, la voilà ta nouvelle redondance, ton indifférence absolue, ta neutralité, ta couleur grise, ta toute nouvelle médiocrité, éminemment affective, positivement affective, au plus haut point et d’une infinité de manières. Qui te libère de tes passions par une Passion plus grande que toi… l’affectibilité jouissive de la matière vivante, de son œil-bouton d’Amour, photosensible et ophtalmographe, qui, avec ses huit mille terminaisons nerveuses, enregistre minutieusement la moindre réfraction optique et la traduit immédiatement en plaisir spasmodique. Puisque quicquid intelligimus tertio cognitionis genere, eo delecamur.

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BENTO CARTESIO. – Ergo sum, alias, Ego Renatus Cartesius, ca perdido, aqui presente, neste labirinto de enganos deleitaveis, – vejo o mar, vejo a baia e vejo as naus… vejo mais… ARSTIXOFF ARTYZEWSQUE. – Délicieux Bento d’Amour...

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GALLI-MATHIAS

« J’ai demandé à un homme ce qu’était le Droit. Il m’a répondu que c’était la garantie de l’exercice de la possibilité. Cet homme s’appelait Galli Mathias. Je l’ai mangé » (Oswald). Né depuis 1797 dans une famille de négociants-éleveurs en vins de Bourgogne, comme sa grande sœur, mère supérieure d’une mission jésuite amazonienne, et comme son frère, Louis le sixième, missionnaire du vin industriel au Nouveau Monde, Galli Mathias, professeur de sciences politiques chez les Fils aînés de l’Eglise, sert une grande mission d’amour : entamer une grande négociation diplomatique entre les peuples de la Terre et des Modernes qui, comme lui et ses jeunes amis, chercheraient enfin à se présenter convenablement. Des Occidentaux repentis qui confesseraient qu’ils n’ont jamais été modernes, n’ont jamais cessé de pratiquer la même religion que celle des autres peuples, depuis les mers de Chine jusqu’au Yucatan, depuis les Inuits jusqu’aux aborigènes de Tasmanie, le même bricolage d’idoles et d’objets sacrés, même s’ils l’ont fait différemment, parce que la même chose peut se faire de différentes manières – et que la leur, la manière cathobourguignonne, n’est pas inintéressante … qu’on vienne voir et qu’on s’y essaye ! Le plus grand projet politique inspiré de Vatican II, pour la création, sous la forme d’un média social mondial, d’une immense réduction jésuite qui reprendrait à zéro l’œuvre catéchétique, sans contrainte, sans violence, en usant de la seule séduction qu’exerceraient notre religion, notre science, notre philosophie, notre droit, sur les peuples aborigènes convaincus par les nouveaux missionnaires de la Compagnie G.M. de la parfaite adaptabilité des pratiques occidentales à leurs propres pratiques – de leur caractère aborigène ! Possiblement aborigène ! La nouvelle pédagogie de l’éducation coloniale par la pierre. Pas sûr que ça marche. Simulation d’une négociation diplomatique avec des Modernes qui chercheraient à se présenter enfin convenablement aux autres collectifs : GALLI MATHIAS. – Rien d’absolument différent de ce qui se fait… CUNHAMBEBE (la bouche pleine). – Jaudra ichê. GALLI MATHIAS. – Ichê ? CHACHUGI. – Aché. Cho, Cho, Cho! STADEN. – Ich. Ich. 39

GALLI MATHIAS. – …depuis les mers de Chine jusqu’au Yucatan… La même matrice… CUNHAMBEBE (à Galli Mathias). – Jaudra ichê !... Barkibia ! Dégage ! ARTYCZEWSKI (renchérissant). – Idz ! Idz !… Dégage, poule mouillée ! Chou ! Chou ! tè, tè, tè, tè, tè !... LAMPIAO (à l’accordéon). – Oia eu aqui de novo… xa-xa. CUNHAMBEBE, ARTYCZEWSKI, CHACHUGI, STADEN (en chœur, dansant autour de Galli Mathias). – Xa-xa… xa-xa… GALLI MATHIAS (avec une voix de femme). – Xa-xa… oia eu aqui de novo… chocho…oia eu aqui de novo… xa-xa… oia eu aqui de novo… chê-chê… La preuve ? Ce pauvre Chachugi, bayja jusqu’au cou, occupé depuis le lever du jour à tendre son arc, à retailler les pointes en bois dur de ses longues flèches, dos au village, interdit de voir la femme, sa femme et son enfant né dans la nuit, exclu de la matière vivante, de la flaque rose, vineuse, du placenta… de l’irritante fadeur du ventre maternel dont il a joui… et tous ces jaguars qui accourent vers lui et le somment d’entrer dans la Forêt Fantastique pour leur disputer le gibier, tous ces jaguars qui l’invitent à retourner dans la meute, à verser le sang avec eux, à tuer des animaux pour recouvrer sa puissance de voir la Femme, la merveilleuse apparition de la Forêt Fantastique, seul moyen pour un homme d’être homme, homme-jaguar, vir-jaguar, d’être homme comme le jaguar est homme : pointes plantées dans la pulpe du vivant. Comme la parturiente est homme : féline mordant directement au placenta – et ne plus courir le pire des risques : l’humanisation de l’homme, sa masculinisation, le risque mortel de ne plus être jaguar, d’être à jamais aveugle à la Femme – de tourner pane-papa, Dieu le Père enculeur de jiji-cricri, l’enfant né d’une Vierge perpétuelle aplasmatique violée par son Fils. Car, ce que les Tropiques ont fait de différent, c’est bien d’avoir inventé le chrétien avant que le chrétien soit anéanti par l’absurdité des Tropiques. D’avoir déjà identifié, bien avant Nicée, la folie trinitaire, et bien avant Sophocle, le poison du papa-maman et l’enfant. La divinité du Père, l’insurrection du Fils, la charité, la longanimité, la serviabilité, la bonté, la maîtrise de soi, la fidélité, l’AIME project de l’Esprit Saint. D’avoir craint par-dessus tout de devenir chrétien : la plus grande menace qui pèse sur la virilité des chasseurs, sur leur virilité tropicale, leur virilité de jaguar, leur virilité pourpre, sanguine et végétale, éminemment féminine – leur capacité à virer jaguar, à virer femme directement nourrie au plasma de la matière vivante. Mais ce matin-là, Pierre, le chroniqueur français des Indiens Guayaki, ça l’angoisse vraiment le mutisme de Chachugi. Difficile d’arracher un mot d’explication à son informateur. Difficile aussi de ne pas compatir, de ne pas ressentir jusqu’au cœur de son propre exister, et forcément de son exister occidental, œdipio-chrétien, le désarroi du masculin ployant sous le poids symbolique de la Femme, contraint d’affronter seul le monde dangereusement vivant de la Forêt. Tout cela à cause de l’enfant. Tant de malheur, de silence, d’anxiété, ça ne peut venir que de l’enfant ! Le Fils, le Separator, prêt à s’insurger contre le Père, à le tuer au premier croisement, à le bouffer avec ses frères. Extraordinaire coïncidence de la pensée sauvage et du 40

logos le plus puissamment maître de soi de la pensée occidentale. Cet insoutenable silence de Chachugi occupé aux préparatifs de la chasse, muré dans son savoir indigène indicible, fermement appliqué à réussir son entreprise conjuratoire, tendre l’arc, entrer dans la forêt, tuer du gibier, ça ne peut être que sa manière à lui de parler, sa manière à lui d’exprimer la pensée sauvage inconsciente de soi en ce que seuls les gestes la disent : la vocation parricide du nouveau-né. « La pensée sauvage inconsciente de soi en ce que seuls les gestes la disent… » ! Une telle connerie, il faut la lire pour la croire ! Et l’écrire ! C’est qu’en lisant les écrivains, on ne lira jamais que des conneries, et que tout écrivain, tout homme qui, aux tropiques comme au retour des tropiques, ne sait rien d’autre qu’écrire, dès lors qu’il écrira, écrira, l’idiot, forcément des conneries. A moins de ne pas écrire : de tenter de ne fixer par l’écriture que ce qu’il y a de plus subit. De tenter comme Clarice de fixer, mot après mot, dans l’écriture, du mouvement même de cette saudade effroyablement bienheureuse qui confond contre la poitrine d’une femme « para sempre » et « para nunca », pour toujours et pour jamais, l’instante-já, le déjà du ceci, le d’jà du isto. De tenter une écriture photographique, oculaire, instantanée, du déjà isto, ancestral et fugitif, plus bref qu’aucun mot et plus durable qu’aucun livre. A moins de n’avoir plus soi-même, dans l’acte d’écrire, d’autre but et d’autre existence que l’instant du ceci. D’autre puissance que sa puissance de métamorphose. De faire de cet « ex-isto », de cette manière d’être du ceci, d’en être, d’être par lui et en lui, moi, directement nourri de sa substance, la formule la plus adaptée, la moins inepte, de mon ego sum. D’écrire ex-isto. D’ jáx-isto. A moins, comme Clarice, mais aussi Céline, la dentellière d’Asnières, de n’écrire que l’écriture – de même que, pour véritablement peindre, on ne doit peindre que la peinture. Et de te l’écrire, mon Bento. De t’écrire l’écriture, et de te l’écrire illisible. En t’écrivant le Z de Spinoza comme on trace les indices d’un odù yoruba dans la poudre d’une préparation sacrée, faite de feuilles cueillies dans la forêt de grand matin et triturées solennellement par des femmes au torse nu. En t’écrivant comme le Verbe agissant s’écrit, seulement illisible aux pieds des scribes. De prendre, pour toi, par l’écriture, l’écriture avec la main, d’écrire chaque mot en le prenant avec la main. Pour le sentir vibrer. Et de le poser dans ta main. De ne plus faire de l’écriture qu’une vibration de mots sans significations, ou alors seulement auditives, corporelles. D’écrire « dinosaures », « ichtyosaures » et « plésiosaures », et même « spinosaure », moins pour suggérer des correspondances inconscientes, de secrets échanges, que pour accroître, maintenant, sur le champ, notre propre frémissement ouvoclitoridien, et puisque le clitoris est un œil, un œil-ouïe, tendre au plus près du point où l’écriture virera voir, et ce voir même de l’œil par lequel la vie se voit – où le sens sera exclusivement corporel. A moins de soutenir par l’écriture le choc du maintenant, à rebours de la mélancolie allemande qui, par l’écriture, toute entière s’y soustrait. Mieux encore : de le provoquer, d’aller aux Tropiques, de multiplier les instants, les arômes, de libérer leur séquence – jusqu’au risque de perdre son lecteur, jusqu’au risque de l’information la plus absolue. Jusqu’au risque de ne plus être lu. Enfin ! Seulement ouï par un œil. Jamais Galli Mathias n’arrivera à nous symétriser. Parce que Pierre, le silence de Chachugi, il ne veut, il ne peut pas l’ouïr. 41

Parce que son silence, sa concentration matinale, en vérité libre d’humeurs, il ne peut l’endurer, pas plus qu’il ne peut endurer l’épreuve du isto, vouloir le flux mortel des instants. Son scintillement silencieux incessant, son apparitiondisparition létale-vitale. Comme Staden, et tous les philosophes incomestibles des pays froids, il a peur de la mort. Alors, il écrit. Et forcément des conneries. Sur la masculinité et la féminité, sur la double équation guayaki : Homme = chasseur = arc, femme = collecte = panier. Sur l’impossibilité pour un homme de perdre son droit à l’arc sans devoir porter le panier. Sur la triste condition de l’homme contraint aux exploits de l’arc sous peine de déchoir et d’être obligé d’incorporer le groupe des femmes, de devenir réellement cueilleuse-ménagère et donc « métaphoriquement » femme, comme Krembegi, le pédéraste guayaki, kyrypymeno, anus-faire-l’amour, qui ne coupe plus ses cheveux, n’attrape plus jamais d’animal et fabrique les plus beaux colliers de dents dont se parent les femmes lorsqu’elles sont heureuses. Et si Krembegi est heureux du bonheur des femmes, c’est bien-sûr d’avoir admis sa déchéance. Par une sage résignation stoïcienne. Du moins doit-on le supposer, car Krembegi, comme Chachugi, est peu disert, et, homme très homme, le Français ne lui envie certainement pas sa pédérastie. C’est pourquoi, il ne t’écrira jamais son écriture, mon Bento. Et, ne te l’écrivant pas, ne verra pas ce qu’aucune écriture ne peut comprendre : que, femme, Krembegi ne l’est pas métaphoriquement, mais bien réellement. Que sa pédérastie accomplit réellement, dans le féminin, le féminin et le masculin. Que seul un pédéraste, comme Héliogabale, ou Spinoza ressuscité en femme, peut être un prêtre du masculin, de la masculinité REELLE. Car si Krembegi a troqué l’arc contre le panier, il n’a pas perdu la pointe : les griffes du jaguar dont ses mains, doigts écartés et repliés, prendront la forme, porteront la trace dans la tombe, la dent de paca avec laquelle il perce une à une les canines de singe dont il fait les beaux colliers que les femmes portent occasionnellement autour du cou et toujours au fond du panier, et son tout petit pénis de coati, coaticloris, que les chasseurs achés comparent aux barbelures des pointes de leurs flèches. Pointes de pointes, pointes par excellence. Qui ne pointent aucune signification, mais la vie seule, la vie nue, ex-isto, du vivant. En la perçant. Afin par ce perçage de cueillir le suc et la moelle, la matière nourrissante du vivant. Afin par ce perçage de se nourrir réellement et exclusivement de cette matière – comme Clarice perce pour la manger, à travers ses écailles, la matière blanche du cafard, et comme on peut aussi percer, à travers la carapace aristotélico-cartésienne de l’Ethique, pour en nourrir l’œil, le pau mulato de l’hallucination de Bento. Car, si les femmes ne tuent pas d’animaux, la substance qu’elles récoltent dans leur panier, en ramassant les larves de la forêt et la cervelle moelleuse du palmier pindo pour les broyer ensemble en une soupe épaisse, est pourtant bien la même que celle que les chasseurs-jaguar percent par l’arc. La même gomme organique, visqueuse et vibratile, gel de guar, en laquelle celle qui t’écrit l’écriture parvient à fixer l’instante-já, l’instant-ichê/cho, déjà-je. La matière dans laquelle elle imprime la trace de sa patte de panthère indigène, les signes de l’odù jáguar. Krembegi est un prêtre du masculin de l’avoir bien compris : qu’il était indifférent d’être chasseur ou cueilleuse pour être homme, qu’en abandonnant le 42

masculin pour le panier, il l’accomplissait plutôt en féminité. Quelle différence avec Chachubutawachugi ! L’indien assez vigoureux pour chasser, mais qui, ayant perdu l’arc, incapable de flécher le vivant, attrape les coatis à la main, poursuit les tatous dans leurs terriers, veut aller aux femmes, heim gehen, et ne pas être femme, ne pas percer les dents des singes, ne pas récolter la moelle végétale, mais dont aucune femme ne veut. Non, jamais Galli Mathias n’arrivera à nous symétriser. Parce que Krembegi et Chachubutawachi sont absolument différents. Parce que les indiens guayakis ont déjà compris cette différence entre eux, les chasseurs-cueilleuses de matière vivante voués à transpercer la matière dure des espèces de la forêt-monde, indifférents à la différence, sociale, phallique, du masculin et du féminin, et tous ceux qui, comme Chachubutawachi, là-bas comme ici, sont incapables de durcir une pointe et d’aller seul dans la forêt flécher un singe hurleur, par manque de courage, certes, mais aussi et surtout par idiotie, pour ne pas le savoir, et qui tout de même tiennent à leur masculinité exclusive du féminin, se font photographier en chasseur un animal mort dans le panier et portent en parure sur leurs poitrines viriles, comme Chachubutawachi, liés entre eux par une ficelle, les objets intransperçables produits par l’industrie des Blancs, offerts ou abandonnés par leurs missionnaires, une douille de balle, une dizaine de flacon de pénicilline, quelques clés de boîtes de sardine… pour l’amusement des femmes et des enfants. Cet idiot de Chachubutawachi, « Grand-cochon-sauvage-à-longue-barbe », ce marranesauvage clownesque guayaki, cet hybride ridicule en ce qu’il détourne le masculin de son sens d’être femme, voilà pour quoi on voudrait te faire passer, mon Bento. Toi qui ne sais rien faire d’autre qu’écrire et t’évertue tout de même par l’écriture, du cœur même de ton idiotie, en latin et more geometrico, à ressembler à Krembegi – à ressusciter Héliogabale ! Toi, qui t’efforce à une écriture pédéraste – aussi pédéraztique que possible. Jamais Galli Mathias ne réussira à nous symétriser. Parce que les Indiens ont déjà inventé Galli Mathias, Gallinaburgutawachi, le Moderne qui déambule au milieu des siens, les pieds dans la matrice anthropologique, arborant fièrement autour du cou l’Objet industriel, la plus belle trouvaille des Blancs, l’Objet sacré intégralement fabriqué, le chic Made in Paris, infiniment redevable aux très catholiques portugais esclavagistes d’avoir justement qualifié de feitiço, les faits/fées-tiches des Nègres de la Côte de Guinée, comme peuvent l’être aussi bien les Orishas du candomblé, à en croire les ethnographes, c’est-à-dire à les lire, puisque Galli Mathias ne sait que lire, et encore pas Bastide, toujours sous le choc des tropiques, et certainement pas Fatumbi Verger, qui ne se lit pas mais se voit, et se voit de ses propres yeux qui sont les yeux mêmes de Sango – celui qui voit et sait tout. Pierre Fatumbi, l’ethnologue bem-te-vi. Le très catholique Chachubutawachi de Sciences-Po, lui, est même capable de faire croire aux Blancs qu’en laissant proliférer leurs fabrications, au point d’embrouiller le naturel et l’humain, ils ne font ni plus ni moins que ce que font les Nègres d’Afrique ou de Bahia, – qu’en combattant par la philosophie leur propre industrie, en creusant par la pensée aussi largement que possible le fossé entre la nature et la culture, l’animal et le social, mektoub, ils œuvrent encore à leur hybridation, à la même industrie, finissent eux-mêmes par produire des monstres sobjectifs, humanoturels – Kant, 43

Hegel, Husserl, Heidegger, Lacan, Derrida, etc., tous sorciers africains, parés de colliers de pacotille, dents de pénicilline, dents de conserves, dents-douilles, mais, bien-sûr, sans pouvoir, sans Ashè, kraftlos. Belle symétrie ! La meilleure diplomatie blanche jamais osée : se présenter aux autres aussi inoffensifs qu’on se les représente ! Une invitation originale du Quai d’Orsay, adressée à tous les ichês, les cho-cho, et les xa-xa, à faire le Chachu, à célébrer la fête du Paraclet Nouveau, de l’Esprit symétriseur du Réseau des Indes occidentales et orientales, Pentecôte anglophone, forcément, puisque Chachubutawachi, le Panier-chasseur, ne peut prendre part aux chants nocturnes des Arcs-chasseurs qui, au cœur de la forêt, inventent des langues que personne ne parle. Pourtant, Mae Senhora avait bien prévenu Gallichachu : « Attention à Verger, c’est un sorcier, il a des pouvoirs ! ». Jamais Galli Mathias n’arrivera à se symétriser qu’avec Chachubutawachi. S’il avait vu, seulement vu, les instantanés de Pierre Fatumbi, il aurait vu que les travaux magiques du candomblé ne s’emploient pas à transformer la matière première pour fabriquer des Objets aussi seyants qu’une douille de fusil, mais seulement à la préparer sans jamais la transformer. Il aurait vu que les Nègres africains de l’ancienne Côte des Esclaves comme les Nègres brésiliens de la Baie de tous les Saints sont bien noirs et crasseux, ne fabriquent ni ne boutiquent rien, involuent sans y régresser vers cette matière primitive, poudre grise, Iyerosoun, de feuilles médicinales et liturgiques cueillis en un lieu sauvage, brousse ou forêt, connu des seuls chasseurs familiers d’Ossanyin, le dieu des feuilles, boue primordiale, intransformable, mélange de substances végétales pétries dans le sang d’animaux sacrifiés. Sans cette matière vitale, rien ne se ferait… de ce qui ne se fait pas. Même Patricia de Aquino le dit. On ne demande pas à un initié « quelle divinité fais-tu ? », mais : « você é feito de que santo ? ». Il aurait rencontré Aroni, le petit homme auquel manque une jambe, peut-être la troisième jambe de Clarice, fumant à travers une tige creuse le pétun d’une coquille d’escargot bourrée de ses feuilles favorites, et Nana, la déesse de la boue des marécages, qui lui auraient tous deux appris à ne rien faire, à ne plus alimenter ses usines à Objets d’une matière exotique arrachée à ses peuples, et à simplement se laisser faire d’elle.

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JEAN-BAPTISTE-THEODORE-MARIE-ROSALIE BOTREL

Sait-on seulement ce dont souffre Antonin Artaud ? Même son acuponcteur, Soulié de Morant, n’en sait rien. Des électrodes qu’on lui enfonce dans le cul, dans la bouche et tous les trous de con qu’on lui trouve ? De pisser tout son sang, de se liquéfier, comme une chiasse ? Une chiasse blanche ? Et laide ? Souffre-t-il de la guerre asymétrique des Blancs ? Qui tuent sans joie, par pure idée, sans d’abord épiler et peindre leurs victimes, sans boire d’abord avec elles jusqu’à l’ivresse la boisson des femmes, mais d’une balle dans la tête, vite fait, sur le bord du chemin, ou, lentement, à coups répétés, à même la viande. Sans attendre de l’ennemi qu’il réclame fermement d’être assommé, d’un coup sec sur la tête, pour avoir lui-même déjà assommé tant et tant de nos parents et de nos amis, certain d’être vengé de nous tous par tous ses parents et tous ses amis, tous également voués à la mort par son aveu, pour que seule subsiste entre eux et nous une saine et solide inimitié. Souffre-t-il de la guerre asymétrique des Blancs, qui abandonnent là les corps, en vrac, au milieu des rues ou au fond des fosses, ou bien les brûlent, bref, ne savent pas trop qu’en faire, et qui par-dessus tout réclament par là-même qu’on se réconcilie, qu’on redevienne bons amis ? Qui, par peur de la mort, à la moindre bagatelle, tuent leurs meilleurs amis, en font leurs pires ennemis, pour que seule subsiste l’amitié et que personne ne revienne les tuer. Ce qui, comprends-le bien, mon Bento, exige de vrais carnages, de gigantesques massacres… d’inimaginables amas de viande rouge, immangeables. Souffre-t-il donc de l’amitié, Artaud ? Ça se pourrait bien. Et sait-on seulement à quoi tiennent les Indiens ? Puisqu’il s’agit bien de cela : de ce que lui fait perdre l’amitié des Blancs. Comprimé, écrasé au sol, d’une pesanteur extrême, insensée, et aussi vide et fluide qu’un utérus de sorcière. Aussi minéral et volatile que le Nouveau Monde selon Claude. Bref, frappé d’obusite, abasique-astasique, incapable de marcher, de tenir debout, de franchir debout la grande eau qui le sépare de la Terre sans Mal. La maladie colonniale par excellence. Le choc des barbelés. Ce que, très exactement, la guerre fait à Nijinski en lui dérobant la danse. Le trauma blanc, qui, le 19 janvier 1919, lui fait danser des choses affreuses, flottant au-dessus d’un amoncèlement de cadavres. Danse de Saint-Guy, chorée des Pays Froids. L’effondrement du style, la perte de ce qui maintient dressé le squelette et la colonne, de ce-qui-maintient-dressé-le-flux-dudire, de l’e-ry mo’ä a des chanteurs Mbya d’Hélène, la femme de Pierre. Vois-donc ce qu’ils m’ont fait, mon Bento : ils m’ont porté à la cuve baptismale avant même que je tienne debout et ils m’ont donné un nom qui ne m’a pas dressé sur le sol de leur Eglise. Ils l’ont soigneusement écrit dans tous leurs registres pour se rappeler 45

ce dont on ne peut oralement garder la mémoire : mon nom d’agité, mon nom maniaco-dépressif, celui qu’il suffira d’hurler pour me jeter tremblochant au sol. Mais tu m’as donné un Z noir et crasseux. Une lettre retorse et sonore, polonaise. Tu m’as inventé un Dieu tropical, tupi et oriental, Karai Ru Etê / Karai Chy Etê, pour recevoir de lui mon nom et ma voix en même temps que ma provenance. Et toutes les langues s’en sont mêlées. Amomoût latu as tatkwe terik’ejá aáyáns minajáso, tamo daleko tamo anusun usunu sina minajá, waiwi lapayawii ãwe ayiajá nd’ndá-wasu àjìyè nd’ndá-ti dìde n’lè. Si Gallinacias avait pris le temps d’écouter Jeanne Flora-Bocaine-Saada, la désorceleuse mayennaise, peut-être aurait-il su, comme Eduardo, répondre à la question du Myrte, de savoir à quoi tiennent les Indiens, qui n’est pas de pierre – puisque de toutes façons rien ne tient par la pierre. Mais Galliamathias est pressé de rentrer des tropiques. De se remettre au boulot. D’oublier tout ça et de reprendre son poste à la Fabrique des Objets, des Idées, de tout ce qui peut s’accrocher au cou pour faire le Chachubutawachi – l’Universel God Fazer, le Parrain de tous les peuples depuis les mers de Chine jusqu’au Yucatan, depuis les Inuits jusqu’aux aborigènes de Tasmanie. Et puis, on va tout de même pas symétriser de l’indigène avec du paysan mayennais ! Du mineur avec du mineur ! Quand on a en réserve des modernes bien plus modernes, bien plus présentables : des Kant, des Hegel, des Lacan... Je veux. Les Babins, les paysans de Jeanne, de toute évidence sont beaucoup moins attractifs… ils ont même une manière de faire l’indigène qui risque de tout faire capoter, d’éventer la mèche. Une manière un peu gênée, handicapée, comme peut un Moderne, mais terriblement exacte : en demandant à Jeanne de leur inventer de toutes pièces des ennemis mortels, uniquement pour retrouver leur vitalité et leur assurer la suite du monde. On comprend qu’ils y tiennent les Indiens, à leurs beuveries et à leurs guerres ! D’avoir tant d’ennemis, tant de haine, de meurtres et de noms de meurtriers sans avoir à consulter Madame Flora. Quelle différence avec les Babins ! Qui confondent tout de suite leur ethnographe avec une psychothérapeute, et lui racontent des heures entières par le menu tous leurs malheurs. Quand Chachugi ou Krembegi se taisent. N’ont rien à dire à Pierre. Un blanc, c’est fait comme ça. Ça construit des barrages et puis ça fabrique des passes à saumon le long des fleuves. Ça peut même mettre les poissons en cuve pour les transporter par camion jusqu’aux frayères. Tout un dispositif de réparation, coûteux et terriblement efficace, pour faire ce qui ne se fait pas – n’a pas besoin d’être fait. Pour sûr, ça va les faire fuir les autres collectifs, depuis les mers de Chine etc., des peuples sans ennemis obligés de consulter pour haïr, pour se soigner de l’amitié. Parce qu’il n’y a pas d’autre moyen d’être soi que de sortir de soi, d’autre moyen de se-tenir-debout que de marcher, d’aller au-devant de l’ennemi pour le tuer ou le capturer et prendre son nom. Pas d’autre intériorité qu’un mouvement permanent vers le dehors. Pas d’autre identité que la migration continue vers le littoral, la marche vers le bord de l’Océan, sur son bord, sous le guidage du chant, de la voix, ñe’e, qui maintient dressé. La Terre sans Mal vers laquelle marchent les Guarani n’est pas un but ni même un horizon – elle est la Terre même de la marche, la Terre terrestre sur laquelle le chant tient un peuple debout. On y entre en marchant, tant qu’on 46

