Prix de thèse AMADES 2015

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Celia Miralles Buil est lauréate du prix de thèse AMADES 2015 La tuberculose dans l’espace social barcelonais (1929-1936). Thèse de doctorat d’histoire et d’urbanisme. Université Lyon 2 et Université Polytechnique de Catalogne, 2014, sous la direction de J-L Oyon & J-L Pinol.

Le jury du prix de thèse AMADES a sélectionné cette thèse qui propose une contribution majeure à l’analyse de gestion sociale, politique et urbaine d’une épidémie de tuberculose en Espagne au XXe siècle. Cette thèse de 834 pages organisée en trois parties propose une lecture historique de la santé publique (1929-1936) qui analyse un contexte local urbain (barcelonais) face à la prévention et à la prise en charge d’une maladie (la tuberculose) encore non traitée par les antibiotiques et construite comme étant en lien avec la précarité et la misère. L’enquête est basée sur des sources d’archives primaires à caractère médical, démographique et territorial, dont les nombreuses données sont corrélées dans une perspective comparative jusque-là inédite. L’histoire de la tuberculose est un classique de l’histoire de la médecine, notamment en Espagne, car l’un des problèmes de santé publique les plus importants (avec la mortalité infantile). Cette thèse s’inscrit dans cette tradition. Mais la nouveauté de cette thèse est qu’elle fait converger l’histoire de la tuberculose avec l’histoire urbaine. L’originalité repose ici sur l’articulation d’une approche historique classique avec une approche spatiale utilisant des outils informatiques de spatialisation de la géographie qui est jugée tout à fait nouvelle pour l’histoire de la tuberculose en Espagne. L’auteure fait preuve d’une grande capacité à mobiliser différents outils disciplinaires de l’histoire, la démographie et de la géographie sociale (archives, recensements, échelles spatiales, cartes) pour montrer le jeu d’échelles d’action prophylactique à l’œuvre (cercles concentriques par exemple). De même, elle permet de mettre en dialogue des analyses issues de l’histoire de la médecine, de l’histoire urbaine locale et de l’histoire sociale de la tuberculose. L’intérêt de cette thèse est de positionner « l’entité tuberculeuse » au cœur des différentes approches historiennes de la maladie dans l’espace barcelonais de l’entre-deux guerres, pour en montrer la construction sociale et politique et restituer aussi le sens donné par les différents acteurs qui ont participé à la définir. La perspective mobilisée n’est pas pour autant celle des représentations sociales.

En croisant des données d’archives incluant des discours de médecins et l’analyse de différentes informations consignées (dans des fonds et registres notamment) sur 5000 patients tuberculeux de différentes structures de soins gratuits, l’auteure propose une approche socio-spatiale innovante de cette maladie, ayant déjà fait l’objet de nombreuses études, qui permet de retracer des parcours de soins a posteriori. Elle relie cette « géographie du soin » (notamment basée sur l’usage de la cartographie), aux conditions de vie précaires de ces patients majoritairement jeunes ouvriers non qualifiés dont la migration est souvent récente, mais aussi à l’action collective et visible de lutte dont ce groupe de patients contagieux (qualifiés de « grands pauvres ») exclus et isolés parait avoir bénéficié (lutte médicale spatialisée, vs lutte spatiale médicalisée). En proposant de « faire entendre les voix » de ces patients invisibles, l’auteure cherche à restituer leur vécu de la maladie et leurs stratégies de recours ou de renoncement, comme à montrer le pluralisme des offres publiques et privées (philanthropiques) qu’ils rencontrent et qui les encadrent. Cette thèse permet de mesurer l’impact des interrelations entre les mondes médicaux, politiques, philanthropiques et profanes qui ont été présentes en milieu urbain d’une province espagnole, dans l’entre-deux guerres, à travers l’analyse de la lutte contre la tuberculose, perçue comme une maladie sociale. Elle permet de montrer le net déplacement des préoccupations en santé publique de cette époque (lutte contre la maladie et sa diffusion, identification de ses facteurs aggravants) à celles d’aujourd’hui (accès aux soins et aux traitements) et l’intérêt de complexifier les analyses des maladies, notamment par des approches plus spatialisées. En s’attachant à retracer empiriquement les contours des pratiques de lutte, de soins mais aussi de recours des patients exclus et invisibles, dans une approche franco-espagnole transversale inédite, l’auteure soutient également que « la santé publique ne se vend pas, elle se défend ». Cette position épistémologique et éthique, ici mobilisée à l’issue d’une thèse d’histoire, correspond complètement aux préoccupations et orientations d’Amades. Aujourd’hui post-doctorante à l’Université de Lyon, Célia Miralles Buil travaille sur l’histoire des risques environnementaux, technologiques et sanitaires dans le Nord-Est de l’agglomération lyonnaise des années 1960 à nos jours. Ses recherches s’intéressent à la construction du lien entre santé et milieu chez les acteurs de la santé et dans les projets d’aménagement urbain au XXe siècle, en France et dans la péninsule ibérique.

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