Levinas Derrida selon Francis Jacq
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"Les enjeux politiques de l'éthique hyperbolique selon Levinas" Chapitre I : Le champ hyperbolique dans la méthode de déconstruction de Derrida Pourquoi passer au delà des limites ? Comment sont définies les limites ? Comment surgissent les paradoxes et les apories ? Au delà du possible, du calcul, de l'argumentation rationnelle, etc. • Limites, paradoxes et apories de l'Ethique • Limites paradoxes et apories de la Politique • Limites, paradoxes et apories de la Justice Le chapitre I fournit les définitions des termes qui vont être utilisés dans le mémoire. Une fois la définition commune d’un terme donnée, il faut faire apparaître les divergences de signification. Cela engage le mémoire à traiter de ces divergences. Ce qui est particulier pour ce mémoire est de montrer qu’il n’est pas possible de traiter les divergences avec la méthode habituelle de clarification. Il faut les traiter comme des paradoxes et des apories. Plus précisément il faut faire apparaître qu’elles ont la structure d’une hyperbole. Le passage d’un terme à un autre se fait via un plan de symétrie. Par exemple, la figure hyperbolique commune : « mourir de rire ». Soit « rire si fort que l’on en meurt ». Le champ hyperbolique est une structure de renversement d’un terme en son équivalent, l’équivalence étant posée en méta par rapport le champ des significations communes. Champ hyperbolique en « méta » « Force » « Mourir » « Rire »
Champ des significations communes et distinctes
Mourir / Vivre Rire / Pleurer Force / Faiblesse Une éthique, une politique, une justice dites « hyperboliques » doivent se considérer non pas au niveau de la vue du seul champ méta, mais selon la double vue, la vision en en simultanée des deux niveaux. En même temps qu’il faut considérer les significations communes, il faut considérer leurs connexions, en tant que ces connexions recèlent une équivalence cachée. Dans
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l’exemple, en méta, nous avons l’équivalence Rire = Mourir, via un terme pivot qui est « Force ». En fait, cela indique une association cachée, un quasi syllogisme : SI « Mourir par la Force », Si « Force du rire » Alors « Force du rire fait force de mort » Au plan de la signification commune, il pas inversion simple entre les deux opposés Mourir/ Vivre mais l’inversion dite hyperbolique : Mourir / Rire. La nouveauté de la méthode de déconstruction de Derrida est de révéler dans les textes philosophiques ou religieux les associations cachées, les quasis syllogismes. La plupart du temps, les associations cachées expliquent les apories et les paradoxes. Exemple de paradoxe : Un Crétois dit « Tous les crétois sont des menteurs ». Au plan commun, le Un est contenu dans le Tout. Donc le Crétois, de part son origine est menteur. Mais, en disant qu’il est menteur, au moins Un crétois dit la vérité. La vision du niveau méta permet de percevoir que le Tout peut s’envisager de deux façons, soit comme totalité Une, soit comme addition de Uns. Mais ce n’est pas la même Unité. « Tout » « Tout = Un » « Le Tout est l’addition des Uns » Chapitre II : Les effets de l'hyperbolique dans les Institutions Le chapitre II consiste d’abord à relever et à synthétiser toutes les associations cachées que Derrida a identifiées entre l’Ethique, la Politique et la Justice. Ce qui est difficile, c’est qu’il ne faut pas perdre le lecteur. D’un coté, il faut maintenir les distinctions entre ces institutions, de l’autre, il faut montrer les termes communs, qui de façon cachée, font induire des équivalences. Ensuite, il s’agit de mettre en ordre les temps logiques. Une première équivalence cachée (temps logique 1) génère un effet qui induit en réaction une seconde équivalence cachée (temps logique 2). • l'Ethique : Hospitalité envers l'étranger dans le Foyer, sacrifice de sa famille ou de sa vie privée • La Politique : Amitié entre les pairs dans la Cité, soupçon de trahison, exécution de l'ami • la Justice : Loi générale pour les cités et les pays, imposition de la Loi par la Force, injustice de la Loi
