Deux notes chypriotes

June 1, 2017 | Autor: H. Perdicoyianni-... | Categoria: Social and Cultural Anthropology, Ritual
Share Embed


Descrição do Produto

L'antiquité classique

Deux notes chypriotes Hélène Perdicoyianni-Paleologou

Citer ce document / Cite this document : Perdicoyianni-Paleologou Hélène. Deux notes chypriotes. In: L'antiquité classique, Tome 66, 1997. pp. 277-279; http://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1997_num_66_1_1282 Document généré le 16/03/2016

Deux notes cypriotes 1 . L'ÉTRANGER CYPRIOTE EN EGYPTE ET EN NUBIE (IVe et Ve S. av. J.-C.) Un bon nombre d'inscriptions cypriotes syllabiques ont été trouvées en Egypte et en Nubie. Il s'agit principalement de graffitis, gravés par des mercenaires ou des marchands cypriotes dans divers sites. Ces inscriptions ont été classées dans le recueil des ICS (O. Masson, ICS, Paris, 1983, p. 353-388) suivant l'ordre géographique des sites énumérés du nord vers le sud, à savoir Naucratis, Gizeh, Ehnasya, le Gebel abou Fodah, Abydos, la vallée des Rois, Karnak, le Shatt el- Saba el- Rigal, Bouhen. Notre étude porte sur les inscriptions bien déchiffrées dont le nombre se monte à 26 à Abydos (O. Masson, op. cit., n° 378, 381, 383, 384, 385, 387, 398, 390, 392, 394, 395, 396, 397, 399, 402, 403, 404, 405, 406, 407, 409, 410, 415, 416, 418, 419), à 27 à Karnak (O. Masson, op. cit., n° 421, 422, 423, 424, 426, 427, 428, 430, 431, 432, 433, 435, 436, 438, 439, 440, 441, 442, 443, 444, 444a, 444b, 444c, 446, 447, 450), une inscription à Bouhen (O. Masson, op. cit., n° 455), une autre à Gizeh (O. 372). n° Masson, op. cit., n° 371) et, enfin, une dernière à Ehnasya (O. Masson, op. cit., Dans cet article, nous nous proposons d'étudier comment se définit l'étranger cypriote à travers ces inscriptions qui sont des signatures, à savoir un moyen fourni à l'actant pour se nommer. Sur l'ensemble des graffitis qui se montent à 56, dans 18 graffitis l'actant se définit seulement par son nom (O. Masson, op. cit., n° 384, 387, 388, 394, 409, 410, 418, 422, 424, 439, 440, 441, 442, 443, 450, 455), dans 13 graffitis par son nom et son patronyme (O. Masson, op. cit., n° 397, 399, 405, 406, 407, 415, 416, 419, 423, 434, 435, 436, 447), dans 10 graffitis par son nom, son patronyme et l'indication de la ville d'origine (O. Masson, op. cit., n° 378, 383, 385, 393, 421, 427, 428, 444a, 444b, 444c), dans 5 graffitis par son nom et la même indication géographique (O. Masson, op. cit., n° 392, 395, 396, 426, 433). Enfin, on possède une inscription portant le nom suivi du patronyme, du patronyme et de l'indication de la ville d'origine (O. Masson, op. cit., n° 403), une autre dans laquelle le patronyme et l'indication n° 402) et une dernière de qualités dansmorales laquelledu le signataire nom précède suivent l'indication le nom de (O.la Masson, ville d'origine op. cit., et celle de l'île d'origine, à savoir Chypre (O. Masson, op. cit., n° 438). Il est à noter que notre corpus comporte 3 inscriptions dans lesquelles le nom précède une apposition mutilée (O. Masson, op. cit., n° 381, 444, 446). À regarder la fréquence des procédés de dénomination du signataire, on constate que le procédé le plus fréquemment employé est celui où son nom figure seul. Pourtant, le nombre total des inscriptions dans lesquelles figure le patronyme permet d'affirmer que celui-ci a un rôle très important pour la détermination de la personne (28 emplois). L'indication de la ville d'origine, qu'elle suive directement soit le nom (6 emplois), soit le patronyme (10 emplois) soit le paponyme (1 emploi) avait une