marche. Même Hélène, la femme de Pierre, a du mal à comprendre ça, à voir que la désorganisation nomade, la marche mortelle, est la seule chose qui tient et à quoi tiennent ceux qui tiennent. Il est vrai que les Blancs migrent toujours sédentaires, traversent d’un bord à l’autre, assis, à la recherche de nouveaux amis, impatients de dresser leurs temples de pierre sur la nouvelle terre. Eh quoi ? Y a-t-il une migration plus suicidaire que celle de qui pour voyager prend un avion qu’il pourrait tout aussi bien ne pas prendre, parce qu’il n’a en fin de compte rien de vraiment essentiel à faire là où il se rend, mais qu’il prend tout de même, sachant parfaitement qu’il va mourir en vol, parce que rien de vraiment essentiel ne le retient de préparer ses bagages, de passer à la banque, de prendre un taxi pour l’aéroport et de monter dans l’avion ? Si les Indiens du Brésil migrent sur la Terre en marchant – tant qu’on ne les contraint pas à se lever pour aller travailler ou passer à la banque retirer leur maigre argent –, et si les Européens migrent en Caravelles, nautiques et aériennes, en suivant invariablement le même trajet qui, partant de Lisbonne, leur fait longer les côtes africaines avant de s’élancer vers Recife, ce n’est pas, pour le dire dans la langue des philosophes, par une différence de « catégorie transcendantale ». Car, si l’on veut être exact, il n’y a pas d’autre condition « transcendantale » que la marche qui fait tenir-debout. Les maîtres allemands du « transcendantal » vous le diront : leur affaire est de trouver sous quelles conditions un homme peut être Selbstständig et Unabhängig – tenant-tout-seuldebout et non-suspendu-en-l’air. Marcher, chanter, tuer forment ensemble un seul et même mouvement. Exclusivement anthropophage. Une seule et même marche meurtrière et prophétique vers l’ennemi nourricier, que les peuples insurgés accomplissent parfois miraculeusement, et dont certains hymnes nationaux européens portent encore, mais honteusement, la trace : « Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! ». Que Rosalie, la « si jolie » baïonnette qui « pique, et perce et taille », qui « perce en tête et pointe à fond », que la « danseuse de polka », « si vermeille et rosée », nous « verse à boire le sang impur des Boches ! », chantent encore les Poilus de la Grande Guerre, pour se remettre le cœur au ventre sous le feu des obus allemands. Mais, Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel, le parolier de « Rosalie », le Karai des tranchées, n’en peut mais. Le perçage est définitivement perdu. Les obus pleuvent, et des générations de survivants défileront abasiques à heure régulière chez le psy, qui les désorcellera en leur découvrant des ennemis symboliques, et leur rendra quelque chose comme une marche – en leur laissant toutefois dans les mains un léger mais incessant tremblement qui les rendra pour toujours pane, les empêchera à jamais de percer d’un trait l’œil d’un oiseau en vol. A moins d’échapper à l’Œdipe, comme Anani, l’Empédocle languedocien de Jean Camp : en se jetant tête première dans le moût tiède et empourpré de la cuve de vinification, dans la chair moite et gluante de la fosse mouvante où les raisins dansent une ronde infernale et grouillent des millions de vers. Mais, ils vont rarement jusque-là. Faute de Karai, de vrais chanteurs capables de les entraîner par la force des ñe’ë porä, des belles paroles indigènes, dans de longues migrations meurtrières, ils s’en remettent dans le meilleur des cas à de beaux parleurs, à des enseignants-thérapeutes, des Wissenschaftslehrer, des professeurs de savoir-faire-le47

savoir qui leur apprennent les rudiments pratiques de la Bestimmung des Menschen, de la vocalisation de l’homme, et tentent par le beau discours de les mettre en humeur de se lancer sur les chemins. Certains de ces beaux-parleurs atteignent même, comme le saxon J.-G. Fichte, un certain degré de perfection. Pas au sens où Hélène comprend l’aguyje guarani – « la perfection qui, moyennant une ascèse (sic) fait exister l’homme comme logos (sic) en le faisant accéder à un savoir (sic) dont la seule puissance (sic) suffit désormais à l’animer (sic) ». Pas au sens gréco-latin, donc. Mais bien indien. En proférant, à l’intention de ses seuls apprentis, dans l’intimité du séminaire, une parole initiatique non écrite et illisible, exclusivement orale et presque inintelligible, en faisant naître chez eux des visions fantastiques et sonores, faites de prépositions-mots et de verbes-actions qui improvisent dans l’élément exsangue, débile, du savoir philosophique blanc un drame violent, qui ne laisse aucune chance au Begriff, à la main sans griffes de Chachubutawachi qui prétend encore tuer sans percer et ne sait rien faire que ramasser à terre, pour toute prise, un animal mort – Sein, Träger aller Realität, Grund, etc. Car les blancs connaissent la formule. Après s’être assuré que quelqu’un veuille bien fermer la porte, et aussi les fenêtres, leurs thérapeutes en savoir-faire-le-savoir, une fois bien enclos, la leur livrent la formule, très exactement. La formule de l’IMPOSSIBILITE. Rentrer et sortir, en même temps. S’éloigner, un max, et revenir au plus près, très très prés. Se séparer de tout, isolé au centre, et s’éclipser partout, se barrer, s’évaporer dans le cosmos. Fuir en ligne droite, sans fin, et se concentrer en un point fini. Mais les deux EN MÊME TEMPS. L’un par l’autre. La formule de la marche anthropophage, entropiphage, de la désorganisation nourricière. La formule de la production du temps, de l’impossible-já, mort et ressuscité, du séparassembler instantané où s’originent le passé et l’avenir, bref : la formule de la suite du monde. Et rien à foutre du socius… de l’organiser ou de le désorganiser… la formule de la SUITE DU MONDE, de la SUITE DE PINDORAMA, de tout le monde qu’ils sont, le monde qui sont. Mais ils ont beau connaître la formule, ils ne savent pas quoi en faire. Ils ont beau s’enfermer pour la parler, seulement la parler, et parfois même, dans de plus grandes salles, la gueuler devant un plus large public, ils ne peuvent s’empêcher de l’écrire, et de la lire, et d’écrire encore ce qu’ils en ont lu. Et ils écrivent et lisent des conneries. D’invraisemblables conneries. J’ai même connu une de leurs élèves, une dingue qui voulait m’appeler maman et qui comprenait la mata atlantica comme une immense preuve d’amour ! Les amis nantais et bordelais, sûrement par une forme de batavisme, s’étaient entichés de mon amoureuse chronique, toujours prompte à adopter le moindre détritus, à recueillir et à choyer sur les étagères de son orphelinat montmartrois, à deux pas des Abbesses, des centaines de flacons vides, de jouets abandonnés, de bouts de ferraille, d’objets perdus. Sans doute reconnaissaient-ils en elle ce Chachubutawachi qu’ils avaient rencontré au cœur de la forêt tropicale et qui les avait tant rassurés sur euxmêmes… et tant aimés. Pas… pas… papa… passionnément…

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DAVI KOPENAWA

Davi Kopenawa a vu un jour le Dieu des Blancs. Teosi. Celui dont les paroles tordues ne connaissent que la menace et la peur, et ignorent tout de la Forêt. Enfin, peut-être l’a-t-il vu. On ne sait pas. Parce qu’en réalité, même avec la poudre de yãkoana, personne n’a encore réussi à faire descendre son image, à la voir danser. Mais quand-même, ce qu’il a vu Davi ce jour-là, le jour où il était mort à cause des épidémies des Blancs, de la chiasse blanche, de ce chien de chiasse blanche qui vous dévore le ventre et vous broie les os, c’est quelque chose comme ce que les esprits appellent Wãiwãiri, un être à peau flasque et lumineuse qui danse sur place, agité de frémissements mous et effrayants. Jamais la poudre vous fait voir ça ! Même la vieille poudre, la poudre molle ! Pour le voir, il ne faut pas mourir de la poudre, mais de xawara, de la maladie des Blancs. Sans la rougeole, la grippe, la malaria, la tuberculose, et la pire de toutes les fumées d’épidémie xawara affamées de chair humaine que les Blancs répandent sur la Forêt, la fumée des minerais qu’ils extraient de la Terre, jamais personne n’aurait vu quelque chose d’aussi terrifiant qu’une pareille Verklärung… et Sesusi qui essaye de vous rassurer, le fourbe, après vous avoir fichu une telle peur bleue. Regardez comme ça le met en pétard, Mômo, la poudre molle, la lavette de foutre mort. Et comment ça foudroie un Blanc, même d’Afrique du Nord, le foutre chaud, la poudre vive. Tellement instable, qu’il la dose savamment pour qu’elle lui pète pas d’un coup à la gueule, maintenant, jà, mais toujours après-coup, qu’elle déflagre seulement très localement, sur de petites peaux de papier, accrochées aux murs d’un Musée d’Art Moderne dans une colonie batave du Nouveau Monde – mieux encore : à même les pages du Catalogue de l’expo, à lire chez soi, dans un tirage limité, entouré d’Objets, tous choyables et soustrayables à volonté, tous faits de matière arrachée à la Terre et à la Forêt. Du grand Art. Le problème des Blancs, c’est qu’ils y tiennent dur comme fer à leur débilité abasique, leur asthénie visuelle, autant que l’Indien tient à sa marche, mais autrement : sans tenir. Toujours suspendus en l’air. C’est pourquoi la formule de l’impossibilité ils la traduisent systématiquement en flottement, et le monde, leur monde, ils l’imaginent et le créent par un flottement, par le suspens d’une hésitation continue entre la forme et l’informe, le contour et la ligne infinie – ils disent aussi : « de.tɛʁ.mi.ne » et « libʁ » –, et ne voient pour toute vision que des êtres transfigurés, des Wãiwãiri à peau molle, des schwebende Erscheinungen, des visages de drap lumineux, comme Giotto : un Christ avion cerf-volant, mais jamais un Brésilien Noir et Crasseux. Par débilité, parce qu’ils ne voient rien sans eux-mêmes flotter, et rien d’autre qu’un flottement, ils migrent sans cesse, sur la mer et dans les airs. C’est 49

pour ça que Pierre, Jacques et Jean, les disciples terrorisés de la religion du mont Tabor, embarquent sur les caravelles transatlantiques au péril de leurs vies. Et tombent à la verticale. Pulvérisés. Se transforment en faits divers. Ils cousent ou collent entre elles des peaux volantes, couvertes de dessins de belles paroles, pour faire des Livres dans lesquels ils les retiennent captives et les torturent. Quand ils ne savent ou ne veulent pas, comme Clarice, les improviser directement dans l’écriture – ce qui est très difficile, et que les philosophes ordinairement enfumés ont d’ordinaire le bonheur de trouver fumeux. J’ai beaucoup lu un de ces livres, au point d’user et de rompre les nœuds qui tenaient ensemble les peaux, de faire voler de nouveau ses feuilles. Il était écrit par un russe blanc, un ancien champion de natation graphomane qui se disputait amicalement avec un fin jésuite au regard clair à propos de ce qu’il fallait comprendre des belles paroles d’un certain Jean-Amédée Sapinette – un célèbre philosophe français de langue allemande dont on entendait parler à l’époque dans la moindre échoppe du Quartier Latin. Machinalement, parce qu’on se sent bête de ne pas le faire, j’avais moi-même recouvert de dessins de paroles la page « 100 » de mon livre russe traduit à peu près de l’allemand en français. Cet Articzewsko parigot y expliquait dans une langue presque inintelligible, émaillée de mots allemands incohérents, difficilement interprétables, parce que l’ethnographie est une science vraiment difficile, et surtout l’ethnographie des Blancs, comment, donc, pour un Blanc d’Europe, se-rencontrer-ensemble (tsu’zamen’trefen) et prendre-par-la-main (auf’fasen), c’est pareil. Que toute leur force (kraft) tient dans cette poignée de main, et que, par la magie de cette poignée, cette force est infinie, qu’elle est leur force-d’acculturation (’’ain’bilduns’kraft) infinie, d’eux-mêmes et des autres peuples. Et surtout que le produit (pro’dukt) de cette force consiste précisément dans ce fameux ‘sve:ben, entre nager (‘svimen) et tisser (‘ve:ben) : progresser dans un élément fluide, jamais sur la Terre, passer une trame dans la foule sans avoir préalablement tendu la chaîne entre deux bâtons de bois figés dans le sol ; d’une manière générale : sans jamais rien tendre, spiraler ou tresser – ni arc, ni panier, aussi étranger à l’un et à l’autre que Chachubutawachugi. Difficile ! Mon Philonenczewsko expliquait encore comment grâce à ce Schwabutaschweben, cette fumée migrante que produisent les Blancs en usant de leur force d’acculturation, il existe pour eux un temps, un temps qu’ils peuvent aussi s’amuser à suspendre un temps, en suspendant un temps l’usage de leur force, mais pas trop longtemps quand-même, un suspens de leur suspension en l’air, ce qu’ils appellent er’ha:benen, leur manière de rester debout, levé en suspens au-dessus de la Terre, dans une sorte d’érection sublime, céleste et solennelle, ce qui les étonne beaucoup et leur cause de grands frissons, très jouissifs. Mais la plupart du temps, malheureusement, de suspens en suspens, ils traversent les Océans. Et leurs fumées migrantes, épidémiques, recouvrent la Forêt. Le dos du premier Ciel, autrefois tombé, qu’ils percent et branlent à coup d’explosifs pour en extraire l’huile minérale. Et, par contre-coup, ils ébranlent aussi le nouveau Ciel, celui qui tonne au-dessus de nos têtes, précipitent sa chute, puisqu’en fin de compte ils ne savent rien faire d’autre que tomber et faire tomber à la verticale, dispersé, et n’ont pour toute suite du monde qu’une série de faits divers. Tout ce qui se répand ainsi par 50

fumées épidémiques a force d’acculturation : ballons de football, grippe, canettes et flacons, rougeole, cartes de crédits, chaussures et pantalons, malaria, livres de philosophies et bréviaires, tout ce qui se répand en matière d’idées, réalismes, idéalismes, matérialismes, gallimatismes. Objets, maladies et idées : mêmes fumées létales. Et aussi tout ce qui passe, sournoisement, sur le côté, en fraude, dans les passes à saumon qu’ils construisent après avoir enfumé le pays : longanimité, serviabilité, sollicitude, bonté, fidélité, A.I.M.E. project. Parce qu’ils ne s’aiment pas eux-mêmes, n’aiment pas les leurs mais veulent le bien seulement des autres et seulement à condition de les avoir d’abord anéantis, par centaines de millions – deux cent quinze millions, très exactement, à compter du 11 octobre 1492. Faute d’ennemis. Et combien d’africains noirs et crasseux ? Leurs amis, ils ne les aiment pas. Ils les fuient. Les plantent là comme Mme Bérenge, la concierge de Mort à crédit, la vieille bignole. Comme la fille sotte et moche de la rue de l’Acre. Et aussi la grand-mère de Louis-Ferdinand, plein de haine. Ils repartent tous très loin, très loin dans l’oubli, changer d’âme, pour mieux trahir. Mais, qu’est-ce que ça me fait à moi qu’ils m’écoutent ou qu’ils ne m’écoutent pas. Du moment que toi tu es là, mon Bento. Et à qui écrirais-je sinon ? Et comment écrirais-je en un tel désordre tout ce qui me vient à l’esprit ? Comment capterais-je ce qui arrive ainsi de derrière la pensée sans y penser ? Comment, vieille femme, serais-je pleine de milhares de passarinhos barulhando ? Si je ne t’écrivais pas à toi mes notations d’instants ? Vois-donc comment l’estrangier, le Horpays, l’orpailleur épidémique ici comme partout ailleurs porte ses pieds dans les chemins sacrés par les pas des anciens, fauche l’arbre mûr, en arrache les racines et, pour finir, coupe la forêt bord à bord comme un seul arbre ! Entends-le crier sa gloire dans les combes en palauras que personne ne sait ! Et beaucoup veulent devenir Blancs, lèchent lo cuòu de l’estrangier ! Li servon de valets, li servon de putain ! Même Gilles-Plateaux, mon Bento, le philosophe français de Millevaches, ne parle plus la langue de Marcela Delpastre, confond un arbre avec un livre, n’aime pas l’Arbre et la Racine, leur préfère les rhizomes invasifs. Quand la bouche dentée de granits de Marcela, mille veines ouvertes, saigne sur terre et dans la mer. Saigne et sème dans les terres qui sont au loin par-delà la mer. Plante ses graines et enracine de cœur par-delà l’Océan un arbre-parole, aubras palavras, qui fleurit comme fleurit au Nouveau Monde un arbre à chants yanomami : en mille bouches entonnant sans relâche, sans jamais se répéter, dans toutes les langues qui se peuvent inventer, de magnifiques mélodies, aussi innombrables que le sont les étoiles dans la poitrine du ciel. Et mille arbres à belles-paroles, couverts de mille lèvres chantantes. Les mille arbres à chants où toute musique se puise. Sans quoi le monde serait sans musique. De part et d’autre de l’Océan. D’avoir trop copulé, ils sont venus nombreux, bien obligés, d’outrepays pour tuer le pays. Mais ils ont beau faire, jamais le pays ne meurt ! Pour jamais, la sève vivante y remonte, d’un bord à l’autre. Jamais n’avait donné autant de feuilles ni de fleurs si parfumées. D’avoir trop copulé, d’avoir trop mangé la vulve des femmes, il leur a bien fallu, les pauvres, là-bas et ici, s’emmurer et emmurer leurs enfants, les nourrir de la chair cuite de nos propres enfants, de nos femmes et de nos anciens, enfermée dans des boîtes de fer ou de plastique, qu’ils préparent en 51

très grand nombre et conservent pour les manger plus tard. Et cela, afin de pouvoir aussi plus tard mettre en caisse leurs propres morts, dont la viande, ainsi nourrie de matière inoxydable, ne se décompose plus, mais que personne ne mange. Drôles d’anthropophages. Leurs pieds aussi, ils les mettent en boîtes, de peaux et de tissus. C’est une manie. Aussi les seins des femmes, en deux boîtes plus ou moins opaques attachées entre elles, plaquées sur la poitrine, serrées par derrière au moyen d’un petit verrou. La peau, leur peau, ils s’interdisent de la recouvrir de dessins et, une fois les parties molles bien tenues, curieusement ils se couvrent entièrement de draps de peau flasque, tissés de matières transformées, végétales, animales ou minérales. C’est même une grande affaire que la fabrication de ces draps mous, qui mobilise des armées d’esclaves dans leurs colonies. Sauf les visages, exposés au poison de leurs fumées d’industrie, qui ramollissent, dégringolent naturellement sous leurs yeux pochés à force d’agitation : prospection, extraction, transport par air et par mer, transformation, transport par air et par mer, stockage, transport par air et par mer, commerce – ce qui est épuisant. Car, ils n’ont de cesse qu’ils n’aient épuisé le monde. Lorsqu’ils sont las de nous chasser pour nous dévorer le cœur, ils construisent au milieu de nulle part sur la terre du pays mort des maisons en pâte de pierre qu’ils nous offrent avec de grandes cérémonies. Mais, ils ont du mal. Il arrive que des Indiens venus d’Egypte avec Sara la Noire arrachent le sol de leurs maisons, éventrent le ciment, mettent à nu la terre vivante, affolent la vermine, ouvrent un champ au beau milieu de la salle à manger, y creusent un trou où allumer un feu et tirent entre deux doigts la corde d’un violon pour apprendre aux enfants à chanter les belles paroles et faire danser les filles. Pour ne pas perdre la marche le mieux est quand même de rester sur la route, de ne pas quitter la bonne route, de remercier les gadjé sans rien accepter d’eux. Ni maisons, ni canettes, ni ballons, ni livres, ni idées, ni réalisme, ni idéalisme, ni empirisme, ni matérialisme, spéculatif ou historique, transcendantal ou pas… on s’en fout.

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GLAUBER DAS MORTES

J’ai peur. Les gadjos normalement ignorent la peur. Ils n’ont peur que de la mort. Pour le reste, ils sont sans peur. Toujours plus forts les uns que les autres. Dans les édifices où ils stockent leurs plus précieux Objets-et-Idées, ils organisent des joutes entre eux-mêmes et eux-mêmes, inventent des combats singuliers entre des ennemis qui ne se sont jamais rencontrés, jamais touchés, des combats où jamais on ne verse le sang, mais où se presse une foule de jeunes hommes et de jeunes femmes bizarrement animés d’aucune soif de vengeance. Tout autour, dans les rues et jusqu’aux quais... plus loin encore, s’affaire sous leurs yeux aveugles un peuple nègre, grassboys, hygienboys, bottelboys, gutterboys d’Abidjan, dockers, porteurs, manœuvres, contrebandiers d’Accra sur les confins de la Côte des Esclaves. Quand ils voient enfin ce que ce peuple fait, alors là seulement ils prennent peur comme j’ai maintenant peur. Comme un enfant prostré d’avoir tué un autre enfant… par bêtise. Tristes gadjos. Jean Rouch, documentariste-émissaire du Quai d’Orsay en pays noir, pose fissa la caméra quand la pantomime glossolalique tourne au vinaigre, part se planquer dès que les noirs en transe s’en prennent au chien, se ruent bave aux lèvres sur la pauvre bête pour l’égorger et boire son sang cru. Les Blancs palabrent beaucoup au sujet des Noirs. Mais, peu se soucient de ce qu’Ils font le dimanche soir dans les faubourgs de la Ville coloniale, de ce que font Mountyeba et Moukayala lorsque le travail a cessé. Ils s’épargnent ainsi de savoir avec précision ce qu’ils font, eux, aux Noirs. La secte des Haouka ! Tu t’imagines, mon Bento ? C’est comme si je disais : « la secte des Xawarari » ! Les Maîtres Fous des Fumées Epidémiques et des Objets ! Mountyeba Grand Prêtre de l’Ordre de Chachubutawachi… voilà comment il faut voir ça. Un vrai galimatias. Au lieu de faire descendre les images des xapiri ou des orishas, ils appellent sur eux les divinités des Blancs, les dieux de la Ville et de la Technique, l’esprit du conducteur de locomotive, l’esprit du gouverneur, l’esprit de la femme du capitaine… l’esprit du Colon. Non, mais tu te rends compte ? Ils me trouvent amphigourique ! Pas clair ! Pas assez tricoté. Et regarde ce bazar : une religion noire des dieux de la colonisation ! Pas étonnant, qu’ils retournent docilement au boulot le lundi matin, Mountyeba et Moukayala. Jean y voit même un modèle de prophylaxie mentale pour prolétaires blancs. Sans blague ? Après en avoir délibéré, puisque les dieux de la Civilisation délibèrent tout le temps, s’engueulent à n’en pas finir sur ce qu’on va faire et ce qu’on ne va pas faire, ils décident de cuire le chien pour en manger plus tard avec les copains restés en ville. Gilles écoute Fanny. Mais pas seulement. Il écoute tout le monde et n’importe qui. Sans trop y réfléchir. Il ne 53