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Chapitre III : L'hyperbolique comme confrontation avec l'Autre Les chapitres I et II sont des chapitres qui reprennent et synthétisent de façon ordonnée des notions, des éléments de méthodes qui sont connues par les spécialistes du domaine. Le chapitre III est la vraie entrée dans le sujet du mémoire. L’enjeu consiste en une alternative : -‐ les équivalences par associations cachées sont-‐elles obligatoires, et donc dictant un seul champ hyperbolique -‐ ou bien, il existe plusieurs types de chaînage d’associations cachées. Pour éclairer cette alternative, l’œuvre de Levinas est utile car elle dégage d’autres associations cachées entre l’Ethique, le Politique et la Justice que celles que Derrida a mis à jour à partir du corpus grec et biblique. La question de l’hyperbolique revient à la question du rapport à autrui. Pourquoi ? l’hyperbolique est le résultat d’une équivalence via un terme médian. Mais, à partir de quel moment le terme médian va agir ? Par exemple, je ris. A partir de quel moment se décide la mesure qu’il y a « de la force » dans mon rire, qu’il y a « tant de force » que mon rire provoque ma mort ou me fait risquer la mort ? Ce n’est pas moi qui peut en décider, mais autrui. Donc, le rapport à autrui est au cœur de la manifestation du champ hyperbolique. ……………………….. • Le rôle logique de l'Autre dans la conscience de la valeur du Soi-‐même • La nécessité logique du Sacrifice, de l'exécution de l'Ami, de l'injustice de la Loi • La Vie, pour être Vie de la Vie, doit faire mourir une part de la Vie : la nécessité logique de l'être-‐ pour-‐la-‐mort. L'analyse de Derrida et sa critique de Heidegger. Chapitre IV : Levinas : une éthique a-‐sociale et hyperbolique entre la force et la faiblesse La pensée de Levinas est politique dans la mesure où il exerce sa critique sur les systèmes politiques, les guerres issus de ces systèmes et les techniques d’endoctrinement. Levinas condamne le totalitarisme dès les premières pages de Totalité et infini, car il consiste à neutraliser la force propre des êtres humains, pour y substituer une force qui les dépassent, force qui est destinée à la violence envers autrui, violence guerrière. Les
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êtres deviennent des objets, des possessions d’une force non maîtrisable au plan individuel. Ils deviennent des « possédés » qui n’ont plus aucune autonomie. La guerre que Levinas condamne, est pour lui "violence" non pas parce qu'elle consiste en une épreuve de force, en l'opposition frontale d'une force à une autre, mais bien parce qu'elle fait jouer aux personnes « des rôles où elles ne se retrouvent plus » parce qu'en elle « les individus s'y réduisent à des porteurs de forces qui les commandent à leur insu ». Dans Liberté et commandement (1994) Levinas, en reprenant son analyse de l'action violente, écrit que la guerre n'est pas le choc de deux substances, n'est pas le choc de deux intentions mais la tentative faite par l'une pour maîtriser l'autre, par surprise. La guerre, ce serait l'embuscade. C'est se saisir de la substance de l'autre, de qu'il a de fort et d'absolu à partir de ce qu'il a de faible. Ce qui serait le plus effrayant dans la guerre, ce n'est pas la guerre en tant que lutte frontale, front contre front. C'est plutôt cette façon rusée d'attaquer l'autre « de biais ». Replacée dans le cadre d’un système politique, la prise de possession d’une personne s’opère par ruse, par exploitation d’une faiblesse consubstantielle à l’être humain. Pour Levinas, le besoin de l’être humain à s’inscrire dans le contrat social, à se donner une règle commune est une faiblesse. Nous souhaitons des conventions, des règles communes, des normes reconnues par tous, bref un contrat social. Mais, sans crier gare, elles font de nous des objets d’un système qui nous excède. Nous croyons être « plus fort ». En fait nous ne sommes plus qu’un rouage infime dans une machine-‐de –force que nous ne contrôlons pas. Donc, pour sortir de cette situation d’objet possédée, la personne doit se mettre en capacité de restaurer sa force intérieure propre et la dissocier de la force introduire de l’extérieur par ruse. Cette restauration combine deux voies à construire simultanément. Restaurer sa force propre est un enjeu éthique, au sens il ne faut compter que sur soi. Les conventions, règles, normes, contrats sociaux doivent être « suspendus », car ils sont les vecteurs de ma possession par la force extérieure du système politique totalitaire. Simultanément, ma réappropriation en mon soi-‐même exige une relation non médiatisée avec Autrui. Je dois être capable de construire avec Autrui une relation de front à front, entre mon front et son front, sans détour, sans biais, sans ruse. Puisque mon « soi-‐même » ne procède que l’éthique de soi, je me présente à l’autre dans un état de nudité radicale. Je suis désarmé, car je ne dispose plus de ma part armée fournie par mon ancienne appartenance aux conventions, règles, normes et contrats. Ce faisant, j’emmène l’autre dans ma démarche éthique. En me présentant comme désarmé devant l’autre, je m’offre à la possibilité qu’il me tue. Cependant, pourquoi me tuer si je suis désarmé ? Bien que restant cuirassé de ses armes, des conventions, règles, normes et contrats, l’autre s’en retrouve comme dépossédé. Ainsi, il redevient disponible à sa propre force intérieure.
