Médias criminels.

June 24, 2017 | Autor: Xavier Crouet | Categoria: Social Media, Moral panics and the media, Phylosophy of Language
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Premier préjudice. La politique médiatique moderne est une pratique maximaliste de la communication : elle consiste en l’exploit d’exprimer un flot continu d’informations. La masse du contenu qui parvient à nos oreilles est énorme, et surtout elle ne se réduit jamais -d’elle-même. Il est troublant d’apprendre que scientifiquement, notre cerveau n’a simplement pas la capacité de traiter la quantité d’information qui nous parvient aujourd’hui. L’effet devient alors pervers, nous traitons mal l’information générale qui nous est donnée, devenue floue, trop vaste. La communication médiatique se porte donc très mal. La communication de l’information gagne en quantité ce qu’elle perd en qualité. Deuxième préjudice. Infiniment plus grave que le premier. Une des particularités des nouveaux médias, c’est d’avoir focalisé l’information sur un thème général, celui du malheur, du mal : pauvreté, corruption, guerre, mort, etc. Les médias ont pris un parti, ils considèrent que le mal est plus important à relater que le bien, et cela engendre évidemment une vision pessimiste généralisée et qui touche toutes les générations. Pourquoi ont-ils pris ce parti ? Les journalistes travaillent pour le mal : ils se vendent à lui. C’est bien la soumission à l’audience, à l’argent qui est ici la cause. Un beau pêché aussi vieux qu’actuel, vicieux, qui se déguise. En acceptant le mal en échange d’une si basse contre-partie, ils vendent leurs âmes mais également la nôtre indirectement. En nous infligeant leurs choix, tous les jours. On dit, « c’est normal de parler des choses graves » ; moi je dis que les belles choses sont plus utiles à raconter que les mauvaises. Le mal sait toujours se faire passer pour le bien. Où est-il écrit que le malheur serait à privilégier au bonheur ? On assomme les gens du malheur des autres, et il reste assez d’humanité en nous pour que cela nous affecte. Je pense que si les jeunes générations sont à ce point désabusées, atteintes par l’émotion romantique, celle du mal-être individuel, c’est parce que ce sont les médias qui nous l’imposent, décrivant un monde chaotique et sans perspective d’amélioration. Je ressens d’ailleurs un certain malaise avec ce mal-être romantique qui refait surface ; tout le monde sait que cette émotion est démodée,

qu’elle fait tâche ; et néanmoins cette émotion lyrique se répand ; j’en suis convaincu, à cause des médias. Je pense qu’ils sont coupables d’un troisième préjudice qui aggrave le précédent : les médias ne font pas que raconter le mal ; ils racontent le pire.

L’inhumanité est devenue notre quotidien, et cela leur attribue un énorme préjudice moral, philosophique. En rendant l’inhumanité quotidienne, les médias la banalisent, et banaliser l’inhumanité c’est paradoxalement la neutraliser, la masquer en la rendant normale, routinière. C’est dans ce sens, et selon mes valeurs occidentales que je pense que les médias sont des criminels de l’Humanité. Que reproche-ton à Hitler ? D’avoir banalisé l’inhumanité, le mal. Je reproche la même chose aux médias. Serions nous capable de mesurer l’influence des médias dans les suicides, les conflits, les dépressions ? Les médias constituent ce qui nous relie aux Hommes, ils sont la représentation de la société, et ils la définissent, la transforment. C’est un outil extraordinairement important et potentiellement génial, mais qui nous livre le portrait d’un monde pauvre, en guerre, chaotique, sans perspective. Je sais qu’il est bon d’avoir connaissance de ce qu’il se passe dans le monde, de ce qui s’y passe de pire, mais cette connaissance doit se creuser d’elle-même si elle veut exister et être légitime. Elle ne doit pas être imposée. Que la propagande du pathétisme cesse. Puisque les médias imposent, par leur existence même, une information à un individu, et qu’on ne peut sauver la connaissance de l’autorité qui y est liée et qui la rapproche de la propagande, on se doit au moins de sauver le contenu de cette connaissance. La télé diffuse la bêtise et provoque l’abrutissement quand elle devrait diffuser le savoir et provoquer l’érudition, le progrès. Elle diffuse la mort, l’autorité et le conflit provoquant insécurité, méfiance, repli sur soi, lorsqu’elle devrait diffuser l’art, la culture, promouvoir le lien social, le lien humain. Les médias devraient être la souche de l’Humanisme moderne, de la cohésion et du progrès. Il n’y a pas moins humaniste que les médias. Il n’y a pas pire. Il n’y a pas pire car les médias possèdent en leurs mains la clé de l’avenir et ils le gâchent. Ils peuvent transformer, réinventer le présent mais ils le détruisent. L’Homme qui, fictivement, serait capable

de contrôler toute la communication médiatique du monde serait l’Homme le plus puissant, le plus influent qui n’ait jamais existé, un pouvoir qu’aucun homme politique n’aura jamais. Ce qu’il y a avec le pouvoir, c’est qu’il peut faire le meilleur et le pire. Si les médias peuvent sauver nos sociétés, ils sont plutôt en train de les détruire. Ils sont bien des criminels de l’Humanité.  

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