sait pas que Glauber, dans Vento del Este, fait un peu la pute en passant, sans être tout de même assez charlot pour se laisser embarquer dans le folklore des gigolos de l’inoubliable Mai français… juste par affection pour un cinéaste quadragénaire maigre, chauve et triste, fatigué de poésie, totalement inoffensif. Ah, l’amitié de Glauber, mon Bento ! L’anarchisme bourgeois, moraliste et sérieux, de Jean-Luc et Dany, Gilles le prend pour argent comptant, et quand Glauber fait le poteau indicateur du cinéma politique pour une gonzesse russe blanche prégnante – « parlà la direction du cinéma inconnu, de l’aventure esthétique et de la spéculation philosophique !… par ici la direction du cinéma du Tiers-Monde, un cinéma dangereux, divin, merveilleux ! » –, Gilles prend ça au sérieux et le cinéma du TiersMonde devient le cinéma politique moderne, celui de Glauber et aussi de Rouch et de Perrault. Un vrai sac de nœuds ! Tout ça à cause du chien, de l’orignal et du marsouin, l’animal anomal, la bête lumineuse, l’animal « merveilleux », comme dit Stéphane-Albert. Mais qu’est-ce qu’il y a de merveilleux à préparer des conserves de viande de chien, à piéger un cétacé blanc pour le camionner jusque dans un aquarium new-yorkais ? Sait-il, Gilles, ce que Glauber a vu en voyant Vent d’Est, la Bonne Nouvelle qu’il répand de retour au Brésil ? Il a vu de près le cadavre de Godard le suicidé : l’image morte de la colonisation ! LA MORT DE LA COLONISATION. Et toi, mon Bento, l’as-tu vue la mort de la colonisation ? Un philosophe français aristocrato-anarchiste, cloitré dans son appart, prenant au mot ce qu’un cinéaste suisse anarcho-droitier dépressif fait dire sur le cinéma du TiersMonde à un poteau brésilien édenté qui, lui, se moque bien de la destruction de l’Occident, de sa religion, de sa morale, de sa philosophie et de son cinéma, mais veut seulement CONSTRUIRE, continuer de faire du cinéma pour construire sa Terre de Braise en sons et en images. Comme Céline, Glauber n’aime pas les destructeurs. C’est un constructeur. Sérieux ? Eh oui ! C’est ça aussi la mort de la colonisation. Cette manière qu’a Michel-Ange d’écrire et de lire, tout et n’importe quoi, sur l’Accrétion de la Terre, l’Autre Métaphysique, l’Inexistence du Monde, la Forclusion du Nom-du-Père, la Lutte des Classes, la Constitution des Modernes, le Manque de Peuple, d’un bout à l’autre de la planète, à la télé, sur le net, dans la presse, à San-Francisco sur une planche à roulette, sur la Grande Muraille de Chine coiffé d’une chapka, dans un Centre Commercial de Rio – Gavea ? –, à une vitesse presque infinie… au lieu d’aller peindre la Chapelle Sixtine. Ou d’inventer le bazar infernal du tropicalisme. Ni Godard, ni Rouch, ni Perrault ne filment le sang, ne causent aucune terreur. Ils sont sans violence. A peine un filet sur le dos blanc du cochon de mer prisonnier à marée descendante du piège tendu par les Blancs de l’Îsle aux Coudres. Un filet de sang facilement enjambé. Quand Glauber Das Mortes blesse REELLEMENT à mort un cangaceiro de Carnaval, quand il fait REELLEMENT renaître un jour de Parade la violence affamée de Saint-Georges au désert, d’Oxosse-Museau-Sale, ce vieux-nègre de Lampiao, le Saint-GuerrierNoir-et-Crasseux, et impose les images et les sons de cette violence REELLE dans les salles obscures des milieux tempérés où Gilles s’enferme des jours entiers le galurin vissé sur la tête, Grand-Louis et Stéphane-Albert, les acteurs-fictionnant de Pierre, arrière-petit-fils d’égorgeurs de cochons bretons, attendent encore, eux, 54

l’Achab, le Génie, l’Achabutawachi qui sera capable, sans trop le blesser, de leur capturer un marsouin, de ramener sur terre un dos de Lune, de faire descendre l’image de l’Absolu, de faire voir Teosi tremblant au-dessus de leurs têtes, son ombre lumineuse flottant à la surface des eaux – légèrement effilée de sang… sur le flanc droit… loin du cœur. Ça l’émerveille, Gilles, la pêche à marsouin des Tremblay et consorts, des adeptes du Grand-Malouin, l’illustre Inventeur de Terres Neuffves, le Précurseur de la France-Antarctique. Ça l’émerveille, Gilles, dans sa salle obscure, au Champo, le galurin vissé sur la tête, pendant que Franny reste à la maison mater son docu sur les loups… un loup, des loups... Faut voir ça ! De la viande sans os. Lisse et blanche. Lumineuse. Totalement décérébrée. Pas un poil de cerveau. Et ça tient quand-même debout ! Tout seul. Magie, Magie ! C’est ça qu’il aime, Gilles, chez Cézanne : l’érection de la chair, la station debout des parties molles, la stance du fluide, la turgescence de l’utérus. Pendant que Frannytoris rêve sur le bord des meutes. C’est son style, à Gilles, sa manière de colonniser. Il tient ça des filles priapiques de Charcot. Il suffit qu’un toubib-homme-très-homme les installe, abasiques-astasiques, pile devant un appareil photographique, pour qu’à tous les coups elles lui fassent là, sur place, tout un numéro de contorsionniste, de contractures et d’oscillations, un bel arc-sans-organes, un arc-corps, une vergecorps, sans jet, pleine et lisse comme un œuf, un corps-œuf… un arc inoffensif, intensif, inotensif, sans plus rien à voir avec percer-tuer… un arc pour Chachubutawachis… fait sur mesure. C’est peut-être ça, mon Bento, que les Blancs appellent fal.lys : cet utérus pénien, cette station hystérique du pénis, qu’ils opposent au pénitoris, trop organique, des femmes, à l’œil qu’elles ont au bas du ventre, et qu’ils craignent tant de peur de perdre la seule chose à quoi ils tiennent : ce bon dieu de flottement entre turgescence et déturgescence.

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SAINT-BENTO

Lorsque les filles des eaux cherchent à attirer par magie amoureuse leurs jeunes garçons pour les conduire dans la forêt sous la surface d’un lac obscur auprès de leur père, Tëpërësiki, afin qu’il leur enseigne les chants qui permettent en les nommant de régurgiter les êtres maléfiques, les Blancs enserrent puissamment l’enfant de leurs bras et accélèrent la course fatale de leur monture à travers nuit et vent. Quand un jeune garçon est pendant son sommeil visité par les xapiri les bras parés de caudales d’ara rouge et d’une profusion de bouquets de plumes brillants et colorés, enduits de teinture vermillon de rocou, et qu’il se réveille en cris, terrifié par la beauté de cette invitation à partager le secret des esprits, ils le bourrent de Chamonix Orange et pour qu’il ne devienne pas fou, pas plus qu’il ne l’est déjà, ils le conduisent une à deux fois par semaine à Meudon, chez Colette, une bonne amie de Philonenczewsko, une philosophe faisant métier de désensorceler les enfants mâles en leur apprenant à s’intéresser plus à la vulve qu’à ce qu’ils voient la nuit. C’est pourquoi les Blancs ne connaissent jamais les paroles qui sauvent. Sont sans défense devant leurs propres fumées épidémiques, se blessent mortellement à chaque geste qu’ils font pour s’en libérer. Sont incapables de faire descendre les esprits qui savent réparer le ciel et courent à la catastrophe. Aide-moi, Saint-Bento, aide-moi, Vieux-Nègre, à régurgiter mes fumées ! Il faut du courage et de l’expérience pour tenir debout, même tordu. Il ne sert à rien de sortir du Lycée des langues mortes, d’être engraissé de mandarinades et d’examinines, de porter le bicorne à plumes infantile des quais de Seine. Il ne faut pas être si douillet. Je le sais bien, moi qui suis né par accident dans le berceau d’un autre – dans un panier tressé pour accueillir un tout autre que moi. Moi, qui était tellement nerveux, REELLEMENT nerveux, d’une nervosité tellement sereine, sans douleur et heureuse, qu’il leur a bien fallu, pour me maintenir asthénié au berceau douillet, me refiler une maladie nerveuse. Symétriser et tenir debout sont maintenant une seule et même chose. Comme Galli Mathias n’en a pas la moindre idée. Je dis « maintenant » parce que cela ne se fait que maintenant, à condition de tenir fermement en main, religieusement en main, l’instant présent, celui-là même où nous mourrons ensemble, maintenant, toi et moi, mon Bento. Je ne tiendrai debout, maintenant, qu’à condition de joindre à l’instant nos deux asymétries, ma différence absolue d’avec toi et ta différence absolue d’avec moi, de les tenir ensemble chacune fidèlement peinte, comme seule sait le faire Clarice, sur les deux battants d’un même portail, mais, écoute-moi bien, strictement identiques l’une à l’autre – de tenir et de voir ensemble peintes identiques sur chacun des battants du 57

portail nos deux différences absolues, différemment différentes, puisqu’aussi bien tu diffères de moi comme jamais je ne saurais différer de toi. A seul dessein que nos asymétries enfin se rencontrent. Que ton image m’apparaisse et, puisque nous sommes peints tous deux identiques sur chacune des deux portes, qu’aussi bien mon image t’apparaisse comme l’image d’un Brésilien Noir et Crasseux dansant à l’aube au chevet d’un philosophe luso-polonais, comme l’image d’un Coq-Bem-tevi chantant dans l’aurore sanglante sur les quais d’une baie édentée, d’une Femme Fantastique charmant des serpents au plus profond d’une Forêt-Monde, d’une Sorcière nordestine montant la nuit, recouverte d’enguent de chair, le cheval du roi du sabbat, de Fatumbi-Descartes habillé en femme dans un terreiro de Salvador… de tout ce que nient ceux qui ont l’outrecuidance de prétendre atteindre au réel sans magie… par simple agitation du bocal. Voilà, mon Bento, la prière matinale que, très exactement, je t’écris.

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BENTO DE ESPINOSA

No ano de Cristo de MDCLXIV, pouco além dum século após o esquartejamento e a devoração do primeiro bispo português do Brasil pelos índios Caeté, a deliciosa deglutição do bispo Sardinha que Oswald de Andrade celebrará como o ato fundador do Brasil moderno, o filósofo judeo-português Bento de Espinosa, cuja família se exilara em Amsterdam, capital mundial do comércio colonial, com tantas outras famílias judias que logo iriam povoar o nordeste brasileiro, escrevia ao mui sábio e mui prudente Peter Balling para confiar-lhe uma singular alucinação visual: a imagem tinhosa, ao despertar, ainda mais viva com a atenção vasqueada , de um brazuca negão e sebento, que, Bento queria deixar bem claro, nunca tinha, cruz credo, dantes visto. Peter permitira-se enviar uma carta ao amigo pedindo explicações sobre a alucinação premonitória que tivera dos gemidos de agonia de seu filho, estando este bonzinho da silva. Ora, tudo leva a pensar que se esse Bento, que se fazia igualmente chamar Benedictus, e que aliás entrou no Panteão dos bibliógrafos com o nome de Benedictus de Spinoza, se aporrinhou tanto com essa arrumação alucinatória e respondeu a Peter com tanto do cu doce, fez isso sobretudo pra mor de distinguir bem distinguidinho seu próprio caso daquele de seu amigo: de um lado a potência psíquica que o Amor paterno confere de imaginar, antes mesmo que se dêem, os acontecimentos da vida do filho tão amado; do outro, a simples teimosia retiniana, em estado de vigília, de uma imagem onírica, o efeito sobre a imaginação de uma alteraçãozinha besta do corpo, assim como a febre é causa de delírio. Me engana que eu gosto. É verdade que os brancos, como esse Benedictus, há muito tempo perderam a faculdade que tinham seus ancestrais de ver por eles mesmos os xapiris yanomamis que acompanham Omama em seu exílio europeu, depois que ele, botando fé num diz-que-diz-que idiota, fugiu da floresta tropical. Xapiris bem mais belos, se nos fiarmos em Kopenawa, que os xapiris da floresta amazônica. No entanto, uma coisa não se pode negar: seres fantásticos continuam assombrando os brancos. E eles, coitados, não sabem o que pensar destes desconhecidos, aos quais concedem de mão beijada a hospitalidade de seu próprio universo de pensamento, mas dos quais não sabem aprender bulhufas. Como esse Bento acabou, com o tempo, por gozar de um certo renome, o clero, cabreiro com aquela correspondência, soube dessa arrumação e ficou, cá pra nós, com a maior cara de bunda. Ansiosos por desviar a atenção do público letrado da irrupção do Brazuca no quarto de dormir do filósofo, ele se perguntou se a explicação da alucinação do pai era conforme à VERDADEIRA 59

doutrina daquele que agora chamavam “Spinoza”: se ela era VERDADEIRAMENTE spinozista. Suspeitava-se de que Benedictus se embananara ao tentar reconfortar seu amigo Peter: que ele não tivesse se levantado naquela noite, a noite dos gemidos, na boa, não era o fim do mundo, já que eram imaginários e, além do mais, ele os ouvia por amor. Pouco importam as picuinhas dos debates que opuseram por algum tempo um ativista de Pádua à Sorbonne: “Spinoza” triunfara sobre Espinosa. Benedictus, o grande erudito vestido da Europa do Norte, o sabichão dos países frios, chegara a apagar até a lembrança de Bento. Pergunte ao primeiro professor que aparecer se ele alguma vez ouviu falar num tal Bento de Espinosa. Pergunta só! Escamoteando a primeira sílaba de seu nome, forjando do zero as três novas sílabas do nome pelo qual seu espectro seria universalmente convocado, Benedito quis se desvencilhar do fardo toponímico trazido da Espanha por todos os seus, apagar definitivamente toda e qualquer lembrança daquela península imbecil onde obrigavam os judeus a comerem porco? Vai saber! Em todo caso, nada mais prendia agora o Grande Luso-Holandês, integralmente sedentarizado, enquadrado no Patrimônio laico da Humanidade, ao povaréu daqueles que no Brasil, no México, no Equador ou no Chile, trazem ainda hoje o nome de Espinosa, a todos aqueles judeus que não ficaram debaixo da saia do velho mundo, europeu e mediterrâneo, mas fugiram pr'além-Atlântico no rumo dos sertões do Novo-Mundo, prali deitar seu fardo de espinhos e inclusive, como Heitor Antunes, um outro Bento, um anti-Spinoza brasileiro, plantá-lo na terra e fazer brotar em Minas uma Nova-Espinosa. Quando Bento recebeu a carta de Peter e respondeu, vivia no miolo da comunidade que, no Recife, acabava de construir Kahal zut Israel, a primeira sinagoga americana de onde partiu, depois que os holandeses foram corridos de Pernambuco, a vintena de correligionários que fundou a comunidade judaica de Nova Amsterdam. Futuro cidadão de Nova Iorque, já cidadão de uma Nova Iorque holandesa, como todos os judeus sefarditas holandeses, no Recife ou em Amsterdam, Bento não podia deixar de ficar de queixo caído com a aventura americana. Associados ao governo colonial por JeanMaurice de Nassau-Siegen, os seus tinham tomado parte, nas duas bordas do Atlântico, do desenvolvimento da Companhia holandesa das Índias ocidentais. Amsterdam lhes oferecera muito mais do que a liberdade de culto, bem mais do que gozar da anomalia histórica, política e religiosa da Holanda do século dezessete: a potência selvagem de um devir-mundial que colocava em contato de maneira tão violenta quanto aberrante as costas europeias, africanas e americanas, seus povos, seus reis, suas línguas, suas religiões e seus sons. A América, restituindo à dispersão forçada deles sua dimensão sagrada de Diáspora, mergulhava-os num novo banho de sementes e de sangues. Grande surpresa que Bento alucine pela manhã com a imagem pegajosa de um americano negão e sebento! Seja visitado por um Brasileiro Fantástico! E com mais frequência do que confessa a Peter. Benedictus Spinoza terá então convencido seus biobibliógrafos sabichões a esquecer tudo isso a fim de que se interessassem exclusivamente pelas mui sutis teorias da imaginação e da participação das essências destiladas pelo filósofo no intuito de explicar a alucinação auditiva do mui sábio, mui prudente e mui branco Peter Balling. Em 60

nenhum caso pela alucinação visual com um afro-americano do sefardita Bento de Espinosa, simples teimosia retiniana de uma imagem onírica, estorvo ocular superficial. Mas os sabichões não podem fazer o que der no bedelho. A famigerada carta fora publicada com sua embaraçosa confidência nas Obras Completas do filósofo. Ora, nada da Obra podia escapar à Crítica. Foi preciso, então, dum jeito ou de outro, encontrar alguma coisa pra escrever sobre o tal Brazuca. E como Bento falava dele como de um etíope, imaginou-se, e como não?, um Negrão, pois que em grego, a língua morta dos sabichões, “etíope” quer dizer “gente com cara queimada”: negões e sebentos. A alucinação matinal tomou então o aspecto de uma aparição terrível e tesuda. Quero dizer: para um aluno de liceu francês. A Erscheinung da imagem inimaginável, a imagem do Duplo negão, a imagem interdita, recalcada, daquilo que o Grande Filósofo não é – daquilo que, aliás, no grosso, NÃO É. Spinoza antes de existir, Spinoza no Abgrund: Spinoza falasha, judeu e negão. E como em amárico, por conta do liceano francês conhecer também muitas línguas vivas, ainda mais pro insulto, “falasha” é como um etíope chama um judeu para lembrá-lo de que é um imigrado, compreendeu-se logo de cara a aparição do brazuca negão e sebento como a visão de si mesmo que assombra todo judeu em exílio através da interpelação do Outro, do gói que, à sua passagem, escarra-lhe na cara um “judeu de merda!'' e, empurrando-o, intima-o, como ao pai de Freud, a deixar a calçada para retornar à lama imunda da sarjeta. Outro jeito de pasteurizar a alucinação, de branqueá-la. Remetendo-a à universalidade do informe, da imundície com que o Outro cobre a cabeça do imigrado, e que está tão enroscada aos órgãos genitais, localizados inter urinas et faeces, que, no sapo que ele engole, “de merda'' ou “sebento” prejulgam também de sua higiene sexual. Nada de brasileiro, portanto, de especificamente brasileiro, na alucinação do brazuca negão e sebento, nada que tenha a ver com a colonização luso-holandesa da América, mas apenas o jogo unanimerdal dos mecanismos identitários e miméticos que reinam por tudo, na Europa e em todos os lugares por onde se alastra a Europa, a redução de um boi de piranha à geléia de um corpo lapidado. E olha que a intenção era das melhores. No fundo, queriam dizer que Bento fizera bem em não deixar que os gois o mandassem à merda e atribuir a si mesmo seu sobrenome, um sobrenome branco e limpo, com um nome de santo latino, pra que ninguém desconfiasse que tinha merda na cabeça e mijava nas calças. Pra mostrar que se pode ser judeu sem ser sebento. Judeu e branco.

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FRANNY DELEUZE

É verdade que chutar ou não Bento como um cachorro morto foi para os filósofos europeus uma verdadeira questão, e, como vemos em Hegel, que trancava o cu só de pensar em ser confundido com Spinoza, uma real fonte de angústia, a pior merda que podia suceder a um filosofo enrabichado pelo absoluto era acabar na sarjeta com um judeu: o cagaço do informe, de só chegar, pelo excesso de unidade, a uma boca ou um buraco escancarado, um abismo obscuro onde soçobram todas as diferenças, está sempre ligado nele ao medo atrapalhado de sua própria mácula excrementícia e da denúncia pública que vem de todo jeito. Acusado pelos seus de ter dissolvido o mundo no indiferenciado, o filósofo sentese tão abjeto quanto aquele que, caminhando na cidade com um chapeu de bosta, é oferecido indefeso à vindita odienta do burguês. Quem tem cu tem medo. Ele mede o valor de sua obra pelo respeito com que o tratam na rua. Quem quer entrar na carreira, ainda que não possa apresentar-se sebento, experimenta, no entanto, a contínua possibilidade de sua brusca queda na lama da sarjeta. Pois os filósofos estão tão afim de ceder a passagem àqueles que pretendem calcar seu caminho quanto os cristãos a partilhar o meio-fio com um judeu. É uma história do arco da velha, que carrega com ela uma distribuição especifica, mediterrânea e greco-latina, dos papéis do amigo e do inimigo, do puro e do impuro, da origem e da existência, e de suas relações com o corpo e seus orifícios, principalmente a boca e o fiofó, e tão próximas as vergonhas, todos compreendidos como órgãos de morte e indiferenciação. Isso não ajuda lá essas coisas para compreender a alucinação americana e esquizofrênica de Bento. Apenas, talvez, um filósofo embeiçado por sua mulher ao ponto de lhe dar o nome de um personagem de Salinger sabe o que é a esquizofrenia. Como o menino coisa a bicha. Ter um amigo psiquiatra não basta. É preciso uma mulher de romance americano: uma americana. Para saber que a esquizofrenia é americana, que ela é uma capacidade estrapolada de viver os movimentos gigantescos e desregrados que realizam na escala da história universal passagens monstruosas entre os continentes e as raças, as culturas e as sociedades, mesclando seus destinos e seus conceitos a ponto de efetuar transformações reais, de criar seres desconhecidos que nenhuma das categorias por meio das quais a Europa agencia seus possíveis pode mais explicar. A Floresta tropical úmida alucina no Brasil Grandes Senhores africanos de quilombos, pajés, psiquiatras-soberanos fantásticos de autênticos Reinos bantos, negros e indígenas, que inventam para os párias judeus e todos os fugitivos que um dia caíram na mesma sarjeta, novas terras de exílio encantadas. Ela fabula seres de lenda, tão aberrantes quanto Felipe 63

Camarão, o Templário potiguar, o nativo latinizado, promovido pelos portugueses à dignidade de comandante da Ordem de Cristo, por ter, à frente de um exército indígena, botado pra correr as hostes batavas de Pernambuco. Colocado na borda dos movimentos prodigiosos que provocou, a uma só vez atraído para eles, arrastado por seu turbilhão imprevisível e desordenado, e colocado na retranca em relação a eles, excluído deles, ao mesmo tempo observando e sendo empurrado pra borda numa curiosa estação instável, em tensão, duma lapada dinâmica e estática, o colono só vê alucinando com o olho da própria floresta: gigantes, seres desmesurados, exuberantes, monumentais, Henriques Dias, Gangas Zumbas, Zumbis. Esse ponto de vista é aquele do brasileiro, de todo brasileiro, porque ele é e continua sendo um colonizador, um colonizador permanente sempre situado nesse mesmo lugar, na borda do espaço colonial, mata, sertões, chapadas ou veredas. Da banda de cá, ele continua a bispar os movimentos anárquicos dos grupos heterogêneos que povoam o Brasil e nele sempre reincidem: bandeirantes, caçadores de homens e ouro, exércitos insurgidos de escravos que picaram a mula e tropas reais afro-indígenas, hordas vingativas de roceiros, jagunços e cangaceiros, exército iluminado dos povos rebeldes de Canudos, galeras das favelas. Nenhuma história nacional, nenhuma ordem instituída do tempo dará conta de dissociar e organizar essas matilhas de homens, que, mergulhando num mesmo banho de sangue e de porra os estados sociais e as etnias, cozinham na mesma panela todas as épocas e percorrem o espaço colonial como o único tekoá anacrônico do mundo, o tekoá absoluto em que se comunicam todos os tempos humanos. “Jagunço” não designa em primeiro lugar uma arma africana? Uma daquelas mesmas lanças de bambu que valeram a Camarão e a Dias a vitória de Guararapes contra os holandeses impedidos de usar seus paus de fogo? O cinema de Rocha mostra-o bem a quem quiser ver pelo olho de Glauber: o brasileiro não para de alucinar, apesar de todos os esforços das autoridades religiosas e políticas para exibir os cadáveres e datar sua morte, as figuras messiânicas e reais que cristalizam essas contradanças aórgicas de sublevação revolucionária e de fanatismo retrógrado, Antônio Conselheiro ou Lampião. Figuras tão cruéis quanto o Bem-tevi da Rocinha, Erismar Rodrigues Moreira, cujo reinado criminoso e popular ainda tem tudo a ver com a glória dos bandidos de honra do Sertão que ele faz renascer sobre os morros do Rio para onde os guerreiros de Canudos transportaram com eles o Morro da Favela. Um nome de pássaro pra um chefe de bando? Nãnãnãnãninha. Pois trata-se já de um apelido: um apelido partilhado com um pássaro. Uma curiosa aliança com o animal, assim como a cidade sem Estado atrepada no morro estabelece uma curiosa aliança com o vegetal, com uma planta de garrafa do sertão, tóxica e medicinal: a favela. Mas não qualquer pássaro: esse passarinho onipresente de uma presença de tal modo tinhosa que parece, por toda parte onde se escuta seu canto, nas ruas da Urca ou nas veredas de Minas, tratar-se sempre do mesmo pássaro, de um único e mesmo bem-te-vi que Riobaldo ouvia: “que era um bem-te-vi,.exato, perseguindo minha vida em vez, me acusando de más horas que eu ainda não tinha cometido”. O Bem-te-vi da Rocinha, reizinho nagô da favela, com pistolas de ouro, pássaro ubiquista de um jardim plantado com 64

flores que existiram alhures no antes. Pois os movimentos extravagantes dos povos que dançam no meio do terreiro do espaço colonial tocando um foda-se pra boa ordem e pro progresso, porque deslocam com eles blocos inteiros de territórios e desfazem toda correspondência como toda violência tolerável entre as etnias e as classes, abolem tanto as fronteiras do humano e do não-humano quanto as identidades territoriais, culturais e sociais, têm, no final das contas, a vocação de proteger. Há séculos, o colono que ficou em seu primeiro cais não cessa de olhar do litoral todas essas multiplicidades furiosas dos sertões ou das escarpas inconstruíveis do Rio. A baía que ele habita há décadas continua sendo a baía de seu desembarque em que ele se sustém e na qual não para de se recriar. Pra quem não provou da descoberta da America, de sua invenção, nunca que vai cair a ficha: não é verdade, aqui, que o “aí” (como dizem os alemães) a partir do qual a existência eclode e abre-se um mundo, não é um lugar, um torrão natal onde ser aí, justamente nesse lugar, equivale a ser tragado pela existência. Cais: quando Elis Regina e Milton Nascimento inventam um cais e um mar, não é pra sair ao largo, escafeder-se dali, mas para ali voltar, voltar ao litoral onde o solitário, o melancólico europeu fraco em existência e em mundo reata-se às matilhas heterogêneas do Brasil. O litoral é tanto borda do mar quanto borda do país: se o Sertão vai um dia virar mar, oceano Atlântico, e o mar Sertão, será graças ao litoral, ao sortilégio dessa bordura cosmogônica. Qualquer um, nessa borda, pode ser com todo direito acusado pelo bem-te-vi de todos os crimes do Brasil. Quem acredita ainda (encontra-se gentinha assim!) que o carioca progressista dos bairros ricos não tem nada que ver com todos os assassinatos perpetrados por todos os capangas do Brasil desde os primeiros tempos da colonização, assim como com todos aqueles (os infames!) que projetam ainda cometer, tá viajando na maionese.

