Inna Sandler, série de peintures \"Dada\"

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Inna Sandler, exposition « Dada », Ambassade de France à Tachkent, Ouzbékistan, Galerie NBU, 22 janvier - 22 février 2016 L’artiste ouzbèke Inna Sandler fut lauréate en 2015 du programme de résidences à la Cité internationale des arts. Dans les ateliers parisiens, elle travailla le temps de son séjour de trois mois à la série de peintures intitulée « Dada », explorant le thème du carrousel, intimement lié à l’histoire de la capitale française.

Introduction au catalogue, version numérique française Ce qu’Inna Sandler nous donne à voir dans sa série de peintures Dada est d’abord l’évolution surprenante et méconnue de l’histoire du carrousel. Cette histoire, notamment ancrée dans celle de la France, débute en 1662 lors des grands carrousels organisés par Louis XIV. Ils consistaient en une série de parades militaires à cheval et de jeux équestres, dont faisait partie la « course de bagues » où les cavaliers lancés au galop devaient passer leur lance à travers un anneau suspendu ; une pratique détournant celle des joutes de lance médiévales, violentes et mortelles, interdites après la mort du roi Henri II dans l’une d’elles. Le jeu de bagues conservait son principe de distraction tandis qu’il trouvait une forme nouvelle, celle du manège. Destinés à la noblesse, la construction circulaire faisait tournoyer ses participants, qui, dotés de baguettes, devaient attraper une bague suspendue, c’est à dire qu’ils « courraient la bague ». La forme contemporaine du carrousel était née, et les simples assises furent ensuite remplacées par des chevaux de bois, retrouvant un peu de l’origine hippique du carrousel militaire.

De ce glissement historique survient un glissement symbolique dont s’empare Inna Sandler. Le jeu militaire est devenu émerveillement d’enfant, si bien que l’Histoire se mue en histoire plus intime, qu’évoque le terme de « Dada », babillage de l’enfant chevauchant à califourchon sur le manège ou le cheval à bascule. C’est un véritable retournement qui est rendu sensible dans les images de la série, en rendant inquiétants les objets de l’enfance, lorsque le cheval à bascule se dote d’un noir martial et sévère ; ou au contraire lorsque le Bonaparte franchissant le col du Grand Saint-Bernard1 se transforme en Napoléon à dada, donnant ainsi un pendant candide au cavalier glorieux2. En juxtaposant ainsi ces deux univers comme dans un oxymore, l’artiste fait éclater les interprétations possibles et éveille les visions d’autres chevaux mythiques. Celui de Troie semble se présenter de profil, lames de bois saillantes après s’être ouvert sur un flot de soldats, tandis qu’on pense également au cavalier du jeu d’échec, pièce tout aussi stratégique et cependant issue d’un jeu. Lorsque certaines compositions évoquent une Bataille de San Romano3 sur fond rouge sang4, ou des scènes de jeu de lance5, les images se construisent en miroir avec celles où s’exprime tout l’onirisme de l’enfance6.

1

Jacques Louis David, Bonaparte franchissant le col du Grand Saint-Bernard, 1800, 259 x 221 cm, Huile sur toile, Musée national du Château de Malmaison 2 Voir Inna Sandler, Naïveté, 2015, acrylique sur toile, 81 x 81 cm 3 Paolo di Dono, dit Ucello, La Bataille de San Romano : la contre-attaque de Micheletto da Cotignola, vers 1435 – 1440, 182 cm x 317 cm, Musée du Louvre 4 Voir Inna Sandler, La cible, 2015, acrylique sur toile, 90 x 90 cm 5 Voir Inna Sandler, Le jeu du hasard, 2015, acrylique sur toile, 62 x 62 cm; ainsi que La course de bagues, 2015, acrylique sur toile, 89 x 115 cm 6 Voir Inna Sandler, Les rêves, 2015, acrylique sur toile, 71 x 71 cm

Que ce soit intrinsèquement à l’image ou par paire, les peintures rejouent cette oscillation, cette bascule entre belliqueux et innocence, du monde adulte au monde enfantin. Mais peut-être qu’une continuité s’y trouve, plutôt qu’un simple mouvement de va et vient. Ainsi peut-on penser au manège du carrousel au travers de la comparaison qu’il inspire fréquemment, celle du cours de la vie et de ces cycles de la naissance à la mort. L’image est également celle du monde qui continue de tourner, et de l’Histoire se poursuivant immuablement. Cette Histoire que les œuvres d’Inna Sandler n’arrêtent pas pour en saisir un instant, mais relèvent plutôt toute l’épaisseur de cette traversée des siècle, et sa richesse poétique.

Inna Sandler, Naïveté, 2015, acrylique sur toile, 81 x 81 cm. © Inna Sandler

Inna Sandler, La cible, 2015, acrylique sur toile, 90 x 90 cm. © Inna Sandler

Inna Sandler, Le jeu du hasard, 2015, acrylique sur toile, 62 x 62 cm. © Inna Sandler

Inna Sandler, La course de bagues, 2015, acrylique sur toile, 89 x 115 cm. © Inna Sandler

Inna Sandler, Les rêves, 2015, acrylique sur toile, 71 x 71 cm. © Inna Sandler Œuvres reproduites avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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