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L’éthique de Levinas peut être qualifiée d’a-‐politique, d’a-‐sociale. Mais, construisant une relation entre le Je et le Tu, elle peut être qualifiée d’Ethique de la relation interpersonnelle. Considérée par rapport à la violence et la force, l’éthique de Levinas peut être qualifiée d’hyperbolique. La socialité de l’être humain donne de la force au système politique mais le rend faible en tant que Soi-‐même. Repositionner sa faiblesse en défi frontal libère sa force intérieure. Assumer droit la faiblesse de sa force donne une force non seulement à moi mais aussi à l’autre. Levinas propose de prendre une posture devant l’autre qui est de se tenir droit, se présenter droit devant l’autre. Ce tenir-‐droit initie un mouvement vers l’autre. Ce mouvement de droiture serait plus fort que la mort. Ce mouvement est hyperbolique car il est d’autant plus fort qu’il vient d’une personne désarmée, sans défense, nue, en état d’enfance. Derrida commence l’Adieu à Levinas en souhaitant.. le faire avec des mots nus, aussi enfantins et désarmés que ma peine. p11. Derrida souhaite se présenter comme le « prochain », celui qui est d’emblée dans la proximité. Pour être le prochain, pour être prêt à mourir, pour abandonner toute agressivité, Levinas demande de présenter un visage droit. « droiture extrême du visage du prochain » comme « droiture d'une exposition à la mort, sans défense " » Ce mouvement s’impose à l’autre et continue sa route sans retour. Le droit de mon visage est d’emblée réponse au regard de l’autre. « une droiture sans niaiserie, droiture absolue qui est aussi critique absolue de soi, lue dans les yeux de celui qui est le terme de cette droiture et dont le regard me met en question. Mouvement vers l'autre qui ne revient pas à son point d'origine comme y revient le divertissement incapable de transcendance. Mouvement par-delà le souci et plus fort que la mort. » Le visage est droit lorsqu’il n’est biaisé par aucun vêtement, par aucun maquillage, par aucun statut social, par aucune argumentation sortant de la bouche. Mon visage est droit lorsque il se présente comme regard dans le regard de l’autre. La peau du visage se présente comme dénudée, les yeux comme offerts à la question de l’autre. Le repositionnement de l'éthique par rapport aux relations Je-‐Tu-‐Nous L'éthique comme implication par rapport à l'autre le plus lointain, par opposition à l'éthique classique centrée sur le Foyer et le Propre Adieu à Levinas de Derrida Chapitre V : Les effets de l'éthique hyperbolique de Levinas dans les enjeux politiques La pensée de Levinas est politique dans la mesure où il exerce sa critique sur les systèmes politiques, les guerres issus de ces systèmes et les techniques d’endoctrinement.