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DINA LÉVI-STRAUSS

Nenhum europeu pode desembarcar pela primeira vez no Rio sem ser exposto ao perigo de um tamanho bem-estar. Mesmo Lévi-Strauss escapa fedendo. O futuro acadêmico dos cais do Sena, nos quais, desde a época da Nova Holanda brasileira, a França conserva com todo cuidado do mundo suas espécies culturais uma vez que elas pararam de dar: artistas, moralistas, escritores, arquitetos, políticos etc., - o jovem etnógrafo parisiense, vindo ao Brasil praí coletar a matéria prima de seus livros, regras inéditas de casamento, lista de nomes de clãs etc. não tem, numa primeira abordagem, outra borda que não a borda dos paquetes da Companhia de Transportes Marítimos pra qual não vê a hora de voltar depois de ver pela primeira vez, aportado o Novo Mundo, no Rio de Janeiro, onde só consegue ver uma espécie de museu de formas fora de moda do urbanismo provincial ou suburbano francês: Nice ou Biarritz no final do século dezenove, Neuilly, Saint Denis ou Le Bourget no início do século vinte. O litoral do Rio a Santos percorrido de perto o bastante pra poder espreitar nas cristas da cadeia costeira os vestígios das trilhas por onde o ouro chegava de Minas, Ubatuba, Parati, São Sebastião e as inverossímeis praias da Barra do Sai ou de Camburi ao pé da serra... num dianta. Só que chegando a Santo a coisa muda. Enquanto o barco ganha o porto, penetrando lentamente entre as ilhas verdejantes, o sabichão francês toma enfim o primeiro choque dos trópicos. Desta vez, noves fora zero de comparação possível. Envolto pela parruda vegetação da floresta povoada de plantas mastodontes, a gente é devolvido ao primordial, ao começo da criação onde tudo é mais verde ou mais agudo do que tudo que se deixa perceber. Foram pro beleleu as aproximações, as analogias, as proporções, as classificações geográficas ou históricas, as diferenças de ciclo ou de ritmo: a floresta tropical só pode ser comparada a outra floresta tropical, o interior de Santos à bacia amazônica, o Brasil ao Brasil. E quando o sabichão tenta, apesar de tudo, uma comparação com aquilo que chama “nossa floresta” opondo a folhagem escura e os troncos claros dos trópicos às folhagens claras e os troncos escuros dos bosques europeus, o belo quiasma está sobrecarregado de evocações singulares, que, sugerindo secretas passagens entre os reinos, acaba esculhambando a comparação: os minerais, cujo tráfico seguíamos até há pouco, passo a passo, qualificam agora as nuanças do vegetal, que parece ser em jade ou em turmalina, a claridade dos troncos é aquela das ossadas animais, e os talos são recortados em metal. Virando de perna pro ar a distribuição do claro e do escuro que governa a relação da folhagem e dos troncos própria ao Velho Mundo, a floresta tropical opera mais do que uma simples permutação: ela muda de natureza, torna-se mineral 67

e animal. E o etnógrafo, transformado à sua revelia em explorador do Novo Mundo, é obrigado a admitir: ela é “duma cepa outra que a nossa”. O choque ocorreu mesmo: vindo procurar isomorfismos, o francês foi colocado de chofre em presença de seres inexplicáveis pelo jogo das combinações e transformações lógicas. Mas ele segurou a bronca com bravura. Poderosa e sintomaticamente. Pra fim de papo, arremata sua narrativa: “como nas paisagens exóticas de Henri Rousseau, esses seres adquirem a dignidade de objetos”. Bingo!. Eis como, uma vez reinserido em seu arrondissement parisiense, ele pode se safar dessa, e justificar o fato de não ter dado sequência à experiência perturbadora dos seres desconhecidos da Floresta, que, ocupados em transformações reais, parecem mesmo atestar uma comunicação ilógica entre o animal, o vegetal e o mineral. Citar Douanier Rousseau, é confessar que o quadro não estava completo, que a Floresta abrigava ainda uma cena ausente da narrativa, porque quase todas as “jungles”, de Douanier, por restituirem aos animais enjaulados no jardim de Aclimatação do Bois de Boulogne a potência mágica de sua vida selvagem, são na verdade cenas rituais de combate e devoração. O mito contra o rito, a estrutura contra esse momento de indiscernibilidade criado pela peleja mortal do homem negro com a onça índia uma figura central da escultura popular de Minas Gerais, que traduz o poder misterioso da temida habitante da floresta, a detentora do poder xamânico de transformar as espécies umas nas outras e de fazer variar em intensidade as humanidades, de iniciar o homem lógico em outras humanidades, não significantes: a onça pintada cuja mordida atinge direto no cérebro. Nonada. A floresta tropical é pro francês, que a atravessa de carro, um mundo de objetos, uma natureza inabitada, e se ela é pra ele de “outra cepa” que a nossa floresta, fruto do labor cuidadoso de homens significantes, aqueles mesmos que remedam a todo instante a panaceia do cuidado, é porque ela existe sem nós, porque a peleia de um brazuca negão com uma onça, através da qual um pintor parisiense pode se comunicar com todo um povo, é apenas uma visagem, que é preciso apagar do quadro: a mineralidade da floresta tropical, sua dureza metálica, sua teimosia ossosa, são as de uma natureza sem homem, habitada por nenhuma humanidade, nem aquela dos homens, nem aquela das plantas e dos bichos nos quais o rito introduz os homens: ser tão natureza. Pressuposto sem remédio, acredita-se, de toda ciência. Em todo caso, a mesma coisa que hoje um filósofo cartesiano, num cubículo aquecido na esquina da rua Ulm com a rua Gay Lussac, sentado num banco de bistrô parisiense, pode representar-se subtraindo do “mundo para nós”, onde ele vive cercado de cuidados, uma viadagem só: um mundo ancestral puramente objetivo, datável em bilhões de anos, anterior à aparição da espécie humana, ou seja, como ele entende: anterior à aparição da sensibilidade – como se não houvesse sensibilidade além daquela da espécie humana sabichona e, acima de tudo, como se a humanidade fosse de uma só espécie. Um realismo engraçado: sem experiência e sem magia, que esculhamba de antemão toda reapropriação e toda transcendência, e que, de rocha, partilhando com os mais absolutos idealismos a ilusão de ter triunfado sobre a finitude, ou seja, sobre a vida e a morte pra valer, de ter triunfado sobre a onça e a negritude, sobre a morte que nos estreita e traça, é bem característico desta tristeza 68

melancólica do metafísico europeu que, incapaz de segurar a onda, a porrada da sensação, da manifestação que convoca à existência ao mesmo tempo que aniquila, faz tudo que pode pra não ter que segurar a barra. Lembrança de um amigo hegeliano sentado à minha frente numa mesa de café, extasiado com a catinga dum maço de Marlboro recém-aberto, do qual não fumará nenhum cigarro, bem jonson de ver-me beber um copo de vinho do qual ficará na saudade. O realista, como o idealista, na real, não fede nem cheira. Que o primeiro choque dos trópicos seja para o grande amerindianista francês aquele de uma natureza inabitada, sem homem nem predador, isso me cheira a conversa fiada. É preciso nunca ter posto os pés na terra do Novo Mundo pra apreendê-lo de primeiro sob os auspícios da ancestralidade pré-subjetiva, da objetividade nua. Uma pura especulação. Um realismo puramente especulativo, de bistrô parisiense. Depois de Santos e da Floresta, Lévi-Strauss chega a São Paulo, onde frequenta uma outra flora exótica, aquela do grã-fino, a elite intelectual e política da cidade. Uma flora felizmente mimética, composta de indivíduos, que, como os congoleses de Hergé, pavoneiamse cada qual com os atributos de uma função (de um deus?) da sociedade europeia: o liberal, o comunista, o poeta surrealista, o pintor, o musicólogo... Uma outra maneira de confessar a negritude banto dos brancos brasileiros, insuportável para o sabichão e da qual se excluem apenas, a seus olhos, alguns êxitos individuais, cariocas de naiscença ou de carreira: os médicos Oswaldo Cruz e Carlos Chagas, o escritor Euclides da Cunha e o músico Heitor Villa-Lobos, que haurem, no entanto, ambos, sua inspiração diretamente no transe guerreiro e musical do Nordeste: pontos do candomblé, capoeira angola ou regional, multidões de foliões arrastados por cordões yorubás semeadores da sacanagem e desordem pública, e mais tarde, violentos blocos de índios, antes proibidos, ressuscitados pelos filhos de Gandhi, Índia africana subvertendo a invenção colonial de uma África india ocidental, Olodum, quilombo rítmico, polcas e mazurcas associadas aos ritmos nordestinos, xaxado, baião, maracatu, coco, tambor de criola, frevos, procissões virginais de São João, bandas de pífano arremedando a dança da onça, sanfoneiros do forró... uma terra árida, um ermo profundo, convenhamos, nada despovoado, exatamente “povoado”, como é povoado o deserto, nem trágico nem inabitado, do sonho de Franny Deleuze, que só é deserto “por sua cor, ocre, e sua luz quente e sem sombra”, de modo algum pela ausência de humanidade-animalidade. Não um deserto por subtração dos homens, idêntico a um puro mundo de objetos, única noção do deserto acessível a quem está num cubículo aquecido num país frio. Mas um sertão, fervilhante de multidões múltiplas e turbulentas. Não as multidões de Calcutá, às quais Lévi-Strauss, curiosamente, consagra um capítulo em Tristes Trópicos, multidões de mendigos degradados banhando-se em suas imundícies – sempre este nojo fascinado pelo excremento –, mas aquelas matilhas alegres e predatórias, espino-spinozianas, luso-indo-africanas, emperiquitadas de balagandãs, de penas e de colares de dentes de animais, coroadas com turbantes orientais: as multidões antropófagas, étnica e musicalmente antropófagas, do carnaval nordestino, contra as quais vêm brutal e inexplicavelmente esbarrar a lógica, a moral e a religião europeias. A viagem é intensiva. Não basta percorrer o bled, de 69

carro, no lombo dum jegue ou de pés, para chegar ali. Primeiro porque ela só se atravessa, só é realmente acessível pela periferia, da borda móvel, transformada pelas emoções permanentes dos grupos, bandas ou blocos. E nunca o objeto de uma conquista interior. Segundo, porque já basta, caso seja-se demasiado francês, de uma maneira ou de outra demasiado sedentário, simplesmente voltar pros braços da mulher, se ela é americanista e uma bela sonhadora esquizofrannyk. Mas Lévi-Strauss, sua mulher americanista, a Franny lá dele, a Dinamene lá dele, é apagada de sua narrativa, como é apagada da floresta tropical a cena primitiva da devoração. Dina Dreyfus, no entanto, estava na viagem, com ele em São Paulo, a seu lado com os índios Bororo e Nhambiquara. Dina, a mulher desaparecida de Saudades do Brasil, visível em nenhuma foto, autora de nenhuma foto. Aliás, para confundir a saudade com o sentimento de uma falta inexplicável, com a nostalgia entristecida de um tempo que já era, e para confundir a presença excessiva dos seres tropicais com aquela dos objetos, carece duma desaparacida – em 1938 como depois. Carece disso, para ignorar aquilo que apenas uma mulher pode fazer compreender: que saudade se diz precisamente da presença excessiva, atual, daqueles com quem se está, aí, agora, felizinho, feliz da silva, por estar com eles, e separado deles, de tal modo inacessíveis. Para ignorar que saudade designa muito exatamente o sentimento, propriamente americano, de felicidade violenta quase vertiginosa que acompanha a estação da sonhadora esquizo à beira da multidão. Isso, Dina poderia ensinar a Claude. Ela que frequentava Mário de Andrade, o autor de Macunaíma, o romance da antropofagia afro-indígena fundadora do modernismo brasileiro. Dina, que criou com Mário de Andrade a primeira sociedade de etnologia do Brasil, e através de quem Claude encontrou o homem do Pau Brasil, outra grande figura do modernismo, indissociável daquela de Mário, união da qual viria logo nascer o tropicalismo, o cinema novo e a antropologia brasileira pós-lévi-straussiana: Oswald de Andrade. Rizoma complexo das Metafísicas canibais de Eduardo Viveiros de Castro, alianças teóricas aberrantes, indígenas e euro-americanas, e bem lá embaixo da grande folha em que ele esboça o rizoma, circulando com caneta pilot preta, claramente posto à parte de todos esses nomes de fabricantes de conceitos, cada um mais ou menos excêntricos, os Gilles, Félix, Claude, Bruno, Roy, etc.: Oswald – nome do rizoma de Eduardo. Pois então, aquilo que dizia Oswald da descoberta do Brasil, do primeiro choque dos trópicos, é que “antes dos portugueses descobrirem o Brasil, o Brasil tinha descoberto a felicidade”. A mais incompreensível das coisas para quem só chega a pensar a anterioridade absoluta por subtração de tudo aquilo que é, de uma mulher, do Negro lutando com uma onça, ou bem, como Descartes, de tudo aquilo que ele recebeu até então dos sentidos como mais verdadeiro e garantido: que ele está aqui, sentado perto do fogo, enfiado em seu roupão, tendo este papel entre as mãos, etc. Incapaz de conceber tudo aquilo que poderia ter existido antes que ele o descobrisse, visse, pensasse e vigiasse, senão como uma existência primitiva e essa existência primitiva como um mundo impessoal, inacreditavelmante pobre, insensível e cristalizado em puros objetos, mensuráveis e datáveis. Uma reserva de matérias-primas. Mas, antes que o Velho Mundo importasse para ali caravelas 70

inteiras de consciência enlatada, subtraíveis e transportáveis, o Novo Mundo era já uma invenção totalmente inédita. Não uma felicidade primitiva devida, como o paraíso semisselvagem, neolítico, de Jean-Jacques Rousseau, na raridade dos homens isolados numa ilha perdida entre natureza e cultura, frágil instante de felicidade no caminho da infelicidade. Não uma felicidade, mas as felicidades: a felicidade de um mundo de pessoas, unicamente feito de pessoas, de humanidades múltiplas, vegetais, animais e minerais, uma natividade, uma primitividade integralmente humana, saturada de plantas, pássaros, árvores e igarapés, de pedras e de caçadores-pescadores, todas e todos humanos, como nas narrativas indígenas das origens: mais ou menos transformados, mas homens de todo jeito. Uma sociedade mundo, “mapa-mundi” diz Oswald, em que são cartografadas as linhas errantes pelas quais a humanidade se transforma e se recria passando de uma espécie a outra. Não uma felicidade relativa a um melhor ou a um pior, mas muito precisamente aquela beatitude simplesmente vivida pela qual tem que ralar pra chuchu, tanto quanto possa, o homem não-transformado das regiões temperadas, ali onde Bento de Espinosa, o pernambucano de Amsterdam, introduziu a ideia: a ideia tupi de um sol feminino, de uma unidade feminina, de uma deusa amante, Guaraci ou a substância absolutamente infinita, da qual cada um nasce de acordo com sua aptidão para amar todas as coisas, qualquer que seja seu grau na escala especulativa dos seres, cada qual uma pessoa única, de essências inimitáveis, e pra amar-se, pra gozar de si mesmo com aquela alteração insaciável e alegre de si por tudo aquilo que não é seu. Decididamente, isto só uma mulher pode saber. Ou um homem que assume a mulher dentro de si. Não admira que Deleuze, fiel a Franny, alucine Spinoza como Heliogábalo ressuscitado. O Heliogábalo de Artaud, o anarquista coroado, o rei solar vestido de mulher. Para assim compreender aquilo que implica e exclui o reino de Guaraci, e propô-lo como uma nova ética aos homens do meridiano, é preciso também, de uma maneira ou de outra, comunicar com tal realeza. Mas, tendo vindo participar da inauguração da universidade de São Paulo, Lévi-Strauss é até o talo um colono francês catequético, um missionário socialista sensível antes de tudo ao desenvolvimento da medicina tropical e da educação intelectual das crianças. Um homem de disciplina. Daquilo que o Brasil descobriu antes que os portugueses descobrissem o Brasil, e que descobre por sua vez o português ao tornar-se brasileiro, ele ignora ou finge ignorar tudo. Para Oswald, um comunismo e um surrealismo imediatamente palpáveis, a vida como ela é, pré-formados em nenhuma ideia, nem importados nem exportáveis, contra os quais a ideia comunista e a ideia surrealista, porque elas são ideias, quebram a cara. Um comunismo e um surrealismo não especulativos, eminentemente afetivos, pois que, para Oswald, os brasileiros nunca conheceram a especulação, esta arte latina do controle, de olhar do alto e de espionar. Um comunismo nem urbano nem suburbano, nem fronteiriço nem continental, sem Internacional e, no entanto, planetário, idêntico a Pindorama, a sociedade-mundo-planeta Brasil, sobre a qual se inscrevem os roteiros, trajetos migratórios caóticos e roteiros populares do Sertão, cordéis nordestinos, e um surrealismo poliglota e iletrado. Um comunismo e um surrealismo divinatórios, um mundo de visões alucinantes, ao pé das quais as ideias 71

objetivas da ciência europeia franco-batava tombam cadaverizadas, e volatilizam-se as hipóteses em que se comprazem os mestres alemães: eu-cosmos ou cosmos-eu, Eu é tudo ou Tudo é eu, Eu-Tudo ou Tudo-Eu, Tudo-Tudo ou Eu-Eu, Deu -TuTu ou Tu-Deu-Meu, Eu-Meu-Meu ou Tu-Eu-Meu. E outras eudiotices mais. O poeta surrealista de carnaval, a função “poeta surrealista” do grã-fino paulista, de quem fala Claude em Tristes trópicos é bem o Oswald de Andrade, num é? O inominável Oswald que avacalhava seus jovens estudantes, na companhia dos quais ele deu uma esticada até as grandes águas de Iguaçu? Quem mais? Na certa que se trata do grande Oswald!... e não de qualquer outro burguês paulista enfatuado de vanguardas parigotas. É vero que Oswald inventa o Brasil no início dos anos 20, na Praça Clichy, e deve mais à amizade de um poeta suíço que à convivência com os tupis. Oswald de Andrade, uma espécie de regiões temperadas transplantada num meio tropical, sob a forma de uma amostra única, conservada artificialmente, e exposta aos olhos dos visitantes como uma novidade parisiense na vitrine de uma lojinha interiorana? Como um francês seriamente francês, isto é, seriamente a par de sua língua, ou, o que dá no mesmo, um francês que foi em 1932 um leitor entusiasta de Celine, pode fingir três anos mais tarde, chegado ao Brasil, ignorar aquilo de que é capaz a Praça Clichy, aquilo de que ela é capaz em matéria de fuga e Viagem... e de denúncia da imbecilidade colonial? O burro louco por excelência, pra onde judas perdeu a bota, até o cú do mundo, através desse mundo velho sem porteiras além dos oceanos e dos continentes, e aproveitando o embalo, emprenhá-lo nas profundidades íntimas e sinuosas, ainda inexploradas, da língua e do pensamento de seu próprio povo. Nunca um sem o outro. Por ver em Oswald apenas um surrealista de terça feira gorda, como os historiadores antigos só viram em Heliogábalo um idiota vestido de rei, é preciso não ter a exata medida do “Fizemos foi Carnaval” de Oswald, o Carnaval que as caravelas portuguesas não puderam importar, pois, como o comunismo ou o surrealismo, o Cristo, baiano ou paraense, já estava lá, já inventado pelo Brasil antes mesmo que o Brasil fosse descoberto. “Fizemos foi Carnaval. O índio vestido de senador do Império. Fingindo de Pitt.” Eis a imagem tinhosa, a imagem do carnaval, ainda mais viva quando vasqueia a atenção, a imagem concretista-anti-especulativa por excelência, a imagem antídoto contra as ideias que querem tudo governar e condenam à morte todos aqueles que não sabem submeter-se a ela, e também a alucinação desse Bento de Amsterdam: “o índio vestido de senador do Império”, Felipe Camarão. Assim como Virgulino Ferreira da Silva, o rei do Cangaço, vestido de couro trabalhado e cravejado, ornado de moedas e caracteres hebraicos, de que Claude teria muito bem podido admirar o chapéu real exposto à incredulidade pública ao lado de sua cabeça decepada em julho de 1938 em Santana de Ipanema. Pois pouco importa a melanina do rei, se branca, negra, avermelhada ou marrom, ele nunca deixa de ser um índio. Isto por causa daquela curiosa anterioridade do Carnaval, do brasileiro e de seu disfarce, quando da descoberta do Brasil. Bento-o-português para quem tanto faz falar de um “Brazuca negão e sebento” ou de um “Etíope”, ele sabe muito bem: partiu de Portugal para procurar nas Índias o reino mítico do Preste João, Terra cristã primitiva irrigada por um rio de pedras preciosas a jorrar do 72

Paraíso, é a um Imperador africano, o Niguse negest de Etiópia, herdeiro dos reis de Aksoum, depositário de um cristianismo literalmente aborígene, pré-romano, que Pero da Covilha, entrega no fim do século quinze uma proposta de aliança escrita pela mão do rei de Portugal. Brazuca ou etíope, indígena ou africano, Felipe Camarão ou Henrique Dias, até aí morreu o Néves, é a mesma realeza indiana, dessas Índias que os portugueses descobrem procurando a Índia, a mesma figura imemorial de uma realeza aborígene em trajes de imperador, pela qual alguma coisa circula entre o romano, o greco-mediterrâneo e o indiano, e passando de través e revés, os destrói e desnatura, para fazer outra coisa, que não resulta deles, não é nem sua contradição exposta nem sua síntese ou unidade sincrética, mas alguma coisa anterior, já feita antes deles se cindirem: não sua unidade natural primitiva – ainda uma ideia a fazer visagem pela angústia da degenerescência tão característica da psique melancólica – mas sua unidade primeira fabricada, totalmente fabricada. Isto é que é fazer Carnaval. É coser o Primitivo costurando um hábito de Imperador numa pele indígena. E é essa a anterioridade do Carnaval à descoberta do Brasil: a anterioridade dessa costura, dessa fabricação. Nada de mais assustador, de mais transtornador, para um mediterrâneo, um greco-latino não obstante habituado a fabricar sistemas de ideias sobre a única emoção de que ainda pode ser capaz: a surpresa do impossível. Pois a invenção brasileira de maneira alguma é feita pra ele: o pânico caipora que o agarra e o bota pra catar cavaco, logicamente impotente, desencorajado de tirar a menor ideia de sua bagagem transatlântica assim como de tentar formar alguma ideia nova. Desembarcar na costa do Novo Mundo, se é que se desembarca mesmo e se muda de borda, é descobrir essa invenção, por ela sendo arrebatados, embasbacados de felicidade. Mas descobri-la é transformar-se nela. É pular de cabeça nessa inverossímil anterioridade. Chegar como quem volta. Going nativ. Pois a deglutição do bispo Sardinha pelos índios Caeté, já é Oswald de Andrade. A catástrofe colonial, isso que é na verdade o choque dos trópicos, não foi para o português ser comido pelo índio, mas tornar-se ele mesmo devorador de portugueses, holandeses, franceses, italianos, poloneses, japoneses, ucranianos, de todos os fugitivos de uma civilização que o Brasil não se cansa de comer – e também índios. De ter sido convidado ao moquém tupi e de se sentir feito pinto na merda, guloso de carne estrangeira defumada por quem sabe, ao ponto de acabar dando ao moquém indígena a amplitude sonora e festiva dum Carnaval. Na certa tem fujões incapazes de fugir até lá, moralistas incapazes de perceber que da Embaixada Africana de Salvador, da Roma negra, às Bachianas brasileiras de Heitor, da putaria do baile funk ao funk melódico de Caetano Veloso, é o mesmo princípio antropofágico que prevalece: a mesma barbárie, violenta ou suave, indecente ou terna, mais ou menos intelectualizada, mas sempre exclusivamente afetiva, a mesma fome, sexual e antropófaga – pois que o Brasil, tendo também devorado Freud, já dera um basta igualmente ao drama moral burguês da frustração e da sublimação e se deleitava sem complexo com o ato sexual como uma onça com o sangue fresco de sua embiara. Heitor Villa-Lobos: Bach comido pelo Nordeste. Caetano Veloso, o tropicalista: o cinema de Godard, a sociologia de Morin e até mesmo a antropologia de Lévi-Strauss, papados pelo 73

Recôncavo baiano. Nenhum jogo de influência, nenhuma filiação. Nada que tenha a ver, de perto ou de longe, com esse sacrossanto reconhecimento, de que tanto carecem os europeus e através do qual interpretam todas as alienações, todas as pobrezas, e todas as faltas que eles conseguiram cavar em sua existência assim como na dos outros. Ou antes, somente aquele reconhecimento paradoxal, de que Bergson falou sob o nome de falso reconhecimento, mas que não tem nada de falso: a impressão de dejà vu devida à distenção momentânea de nossa atenção àquilo que a vida exige normalmente para a conservação de nossa espécie, enquanto espécie separada do resto do mundo dos vivos. Resumo da ópera: submeter o mundo à nossa indústria e tomar parte no impiedoso massacre de tudo aquilo que não é nós. Uma breve desatenção que desprende de nossa percepção atual seu duplo fantástico sob o aspecto de uma imagem tinhosa, sem relação com aquilo de que a memória é capaz em matéria de lembrança, de uma imagem imemorial do presente pela qual ele parece ter sempre estado ali: porque sempre esteve ali mesmo. A mais nova, a mais surpreendente das visões sendo assim propriamente re-conhecida, e ainda mais reconhecida pelo fato de não se parecer com nada de reconhecível. Aquele mundo de visões primitivas e intemporais no qual vivem as crianças e os aventureiros por estarem tão expostos a ver coisas jamais dantes vistas por eles. Dá-se o mesmo com a anterioridade do Brasil. Chegar como quem volta: o Novo Mundo, a tal ponto novo que surge do oceano como um déjà vu – como um mundo do qual a gente tinha se afastado e ao qual a gente volta após séculos de ausência. A fuga colonial do Ocidente para uma terra incognita repetindo às avessas a fuga, muito antiga, d'agora realmente ancestral, dos primeiros homens, aborígenes extenuados pelo ruído incessante da Florestamundo, onde, sem falar dos animais, prolifera e fermenta uma vegetação enfática, a menor árvore, povoada de epífitos enxameados por outras espécies, desdobrando em profusão, uma multidão de galhos e gravetos, folhas, flores e frutas, de formas e de cores emaranhadas que são como presenças humanas. Fuga daqueles ancestrais indígenas que deixaram o mundo, perderam o mundo para ganhar na outra borda do Oceano uma Terra Virgem de toda humanidade. Fugindo da floresta onde nunca se penetra senão em fila, segundo uma ordem contingente, mas que é preciso imprenscindivelmente reproduzir na volta, e voltando em frotas, numa barafunda total, cada vez mais numerosos, mas sem conseguir dominar pelo número a imensidão do sertão-mundo. Sendo assim: mais do que nunca aborígene, já aborígene, o português, latinizado como todos os fugitivos por vir do Velho Mundo, já estava lá onde ele pôe o pé pela primeira vez, sobre aquele cais, aquela borda móvel do mundo-povo onde ele aporta. Sua atenção aí despenca de vez, e tudo que ele traz consigo, de todas as épocas, de filosofia, música e ciência, francesas, alemãs, batavas, judaicas, católicas ou protestantes, ocidentais, orientais ou africanas, tudo isso, Jesus, Négus, Preste João, já estava lá, e também todos os personagens da Tese de Oswald, recusada pela Universidade de São Paulo, devidamente afrancesada, todos os nomes da História (no ordo ordinans): Homero, Kojève, Kelsen, Engels, Frazer, os padres insones do lago de Nemi, Paulo, Pedro e os santos mártires, Constantino, Átila e Genserico, Francisco de Assis, Savonarole, 74

o monge Martinho Lutero, Aristóteles, Lázaro, Mateus, Marcos e Lucas, Paracelso, o Homo Sapiens, o homem-pássaro, todos os seres do funambulesco Reino Macaco e Saru, o chefe deles, do qual descendem os japoneses por cruzamento com uma princesa chinesa, Cícero, Fustel de Coulange, Virgílio, Tucídides, Sólon, César, Zaratustra, Michelângelo, Bachofen. Todos já estavam lá como Bach, Godard, Morin e Lévi-Strauss, eles mesmos aborígenes saíram nus e retornaram à América vestidos com roupas latinas. E a existência deles todos depende, na real, da sua presença indatável no duplo brasileiro. Heitor nunca foi influenciado por Bach, não mais que pelas músicas do Nordeste, onde tomou um chá de sumiço durante oito anos, riscado do mundo virgem das instituições culturais: JoãoSebastião Bach e as mães de santo do candomblé sempre estiveram no Brasil, desde o primeiro cais; aí naisceram, e aí renaiscem a cada vez que um fugitivo é papado por um índio e que um índio se veste com trajes de imperador.