278

DEUX NOTES CYPRIOTES

importance moins considérable. Enfin, les emplois de l'indication du paponyme, celle de l'île d'origine ou de qualités morales sont réduits au minimum. Ces constatations nous mènent à affirmer que l'étranger cypriote se définissait aux IVe et Ve s. av. J.-C. le plus souvent par son appartenance à la cellule familiale et plus rarement par son identité géographique. Cela permet d'affirmer que l'étranger cypriote, en tant que membre d'une famille et citoyen, était plus attaché à son espace familial qu'à son espace social et géographique. 2. LE DÉFUNT ET LES FUNÉRAÎT J ES EN CHYPRE ANCIENNE Les inscriptions syllabiques cypriotes offrent un vaste corpus d'épitaphes dont la plus grande partie fut découverte dans la nécropole de Marion. Dans ce travail, nous nous proposons d'étudier comment se définit le défunt dans ces inscriptions et les indices permettant de déceler le processus funéraire de la sépulture, à savoir d'étudier le statut familial ou autre de la personne qui rend les honneurs suprêmes au mort, en l'occurrence l'érection du monument, de la stèle ou du tombeau funéraires ainsi que les raisons qui l'ont amenée à accomplir cet acte. L'étude de la structure des inscriptions funéraires consacrées à des hommes (cf. H. Perdicoyianni, Im structure et renonciation dans les inscriptions syllabiques chypriotes, dans CEC, 1989, cahier 11-12, p. 60-66) fait ressortir qu'aussi bien à l'époque archaïque qu'à l'époque classique, le défunt se définit plus souvent par son seul nom (ép. arch. : 6 inscr. : O. Masson, ICS, 1983, n° 121, T.B. Mitford, IK, 1971, n° 7, 8, 10, 11, 12; ép. clas. : 28 inscr. : O. Masson, op. cit., n° 92, 94, 98, 99, 104, 108, 110, 111, 112, 113, 115, 117, 119, 122, 131, 147, 148, 156, 161, 166a, 214, 216b, 249, 260, 310, 331, 331a, 334) que par son nom suivi du patronyme (ép. class. : 24 inscr. O. Masson, op. cit., n° lia, Ile, 30, 80, 81, 82, 83, 87, 88, 95, 103, 105, 106, 120, 126, 137, 139, 150, 151, 152, 154d, 155, 165, 251). Ce procédé de dénomination est parfois suivi de l'indication du lieu d'origine (O. Masson, op. cit., n° 338), soit du paponyme (O. Masson, op. cit., n° 136, 162b) ou, enfin de l'indication de la profession du père (O. Masson, op. cit., n° 143; T.B. Mitford, IK, n° 9). Ces considérations permettent de constater que dans les inscriptions à contenu funéraire le défunt se présente le plus souvent comme une personne détachée de sa cellule familiale, sans aucun indice sur ses fonctions professionnelles ni sur ses qualités morales (exception faite pour l'épigramme ICS n° 83 où la valeur et le sens de la justice du mort sont mis en relief); en somme une personne dont l'appartenance à un espace social, celui de sa cité d'origine, importe moins. En revanche, dans les épitaphes des rois (O. Masson, op. cit., n° 16, 17, 172, 176), ceux-ci se définissent par leur nom et leur fonction sociale (basiléos) suivis parfois soit de l'indication de leur fonction religieuse (O. Masson, op. cit., n° 16, 17) soit par celle de la cité sur laquelle ils régnent (O. Masson, op. cit., n° 176). Contrairement aux épitaphes consacrées à des hommes, les épitaphes destinées à des femmes représentent celles-ci beaucoup plus intégrées dans la famille. Leur intégration apparaît clairement par leur définition au moyen de leur nom suivi soit du patronyme (9 inscr., O. Masson, op. cit., n° 96, 97, 124, 133, 135a, 157, 166, 167a, 175) soit du gamonyme (6 inscr. : O. Masson, op. cit., n° 10, 88a, 100, 144, 154, 154b), soit de leur condition de mère (O. Masson, op. cit., n° 84, : dipas émi). Enfin, on possède 5 inscriptions dans lesquelles la femme figure par son nom (O.

H. PERDICOYIANNI

279

Masson, op. cit., n° 101, 123, 125, 138, 154c) et une inscription où le nom d'origine sert d'identificateur (O. Masson, op. cit., n° 166). Notre corpus comporte certaines inscriptions qui font état de l'érection du monument funéraire. Dans deux inscriptions (O. Masson, op. cit., n° 118, 163), il n'y a pas d'indication du lien de parenté entre la personne qui érige le monument et celle qui reçoit la sépulture. Celle-ci peut être accomplie par tous les membres de la famille indistinctement. Ainsi le défunt pouvait être l'objet d'honneurs rendus par son père (O. Masson, op. cit., n° 102) ou sa mère (O. Masson, op. cit., n° 93) au cas où le père serait mort. En cas d'absence des parents, les honneurs étaient rendus par les frères du défunt (O. Masson, op. cit., n° 261, 103, 153, 164). Les honneurs destinés aux parents étaient rendus soit par le fils, qui pouvait être l'aîné si la famille comportait plusieurs membres (O. Masson, op. cit., n° 142, 154, 167), soit conjointement par celui-ci et ses frères (O. Masson, op. cit., n° 92). Enfin, la femme est l'objet d'honneurs rendus par son mari (O. Masson, op. cit., n° 84, 154) même quand elle est mère de famille (O. Masson, op. cit., n° 84). À partir de ces considérations, on peut constater que les rites funéraires étaient en Chypre ancienne une tâche réservée seulement aux proches du défunt. Holy Cross Greek Orthodox School Theology Brookline, MA 02146 USA

Hélène PERDICOYIANNI-PALEOLOGOU

Lihat lebih banyak...

Comentários

Copyright © 2017 DADOSPDF Inc.