Nemossos, métropole des Arvernes

September 23, 2017 | Autor: Patrice Montzamir | Categoria: Archeology
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Nemossos, métropole Arverne Patrice Montzamir

Où se trouvait Nemossos, la métropole des Arvernes ? Celle-ci est exclusivement connue par Strabon : « Les Arvernes sont installés sur la Loire, leur métropole est Nemossos, qui est située sur le fleuve » (Géographie, IV, 2, 3). Dans l�historiographie, la plupart des commentateurs ont considéré que Nemossos n�était qu�une variante grecque du mot celtique nemetum, et donc que Strabon faisait référence à Clermont, l�antique Augustonemetum. L�erreur de localisation, qui consistait à situer cette métropole sur le cours de la Loire, semblait dénier à cette affirmation toute véracité topographique. En fait, l�erreur de Strabon peut s�expliquer. Strabon nous apprend en effet que les Vellaves étaient « autrefois rattachés aux Arvernes » (IV, 2, 2), ce que confirme César (BG, VII, 75, 2). Deux passages de César prouvent également que les Vellaves étaient considérés, à son époque, comme étant l�un des pagi arvernes (BG, VII, 7, 5 ; 64, 6). Or, la Loire passe chez les Vellaves. L�on sait depuis longtemps que Strabon, qui avoue luimême ne pas avoir voyagé plus loin vers l�ouest que les « parties de la Tyrrhénie qui font face à la Sardaigne », a amplement utilisé l�œuvre de Poséidonios d�Apamée pour écrire le livre IV de sa Géographie Rédigé vers 18 ap. J.-C. S�il reprend bien le texte de Poséidonios, l�erreur de Strabon n�en est pas une, puisqu�à l�époque de son voyage en Gaule, au début du 1er s. av. J.-C., la Loire passait effectivement en territoire arverne. Par raccourci, le géographe confond la localisation de ce peuple et celle de leur métropole, située sur un cours d�eau qui traverse ce même territoire. Il semble évident que le cours supérieur de l�Allier est confondu ici avec celui de la Loire. Ailleurs, l�auteur commet une inversion similaire entre le Doubs et la Saône (IV, 1, 11-12). Pour autant, la localisation de la ville par rapport à un cours d�eau ne saurait être totalement erronée, qu�elle remonte Carte de la Gaule selon la Géographie de Strabon et localisation à Poséidonios, qu�elle théorique de Nemessos, métropole des Arvernes

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se fonde sur une carte imprécise, qu�elle ait été établie de visu ou via d�autres informateurs comme des marchands. Nemossos doit, quoi qu�il en soit, se trouver à proximité d�un cours d�eau suffisamment important pour être qualifié de « fleuve », ce qui invalide la localisation du site à Clermont-Ferrand/Augustonemetum. Il est d�ailleurs établi que la fondation de la ville n�a eu lieu qu�à l�époque augustéenne, peut-être en liaison avec la réalisation de la voie dite d�Agrippa. Aucune trace d�agglomération antérieure n�y a été mise en évidence à l�exception du vaste complexe d�Aulnat Gandaillat, abandonné avant la fin du 2e s. av. J.-C., avant le voyage de Poséidonios en Gaule et près d�un siècle avant la mention de Strabon. Le site «  historique  » de Gergovie, situé à plus de six kilomètres à vol d�oiseau du cours de l�Allier, semble également disqualifié. Seuls deux sites semblent répondre à ce critère : l’oppidum de Gondole, situé dans une boucle du fleuve, et celui de Corent, établi en surplomb de son cours, à moins de deux cent mètres à vol d�oiseau. Les deux sites sont abandonnés à l�époque de Strabon, mais seul le second a été occupé à une époque suffisamment haute pour avoir retenu l�attention de Poséidonios d�Apamée au début du 1er siècle. En outre, il est aussi le seul, à l�heure actuelle, à présenter des vestiges dignes d�une grande capitale dans sa dimension politique, religieux et économique. Les traces de grands banquets y ont été retrouvées, qui évoquent les pratiques électorales du roi Luern, décrites par ce même Poséidonios. Le chiffre de « douze stades carrés » mentionné par l�auteur pour donner la mesure des enclos construits à cette occasion ne s�oppose pas à cette comparaison. On a souvent admis qu�il en indique le périmètre, mais rien n�interdit d�y voir une surface, exprimée de la même manière qu�on le ferait de nos jours. Si l�on prend comme référence le stade attique que devait utiliser Poséidonios, douze stades carrés équivalent à environ 2131 m�, soit à peu de chose près l�aire du sanctuaire de Corent à l�époque de Poséidonios. Le fait qu�on y ait frappé des monnaies frappées de l�effigie du renard, dont le nom celtique est apparenté à celui de Luernios, ne fait que conforter ce rapprochement. Bref, les arguments philologiques, archéologiques et numismatiques se répondent et invitent à identifier le site de Corent à la Nemossos de Strabon et de sa source Poséidonios, la métropole des Arvernes.

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