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HELIOGÁBALO

É certo que Bento nunca tinha dantes visto seu Brazuca rastafári, negão e sebento, seu Negusa Nagast pernambucano. Onde já se viu uma presepada dessa? Uma armada negra indo-oriental, equipada com armas de arremesso, expulsando das Índias ocidentais os mestres da anomalia holandesa à ponta do progresso comercial, político e militar. Pontas contra ponta. A anomalia americana contra a anomalia europeia – pra dizer a verdade, antes contra aquilo que o homem vestido de Oswald, o homo habitus europeu, pode compreender como anomalia só se fiando em seu messianismo crônico que o impede de pensar o anômalo senão como uma vaga prefiguração daquilo que jamais virá. Um Orignal invisível, inflechável. Tá na cara que se trata de um duplo. Mas não aquele no qual acreditamos: o duplo do conto hoffmanniano-freudiano da angústia da castração ou o duplo dostoievskiano, Golyadkin o jovem versus Golyadkin maduro, os duplos de Países Frios, onde ainda é coisa de papai e filhinho. Essa é a história de Peter, a alucinação auditiva. A filiação e a reprodução hereditária, a comunicação entre humanos de uma mesma espécie, amando-se e conservando-se tanto quanto possível no mesmo estado, sem transformações, sem passagens funambulescas rumo a povos de aves, de peixes, de Buritis e mesmo de águas: Preto, Verde, Pacari, Ponte, São Pedro e Santa Catarina – em suma, sem fazer povo. O filhinho de papai. Patriarcado cuja forma é o papai-mamãe e filhinho, jiji-cricri agonizando na essência triangular do Pai. Nem que a vaca tussa. A conversa fiada de Bento, a alucinação visual, a identidade estrita, feminina, da vista e do visto, como só pode compreendê-la, agora como sempre, uma mulher, Clarice Lispector, ou um homem vestido de mulher, a história de Bento, do primeiro Bento brasileiro, antes de Bento Prado Junior e Bento Nunes, leitores de Clarice e Oswald, essa conversinha é mesmo americana e índia. É o que se dá quando, no México como no Brasil, papaimamãe não enraba mais o pederasta inato: o momo Artaud “sebo do cu da vovó, muito mais do que do papai-mamãe”, ou Heliogábalo, filho de seu tio, e sobretudo, e, no final das contas, exclusivamente de todas as Julias, todas primo-genitoras, Julia Domna, Moesa, Soemia e Mamoea, mães, tias e irmãs, que, embaralhando definitivamente a filiação, o périplo imbecil papai-mamãe e filhinho, a que se aferra o engendramento, juntas, parem o rei pederasta num berço de esperma. O Matriarcado bárbaro substitui assim, de antemão, as ladainhas de família, a suruba édipo-cristã, pelas simbioses e conexões transversais entre heterogêneos, Julia, Domna e as outras cúmplices tudo isso: a terra que vive, na Síria, onde há pedras que vivem e onde o sangue do homem, por canais rituais, reencontra o plasma dos 77

animais. Uma quizumba cuja lógica própria já inaplicável ao mundo romano pira o melão do sabichão europeu que, como Claude, de um país a outro, só vê similitudes, percorrer, de um país a outro o mesmo Império romano, logicamente romano. Uma ordem metafísica bárbara que faz comunicar por tudo e em todos os tempos o aborígene sírio com o aborígene índio, marranos e marrons, o esquizo, o filósofo e o Imperador, todos às voltas com o latim. Bento de Espinosa e Benedictus Spinoza, Heliogábalo e Marcus Aurelius Antonius, Potiguaçu e Camarão: todos aqueles que têm um duplo nome. Um primeiro nome como povo não latino. E, portanto, como uma multiplicidade de povos, trinta povos do oriente ou do ocidente, de península ou de bacia, de praias ou platôs, girando num incessante transe migratório em torno de cada primeiro nome – pois o primeiro nome, seja ibérico, sírio ou potiguar, nunca é o nome de uma pessoa, mas de todas as pessoas. Um segundo nome, latino, como personagem único da História Universal – seu segundo nome não sendo mais o seu, mas num outro sentido. Uma dupla des-personalidade sob o efeito conjunto da multiplicação diastólica do primeiro nome e da contração sistólica do segundo. Índio em trajes de imperador, ao mesmo tempo arrastado pra fora de si, longe de si, pela multidão dos povos em movimento sobre a face da Terra, e na retranca, na borda da multidão. Os dois, coladinhos. Sempre a mesma estação esquizoamericana de Carnaval. A alucinação de Bento, imagem do duplo? Sim. Mas não o pequeno duplo malvado e miserável, vocês sabem, aquele que redobra a pequena personalidade de cada um, aninhado em todos os cantos obscuros dos quartos de crianças edipianas, entre as coxas de suas mães, no mau olhado do Pai e até nos espelhos da casa. A alucinação desse Bento: imagem do Grande Duplo, o Dúplice, que não tem nada a ver com aquilo que se imagina ou não de si ao olhar do Outro, um eu ganhando o mato em extensão ao longo das rotas de migração, através do reino das espécies, e também: concentrado num ponto de exceção régia, acima de todos os viventes. Tanto mais excepcional quanto mais perdido na multidão, tanto mais multidão quanto mais distinto entre todos. É esse outro ele mesmo que Bento vê ao pé de sua cama. Sua própria duplicidade. Spinoza als Spinoza, rosnam os alemães. Bento pagando uma de Spinoza. Teatro do bom! Cuma? Spinoza, um rei pederasta vestido de mulher, um Imperador de Carnaval? Um brazuca negão e sebento só porque deixou de atravessar a vagina da mamãe e a racha das prostitutas para nascer diretamente do cu da Avó, “sebo” do cu da Substância Natureza? Será? E o novo cogito espinosiano: cogito ego-sebo cum. Um capricho? Nada disso. Não há nada mais sério. Uma questão de esperma, sangue e merda. Sem nojo. Afro-polonês brasileiro, o concretista Leminski não conhece o nojo, e nem confunde como vocês um buraco com a ausência de Deus, porque não há nada melhor que uma bela cagada, uma bela caganeira, um belo jato de merda, e nenhuma merda é comparável à merda da pessoa Amada... o verdadeiro ouro do Brasil. Uma natividade não-cristã pelo cu, gênese anal do pederasta pelo feminino, sem complicar tudo com papinho de carpinteiro chifrado por um anjo. Nascido como Heliogábalo num berço de espermas ibéricos, judaicos e árabes, Bento penetra, com o nome de Benedictus, como Heliogábalo, no Império Romano, “por trás”. Praticando como ele uma 78

insurreição sistemática, more geometrico – aí é que a coisa se faz por trás –, contra a partilha do romano e do bárbaro, do caxias e do balacobaco, da consonância e da aberração, e, como ele, transformando o desperdício bárbaro ilimitado e a mais absoluta baderna em experiência da mais perfeita e alegre unidade. E inversamente. Não levem a mal, é verdade que teriam dificuldade em compreender isso, vocês que juram que são gregos e caminham a passo de ganso rumo à salvação espiritual do Ocidente praguejando contra a pobreza de mundo dos animais. É preciso ser meio bruxo, pajé, pra saber isso, que Spinoza é americano, etíope, e logo sírio, que seu pensamento, como aquele dos mil platôs, tem a ver com o pensamento indígena. A viagem é intensiva. No duro. Mas ela acontece. Pra valer. E se Lévi-Strauss nunca desembarcou de verdade na baía de Guanabara onde o Corcovado e o Pão de Açúcar pareceram-lhe, como canta Caetano, cotocos perdidos nos quatro cantos duma boca banguela, Deleuze desembarcaria arregaçando no sonho de Franny, na terra ocre e quente de seu sonho, na baía desértica do platô galo-romano de Millevaches, espaço vazio, melo vácua, Terras Altas, Sertão limusino, verdadeiro mar de morros, encarneirado, cumprindo já, alhures e ali mesmo onde ela deve sempre se cumprir, no mesmíssimo lugar, a profecia, que vale pra tudo quanto é sertão, de virar mar, e pra tudo quanto é mar, abordando sua costa, de virar sertão, cercado por rebanhos de blocos graníticos, serra de vacas occitanas fixadas na pedra, e também, e acima de tudo, planalto céltico onde mil águas têm sua fonte, afluindo na Dordogne, pras bandas do Atlântico colonial e negreiro, e no Loire, rio régio. Mar e baía-mundo-chapada, onde mil povos e civilizações não cessam de se mestiçar, e onde Gilles se sente bem, longe à montante dos estuários e dos vales onde o poder branco apronta suas máquinas molarisantes. Um Brasil interior à França. E não me venham com conversa pra boi dormir, que um platô não é uma baía, que o sertão não é um mar. Como esperam sem isso atracar num país? Sempre esse tom moralizante de mercadores de privilégios, traficantes de açúcar e escravos. No Rio, como em Limousin, é a mesma boca dentada com os mesmos blocos de granito irregulares, os mesmos picos cristalinos, que os devora. E além do mais, quem sabe o que é a pedra? O que a pedra faz aos homens? Mais uma sabença pernambucana. Educado “pela pedra”, como diz João Cabral de Melo Neto, o que significa por lições, para aprender sua dicção impessoal, não enfática, que vai de fora pra dentro, pra melhor enfiar isso na cachola de vocês, na base de ditados, recitações morais, poética e ortodontia, o acadêmico francês, filhote da escola primária, não gosta das bocas banguelas. Prefere decerto as dentições regulares e completas próprias à fonação científica. Mas no Sertão, na baía-platô brasileira, o que rola é uma outra educação pela pedra. De dentro pra fora e prédidática. Lá, a pedra não sabe ensinar, dar lições, e se lecionasse ensinaria não . Lá, a pedra é de naiscença, no dentro, o caroço ou a amêndoa dessa árvore pedrenta que é o sertanejo. E isso até na Guanabara, onde foi um corcunda e dois irmãos, e, na Gávea, um rei de Tiro, que, na real, recebem Claude no Rio. E já que isso não se ensina, não se expirica, vejam então os dentes estragados pela fome e pelo açúcar das crianças nordestinas e como Glauber exibe-os orgulhosamente em sua própria maxila. Pois de dentro ou de fora, é somente pela pedra que pode se exprimir o 79

homem do Sertão, em idioma pedra, em palavras de pedra que pubariam sua boca se ele não rebuçasse cada uma no cristal de uma entonação melosa, não tomasse o cuidado de confeitá-las, uma a uma, o que toma tempo, e o obriga a falar devagar e a contragosto... a pubar um pouco mais seus dentes, a reduzir ao estado de cotoco um bloco de granito de tanto impregná-lo mais e mais de açúcar. E portanto a falar com uma boca cada vez mais banguela uma linguagem cada vez mais rara. Total incompatibilidade entre a língua ortodôntica das escolas e a língua dos Platôs. Por causa disso, será com certeza difícil falar sem falar uma língua cariada. Que quanto mais rebuçada mais cariada para tornar suportável a dor da pedra, que sobe de dentro e vem, como diz João Cabral, enlutar a pele “de um fosco fulo”. Pele luto, fosca e fula, do pau mulato, em muda permanente, sob a qual, em grandes farrapos de carnes, surge perfurando o ocre doce e quente da terra, quase alaranjado, o verde e o vermelho vivos da turmalina... que Claude não pôde deixar de ver. Pois, mulato, o brazuca negão e sebento, o homem sem cor é também um homem de cores, o homem acromático uma árvore cromática. É o que quer dizer “mulato”. Sem cor e curtido de todas as cores dos trópicos. Negro et pardo. Cristais duros de granito e cristal de açúcar que se derrete. Estás vendo agora, esse negão que reina na cabeceira de Espinosa: cintilando com mil cores instáveis, abrindo orgulhosamente uma boca canibal banguela para responder ao teu susto com algumas palavras doces, cuidadosamente escolhidas, vestido em trajes de Imperador? És a tal ponto estranho a Bento de Espinosa ou a Spinoza para não te veres, a ti também, numa tal imagem? Nessa imagem brasileira de ti mesmo. Deu pra sacar, bilu bilu teteia?

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CARTESIO

Tô sabendo, meu Bento. Cê num bota fé. Num bota fé que Spinoza veio mesmo pro Brasil. Uma bela balela. Um lagarto gordo . E como diz a Clarice “quanto a escrever, mais vale um cachorro vivo”. Antonci magina só o spinomarxo-heideggeriano-hegelianismo dos filósofos, monstrenguinho das salas de aula? Minúsculo spinossauro, débil, inofensivo, mesmo assim invocado, não podia ser diferente, tão jito e tão amarelinho tadinho. Anômalozinho de merda... Mas rapaz, num é que ele veio merrmo. Tá lá, asseverado pelo Museu Nacional. Uma instituição especializado em lagartos com pontas, placas, penas, cornos, cristas. A prova? O relato minucioso tá oficialmente consignado, em primeira pessoa, por Paulo Leminski Filho (um professor de História e de Redação) em Catatau. Soube disso da boca de um amigo lá da Quinta da Boa Vista. E Todo o resto. Então, já que tem que dar tudo na boquinha, bora botar os pingos nos iis. “Catatau”, s.m.: o ruído de uma queda estrondosa, dum desabamento. Em Portugal: uma surra e um pênis. Uma taca e um pau. No Brasil: tanto uma coisa grande quanto uma coisa pequena. Na Bahia, uma coisa feia. Um grande ou pequeno spinossauro, feio pra caralho. Negão e sebento? Ou uma discussão-zoada, um enxame de palavras, nomes e frases poliglotas, glossolálicas, onomatopoiéticas. Gigante ou anãozinho, um lagarto canarinho, ali no asfalto, resistindo há milhões de anos e chegando a você e a mim. Dez mil espécies sobreviventes. Bem antes docê e bem adispois. A extinção dos spinossauros? Taí o verdadeiro boato, o vero lagarto. Dez mil bem-tevis, dez mil tiranideosinhos, minúsculos e aterradores, que sempre já te viram, que pegam e matam um gavião, fritam um alemão. Cê acha que dava pra fabricar nos laboratórios subequipados das universidades brancas, saurinhos negões e sebentos, monstros mirins como um Spinoza alemão, um marrano berbere fenomenólogo, comunista ou sei lá o quê, sem essa queda colossal do Catatau, de Spinoza na América? Ora (dirá) porque na certa já está sabendo: o Catatau é a história de Descartes que vai ao Brasil, não de Spinoza. E quem mais pode tomar a surra? Spinoza não é o catatau de Descartes? O órgão ejaculatório dele? Sua potência poética, autopoiética? Até mesmo a Escola passa apertado pra mocosar isso. Toda vez que ela tenta Descartes sem Spinoza, só consegue balbuciar carolices. E por que Descartes não socaria a bronha em primeira pessoa? E “Spinoza” não seria o nome de Descartes tomando uma surra? Enfim: a alucinação de Bento é também Descartes nos trópicos, o sorriso banguela do Cartésio. Bento Cartésio! Taí você como o cão sem plumas, a árvore sem voz de João Cabral, roído até o que não tem. Privado daquilo que pens ter, por não tê-lo, por jamais tê-lo tido. 81

Mas sem o quê cê taí perdido, como uma agulha não se perde, como um espelho não se quebra. Perdido aquém do humano. Com seu fio de homem rompido . É o que pensa. E como o Cartésio do Catatau, embarcado por Nassau com Wagener, Post, Golijath e Eckhout, para fazer o inventário dos bens coloniais da Nova Holanda, plantas, animais e homens (sempre essa mentalidade de mercador), impressionado, arrebatado, pelo Brasil, queres sempre que te expliquem tintim por tintim: que te repitam de outro jeito para autenticar e esclarecer, e prevenir qualquer erro de interpretação, de novo e de novo, mas sem ênfase, a frase que acaba de ler, sem mudar um tico o sentido, para se recuperar a si mesmo intacto nessa continuidade lógica sem pecha da lição redundante, sem ter perdido uma pluma no caso, mantendo sempre o mesmo nome, um só nome, o seu e certamente não o de um estrangeiro que, além do mais, pra cúmulo, nunca viste mais gordo, o nome de um estrangeiro em que pressentes fervilhando e chegando junto dez mil avespalavrões, dez mil cocares de pena, dez mil adornos para um cão sem plumas. Logo: que Descartes seja Descartes, Spinoza Spinoza, Hegel Hegel, Artaud Artaud, Camarão Camarão, Lampião Lampião, Moreira Moreira, e, meu Bento, principalmente, que ninguém chame-se Bento: A=A. Em suma, que isso nunca faça totem, que jamais a teu nome próprio se possa pregar uma máscara, a máscara de uma outra humanidade guarani-kaiowá, munduruku, kadiwéu, arapiuns, pankará, , xocó, tapuio, xeréu, yanomami, asuriní, cinta larga, kayapó, waimiri atroari, tariana, pataxó. E inversamente, que jamais teu nome próprio vire uma máscara para um índio, uma fantasia de Carnaval. Queres tudo mastigado, e, como Cartésio, só recebes informações sempre novas, sem liga, e nunca sabes, de frase em frase, de palavra em palavra, o que esperar, prestes a jogar a toalha, a esquivar-te a esse aborto incessante do contínuo, a essa frustração permanente de tua espera, e a interromper por ali tua leitura. Além do quê, meu Bento, que fuleragem é essa de chamar se Bento, de se chamar de tudo quanto é nome, de pássaro. De te privar de teu nome de família, teu nome de família espiritual, da grande família espiritual, de parar de falar contigo de costas pro rio, de paparicar contigo os pitéus de nossa prosa comum, de costas pro rio – de não mais falar contigo, meu cão sem plumas, dando as costas pra ti. De te plantar no cais, na borda do rio, na borda de sua matéria viva, de seu sangue espesso e barrento, de te arrastar sem pluma, incapaz de paparicar porra nenhuma, em meio àquilo que vive, despido de todas as tuas roupas de país frio, até de tua camisa leve de homem escaldado, até as roupas de nuvens que sonhas talhar. De te expor à turbulência, à porrada na fuça da vida, em que pululam mil vidas. A essa espessura avassaladora do real, de que se protegem as grandes famílias hénochiennes do pensamento, as famílias heauntontimoroumenóticas, que se aplicam uma tortura fina, metódica e laboriosa, de costas para os povos vivos, para conservar seu nome próprio e repelir os ataques de zoopsia aos quais elas não cessam, no entanto, de estar sujeitas, alucinando sáurios repugnantes. Famílias que, pra empatar ideias fixas como a de um brazuca negão e sebento que não param, no entanto, de assaltá-las, aprendem a língua dos anjos para roçar, apenas com a pontinha duma redução transcendental ou dum cálculo especulativo, com a cabeça pra trás, os lábios pro céu, mas fechados, o mais 82

longe que se possa pensar, a coisa mesma, a besta imunda que jaz na lama espessa do rio sem pluma. De te plantar alí, na borda do cais, na repugnante parede interna da boca cariada da Guanabara, de frente pra Niterói, rua Acre, que leva o nome duma outra borda, de outros contrafortes: os acres andinos das terras indígenas kaxinawá não descobertas da Amazônia, Palestina tropical e florestal onde os homens, seringueiros, seivam seu nome a uma planta, e onde flutuava, noutros tempos, como nos cais do porto do Rio, uma mesma fedentina epidêmica de borracha defumada e de combustíveis fósseis, onde jagunços continuam a assassinar reis insurgidos do sertão-floresta, Chico Mendes, o focinho e a cara do presidente pacifista de Eldorado derrubado sobre o telhado do Parque Lage, ao pé do Corcovado, outro toco de dente carioca, em Terra em transe de Glauber, aliado de um chefe índio kayapó-metutkire botocudo, embaixador labial da Florestapovos. Assuncê, na rua Acre, com a jovem nordestina lesa de A hora da estrela, a nordestina bíblica de Clarice, tão leso, amarelo e miserável quanto ela, de uma pobreza a tal ponto sebenta que nenhum amigo do homem vai lá pra conferir se ainda dá pra matar a fome e balbuciar vagos pensamentos de revolta. Exceto Clarice, obrigada a se meter na pele dum homem pra se vestir de mulher. Torturado como ela pela fome, sufocado por uma tosse crônica, com a cabeça debaixo de um travesseiro ralo, e anônimo e medíocre o bastante pra ser arrebatado, como ela, vil bestiola, pelo canto dum galo surgido do nada na aurora sanguinolenta, vindo até sua cama do cais do porto. Você, tornado esta mulher, meu Bento. Não Marilyn, a toda rosa, mas essa Macabeia de Clarice, gris de sebo, tão resistente ao progresso dos homens quanto um inseto milenar, quanto uma judia praticante que nenhum grego fará comer porco. Você minha nega, tratada de mentirosa por seu namorado por ter-lhe confiado a única verdade que conhecia: que um galo canta na sua rua... a seu namorado, sua infeliz, um pensador olímpico, um sabido diplomata, um brilhante oportunista prestes a surrupiar sua melhor amiga, porque ela é, tem que admitir, bem mais jeitosa pra carreira de deputado por ele almejada. Mas você também, no meio dessa negritude gris, mulata, da rua Acre, escuta agora o canto do galo. E o vê. Você vê a aurora sanguinolenta e o pássaro, lá onde não há animal nenhum. Alce de plumas. Óbvio ululante. Lá onde as águas param, espessas e estagnadas, face aos vastos galpões fugidios por trás da ponte inominável lançada de través na baía no rumo de Niterói, portas sem portas, hiante fedorenta. Algo, diz João Cabral, como a estagnação de vida suja e abafada, de hospital ou de asilos. Visível apenas por um olho de lagarto... desprendido do corpo, sem memória; já que a vista é imediatamente a vista daquilo que sempre esteve presente, há milênios, antes de Cristo, e no mais longínquo porvir, depois de Cristo. Esse curioso arranjo de mediocridade e brilho... De insignificância e infinito... Rosemonde-Salamandra. A moça do filme? Digo Rosemonde pra tentar explicar, meu Bento. Pois nós, essa curiosa combinação de mulher e animal ribeirinho, não somos rosas, nem Marilyn, nem o boto, nem Rosemonde-Bulle, impertinente demais, acre e bela demais, nascida no espírito de um documentarista suíço especialista em ciências econômicas... antes Rosetta-Salamandra na água barrenta do igarapé, a gleba fria do bosque. Uma pequena proletária feia de doer... Filmada sem causar emoção. Uma 83

negra belga, de pele branca, rosada pelo frio. Rosetta Espinhosa! Nunca se chegará lá de outra forma. O quê? Nunca se chegará à vida sem isso. Sem isso nunca voltaremos à vida. Pode canetar dez mil páginas sobre a vida selvagem ao sol da Haute-Provence, ao perfume das lavandas, tá perdendo seu tempo. É preciso ser muito mais belga, muito mais nortista, muito mais enfumados! É verdade! Como dizer isso pra eles? Com suas reduções, eles só vão mesmo conseguir um fundo mais concentrado, mais saboroso, ideal para excitar seus corpos empanturrados a comer um enésimo repasto, tão desesperadamente seguro quanto copioso... Regado a vinho engarrafado, entupido de sulfitos, para salvá-los dessa podridão gris, dessa flora microbiana, dessa gentinha, milhões de bestiolas vivas, que ameaça a bôrra no fundo... Um galo ao vinho bourguignon para o jantar! Para embasbacar a bonequinha deles lá, os bons deputados das coisas e dos homens... obviamente conservadores. Isso tranquiliza. Para gozar com ela, dela, mas sem alegria... Nunca com suas intermináveis desfolhagens voyeurísticas chegarão a roer uma coisa até o que ela não tem, colocá-la a nu como um homem sem pluma na beira do rio sem pluma se seca ainda mais além da camisa que não tem. Para isso, carece o deserto: sua luz ardente e nua. Duma lapada. Sem se esperar. Para progredir muito lentamente somente a partir de lá, e não para lá. E só então: o infinito, o canto do galo... a alegria da imensidão liberada pela barata, pela efusão da matéria viva fora de seu corpo, como pelo fluxo espesso, devorante, das águas penetrando a baía vista da janela da doméstica em A Paixão segundo G.H., o maior livro spinosauriano jamais escrito, e necessáriamente escrito por uma mulher, pois que, eu te disse, Spinoza é uma mulher. Uma mulher que realizou o sonho de Franny D. “Havia uma barata... Uma? duas? quantas?” pergunta-se, furiosa, Franny Lispector. Uma barata e dez mil vidas. A imensidão. Da janela do quarto-deserto, para além das gargantas rochosas do Rio, as favelas sobre o morro, mais longe os platôs da Ásia menor, o estreito de Dardanelos, mais longe ainda as areias do deserto, a região dos grandes lagos salgados, os mercados assírios, o Egito dos Faraós, a Atenas antiga, Constantinopla... Pois se o cartesiano de Gay-Lussac não pode, pela porta de vidro de seu bistrô, ver mais longe do que um depósito arquifóssil ancestral, o olho da barata carioca vê com o próprio olho ancestral do último troglodita, e do mais antigo animal. E com esse olho ele vê até o mais longe no além. Como Cartésio, salivavas por explicações, e como ele, te entregaste de corpo e alma a esse vice-governador polonês dos Trópicos holandeses, esse Kristof Articzewski que te acolhe lá... porque precisas mesmo te entregar a alguém diante de um tal desastre, procurar uma mão. Mas esse Christophe aí, esse Enjeitado, nunca te estendera a vara pra sair das águas barrentas do rio. Esse Articzweski ou Arstixoff, como queiras, abusa de ti, como abusa de Cartésio. Porque a necessidade dele é bem maior que tua necessidade de explicação. Inútil jurar que, “homem muito homem que fui, e homem por mulheres! - nunca tive inclinação pra aos vícios desencontrados”: eis-te embeiçado até as bolas por esse polaco do Artizewsque. Porém, eis também o agente subversivo que embaralha tudo. É ele, a quem te abres todo, que na verdade é a causa de tuas zicas todas. Ele, o anti-jesuíta, 84

o inimigo dos redutores indígenas, o mau principio: a Companhia das Índias contra a Companhia de Jesus. Nada a fazer da alfabetização dos selvagens, da latinização dos miseráveis! Ali só pra perdição de tua humanidade e, com ela, de toda tua civilização. É ele, esse gigante antropófago com cabeça de cão, enclausurado moleque com Leminski no monastério de São Bento, para aprender a farejar as tuas esperanças mais sutis. Ele, teu devir nordestino. Ele, o demônio, que te faz pensar em círculos. Ah! Os imbecis que cagam a goma de não pensar em círculos e que nunca o encontraram! Tarde demais, meu Bento. “SpinoZa”... Achas mesmo que vai te safar dessa botando um Z no teu nome? Jogando fora o E espanhol de Espinosa? Alisando teus espinhos. Cuma? Que é que tu quer? Perdoa-me, mas é ele, teu amado, que te polonisa; é ele teu Z polaco. O devir yiddish de Descartes. Ele, que te leva de volta a Tchechelnik, do teu primeiro cais fervilhante de bicheira. Ele ainda, o demônio cariador da escrita nordestina, que desortografiza a língua sertaneja de Glauber na Eztetyke do Kynema. Que DEZKARTES, foi chamado a PERNAMBOUK por NASKAU A verdade ta contada nas escolas brasileiras Radicou-se no REZIFE, e sob os dedos de rosa Desperta em mãe-de-santo e escreve em língua estrangeira, Negra e oriental, uma carta a um fulano um tal de Bento Um judeu de AMZTERDAM que ao latim deglute inteira, E a insere num sistema abilobado meio ansim Por axiomas boçal em classificação fuleira Publicou como SPINOZA num editor holandês Proposições e escólios numa ETYK rasteira E pro corno que pensa que esse macho é de bacaba Essa é a pura verdade mais que todas verdadeira.