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Levinas condamne le totalitarisme dès les premières pages de Totalité et infini, car il consiste à neutraliser la force propre des êtres humains, pour y substituer une force qui les dépassent, force qui est destinée à la violence envers autrui, violence guerrière. Les êtres deviennent des objets, des possessions d’une force non maîtrisable au plan individuel. Ils deviennent des « possédés » qui n’ont plus aucune autonomie. La guerre que Levinas condamne, est pour lui "violence" non pas parce qu'elle consiste en une épreuve de force, en l'opposition frontale d'une force à une autre, mais bien parce qu'elle fait jouer aux personnes « des rôles où elles ne se retrouvent plus » parce qu'en elle « les individus s'y réduisent à des porteurs de forces qui les commandent à leur insu ». Dans Liberté et commandement (1994) Levinas, en reprenant son analyse de l'action violente, écrit que la guerre n'est pas le choc de deux substances, n'est pas le choc de deux intentions mais la tentative faite par l'une pour maîtriser l'autre, par surprise. La guerre, ce serait l'embuscade. C'est se saisir de la substance de l'autre, de qu'il a de fort et d'absolu à partir de ce qu'il a de faible. Ce qui serait le plus effrayant dans la guerre, ce n'est pas la guerre en tant que lutte frontale, front contre front. C'est plutôt cette façon rusée d'attaquer l'autre « de biais ». Replacée dans le cadre d’un système politique, la prise de possession d’une personne s’opère par ruse, par exploitation d’une faiblesse consubstantielle à l’être humain. Pour Levinas, le besoin de l’être humain à s’inscrire dans le contrat social, à se donner une règle commune est une faiblesse. Nous souhaitons des conventions, des règles communes, des normes reconnues par tous, bref un contrat social. Mais, sans crier gare, elles font de nous des objets d’un système qui nous excède. Nous croyons être « plus fort ». En fait nous ne sommes plus qu’un rouage infime dans une machine-‐de –force que nous ne contrôlons pas. Donc, pour sortir de cette situation d’objet possédée, la personne doit se mettre en capacité de restaurer sa force intérieure propre et la dissocier de la force introduite de l’extérieur par ruse. Cette restauration combine deux voies à construire simultanément. Restaurer sa force propre est un enjeu éthique, au sens il ne faut compter que sur soi. Les conventions, règles, normes, contrats sociaux doivent être « suspendus », car ils sont les vecteurs de ma possession par la force extérieure du système politique totalitaire. Simultanément, ma réappropriation en mon soi-‐même exige une relation non médiatisée avec Autrui. Je dois être capable de construire avec Autrui une relation de front à front, entre mon front et son front, sans détour, sans biais, sans ruse. Puisque mon « soi-‐même » ne procède que l’éthique de soi, je me présente à l’autre dans un état de nudité radicale. Je suis désarmé, car je ne dispose plus de ma part armée fournie par mon ancienne appartenance aux conventions, règles, normes et contrats. Ce faisant, j’emmène l’autre dans ma démarche éthique. En me présentant comme désarmé devant l’autre, je m’offre à la possibilité qu’il me tue. Cependant, pourquoi me tuer si je suis désarmé ? Bien que restant cuirassé de ses armes, des conventions, règles, normes et contrats, l’autre s’en retrouve comme dépossédé. Ainsi, il redevient disponible à sa propre force intérieure.