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Chaya Ohloclitorispector

Porque, ao contrario do que contam aos pirralhos, não é carregando crianças sobre os ombros que Christophe salva. Não é dando livre curso à sua pulsão fórica, durch Nacht und Wind, que ele protege do Ogro, rei dos elfos ribeirinhos, onde vinga um pau vermelho coberto de casca branca, ou cinza – pau brasil das zonas temperadas. Não é, ao contrário do que pensa Michel Tournier, a superforia de uma criança astrófora empoleirada nos ombros de um Gilles de Raiz nazi que salva do Holocausto. O verdadeiro Christophe, Tarado da Sé, gigante pervertido nigromântico de Olinda, pratica uma outra medicina, não essa empoleirada na superstição, a pretendida migração das almas, a travessia do rio até a outra ribeira. Uma medicina corporal e só. Ele não derrama seu sangue pra refeição da noite, pra que os brancomânticos romanos revestidos de uma casula bordada de ouro e prata, depois de ter generosamente defumado a sala onde manso adormece seu público, finjam todos os domingos, com hora marcada, converter as espécies, transubstanciar o vinho. O verdadeiro Christophe não leva o Cristo que santifica pelo sangue. Como o diabo da tentação de Cristo no deserto na Idade da Terra de Glauber, Deus das águas surgido do oceano assobiando a Marselhesa, submete à mais terrível das tentações, bem mais terrível do que a tentação de usar de milagres: a tentação de amar, de corresponder à sua carência transbordante, à sua imensa exigência de indiferente amor , batata. A tentação do neutro, do gris. A tentação clariciana de não passar para a outra margem. De ficar dentro, dentro da coisa, da vida impessoal da bicheira, na lama do rio, em meio à terceira margem, sem atravessar. Quem resistiria a uma tal tentação, à tentação de ser tão medíocre, tão feio quanto uma salamandra nordestina aninhada nas águas lodosas de uma boca banguela? A essa extraordinária exigência de amor divino? A essa demanda de um Deus imenso, netuniano, Natura naturans, fazendo simplesmente tudo que ele faz, de uma infinidade de maneiras, nenhuma mais conveniente que a outra? Sem bem e sem beleza. Christophe não é um Porta-Deus, ele é Deus. O Deus de SpinoZa. De SpinoZa vencido pela tentação do amor intellectualis Dei... de SpinoZa tentado por seu Deus. E é ainda Ele que alucina ao pé de sua cama: um Deus gigante Negão e Sebento. Deus sive Pindorama. Ele mesmo amado por Deus e amando Deus com o mesmo indiferente amor, com sangue nos olhos, alegremente neutro e gris... mulato. Quem resistiria a essa formidável tentação de desumanização? Quem, tendo dado o braço a torcer a ela uma vez como Clarice, não retornaria, como ela, todas as noites, recoberta de unguento de carne, para montar na desobrigação da noite, até o amanhecer, o cavalo xamânico do rei do sabath, quadrúpede alado 87

saído do bucho oceânico, strix aquático antropófago? Para cometer sob a influência da amanita o mais alegre dos assassinatos? E despertar pela manhã, na borda do córrego, com a boca cheia de sangue? O sangue de sua vítima, criança ou rei, e o seu próprio, matéria viva do sabath. Ah, a humanização dos humanizadores! Que separam Deus e o Maligno, São Christophe e Krystof, o porta-Cristo e o Pernambucano, a cavalgada do pai, den Knaben wohl in dem arm, e o rei dos elfos, o Diabo das borduras – a bela promessa que ele vos faz de levar os vestidos dourados de sua mãe e dançar, vestido de mulher, no meio de suas filhas. Nem fodendo. Só há uma cavalgada, aquela do cavalo-strix ribeirinho, e é ele quem devora a criança, e a criança que se devora avidamente a si mesma no lombo do cavalo. É ele, esse Diabo do Krystof, e não Jesus Cristo, que derrama o próprio sangue – que, como a barata de Clarice, sacrifica-se, para que a matéria desse sangue seja aplicada, em compressa, sobre teu olho ferido pelas torturas que te infliges. E que teu olho, pela virtude medicinal dessa lama de sangue, transforme-se em olho de barata, de lagarto. OFÓ polacopeloftalmoterapêutico: “Para que te cresça fora do corpo um novo órgão exclusivamente visual, exclusivamente tocado por tudo aquilo que te desorganiza. Como na borda do deserto cresce o olho da sonhadora esquizo, desprendido de seu corpo, tocado de uma infinidade de maneiras pela desorganização permanente das populações em transe. Um olho feminino, exclusivamente feminino: olhoclitóris, olho-botão de rosa, teu pênis de nordestina.” Agora tu tá aí do lado da matéria viva do prazer. Por ter conhecido a tentação do neutro, do mangue em decomposição, cidade-jardim do Diabo, inferno de Thule, povoado de pítons hipnóticos – “que me hipnotiza” diz Cartésio – e de monstros reptilianos portadores de máscaras sefarditas. A boca cheia de animais vivos, conhecendo o gosto da sanguessuga. Por ter bebido a água das frutas das águas estagnadas, de que Lévi-Strauss diz que ela cheira a caverna, e de cujo cheiro foge como foge da lama negra da baía do Rio, pululando de caranguejos, e das paletuviárias cuja expansão não sabe se vem do crescimento ou da putrefação. Pois, não é em Santos que Claude conhece o choque dos trópicos. Não aquele choque negociável da floresta de turmalina: o thaumazein que ainda faz o homem branco pensar. Que o deixa lá, a sacudir ideias nada ordinárias sobre a matéria fóssil, o Grande Fora, a acreção da Terra... Por subtração de um felino tropical deleitandose com o sangue dum negão como um índio guayaki com a seiva vinosa de uma palmeira... É no Rio mesmo que tem lugar o choque. A pânico caipora do europeu que o obriga a voltar no pinote pra bordo do paquete. O choque da bicheira, da vida ancestral não fossilizada, a bicharada, ali, viva, remexendo lentamente nas montanhas pegajosas da baía, fixando o intruso com os olhos reais da barata de Clarice, olhos radiosos e negros de mulata à morte, tão velho quanto salamandras, quimeras, grifos e leviatãs – mais velho que aquilo que nenhuma escavação, nenhuma perfuração, poderá extrair da terra. O choque do bestiário de Catatau face ao qual a lógica de Descartes não funciona, e ao qual Cartésio sucumbe como sucumbimos à demanda de um amor grande demais. A vida vos bispando do lodo úmido, grosseiro e vivo, onde germina com insuportável leseira vossa identidade de 88

pessoa civilizada, de paleontólogo escovado pronto pra atrepar no púlpito, diante de algumas dezenas de sabichões idiotas, pra ensinar que lhes é salutarmente possível, do banquinho do bistrô onde se encontrarão dali a pouco, pensar por sua vez em primeira pessoa que o mundo e sua sutil arquitetura existe sem eles. Sem eles! Como se bastasse voltar para bordo do navio para colocar entre si e si mesmo a distância de um mundo sem nós, para vencer a embriaguez olfativa do Novo Mundo, que provoca, já bem antes que o abordemos, os aromas frutados da floresta em fermentação que vão no oceano adiante dos navegadores, e substituir esse mundo putrescente e vinoso pelo mundo da ciência dos objetos petrificados há milênios sob sua forma primeira e matemática. É para vencer essa podridão que Claude, longe da baía banguela, escamoteará em Santos dos quadros de Douanier o homicídio antropófago perpetrado pela onça, e a Mulher da Floresta Fantástica. Desde sua chegada, antes mesmo de ter encontrado um só tupi, Claude compreende instintivamente que se quer levar a bom termo sua missão brasileira sem o risco de ser canibalizado pelo Brasil – de se ver, como Pierre Fatumbi Verger, vestido de mulher num terreiro de Salvador – precisa desconfiar da Mulher Fantástica, do Papagaio que ela leva no braço, como Jô, a mulher decapitada da Origem do Mundo, e que, como com Cartésio, fala com ele em polonês, ralha com ele imitando Articzewski. Daquela Dina Hiffernan Lizpektor que prepara com zelo para as noites do sabath o cauim de mandioca próprio para embriagar os guerreiros, afiar-lhes o insaciável apetite de vingança canibal. Todos os jesuítas, Monteiro, Anchieta, Gra, Azpicuelta, vos dirão: não há melhor imagem do inferno que essas bebedeiras dos povos indígenas ingerindo quantidades inverossímeis de álcool , catatau de todas as sortes de vinhos de raízes e de frutas fermentadas, antes mascadas pela boca de jovens virgens. Pois o reinado do mofo, do mundo em fermentação, o reinado dos vinhos, é primeiro aquele das mulheres. Como o é, no final das contas, aquele da raiva canibal e da guerra indígena que se segue. É uma mesma necessidade que comanda o alistamento forçado dos guerreiros-bebedores nos exércitos coloniais e o engarrafamento dos vinhos pelos produtoresatravessadores. Uma necessidade jesuíta: impedir a embriaguez das matilhas pela fermentação etílica das plantas autóctones mascadas pelas mulheres. Não há maior obstáculo à conversão dos nativos do que esse vinho de mulher, natural, barroco, inconstante, que, como o pau mulato, nunca tem a mesma cor, e muda constantemente de um aroma a outro... e será bebido antes de ter exalado seu ultimo perfume. Aos exércitos em ordem dos brancos, em que cada homem, reduzido à mesma papa, dorme, come e caga, indistinto, sem nome e sem mulher, com outros homens, é preciso opor o moquém festivo das bruxas tupi em que, sob o império da bebida, exaltados pelos poracês incessantes, correndo pra tudo quanto é lado na aldeia, os homens enumeram a longa lista de todos seus mortos de guerra e encontram a memória de seus nomes, de sua centena de nomes, de seus nomes de criminosos, todos tomados ao inimigo. Como os ancestrais de, Chaya Pinkhasovna Lispector, Abraão, Isaac, Jacó, Judá, Tamar, Farés, Zara, Esron, Arão, Aminadab, Naasson, Salmon, Raab, Booz, Rute, Obed, Jessé, Davi, Salomão, Roboão, Abias, Asa, Josafá, Jorão, Ozias, 89

Jonatão, Acaz, Ezequias, Manassés, Amon, Josias, Jeconias, Salatiel, Zorobabel, Abiud, Eliacim, Azor, Sadoc, Aquim, Eliud, Eleazar, Matã, Jacó, José e Jesus, Jesus batizado por um nazireu ribeirinho, Yo’hanan Krystof Articzewski, e, desde todo esse tempo, Pedro e Mania, puderam eles acreditar que o mundo foi criado há seis mil anos? Pois, lamento informá-los, eles acreditaram. Seis mil anos, o epineolítico, a idade do primeiro vinho caucasiano em Areni, e dos primeiros nomes, os nomes de espécies e gentes, porque não há nomes sem fermentação etílica. A idade epineotílica em que o encontro das águas fez nascer a primeira neblina úmida propícia à formação da podridão gris nas uvas sobremaduras. Seis mil anos, a idade da Serpente dos Sonhos, que era no principio, era Deus e com Deus, que nomeia todas as coisas e que tudo fez. A idade dos cochilispector, dos bufonídeos, batráquios latino-americanos, e dos bufagídeos, tipo de pitangua tic-tiui bem-te-vi mediterrâneos, que proliferam na vinha-pasto centenária dos xistos languedocianos de Lentheric, ao abrigo dos contrafortes das Cévennes paleozóicas. A idade dos ruminantes das vinhas, girafas tropicais em bosques de cervos de Gers. A idade do charco sanguíneo, da pupila opaca, reativa no balde, envolta numa larga íris rosa, que se forma no centro das cubas de vinificação. Seis mil anos: a idade de Pindorama e do Bicho do Fundo – que vêm depois e estão no principio. Fascinado pelos quatro bilhões e cinquenta e seis milhões de anos que separam bem certinho a acreção da Terra de seu balão de vermelho branco, perfeitamente protegido contra o menor ataque de acidez, o realista especulativo não pode chegar a esses seis mil anos. Como Cartésio, o ciborgue barroco de Leminski, meu Bento, e como o leitor de Catatau, que também é Cartésio, chegas agora a uma redundância de todo nova, redundância essa, velha uma óva... uma indiferença absoluta, estritamente idêntica à informação mais absoluta... a enumeração de todos os nomes, sua multiplicação epifítica... Yo'hanan Hifferman, Gilles de Ray-Lussac... a cintilação de uma mesma imagem, a visão de um brazuca negão e sebento, através duma profusão de imagens, de perceptos e afetos, luso-holandeses, sírios, ameríndios, yiddish, femininos, vegetais, sexuais. Zapeados a grande velocidade. Quo imago aliqua pluribus aliis juncta est, eo saepius viget (V, Prop.13) Do Fort ao Da do ritornelos catalogado por Freud, é sempre o mesmo que volta, e do Da ao Fort sempre a morte do mesmo que ameaça, lógica da educação pela pedra, baseada todinha na crença na inexistência, a fé em um Deus vaginal acéfalo – como se pudesse faltar tamanduá no mercado ou a pedra deixar de ensanguentar a boca! A complexidade, como a complexidade do vinho, não se obtém pela purificação, mas nasce de um mergulho nas profundezas do caos onde a existência abunda, fervilha e prolifera. E cada mergulho é ao mesmo tempo um desabrochar. Taí a outra lógica profetizada por Oswald, a lógica tupi, a lógica do Catatau: o incendiar mútuo do mergulho e do desabrochar. E também: a introversão extrovertida, a extroversão introvertida. O incendiar mútuo da extroversão épica, inédita, interminável panóplia documentada, histórica, geográfica, humana, e da introversão verbal através dos canais subterrâneos, inumanos, da língua e do pensamento. A escrita cibernética, recursiva e perturbada, do Catatau, o texto mais informativo e mais redundante jamais escrito. Maximamente informativo, excessivamente 90

diastólico, até a mais insustentável sístole cardíaca, a mais aguda das contrações cordiais: Katamenokata no monômio gatari, de kono, mono no oko mo kodomo condômino. De Re Nipônica, VII 33. Inj. Judus. E logo, maximamente redundante: 0 = 0. A nova língua da filosofia, seu português, o latim de Descartes no Brasil, em estado de choque tropical, Greco-nipônico – um latim de evangelho apócrifo copta, afro-asiático. A língua dos padres da Índia africana, os reis-povos da ilha da Brasa. Ilegível! Ou somente por um analfabeto. Em ioruba? – “Àjáso n’t’aáyán”: a fórmula precisa da nova lógica clariciana. Precisamente, o ofó trezentos e cinquenta e sete ensinado a Fatumbi, o olho de Xangô, por seus mestres babalaô. A pronunciar depois de ter pilado com uma pedra de raio, um certo numero de flores (Bananeira), de ervas (de Elefante), de grãos e de plantas, uma minhoca e uma pena de pássaro (Coruja), ter espalhado o preparo sobre pedaços de pano vermelho presos nos quatro cantos de uma mortalha, e ter costurado tudo. Então era isso, nossos trabalhos? É isso aí. A dorna epineolítica, a bicheira... as plumas do cão, o passarinho ubiquista... costurados juntos... É isso aí. O ofó que seria sem efeito se não fosse pronunciado. Pronunciado sem burro louco! Escrito ou lido, não vale. Ou talvez escrito em voz alta... E que para agir, ser o verbo ativo, deve comportar ao menos uma sílaba do ingrediente e de sua ação. E quase não fazer frase. Àjáso n’t’aáyán. Na língua relativamente informativa (na tradução portuguesa): Àjáso: “Reunir as partes seccionadas de um corpo”: Àjáso n’t’aáyán: “ cortar para reunir é a característica da barata”. Em nossa nova língua, na língua absolutamente informativa, hiperinformativa: Àjáso n’t’Chaáyá : Separeunir n’t’ Clarata. Reconduzir à vida. A fórmula de Heliogábalo ressuscitado. É isso aí! Sentes enfim (pois isso só pode ser sentido) sob o efeito daquela magia (porque só a magia do ofó aí provê), o que quer dizer “sentir que somos eternos”? Porque tua redundância fresquinha, conturbando tua contemplação maníaca de um único Grande Fora, desperta enfim tua potência visionária de lagarto clitofariciano: libera uma miríade de visões de uma miríade de coisas, todas singulares, nascendo umas das outras, sem fecundação masculina, por pura partenogênese. Todos esses nascimentos, essa vivacidade, que são de Guaraci, taí tua nova redundância, tua indiferença absoluta, tua neutralidade, tua cor gris, tua novíssima mediocridade, eminentemente afetiva, positivamente afetiva, no mais alto grau de uma infinidade de maneiras. Que te libera de tuas paixões por uma paixão maior que tu mesmo... a afetabilidade deleitável da matéria viva, de seu olho-botão de Amor, fotossensível e oftalmográfica, que, com suas oito mil terminações nervosas, registra tintim por tintim a refração ótica e a traduz no mesmo do contenente em prazer espasmódico. Porque quicquid intelligimus tertio cognitionis genere, eo delecamur. BENTO CARTÉSIO. – Ergo sum, aliás, Ego Renatus Cartesius, cá perdido, aqui presente, neste labirinto de enganos deleitáveis, - vejo o mar, vejo a baía e vejo as naus... vejo mais... ARSTIXOFF ARTYZEWSQUE. – Delicioso Bento de Amor...

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GALLI MATHIAS

“Perguntei a um homem o que era o Direito. Ele me respondeu que era a garantia de exercício da possibilidade. Esse homem chamava-se Galli Mathias. Comi-o”(Oswald). Nascido em 1797 numa família de atravessadores-produtores de vinhos da Borgonha, como sua irmã mais velha, madre superior de uma missão jesuíta amazônica, e como seu irmão, Luiz o sexto, missionário do vinho industrial no Novo Mundo, Galli Mathias, professor de ciências políticas na terra dos Filhos mais velhos da Igreja, serve uma baita missão de amor: encetar uma grande negociação diplomática entre os povos da Terra e os Modernos que, como ele e seus jovens amigos, procurariam enfim apresentar-se nos trinques. Ocidentais arrependidos que jamais confessariam terem sido modernos, nunca deixaram de praticar a mesma religião que aquela dos outros povos, desde os mares da China até Yucatan, desde os Inuits até os aborígenes da Tasmânia, a mesma bricolagem de ídolos e de objetos sagrados, mesmo que o tenham feito d'outro jeito, porque a mesma coisa pode ser feita de muitas maneiras – e que a deles, a maneira católicoborgonhesa, não é de todo desinteressante... veja e confira! O maior projeto político inspirado no concílio do Vaticano II, para a criação, sob a forma de uma mídia social mundial, de uma imensa redução jesuíta que retomaria do zero a obra catequética, sem coação, sem violência, usando unicamente a sedução que exerceriam nossa religião, nossa ciência, nossa filosofia, nosso direito, sobre os povos aborígenes convencidos pelos novos missionários da Companhia G.M. da perfeita adaptabilidade das práticas ocidentais a suas próprias práticas – de seu caráter aborígene! Possivelmente aborígene! A nova pedagogia da educação colonial pela pedra. Sei não se esse troço funciona. Simulação de uma negociação diplomática com os modernos que buscariam apresentar-se enfim nos trinques aos outros coletivos: GALLI MATHIAS. – Nada de tão diferente assim daquilo que se faz... CUNHAMBEBE (de boca cheia). – Jaudra ichê. GALLI MATHIAS. – Ichê? CHACHUGI. – Aché. Cho,Cho,Cho! STADEN. – Ich. Ich. GALLI MATHIAS. - ... dos mares da China até Yucatan... A mesma matriz... CUNHAMBEBE (a Galli Mathias). – Jaudra ichê!... Barkibia! Atimbora! 93

ARTYCZEWSKI (reforçando). – Idz! Idz!... Chispa, galinha cagona! Xô! Xô! té, té, té, té, té!... LAMPIÃO (na sanfona). – Óia eu aqui de novo... xa-xa. CUNHAMBEBE, ARTYCZEWSKI, CHACHUGI, STADEN. (em coro, dançando em volta de Galli Mathias). – Xa-xa...xa-xa... GALLI MATHIAS (com uma voz de mulher). – Xa-xa... óia eu aqui de novo...chô-chô...óia eu aqui de novo... chê-chê... A prova? Tadinho do Chachugi, bayja até o pescoço, ocupado desde o nascer do dia em retesar seu arco, afiar as pontas de madeira dura de suas longas flechas, de costas pra aldeia, proibido de ver a mulher, sua mulher, e seu filho, nascido naquela mesma noite, expulso da matéria viva, da poça rosa, vinosa, da placenta... da irritante mornidão do ventre materno de que gozou... e todas essas onças correndo no rumo dele intimando-o a entrar na Floresta Fantástica para disputar com elas a embiara, todas essas onças que o convidam a voltar à matilha, a derramar o sangue com elas, a matar animais para recobrar a potência de ver a Mulher, a maravilhosa aparição da Floresta Fantástica, único jeito de um homem ser homem, ava-jaguarete, vir-onça, de ser homem como a onça é homem: pontas plantadas na polpa do vivente. Como a parturiente é homem: felino mordendo diretamente a placenta – e não correr mais o pior dos riscos: a humanização do homem, sua masculinização, o risco mortal de não ser mais onça, de ser eternamente cego pra Mulher de virar pane-papai, Deus Pai enrabador de jiji-cricri, a criança nascida de uma Virgem perpétua aplasmática violada pelo Filho. Pois, o que os trópicos fizeram de diferente, foi exatamente inventar o cristão antes que o cristão fosse aniquilado pelo absurdo dos Trópicos. Identificar, muito antes do concílio de Niceia, a loucura trinitária, e muito antes de Sófocles, o veneno do papai-mamãe e filhinho. A divindade do Pai, a insurreição do Filho, a caridade, a longanimidade, a prestatividade, a bondade, o domínio de si, a fidelidade, A.I.M.E.project do Espírito Santo. Temer antes de tudo virar cristão: a maior ameaça que pesa sobre a virilidade dos caçadores, sobre sua vyrilidade tropical, sua virylidade de sussuarana, sua virilydade púrpura, sanguínea e vegetal, eminentemente feminina – sua capacidade de virar onça, de virar mulher nutrida direto no plasma da matéria viva. Mas naquela manhã, Pierre, o cronista francês dos índios Guayaki, angustia-se demais da conta com o mutismo de Chachugi. Não tira nem um pio explicatório do seu informante. Difícil não padecer junto, não sentir até as tripas do seu próprio existir, e mais ainda do seu existir ocidental, édipocristão, a aflição do masculino afundando sob o peso simbólico da Mulher, forçado a afrontar sozinho o mundo perigosamente vivo da Floresta. Tudo isso por causa do curumim. Tanta infelicidade, silêncio, ansiedade, isso só pode vir do piá! O Filho, o Separator, pronto a insurgir-se contra o Pai, a matá-lo na primeira encruzilhada, a papá-lo com seus irmãos. Extraordinária coincidência entre o pensamento selvagem e o logos mais vigorosamente senhor de si do pensamento ocidental. Aquele insustentável silêncio de Chachugi ocupado com os preparativos da caça, murado em seu saber indígena indizível, aplicado com firmeza em levar a 94

cabo sua empresa conjuratória, esticar o arco, entrar na floresta, matar a embiara, isso só pode ser a maneira lá dele de falar, a maneira dele de exprimir o pensamento selvagem inconsciente de si já que só os gestos o dizem: a vocação parricida do recém-nascido. “O pensamento selvagem inconsciente de sí já que só os gestos o dizem...” ! Tamanha babaquice, só lendo pra crer! E escrever! É que lendo os escritores, a gente só vai ler babaquices, e que todo escritor, todo homem que, nos trópicos como ao voltar dos trópicos, não sabe fazer outra coisa além de escrever, e quando escreve, o zé boceta escreverá na certa babaquices. A menos que não escreva: não tente fixar pela escrita o que há de mais sutil. Tentar como Clarice fixar, palavra por palavra, na escrita, o próprio movimento daquela saudade medonhamente feliz que se confunde com o peito de uma mulher para sempre e para nunca, o instante-já, o já do isto, o d’já du ceci. Tentar uma escrita fotográfica, ocular, instantânea, do já do isto, ancestral e fugidio, mais breve que qualquer palavra e mais durável que qualquer livro. A menos que não se tenha, no ato de escrever, outro objetivo e outra existência que o instante do isto. Outro poder que seu poder de metamorfose. Fazer desse “ex-isto”, dessa maneira de ser do isto, de sê-lo, de ser por ele e nele, eu, nutrido diretamente de sua substância, a fórmula mais adaptada, a menos inepta, de meu ego sum. Escrever ex-isto. D’jáx-isto. A menos que, como Clarice, mas também como Celine, a rendeira de Asnières, só se escreva a escrita – da mesma maneira que, para pintar de verdade, só se deve pintar a pintura. E te escrever, meu Bento. Te escrever a escrita, e te escrever o ilegível. Te escrevendo o Z de Spinoza como se traçam os índices de um odu yoruba no pó de uma preparação sagrada, feita de folhas colhidas na floresta de manhãzinha e trituradas solenemente por mulheres com os peitos de fora. Escrevendo-te como o Verbo que age se escreve, somente ilegível aos pés dos escribas. Pegar, para ti, pela escrita, a escrita com a mão, escrever cada palavra pegando-a com a mão. Para senti-la vibrar. E pousá-la em tua mão. Fazer da escrita apenas uma vibração de palavras sem significação, ou então somente auditivas, corporais. Escrever ”dinossauros”, “ictiossauros” e “plesiossauros” , e até “spinossauro” menos para sugerir correspondências inconscientes, segredos trocados, do que para acrescentar, agora, no ato, nosso próprio tremelique olho-clitoriano, e já que o clitóris é um olho, um olho-ouvido, tender ao mais próximo do ponto em que a escrita far-se-á ver, e esse ver mesmo do olho pelo qual a vida se vê – em que o sentido será de todo corporal. A menos que se firme pela escrita o choque do agora, ao avesso da melancolia alemã que, pela escrita, subtrai-se inteiramente dela. Melhor ainda: provocá-lo, ir aos Trópicos, multiplicar os instantes, os aromas, liberar sua sequência – até o risco de perder seu leitor, até o risco da informação mais absoluta. Até o risco de não mais ser lido. Enfim! Somente ouvido por um olho. Nunca Galli Mathias chegará a nos simetrizar. Porque Pierre, o silêncio de Chachugi, ele não quer, não pode ouvi-lo. Porque seu silêncio, sua concentração matinal, na verdade livre de humores, ele não pode suportar, assim como não pode suportar a prova do isto, querer o fluxo mortal dos instantes. Seu cintilar silencioso incessante, sua aparição-desaparição letal-vital. Como Staden, e todos os filósofos intragáveis dos países frios, ele tem medo da morte. Então, ele escreve. E como não podia ser 95

diferente, babaquices. Sobre a masculinidade e a feminilidade, sobre a dupla equação guayaki: Homem = caçador = arco, mulher = coleta = paneiro. Sobre a impossibilidade para um homem de perder seu direito ao arco sem dever carregar o paneiro. Sobre a triste condição do homem forçado às façanhas do arco sob pena de decair e ser obrigado a incorporar o grupo das mulheres, devir realmente colhedora-do lar e logo “metaforicamente” mulher, como Krembegi, o pederasta guayaki, kyrypymeno, ânus-fazer-amor, que não corta mais seus cabelos, nunca mais captura embiara alguma e fabrica os mais belos colares de dentes com que se enfeitam as mulheres quando estão alegres. E se Krembegi está alegre com a felicidade das mulheres, é de certo por ter admitido sua queda. Por uma sábia resignação estoica. Ao menos é o que se supõe, pois Krembegi, como Chachugi, é pouco diserto, e, homem muito homem, o francês certamente não inveja sua pederastia. É por isso que ele nunca te escreverá sua escrita, meu Bento. E não te escrevendo não verá o que nenhuma escrita pode compreender: que, mulher, Krembegi não o é metaforicamente, mas de rocha, batata. Que sua pederastia de fato realiza, no feminino, o feminino e o masculino. Que só um pederasta, como Heliogábalo, ou Spinoza ressuscitado como mulher, pode ser um sacerdote do masculino, da masculinidade DEVÉRAS. Mesmo tendo Krembegi trocado o arco pelo paneiro, não perdeu a ponta: as garras de onça de que suas mãos, dedos afastados e contraídos, pegarão a forma, levarão o seu rastro até o túmulo, o dente de paca usado pra furar um a um os caninos de macaco com os quais faz belos colares que as mulheres levam porventura em volta do pescoço e sempre no fundo do paneiro, e seu pequenino pênis de quati, quaticloris, que os caçadores achês comparam aos fiapos das pontas de suas flechas. Pontas de pontas, pontas por excelência. Que não apontam nenhuma significação, mas a vida somente, a vida nua, ex-isto, do vivo. Furando-a. A fim de, por essa perfuração, colher o suco e a moela, a matéria nutritiva do vivo. A fim de, por essa perfuração, nutrir-se real e exclusivamente dessa matéria – como Clarice fura para comê-la, através de suas escamas, a matéria branca da barata, e como se pode também furar, através da carapaça aristotélico-cartesiana da Ética, para dele nutrir o olho, o pau mulato da alucinação de Bento. Pois, se as mulheres não matam os animais, a substância que recolhem em seus paneiros, apanhando as larvas da floresta e o cérebro moelento do pindó para moê-los juntos numa sopa espessa, é contudo aquela mesmíssima que os caçadores-onça furam com o arco. A mesma goma orgânica, viscosa e vibrátil, gel de guar, na qual aquela que te escreve a escrita consegue fixar o instante-já, o instante iché/cho, já-eu. A matéria na qual ela imprime a pegada de sua pata de pantera indígena, os sinais do odu jaguar. Krembegi é um sacerdote do masculino por ter sacado isto muito bem: que tanto faz ser caçador ou colhedora para ser homem, que abandonando o masculino pelo paneiro, ele o realiza em feminilidade. Quanta diferonça de Chachubutawachugi! O índio vigoroso o bastante pra caçar, mas que, tendo perdido o arco, incapaz de flechar o vivente, pega os quatis com a mão, persegue os tatus nas tocas, quer ir às mulheres, heim gehen, e não ser mulher, não furar os dentes de macaco, não coletar o palmito, mas que nenhuma mulher quer. Não, jamais Galli Mathias chegará a nos simetrizar. 96

Porque Krembegi e Chachubutawachi são absolutamente diferentes. Porque os índios guayakis já sacaram essa diferonça entre eles, os caçadores-colhedoras de matéria viva condenados a trespassar a matéria dura das espécies da florestamundo, indiferontes à diferença, social, fálica, do masculino e do feminino, e todos aqueles que, como Chachubutawachi, lá como aqui, são incapazes de endurecer uma ponta e ir sozinho na floresta matar um guariba, por falta de coragem, de certo, mas também e sobretudo por idiotia, por não sabê-lo, e que de qualquer maneira se aferram à sua masculinidade exclusiva do feminino, se fazem fotografar, posando de caçadores, com a embiara no paneiro e levam como enfeite sobre os peitos viris, como Chachubutawachi, ligados entre si por um barbante, os objetos intranspassáveis produzidos pelos Brancos, ofertados ou abandonados por seus missionários, um cartucho de bala, uma dezena de frascos de penicilina, algumas chaves de lata de sardinha... para a diversão das mulheres e das crianças. O idiota desse Chachubutawachi, “Grande-queixada-barbudo”, esse marrano-selvagem clownesco guayaki, esse híbrido ridículo na medida em que desvia o masculino de seu sentido de ser mulher, taí o que queriam que pastasse, meu Bento. Você que não sabe fazer outra coisa senão escrever, e ainda assim se empenha pela escrita, do coração mesmo de sua idiotia, em latim e more geométrico, pra parecer Krembegi – pra ressuscitar Heliogábalo! Você, que se esforça por uma escrita pederasta – tão pederáztica quanto possível. Nunca que Galli Mathias conseguirá nos simetrizar. Porque os Índios já inventaram Galli Mathias, Gallinaburgutawachi, o Moderno que deambula no meio dos seus, os pés na matriz antropológica, arvorando pávulamente em volta do pescoço o Objeto industrial, o mais belo achado dos Brancos, o Objeto sagrado fabricado da cabeça aos pés, o chique made in Paris, infinitamente devedor aos mui católicos portugueses escravagistas por terem qualificado justamente de feitiço, coisa feita/mandinga dos Negros da Costa da Guiné, como podem sê-lo também os Orixás do candomblé, se acreditamos nos etnógrafos, quer dizer, se os lemos, porque Galli Mathias só sabe ler, e não Bastide, sempre sob o choque dos trópicos, e com certeza não Fatumbi Verger, que não se lê mas se vê, e se vê com seus próprios olhos que são os próprios olhos de Xangô – aquele que vê e sabe de tudo. Pierre Fatumbi, o etnólogo bem-te-vi. Já o mui católico Chachubutawachi das Ciências Políticas, capaz até mesmo de fazer crer aos brancos que, deixando proliferar suas fabricações, ao ponto de embaralhar o natural e o humano, não fazem nem mais nem menos do que fazem os negros da África ou da Bahia – que combatendo pela filosofia sua própria indústria, cavando, pelo pensamento, o máximo possível o fosso entre a natureza e a cultura, o animal e o social, maktub, eles ainda trabalham por sua hibridização, pela mesma indústria, acabando eles mesmos por produzir monstros sobjetivos, humanoturais – Kant, Hegel, Husserl, Heidegger, Lacan, Derrida etc. todos eles bruxos africanos, enfeitados com colares de bugigangas, dentes de penicilina, dentes de conservas, dentes-cartucho, mas na certa sem mbaraeté, sem axé, kraftlos. Bela simetria! A melhor diplomacia branca jamais ousada: apresentar-nos aos outros tão inofensivos quanto os imaginamos! Um convite original do Itamarati francês, endereçado a ixês, xô-xôs, e xá-xás pra chuchu, a fazer o Chachu, a celebrar a festa do Paracleto 97

Novo, do Espírito simetrizador da Rede das Índias ocidentais e orientais, Pentecostes anglófono, inevitavelmente, porque Chachubutawachi, o Paneirocaçador, não pode tomar parte nos cantos noturnos dos Arcos-caçadores que, nas entranhas da floresta, inventam línguas que ninguém fala. Todavia, bem que Mãe Senhora preveniu Gallichachu: “ Cuida o Verger, é um bruxo, tem mandingas! ”. Nunca que Galli Mathias chegará a se simetrizar a não ser com Chachubutawachi. Se ele tivesse visto, só visto, os instantâneos de Pierre Fatumbi, teria visto que os trabalhos mágicos do candomblé não são empregados em transformar a matéria prima para fabricar Objetos tão elegantes quanto um cartucho de fuzil, mas somente pra prepará-la sem jamais a transformar. Teria visto que os negros africanos da antiga Costa dos Escravos como os negros brasileiros da Baía de Todos os Santos são mesmo negões e sebentos, não fabricam nem barganham nada, involuem sem regressar até ela rumo a essa matéria primitiva, pó gris, iyerosun, de folhas medicinais e litúrgicas colhidas num lugar selvagem, juquira ou floresta, conhecido apenas pelos caçadores familiares de Ossanyin, o deus das folhas, barro primordial, imutável, mistura de substâncias vegetais piladas no sangue dos animais sacrificados. Sem essa matéria vital, nada se faria... daquilo que não se faz. Até Patrícia de Aquino o diz. Não se pergunta a um iniciado: “que santo cê tá fazendo?”, mas: “ você é feito de que santo?”. Ele teria encontrado Aroni, o homenzinho ao qual falta uma perna, talvez a terceira perna de Clarice, que tá kashimbando por um talo oco o petum duma concha de caracol cheia de suas folhas favoritas, e Naná, a deusa da lama dos brejos, que ambos o teriam ensinado a não fazer nada, a não mais empanturrar suas usinas de Objetos com uma matéria exótica arrancada de seus povos, e a apenas se deixar fazer por ela.

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JEAN-BAPTISTE-THÉODORE-MARIE-ROSALIE BOTREL

Sabe-se ao menos do que padece Antonin Artaud? Até mesmo seu acupuntor, Soulié de Morant, bóia grandão. Dos eletrodos que lhe enfiam no cu, na boca e em todos os buracos de boceta que se acham nele? De mijar todo seu sangue, de se liquefazer, como uma titica? Um cocô branco? E feio? Ele sofre da guerra assimétrica dos brancos? Que matam sem alegria, só pela ideia, sem antes depilar e pintar suas vítimas, sem antes beber com eles até a embriaguês a bebida das mulheres, mas com uma bala na cabeça, pá-pum, na beira da estrada, ou, molemolente, com um catatau de golpes, no lombo do peão. Sem esperar do inimigo que ele exija com firmeza ser golpeado, com uma pancada seca na cabeça, por ter ele mesmo já golpeado tantos parentes e amigos nossos, certo de ser vingado de nós todos por todos seus parentes e amigos, todos igualmente votados à morte por sua confissão, para que só subsista entre eles e nós uma sã e sólida inimizade. Sofre ele da guerra assimétrica dos brancos, que abandonam os corpos ao léu, largados, no meio das ruas ou no fundo das valas, ou então os queimam, no final das contas, não sabem o que fazer deles, e ainda por cima exigem por isso mesmo que se reconciliem, que voltem a ser bons amigos? Que, por medo da morte, pela menor bagatela, matam seus melhores amigos, fazem deles seus piores inimigos, para que apenas subsista a amizade e que ninguém venha matá-los. O que, compreenda-o bem, meu Bento, exige verdadeiras carnificinas, gigantescos massacres... inimagináveis pilhas de carne vermelha, incomíveis. Sofrerá então de amizade, Artaud? Podia ser isso mesmo. E sabe-se ao menos ao em que se firmam os índios? Pois trata-se exatamente disto: daquilo que o faz perder a amizade dos brancos. Comprimido, esmagado no chão, de um peso extremo, insensato, e tão vazio e fluido quanto um útero de bruxa. Tão mineral e volátil quanto o Novo Mundo segundo Claude. Enfim, atacado de obusite, abásico-astásico, incapaz de andar, de ficar de pé, de atravessar de pé paraguachu, que o separa de Yvy Mara e’y. A doença colunial por excelência. O choque dos juruás. É o que, exatamente, a guerra fez a Nijinski roubando-lhe a dança. O trauma branco, que, a 19 de janeiro de 1919, fez com que ele dançasse coisas medonhas, flutuando em cima dum monte de cadáveres. Dança de São Guido, coreia dos Países Frios. O desmoronamento do estilo, a perda daquilo que mantém ereto o esqueleto e a coluna, daquilo-que-mantém-erguido-o-fluxo-do-dizer, do e’ry mo’ä a dos cantores Mbya de Heléne, a mulher de Pierre. Veja só o que me fizeram, meu Bento: levaram-me à pia batismal antes mesmo que eu me aguentasse de pé e me deram um nome que não me ergueu do chão da igreja deles. Cuidadosamente escreveram 99

em todos os seus registros para se lembrar daquilo que não se pode guardar oralmente na memória: meu nome de nóia, meu nome maníaco-depressivo, aquele que bastará uivar para me lançar convulso ao chão. Mas você me deste um Z negão e sebento. Uma letra retorcida e sonora, polonesa. Você me inventou um Deus tropical, tupi e oriental, Karai Ru Etê-Karai Chy Etê, para receber dele meu nome e minha voz ao mesmo tempo que minha proveniência. E todas as línguas se misturaram nele. Amamoût latu as tatkwe terik’ejá aáyáns minajáso, tamo daleko tamo anusun usunu sina minajá, waiwi lapayawii àwe ayiajá nd’ndá-wasu àjìye nd’ndá-ti dìde n’lè. Se Gallinácias tivesse se dado o tempo de escutar Joana FloraBocaine-Saada, a desencantadora de Mayenne, talvez saberia, como Eduardo, responder à questão da Murta, de saber o que da firmeza aos índios, que não a pedra – porque de qualquer maneira nada se firma pela pedra. Mas Gallimathias está aperreado pra abrir dos trópicos. Pra voltar pro seu trampo. Pra esquecer tudo isso e retomar seu posto na Fábrica dos Objetos, das Ideias, de tudo aquilo que pode se pendurar no pescoço pra bancar o Chachubutawachi – o Universal God Fazer, o Padrinho de todos os povos, dos mares da China até Yucatan, dos Inuits aos aborígenes da Tasmânia. Além do mais, a gente também não vai simetrizar o indígena com o camponês de Mayenne! Menor com menor! Quando se tem na reserva modernos bem mais modernos, bem mais apresentáveis: os Kant, os Hegel, os Lacan da vida... Chuchu beleza. Os Babins, os camponeses de Joana, ta na cara que são muito menos atrativos...têm mesmo uma maneira de bancar o indígena que arrisca avacalhar tudo, peidar na farofa. Uma maneira um pouco atrapalhada, retardada, como pode um moderno, mas terrivelmente exata: pedindo a Joana que, do nada, inventasse pra eles inimigos mortais, unicamente para que reencontrassem sua vitalidade assegurando-lhes a continuação do mundo. Dá pra entender por que os índios se firmem tanto em suas beberagens e em suas guerras! Ter tantos inimigos, tanto ódio, homicídios e nomes de homicidas sem ter de consultar Dona Flora. Que diferonça com os Babins! Que confundem logo de cara sua etnógrafa com uma psicoterapeuta, e esmiúçam-lhe por horas a fio todos seus males. Enquanto Chachugi ou Krembegi se calam. Não têm nada a dizer a Pierre. Branco é foda. Constrói barragens e depois fabrica passagens para o salmão ao longo dos rios. Pode até colocar os peixes em cubas para transportá-los de caminhão até os viveiros. Todo um dispositivo de reparação, custoso e terrivelmente eficaz, para fazer o que não se faz – não carece ser feito. Por certo, isso os fará fugir de outros coletivos, dos mares da China etc. povos sem inimigos obrigados a consultar para odiar, para se tratar da amizade. Pois não há outro meio de ser si mesmo senão sair de si, outro jeito de firmar-se-de-pé senão andar, pôr-se frente ao inimigo para matá-lo ou capturá-lo e pegar seu nome. Nenhuma outra interioridade além de um movimento permanente pra fora. Nenhuma outra identidade senão a migração contínua para o litoral, a caminhada para a borda do Oceano, sobre sua borda, conduzidos pelo canto, pela voz, ñe’e, que mantém erguido. Yvy ju mirim, para a qual caminham os Guarani não é um objetivo nem mesmo um horizonte – ela é a própria Terra da caminhada, a Terra terrestre na qual o canto firma um povo de pé. Entra-se nela andando, enquanto se anda. Mesmo Helena, a mulher de Pierre, pena 100

pra entender isso, para ver que a desorganização nômade, a caminhada mortal, é a única coisa que se firma e à que se firmam aqueles que se firmam. É verdade que os brancos migram sempre sedentários, atravessando de uma borda à outra, sentados, a procura de novos amigos, impacientes para erigir seus templos de pedra sobre a nova terra. Qualé? Há migração mais suicida que aquela de quem, para viajar, pega um avião que poderia muito bem não pegar, porque não há nada de realmente essencial a se fazer lá onde se vai, mas que apesar disso ele pega, sabendo perfeitamente que vai morrer no voo, porque nada de realmente essencial o impede de preparar as bagagens, de passar no banco, de pegar um taxi para levá-lo ao aeroporto e de subir no avião? Se os índios do Brasil migram na terra andando – contanto que não os obriguemos a se levantar para ir trabalhar ou passar no banco retirar seu dinheirinho magro – e se os europeus migram em Caravelas, náuticas e aéreas, seguindo invariavelmente o mesmo trajeto que, partindo de Lisboa, as faz costear a África antes de se lançarem para o Recife, não é, para dizer na língua dos filósofos, por uma diferença de “categoria transcendental”. Porque, se queremos ser exatos, não há outra condição “transcendental“ senão a caminhada que faz firmar-de-pé. Os mestres alemães do “transcendental” lhe dirão: a tarefa deles é descobrir sob quais condições um homem pode ser Selbstständig e Unabhängig – firmando-se-sozinho-de-pé e não-suspenso-no-ar. Andar, cantar e matar formam um só e mesmo movimento. Exclusivamente antropófago. Uma única e mesma caminhada homicida e profética rumo ao inimigo nutridor, que os povos insurgidos cumprem às vezes miraculosamente, de que certos hinos nacionais europeus trazem ainda, mas vergonhosamente, o rastro: “Que um sangue impuro sacie nossos campos!”. Que Rosalie, a “tão formosa” baioneta que “pica, e fura e talha”, que ”fura na cabeça e crava a fundo”, que a “dançarina de polca”, “tão vermelha e rosada”, nos “dê de beber o sangue impuro dos Boches!”, cantam ainda os Peludos da Grande Guerra, para erguer os ânimos debaixo do fogo dos obuses alemães. Mas, Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel, o letrista de “Rosalie”, o Karai das trincheiras, não aguenta mais. A posição está perdida de uma vez por todas. Chovem obuses, e gerações de sobreviventes desfilarão abásicas em horas regulares para o psiquiatra, que os desencantará descobrindo seus inimigos simbólicos, e lhes restituirá algo como uma caminhada – deixando-lhes todavia nas mãos um leve mas incessante tremor que os deixará pra sempre em pane, os impedirá pra sempre de acertar o olho dum pássaro em voo. A menos que escapem do Édipo, como Anani, o Empédocles languedociano de Jean Camp: lançando-se de cabeça no mosto morno e avermelhado da tina de vinificação, na carne úmida e viscosa da fossa movente em que as uvas dançam uma ronda infernal e fervilham milhões de vermes. Mas, raramente chegam lá. Na falta de Karai, na falta de verdadeiros cantores capazes de enredá-los pela força dos ñe’ë porã, das belas palavras indígenas, em longas migrações homicidas, recorrem no melhor dos casos a belos palavrorios, a professores-terapeutas, os Wissenschaftslehrer, professores do saberfazer-o-saber que lhes ensinam os rudimentos práticos da Bestimmung des Menschen, da vocalização do homem, e arrotando sabedoria tentam dar-lhes ânimo para que se lancem pelos caminhos. Alguns desses belos-palavrorios chegam a 101

atingir, como o saxão J.-G. Fichte, um certo grau de perfeição. Não no sentido em que Helena entende o aguyjé guarani – “a perfeição que, mediante uma ascese (sic) faz existir o homem como logos (sic) fazendo-o acessar um saber (sic) cuja simples força (sic) basta desde então para animá-lo (sic)”. Não no sentido greco-latino, portanto. Mas sim índio. Proferindo, apenas para seus aprendizes, na intimidade do seminário, uma palavra iniciática não escrita e ilegível, exclusivamente oral e quase ininteligível, fazendo nascer neles visões fantásticas e sonoras, feitas de preposições-palavras e de verbos-ações que improvisam no elemento exangue, débil, do saber filosófico branco um drama violento, que não deixa a menor chance ao Begriff, à mão sem garras de Chachubutawachi que pretende ainda matar sem furar e não sabe fazer nada além de apanhar na terra, como única presa, um animal morto – Sein, Träger aller Realität, Grund, etc. Pois os juruas conhecem o pirlimpimpim. Depois de assegurar-se de que alguém se dispõe a fechar a porta e também as janelas, seus terapeutas em saber-fazer-o-saber, uma vez bem fechados, lhes entregam o abracadabra, com muita exatidão. O migué da IMPOSSIBILIDADE. Entrar e sair, ao mesmo tempo. Distanciar-se, ao máximo, e voltar ao mais perto, bem acochadinho. Separar-se de tudo, isolado no centro, e eclipsar-se por toda parte, riscar-se, escafeder-se no cosmos. Pegar o beco, reto toda vida, e concentrar-se num ponto finito. Mas os dois AO MESMO TEMPO. Um pelo outro. A fórmula da caminhada antropófaga, entropífaga, da baderna que nutre. A fórmula da produção do tempo, do impossível-já, morto e ressuscitado, do separeunir instantâneo onde se originam o passado e o porvir, resumindo: a fórmula da continuação do mundo. E porra nenhuma a ver com o socius... organizá-lo ou desorganizá-lo... a fórmula da CONTINUAÇÃO DO MUNDO, da CONTINUAÇÃO DE PINDORAMA, de todo o mundo que eles são, o mundo que são. Mas, por mais que manjem a fórmula, não sabem o que fazer dela. Por mais que se tranquem pra falá-la, só pra falá-la, e por vezes até, em salas maiores, esgoelá-la diante de um grande publico, não resistem à tentação de escrevê-la, e de lê-la, e escrever de novo aquilo que leram. E escrevem e leem babaquices. Inverossímeis babaquices. Cheguei mesmo a conhecer uma de suas alunas, uma tantã que queria me chamar de mamãe e que entendia a mata atlântica como uma imensa prova de amor! Os amigos nantinos e bordeleses, certamente por uma forma de batavismo, tinham se embeiçado pela minha apaixonada crônica, sempre pronta a adotar o menor detrito, a recolher e a acarinhar nas prateleiras de seu orfanato de Montmartre, a dois passos de Abbesses, centenas de frascos vazios, brinquedos abandonados, cacarecos de ferro velho, objetos perdidos. Decerto, reconheciam nela aquele Chachubutawachi que tinham encontrado no miolo da floresta tropical e que os tinha tranquilizado tanto sobre eles mesmos... e de que eles tinham gostado tanto. Pas... pas... papai... paixonadamente ...