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L’éthique de Levinas peut être qualifiée d’a-‐politique, d’a-‐sociale. Mais, construisant une relation entre le Je et le Tu, elle peut être qualifiée d’Ethique de la relation interpersonnelle. Considérée par rapport à la violence et la force, l’éthique de Levinas peut être qualifiée d’hyperbolique. La socialité de l’être humain donne de la force au système politique mais le rend faible en tant que Soi-‐même. Repositionner sa faiblesse en défi frontal libère sa force intérieure. Assumer droit la faiblesse de sa force donne une force non seulement à moi mais aussi à l’autre. Levinas propose de prendre une posture devant l’autre qui est de se tenir droit, se présenter droit devant l’autre. Ce tenir-‐droit initie un mouvement vers l’autre. Ce mouvement de droiture serait plus fort que la mort. Ce mouvement est hyperbolique car il est d’autant plus fort qu’il vient d’une personne désarmée, sans défense, nue, en état d’enfance. Derrida commence l’Adieu à Levinas en souhaitant.. le faire avec des mots nus, aussi enfantins et désarmés que ma peine. p11. Derrida souhaite se présenter comme le « prochain », celui qui est d’emblée dans la proximité. Pour être le prochain, pour être prêt à mourir, pour abandonner toute agressivité, Levinas demande de présenter un visage droit. « droiture extrême du visage du prochain » comme « droiture d'une exposition à la mort, sans défense " » Ce mouvement s’impose à l’autre et continue sa route sans retour. Le droit de mon visage est d’emblée réponse au regard de l’autre. « une droiture sans niaiserie, droiture absolue qui est aussi critique absolue de soi, lue dans les yeux de celui qui est le terme de cette droiture et dont le regard me met en question. Mouvement vers l'autre qui ne revient pas à son point d'origine comme y revient le divertissement incapable de transcendance. Mouvement par-delà le souci et plus fort que la mort. » Le visage est droit lorsqu’il n’est biaisé par aucun vêtement, par aucun maquillage, par aucun statut social, par aucune argumentation sortant de la bouche. Mon visage est droit lorsque il se présente comme regard dans le regard de l’autre. La peau du visage se présente comme dénudée, les yeux comme offerts à la question de l’autre. Relations entre Juifs et Chrétiens Critique du Fascisme et du Stalinisme Utopie et démocratie Chapitre VI : Les combats politiques éclairées par l'éthique selon Levinas Le développement de communautés de "proches" (monastères, coopératives...) et leur cohabitation avec les institutions politiques et juridiques La mouvement de non-‐violence de Gandhi en Inde Etc..
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Accueil extraits du texte de Derrida Supposons qu'on ne puisse pas déduire du discours éthique de Lévinas sur l'hospitalité un droit et une politique, tel droit et telle politique dans telle situation déterminée aujourd'hui, près de nous ou loin de nous …. Comment interpréter alors cette impossibilité de fonder, de déduire ou de dériver ? Signale-t-elle une défaillance ? Peut-être devrait-on dire le contraire. ≈ …. au-delà de cette apparence ou de cette commodité, un retour s'imposerait aux conditions de la responsabilité ou de la décision, entre éthique, droit et politique. Ce qui pourrait s'engager, comme je tenterai de le suggérer pour finir, selon deux voies très voisines, sans doute, mais peut-être hétérogènes. P 46-47 L'accueil ne se dérive pas, pas plus que le visage, et il n'y a pas de visage sans accueil. C'est comme si l'accueil, tout autant que le visage, tout autant que le lexique qui en est co-extensif et donc profondément synonyme, était un langage premier, un ensemble formé de mots quasiprimitifs - et quasi-transcendantaux. Il faut penser d'abord la possibilité de l'accueil pour penser le visage et tout ce qui s'ouvre ou se déplace avec lui, l'éthique, la métaphysique ou la philosophie première - au sens que Lévinas entend rendre à ces mots. L'accueil détermine le « recevoir », la réceptivité du recevoir comme relation éthique. Nous l'avions déjà entendu: Aborder Autrui dans le discours, c'est accueillir son expression où il déborde à tout instant l'idée qu'en emporterait une pensée. C'est donc recevoir d'Autrui au-delà de la capacité du Moi... Ce recevoir, mot ici souligné et proposé comme le synonyme de accueillir, il ne reçoit que dans la mesure, une mesure démesurée, où il reçoit au-delà de la capacité du moi. Cette disproportion dissymétrique marquera plus loin, nous y viendrons, la loi de l'hospitalité. Or dans le même paragraphe, proposition insolite, la raison est elle-même interprétée comme cette réceptivité hospitalière. L'immense veine de la tradition philosophique qui passe par le concept de réceptivité ou de passivité, et donc, pensait-on, de sensibilité, par opposition à la rationalité, la voici désormais réorientée dans sa signification la plus profonde. Il y va de l'acception de la réception. On ne peut appréhender ou percevoir ce que recevoir veut dire qu'à partir de l'accueil hospitalier, de l'accueil ouvert ou offert à l'autre. La raison elle-même est un recevoir. Autre façon de dire, si l'on veut parler encore sous la loi de la tradition, mais contre elle, contre les oppositions léguées, que la raison est sensibilité. La raison même est accueil en tant qu'accueil de l'idée d'infini — et l'accueil est rationnel.
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