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DAVI KOPENAWA

Davi Kopenawa viu numa miração o Deus juruá. Teosi. Aquele cujas palavras enviesadas só conhecem a ameaça e o medo, e manjam nécas de pitibiriba da Floresta. Mas é de rocha que viu ou ta de pupunha. Com cerveja. Porque, na real, mesmo com a yakuana, ninguém conseguiu ainda fazer baixar sua imagem, vêla dançar. Mas mesmo assim, o que Davi viu naquele dia, no dia em que tinha morrido por conta das epidemias juruá, da caganeira juruá, daquela merda de caganeira juruá que devora o ventre e rói os ossos, é parecido com aquilo que os espíritos chamam Wãiwãiri, um ser de pele flácida e luminosa que dança sem sair do lugar, sacolejado por tremeliques moles e medonhos. Nem que a vaca tussa que com o rapé a gente vê isso! Nem mesmo com o velho pó, o pó mole! Pra vê-lo carece não morrer do rapé, mas de xawara, da doença juruá. Sem a rubéola, a gripe, a malária, a tuberculose, e a pior de todas as fumaças de epidemia xawara fissuradas por carne humana que os juruá alastram na floresta, a fumaça dos minerais que eles extraem da terra, nunca se viu um troço tão medonho quanto uma tal Verklärung... e esse sacana do Sesussi, que tenta te tranquilizar depois de ter te deixado com o cu que não passava uma agulha. Vejam como o pó mole e o frouxo de porra morta deixam o Momo fulo da vida. E como a porra quente e o pó de fogo aporrinham um jurua, mesmo ele sendo do norte da África. Tão instável que ele dosa tudo a dedo pra não explodir na cara duma lapada, agora, já, mas sempre pós-lapada, pra detonar bem alí, em pelezinhas de papel, penduradas nas paredes dum Museu de Arte Moderna numa colônia batava do Novo Mundo – melhor ainda: justo nas páginas do Catálogo da exposição, pra ler em casa, numa tiragem limitada, rodeado de Objetos que a gente pode mimar e botar fora à vontade, todos feitos de matéria arrancada da Terra e da Floresta. Grande Arte! A zica dos brancos, é que eles se agarram com unhas e dentes à sua debilidade abásica, sua astenia visual, tanto quanto o índio se firma à sua marcha, mas de outro jeito: sem se firmar. Sempre suspensos no ar. É por isso que o tal migué da impossibilidade é deglutido de praxe como ficar de bubuia, e o mundo, o mundo deles, é imaginado e criado de bubuia, pela suspensão de uma hesitação contínua entre a forma e o informe, o contorno e a linha infinita – eles arrotam também: “ de.tɛʁ.mi.ne” e “libʁ” – e a única coisa que veem são seres transfigurados, Wãiwãiri de pele mole, os schwebende Erscheinungen, faces de trapos luminosos, como Giotto: um Cristo avião papagaio, mas nunca um Brazuca Negão e Sebento. Por panemice, porque eles só enxergam as coisas de bubuia, uma eterna bubuia, migram sem parar, no mar e nos ares. É por isso que Pedro, Tiago e João, os discípulos aterrorizados da religião do mon' 103

Tabor, montam a bordo de caravelas transatlânticas correndo risco de vida. E caem verticalmante. Pulverizados. Transformam-se em noticias. Costuram ou colam peles voadoras umas nas outras, cobertas com desenhos de belas palavras, para fazer livros em que as retêm cativas e as torturam. Quando não sabem ou não querem, como Clarice, improvisá-las direto na escrita – o que é difícil pra chuchu, e que os filósofos ordinariamente enfumaçados têm de ordinário a alegria de achar fumarento. Li demais um desses livros, a ponto de gastar e romper os nós que mantinham juntas as peles, de fazer voar de novo suas folhas. Tinha sido escrito por um russo branco, um ex-campeão de natação grafômano que tretava amistosos com um fino jesuíta de olhar claro sobre o que ele precisava sacar das belas palavras de um tal João-Amadeu Pinheirinho – célebre filosofo francês de língua alemã, de que se ouvia falar na época em qualquer barraca do Quartier Latin. Maquinalmente, porque parece leseira não fazer isso, eu mesmo cobri de desenhos de palavras a pagina “ 100 ” de meu livro em francês traduzido mais do alemão que do russo. Esse Articzewsko parigoto explicava aí numa língua mais enrolada que tripa de bodó, burilada com palavras alemãs incoerentes, osso duro de roer, porque a etnografia é uma ciência mais dura que carne de pescoço, e sobretudo a etnografia sobre os brancos, como, então, para um branco da Europa, encontrar-se-junto (tsu’zamen’trefen) e pegar-pela-mão (auffasen) dá no mesmo. Que toda sua força (kraft) reside nesse aperto de mão, e que, pela magia desse aperto, essa força é infinita, que é sua força de aculturação (ain’bilduns’kraft) infinita, deles mesmos e dos outros povos. E, sobretudo, que o produto (pro’dukt) dessa força consiste precisamente nesse famoso ‘sve:ben, entre nadar (‘svimen) e tecer (‘ve:bem): progredir num elemento fluido, nunca na terra, passar uma malhadeira na multidão sem ter antes esticado a corda entre duas varas fincadas no chão; duma maneira geral: sem nunca nada esticar, espiralar ou trançar – nem arco nem paneiro, tão estranho a um e outro quanto Chachubutawachugi. Mais duro que carne de téteu! Meu Philonenczewsko expiricava ainda como graças a esse Schwabutaschweben, essa fumaça migrante que os brancos produzem usando de sua força de aculturação, existe pra eles um tempo, um tempo em que podem também se divertir suspendendo por um tempo, suspendendo por um tempo o uso de sua força, mas não por tempo demais, um suspense de sua suspensão no ar, aquilo a que chamam er’há:benen, sua maneira de ficar de pé, erguidos em suspenso acima da terra, num tipo de ereção sublime, celeste e solene, o que os espanta muito e os arrepia até os pentelhos do cu, ficam molhadinhos. Mas a maior parte do tempo, pra urucubaca geral, de suspense em suspense, eles atravessam os oceanos. E suas fumaças migrantes, epidêmicas, recobrem a Floresta. O dorso do primeiro céu, outrora tombado, que eles furam e chacoalham detonando explosivos, pra extrair dele o óleo mineral. E, em contrapartida, abalam também o novo céu, aquele que estronda acima de nossas cabeças, precipitam sua queda, porque afinal de contas a única coisa que sabem fazer é despencar e fazer cair verticalmente, aos pedaços, e a única continuação do mundo que têm é transformar-se em noticia. Tudo aquilo que se difunde assim por fumaças epidêmicas tem força de aculturação: bolas de futebol, gripe, latinhas e frascos, rubéola, cartões de crédito, sapatos e calças, malária, livros 104

de filosofias e breviários, tudo o que prolifera em matéria de ideias, realismos, idealismos, materialismos, gallimatismos. Objetos, doenças e ideias: as mesmas fumaças letais. E também tudo aquilo que passa, na miúda, por debaixo dos panos, na trairagem, nas passagens pra salmão que constroem depois de terem defumado o país: longanimidade, prestatividade, solicitude, bondade, fidelidade, A.I.M.E.project. Porque não amam a si mesmos, não amam os seus, mas querem o bem só dos outros e só sob a condição de tê-los antes aniquilado, às centenas de milhões – duzentos e quinze milhões, pra ser exato, a contar do 11 de outubro de 1492. Por falta de inimigos. E quantos africanos negões e sebentos? Aos próprios amigos eles não amam. Fogem deles como o diabo da cruz. Deixam-nos plantados ali como Dona Berenge, a zeladora de Morte a crédito, a velha bisbilhoteira. Como a moça tansa e baranga da rua Acre. E também a avó de Louis-Ferdinand, com sangue nos olhos. Vão todos muito longe, muito longe no esquecimento, mudar de alma, pra melhor trair. Mas, tô cagando e andando se me escutam ou deixam de escutar. Contanto que esteja aí, meu Bento. E pra quem escreveria senão a você? E como escreveria numa tal baderna tudo que me dá na veneta? Como eu pegaria no ar aquilo que chega assim de trás do pensamento sem pensar nisso? Como, velha coroca, estaria eu cheia de milhares de passarinhos barulhando? Se não te escrevesse minhas anotações de instantes? Veja então como o estrangier, o gringo, o garimpeiro epidêmico aqui como por tudo quanto é canto leva seus pés nos caminhos sagrados pelos passos dos antigos, ceifa a árvore madura, arranca suas raízes, e, pra arrematar, corta a floresta de fora a fora como se fosse uma só árvore! Escuta-o gritar sua glória nas grotas, em palauras que ninguém conhece! E muitos querem virar brancos, lambem o cuou dos estrangieiros! Servem-lhe de capacho, servon de putas. Mesmo Gill-Platôs, meu Bento, o filósofo francês de Millevaches, não fala mais a língua de Marcela Delpastre, confunde uma árvore com um livro, não ama a Árvore e a Raiz, prefere os rizomas invasivos. Quando a boca dentada de granitos de Marcela, mil veias abertas, sangra na terra e no mar. Sangra e semeia nas terras que estão no longe além mar. Planta seus grãos e enraíza de coração pra lá do Oceano uma yvyra-palavra, aubras-palavras, que floresce como floresce no Novo Mundo uma árvore com cantos yanomamis: em mil bocas entoando sem trégua, sem nunca se repetir, em todas as línguas que se possam inventar, magníficas melodias, tão inumeráveis quanto os astros no seio celeste. E mil árvores de nhee-porã cobertas de mil lábios canoros. As mil árvores de cantos em que toda música é apanhada. Sem o quê o mundo seria sem música. De um lado a outro do Oceano. Por terem furunfado demais, vieram no balde, na marra, de terras d’além pra terras matar. Mas por mais encarniçados que sejam a terra nunca morre! Pra sempre, a seiva viva volta a subir, duma borda a outra. Nunca tinha dado tantas folhas nem flores tão perfumadas. Por ter furunfado demais, por ter socado demais a estrovenga na xoxota das mulheres, bem que tiveram, os coitados, lá como aqui, que se amuralhar e amuralhar seus filhos, alimentá-los com a carne cozida de nossos próprios filhos, de nossas mulheres e de nossos anciãos, encerrada em potes de ferro ou plástico, que eles preparam a granel e conservam pra comer mais tarde. E isso pra poderem depois encaixotar tambem seus próprios 105

mortos, cuja carne, assim alimentada de matéria inoxidável, não se decompõe mais, mas que ninguém come. Estranhos antropófagos. Os pés também, eles colocam em potes de peles e de tecidos. É uma nóia. Também os peitos das mulheres, em dois potes mais ou menos opacos, presos entre si, chapeados no peito, fechados atrás por meio de um pequeno ferrolho. À pele, às próprias peles, eles não recobrem de desenhos, uma vez as partes moles bem presas, eles curiosamente as cobrem de cima a baixo de trapos de pele flácida, tecidos de matérias transformadas, vegetais, animais ou minerais. Chega a ser um negócio da China a fabricação desses trapos moles, que mobiliza exércitos de escravos em suas colônias. Fora as caras, expostas ao veneno de suas fumaças de indústria, que amolecem, degringolam naturalmente sob seus olhos fundos a custo de agitação: prospecção, extração, transporte por ar e por mar, transformação, transporte por ar e por mar, estocagem, transporte por ar e por mar, comércio, perere pão doce, peixe frito, caixa de fosforo, moirão de cerca – o que é brochante. Pois que não vão parar até que tenham brochado o mundo. Quando estão de saco cheio de nos caçar pra devorar-nos o coração, constroem no meio do nada na terra do país morto casas em massa de pedra, que nos oferecem com pomposo cerimonial. Mas eles penam. Acontece que os índios vindos do Egito com Sara a Negra arrancam o chão de suas casas, arregaçam o cimento, põem a nu a terra viva, despirocam a bicheira, sentam um terreiro bem no meio da sala de refeições, aí cavam um buraco pra acender um fogo, e esticam entre dois dedos a corda de um violino pra ensinar as crianças a cantar as belas palavras e as moças a dançar. Pra aguentar a pisada, o melhor mesmo é ficar no trecho, não largar o rumo certo, agradecer os gadjé, mas mandar que enfiem no toba tudo que nos oferecerem. E eles que morram pra lá com suas casas, latinhas, bolas, livros, ideias, realismo, idealismo, empirismo, materialismo, especulativo ou histórico, transcendental ou não... fôda-se.

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GLAUBER DAS MORTES

Tenho medo. Os gadjos normalmente ignoram o medo. Só cortam um diante da morte. Para o resto, são colhudos. Sempre uns mais fortes que os outros. Nos edifícios em que estocam seus mais preciosos Objetos-e-Ideias, organizam justas entre eles mesmos e eles mesmos, inventam combates singulares entre inimigos que nunca tinham se encontrado, nunca se tocado, combates onde nunca se derrama sangue, mas onde se espreme uma multidão de rapazes e garotas bizarramente animados por nenhuma sede de vingança. Tudo em volta, ruas adentro até o cais... mais longe ainda, se atarefa sob seus olhos cegos um povo negro, grassboys, hygienboys, bottelboys, gutterboys de Abidjan, estivadores, entregadores, manobristas, contrabandistas de Accra nos confins da Costa dos Escravos. Quando veem enfim o que esse povo faz, só aí então é que se cagam como tenho medo agora. Como uma criança prostrada por ter matado uma outra criança... por besteira. Tristes gadjos. Jean Rouch, documentarista-expiatório do Itamarati francês em país negro, depõe a câmara num pé de vento quando a pantomima glossolálica azeda, zarpa a se mocozar quando os negros em transe atacam o cachorro, se lançam babando sobre a pobre besta pra esganá-la e beber seu sangue cru. Os brancos palavreiam muito a respeito dos negros. Mas, pouco se cuidam do que eles fazem domingo à noite nos subúrbios da Cidade colonial, do que fazem Mountyeba e Moukayal quando o trabalho termina. Poupam-se assim de saber com precisão o que eles fazem aos negros. A seita dos Haouka! Pensa so, meu Bento? É como se eu dissesse: “a seita dos Xawarari”! Os Mestres Loucos das Fumaças Epidêmicas e dos Objetos! Mountyeba Grande Sacerdote da Ordem de Chachubutawachi... taí como a gente tem que ver isso. Um verdadeiro galimatias. Em vez de fazer baixar as imagens dos xapiri ou dos orixás, chamam sobre si as divindades dos brancos, os deuses da Cidade e da Técnica, o espírito do maquinista de locomotiva, o espírito do governador, o espírito da mulher do capitão... o espírito do Colono. Não, ta ligado meu nêgo? Me acham anfigúrico! Suspeito! Acochambrado. E cuida esse bazar: uma religião negra dos deuses da colonização! Não admira que voltem mansos ao batente segunda de manhã, Mountyeba e Moukayala. Jean vê aí até mesmo um modelo de profilaxia mental para proletários brancos. De rocha? Depois de ter deliberado, porque os deuses da civilização deliberam o tempo todo, se pegam até não poder mais sobre o que se vai ou não fazer, decidem cozinhar o cachorro pra comer mais tarde com os parceiros que ficaram na cidade. Gilles escuta Fanny. Mas não apenas ela. Escuta todo mundo e não importa quem seja. Sem pensar demais. Não sabe que Glauber em Vento do 107

Leste, faz um pouco a puta de passagem, sem ser, ainda assim, palhaço que chega pra se deixar levar na barca do folclore dos gigolôs do inesquecível Maio francês... apenas por afeição a um cineasta quadragenário, magro, careca e triste, fatigado de poesia, totalmente inofensivo. Ah, a amizade de Glauber, meu Bento! O anarquismo burguês, moralista e sério, de Jean-Luc e Dany, Gilles o toma por dinheiro vivo, e quando Glauber banca a baliza do cinema político para uma moça russa branca pregnante – “pra lá o rumo do cinema desconhecido, da aventura estética e da especulação filosófica!.. pra cá a direção do cinema do Terceiro Mundo, um cinema perigoso, divino, maravilhoso!” -, Gilles leva isso a sério e o cinema do Terceiro Mundo vira o cinema político moderno, aquele de Glauber e também de Rouch e de Perrault. Uma nozaiada só. Tudo isso por causa do cachorro, do orignal e do marsuíno, o animal anômalo, a besta luminosa, o animal “maravilhoso”, como diz Stéphane-Albert. Mas o que é que tem de maravilhoso em preparar conservas de carne de cachorro, em engaiolar um cetáceo branco para encaminhá-lo até um aquário nova-iorquino? Será que Gilles sabe o que Glauber viu vendo Vento do Leste, a Boa Nova que ele espalha voltando ao Brasil? Ele viu de perto o cadáver de Godard, o suicida: a imagem morta da colonização! A MORTE DA COLONIZAÇÃO. E você, meu Bento, viu a morte da colonização? Um filósofo francês aristocrato-anarquista, enclausurado em seu apê, levando ao pé da letra o que um cineasta suíço anarco-direitista depressivo faz um truta brazuca banguelo dizer sobre o cinema do terceiro mundo, brazuca este que está cagando e andando pra destruição do Ocidente, de sua religião, de sua moral, de sua filosofia e de seu cinema, mas quer apenas CONSTRUIR, continuar a fazer cinema para construir sua Terra de Brasa em sons e em imagens. Como Celine, Glauber não gosta dos destruidores. É um construtor. De rocha? Mas rapaz! É isso também a morte da colonização. Essa maneira que Michelângelo tem de escrever e de ler tudo quanto é coisa sobre a Acreção da Terra, a Outra Metafísica, a Inexistência do Mundo, a Foraclusão do Nome-do-Pai, a Luta das Classes, a Constituição dos Modernos, a Falta de Povo, de uma ponta à outra do planeta, na tv, na internet, na imprensa, em São Francisco num skate, na Grande Muralha da China coroada de uma chapka, num Centro Comercial do Rio – Gávea? –, a uma velocidade quase infinita... ao invés de ir pintar a Capela Sistina. Ou de inventar a zona infernal do tropicalismo. Nem Godard, nem Rouch, nem Perrault, filmam o sangue, nunca tocam o terror. Não cheiram nem fedem. Não fodem nem saem de cima. Quando muito um fio no dorso branco do porco do mar prisioneiro na maré baixa da armadilha armada pelos brancos de Ilha dos Coldres. Um fio de sangue que passa batido. Enquanto Glauber-das-Mortes fere DE ROCHA de morte um cangaceiro do Carnaval, enquanto ele faz DE ROCHA renascer num dia de Desfile a violência faminta do São Jorge do sertão, de Oxóssi-Fuça-Suja, Lampião, o veio nego, o Santo-Guerreiro-Negão-e-Sebento, e impõe as imagens e os sons daquela violência DE ROCHA nas salas obscuras dos meios temperados onde Gilles fica enfurnado dias inteiros, o velho chapéu enfiado na cabeça, Grand-Louis e Stéphane-Albert, os atores-ficcionando de Pierre, bisneto de degoladores de porcos bretões, esperam ainda o Achab, o Gênio, o Achabutawachi que será capaz, sem enfiar tudo, de lhes 108

capturar um marsuíno, de trazer pra terra um dorso de Lua, de fazer baixar a imagem do absoluto, de fazer ver Teosi tremendo sobre suas cabeças, sua sombra luminosa flutuando sobre a face das águas – com um leve fio de sangue... no flanco direito... longe do coração. Isso maravilha Gilles, a pesca ao marsuíno dos Tremblay e consortes, adeptos do Grande-Malouin, o ilustre inventor das Terras Noffvas, o Precursor da França-Antártica. Isso maravilha Gilles, em sua sala escura, no cinema Champo, o velho chapéu enfiado na cabeça, enquanto Franny fica na casa mater com seu documentário sobre os lobos... um lobo, lobos... Só vendo! Carne desossada. Lisa e branca. Luminosa. Totalmente descerebrada. Xongas de cérebro. E isso fica de pé apesar de tudo! Sozinho. Magia, Magia! É isso que Gilles ama em Cézanne: a ereção da carne, a posição em riste das partes moles, a estância do fluido, a turgescência do útero. Enquanto Frannytoris sonha na borda das matilhas. É o jeitinho de Gilles, sua maneira de colunizar. Traz isso das filhas priápicas de Charcot. Basta que um médico-homem-muito-homem instale-as, abásicas-astásicas, no foco mesminho do daguerreótipo, para que infalivelmente façam ali mesmo todo um número de contorcionista, de contrações e oscilações, um belo arco-sem-orgãos, um arco-corpo, uma verga-corpo, sem jato, cheia e lisa como um ovo, um corpo-ovo... um arco inofensivo, intensivo, inotensivo, sem mais nada a ver com furar-matar... um arco para Chachubutawachis... feito sob medida. Talvez seja isso, meu Bento, que os brancos chamam fal.lys: esse útero peniano, essa estação histérica do pênis, que eles opõem ao penitóris, demasiado orgânico, das mulheres, ao olho que elas têm no baixo ventre, e que temem tanto, por medo de perder a única coisa em que se firmam: essa divina flutuação entre turgescência e deturgescência.

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SÃO-BENTO

Quando as kunhãtais das águas buscam atrair por magia amorosa seus jovens moços pra conduzi-los na floresta sobre a superfície de um lago obscuro junto de seu pai, Tëpërësiki, para que ele lhes ensine os cantos que permitem, nomeando-os, regurgitar os seres maléficos, os brancos apertam com força o curumim em seus braços e aceleram o curso fatal de sua cavalgadura através da noite e do vento. Quando um jovem é visitado durante o sono pelos xapiri, de braços enfeitados com penas da cauda da arara vermelha e de uma profusão de buquês de plumas brilhantes e coloridas, untadas de urucum, e se levanta aos gritos, terrificado pela belezura desse convite a partilhar o segredo dos espíritos, empanturram-no de bolinhos de laranja e, pra que não fique pinel, não mais do que já está, conduzemno uma a duas vezes por semana a Meudon, na casa de Colette, uma amiguinha de Philonenczewsko, uma filósofa cujo ofício é desencantar a molecada do sexo masculino ensinando-as a se interessar mais pela periquita que por aquilo que veem de noite. É por isso que os brancos não conhecem nunca palavras que salvam. Estão sem defesa diante de suas próprias fumaças epidêmicas, ferindo-se mortalmente a cada gesto que fazem pra se liberar. São incapazes de fazer baixar os espíritos que sabem reparar o céu e correm pra catástrofe. Me acuda, São-Bento, me ajuda, Preto-Velho, a regurgitar minhas fumaças! Carece coragem e experiência pra ficar de pé, mesmo torto. Num adianta nada sair do Liceu das línguas mortas, engordado por mandarinadas e examininas, vestir o bicórnio de plumas infantil dos cais do Sena. Não precisa ser tão mocinha. Bem o sei, eu que nasci por acidente no berço dum outro – num paneiro trançado pra acolher alguém tão não eu. Eu, que era tão, DE ROCHA, nervoso, duma nervosidade de tal forma serena, sem dor e feliz, que foi preciso, pra me manter asteniado no berço fofo, me transmitir uma doença nervosa. Simetrizar e se firmar de pé são agora uma mesma e única coisa. Como Galli Mathias não faz a menor ideia disso. Digo, “agora” porque isso só se faz agora, sob a condição de segurar firmemente na mão, religiosamente na mão, o instante presente, aquele mesmo em que morremos juntos, agora, tu e eu, meu Bento. Eu só me firmaria de pé, agora, sob a condição de juntar no instante nossas duas assimetrias, minha diferonça absoluta contigo e tua diferonça absoluta comigo, mantê-las juntas cada uma fielmente pintada, como só Clarice sabe fazer, nos dois batentes de um mesmo portal, mas, cuida, estritamente idênticos um ao outro – de manter e ver juntas pintadas idênticas em cada um dos batentes do portal nossas duas diferonças absolutas, diferentemente diferentes, porque também difere de mim como eu nunca saberia diferir de você. Com o único desígnio de que 111

nossas assimetrias enfim se encontrem. Que tua imagem me apareça e, já que somos ambos pintados idênticos em cada uma das duas portas, que também minha imagem te apareça como a imagem de um Brazuca Negão e Sê-Bento dançando ao amanhecer na cabeceira de um filosofo luso-polonês, como a imagem de um galobem-te-vi cantando na aurora sanguinolenta sobre os cais de uma baía banguela, de uma Mulher Fantástica encantando serpentes no mais profundo de uma FlorestaMundo, de uma Bruxa nordestina montando à noite, recoberta de unguento de carne, o cavalo do rei do sabath, de Fatumbi-Descartes vestido de mulher num terreiro de Salvador... de tudo aquilo que negam aqueles que têm a audácia e a pretenção de alcançar o real sem magia... só mexendo a boca. Taí meu Bento, a prece matinal que cocorocamente te escrevo.

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Brésilien noir et crasseux Bento de Espinoza

5

Franny Deleuze

9

Dina Lévi-Strauss

13

Héliogabale

23

Cartesio

27

Chaya Ohloclitorispector

33

Galli Mathias

39

Jean-Baptiste-Théodore-Marie-Rosalie Botrel

45

Davi Kopenawa

49

Glauber Das Mortes

53

Saint-Bento

57 Brazuca negão e sebento

Bento de Espinoza

59

Franny Deleuze

63

Dina Lévi-Strauss

67

Heliogábalo

77

Cartesio

83

Chaya Ohloclitorispector

87

Galli Mathias

93

Jean-Baptiste-Théodore-Marie-Rosalie Botrel

99

Davi Kopenawa

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Glauber Das Mortes

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São-Bento

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